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Le Candida auris, ce germe très résistant qui menace la santé mondiale

Rédigé par leral.net le Mercredi 10 Avril 2019 à 16:58 | | 0 commentaire(s)|

Les cas d’infections causées par ce champignon se multiplient depuis 5 ans. Elles peuvent être mortelles pour les plus fragiles, comme les nourrissons ou les personnes âgées.


Le Candida auris, ce germe très résistant qui menace la santé mondiale
Une « menace urgente ». Voilà comment le Centre fédéral pour le contrôle et la prévention des maladies aux Etats-Unis vient récemment de qualifier l’augmentation inquiétante du nombre de cas d’infections causées par le Candida auris. Depuis 5 ans, une dizaine de pays sur cinq continents ont ainsi été touchés.

D’après le New York Times, qui vient de consacrer un large dossier au sujet, le premier cas documenté d’infection par ce germe est recensé entre 2012 et 2013, au Venezuela. Il avait alors frappé un centre médical, tuant cinq des dix-huit patients contaminés.

Plus près de nous, en 2016, l’hôpital royal Brompton de Londres avait dû fermer pendant 10 jours pour cause d’épidémie. La même année, et jusqu’en 2017, le Candida auris a aussi sévi dans un hôpital de Valence, en Espagne, contaminant au total 372 personnes.

Avec, pour répondre à ce champignon potentiellement tueur, très peu d’options médicales pour l’instant. Explications.

Qu’est-ce que le Candida auris ?
Il s’agit d’une espèce de levures qui a été identifiée pour la première fois en 2009, à partir d’une souche isolée de l’oreille d’une patiente japonaise. D’où le nom latin Candida auris, qui veut dire « candidose oreille ». Ce germe ou champignon peut provoquer une candidose, c’est-à-dire une infection fongique (causé par des champignons, donc), comme il en existe dans les hôpitaux. En sont victimes en priorité les patients immunodéprimés, autrement dit ceux dont les défenses sont les plus fragiles : nourrissons, personnes âgées ou les patients atteints d’une maladie auto-immune (sclérose en plaques, le diabète de type 1, le lupus…).

Quels en sont les symptômes ?
Pour une personne en bonne santé, ils peuvent paraître relativement bénins et se traduisent par de la fièvre, des courbatures et un état de fatigue générale. Mais, comme évoqué plus haut, pour des patients plus fragiles, les conséquences peuvent être dramatiques. Car face à un système immunitaire affaibli, le Candida auris devient un agent pathogène dangereux. Il est alors capable de provoquer une candidose invasive en infectant la circulation sanguine, le système nerveux central et les organes internes du malade. Jusqu’à la mort.

Pourquoi est-il aussi inquiétant ?
La particularité première du Candida auris est sa très haute résistance aux traitements fongicides classiques, habituellement suffisants pour traiter ce type de germe. Selon une étude publiée dans la revue Emerging Infectious Diseases, il serait ainsi complètement immunisé au fluconazole, le médicament le plus utilisé contre les infections fongiques. D’après les spécialistes, cette résistance développée par ce champignon tueur serait la conséquence directe d’une utilisation massive d’antibiotiques par les hôpitaux et par l’industrie agroalimentaire. Entraînant une mutation du Canida auris.

Que fait la médecine ?
Depuis quelque temps déjà, les médecins tirent la sonnette d’alarme. Dans le sillage du Centre fédéral américain pour le contrôle et la prévention des maladies (587 personnes touchées depuis 2013 aux Etats-Unis), plusieurs spécialistes ont récemment pris la parole pour alerter les autorités sanitaires et l’opinion publique. Ainsi, Matthew Fisher, professeur d’épidémiologie fongique à l’Imperial College London, cité par le site spécialisé Medisite, décrit le Candida auris comme « un gros problème ». Ce dernier prévenant : « Notre avenir dépend de notre capacité à traiter ces patients avec des antifongiques ».

Le pire est-il à venir ?
Sans nouveau traitement contre ce germe ou une diminution importante de l’usage de certains médicaments, le Candida auris pourrait s’étendre encore et surtout mettre aussi en danger des personnes en bonne santé. C’est en tout cas la conclusion alarmante d’une étude commandée par le gouvernement britannique, qui redoute même la mort de 10 millions de personnes en 2050 à cause de ce champignon tueur.






Le Parisien