Inconnue du grand bataillon avant le 11 avril 2009, Karine Aïda Marième Wade est devenue aujourd'hui l'absente la plus présente au Sénégal : elle se dispute désormais le coeur et la tête des Sénégalais par Karim Meïssa et Me Abdoulaye Wade interposés, tous deux dans différentes tentatives de rapprochement avec leurs compatriotes ; Karim Wade joue sur la mémoire de sa défunte épouse qui lui a fourni un émouvant prétexte pour se rapprocher des siens, cependant que Me Wade semble pressé de trouver la quadrature du cercle avant de tourner le dos à la politique, une fois la vice-présiddence réglée et les Sénégalais mis face à face à eux eux-mêmes et à leur destin.
Entamées au lendemain de critiques acerbes contre une frange de l'opposition plébiscitée pourtant par les populations, ces amours tardives et auvergnates semblent couler de source : les certitudes des uns et les bravades des autres se sont estompées entre 2006 et 2009 ; les deux douches froides de février 2007 et du 22 mars 2009 ont renforcé ou affaibli les deux camps du pouvoir et de l'opposition réelle et utile qui se regardaient jusqu'ici dans le blanc des yeux, chaque camp estimant avoir démontré sa supériorité sur l'autre en fonction de consultations de février ou des ides de mars. Aujourd'hui, les deux parties prenantes sont dans la réalité plus faibles que jamais, après les locales de mars dernier ; les populations se sont en effet servies d'une frange des formations politiques pour régler leurs comptes avec l'autre tendance, ce qui annihile partiellement le discours présidentiel et la doxa d'un Karim Wade privé de légitimité populaire mais verni par le président de la République dans son pouvoir constitutionnel de nommer aux emplois civils et militaires. D'autre part, les ténors qui toisent aujourd'hui Wade n'ont pas plus de représentativité que le président pour avoir envoyé les plombiers au charbon, lors des locales, par calcul ou nécessité.
Entamées au lendemain de critiques acerbes contre une frange de l'opposition plébiscitée pourtant par les populations, ces amours tardives et auvergnates semblent couler de source : les certitudes des uns et les bravades des autres se sont estompées entre 2006 et 2009 ; les deux douches froides de février 2007 et du 22 mars 2009 ont renforcé ou affaibli les deux camps du pouvoir et de l'opposition réelle et utile qui se regardaient jusqu'ici dans le blanc des yeux, chaque camp estimant avoir démontré sa supériorité sur l'autre en fonction de consultations de février ou des ides de mars. Aujourd'hui, les deux parties prenantes sont dans la réalité plus faibles que jamais, après les locales de mars dernier ; les populations se sont en effet servies d'une frange des formations politiques pour régler leurs comptes avec l'autre tendance, ce qui annihile partiellement le discours présidentiel et la doxa d'un Karim Wade privé de légitimité populaire mais verni par le président de la République dans son pouvoir constitutionnel de nommer aux emplois civils et militaires. D'autre part, les ténors qui toisent aujourd'hui Wade n'ont pas plus de représentativité que le président pour avoir envoyé les plombiers au charbon, lors des locales, par calcul ou nécessité.
Après avoir étalé leurs turpitudes à la face des Sénégalais et des représentations diplomatiques visitées entre 2006 et 2009, pouvoir et opposition prennent en otage les populations sénégalaises en feignant de se parler (ou de refuser de communiquer) par dessus la tête de l'électeur moyen et du citoyen lambda ; la période ante-février 2007 et post-mars 2009 a en effet été riche en informations et sensibilisations les plus larges des populations sénégalaises, des groupes socioprofessionnels et de nos partenaires au développement, intérieur et extérieurs sur les velléités des uns et des autres. ("Le Populaire" n° 2329 des 25 et 26 août 2006, page 2). Le renfort d'organisations socioprofessionnelles (Mansour Cama, le 27 août 2007 à Ziguinchor, l'Union du clergé au Sénégal (Ucs), in "Le Populaire" n° 2338 du 05/09/07, Page 7 , le Comité de veille et d'alerte pour la démocratie 05/09/07, la Raddho, ...) aura cependant été de peu d'effet dans les tentatives de rapprochement des deux parties. Il faudra attendre les divines surprises d'une victoire d'autant plus inattendue et inespérée (27 février 2007 et 22 mars 2009) pour un 46ème appel, comme dit Iba Der Thiam féru de chiffres, et la valse-hésitation de ceux qui dénient toute parole à Wade, après pourtant s'être proclamé défendeur de la nécessité du dialogue politique, peu après avoir été présenté, déjà, comme potentiel vice-président de la République : « Je n’ai aucune forme de confiance en Wade ». Telle a été la réponse donnée par Moustapha Niasse à l’appel au dialogue avec l’opposition que le chef de l’Etat aurait formulé lors du conseil des ministres du 11 juin mais dont la lettre d'invitation date du 12 mai 2009.( C'est "L'Observateur" n° 941 du 6/11/06 qui remettait sur la table en page 4 le problème de la vice-présidence dont Souleymane Jules Diop avait déjà parlé le 30 septembre 2005 ; c'est dire l'entêtement d'un Wade modélisé par son parcours politique et ses appels itératifs sans succès).
Jouant toutes les deux sur la corde sensible des Sénégalais, les démarches parallèles de Karim Wade et de son chef d'Etat de père pour un « dialogue républicain, franc, loyal et patriotique » (Lettre du 12 mai de Me Wade à l'opposition et aux syndicats) et les visites aux "tontons" Moustapha Niasse de l’Alliance des forces du progrès (Afp), Amath Dansokho du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) et à son "frère" Lamine Sall, son "ami" Youssou Ndour et au "retraité politique ?" Mbaye Jacques Diop visent non seulement le coeur sensible des ces bonimenteurs de politiciens, mais également les Sénégalais dans leur entièreté qu'il faut convaincre de la nécessité et de la volonté de dialogue d'un camp qui appelle les autres à ce banquet de la République. Parce qu'il est déjà demain ?
Jouant toutes les deux sur la corde sensible des Sénégalais, les démarches parallèles de Karim Wade et de son chef d'Etat de père pour un « dialogue républicain, franc, loyal et patriotique » (Lettre du 12 mai de Me Wade à l'opposition et aux syndicats) et les visites aux "tontons" Moustapha Niasse de l’Alliance des forces du progrès (Afp), Amath Dansokho du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) et à son "frère" Lamine Sall, son "ami" Youssou Ndour et au "retraité politique ?" Mbaye Jacques Diop visent non seulement le coeur sensible des ces bonimenteurs de politiciens, mais également les Sénégalais dans leur entièreté qu'il faut convaincre de la nécessité et de la volonté de dialogue d'un camp qui appelle les autres à ce banquet de la République. Parce qu'il est déjà demain ?
Père et fils ont en effet décidé d'entamer une vaste opération de charme de la classe politique et des personnalités influentes du Sénégal, qui par une invite au dialogue politique, qui par une tournée des leaders politiques et d’opinion du pays dans un processus de dialogue politique qui n'est pas la tasse de thé de l'opposition. Niass et ses amis semblent en effet plus intéressés par un dialogue social qui va au-delà de Wade et de ses ambitions claniques, eux qui ont comme base théorique de leur approche le dépassement de Wade en tant qu'objet d'intérêt. En renvoyant en effet aux assises, ils cherchent à donner aux pourparlers une tournure limitant l'autre dans son métabolisme et la densité morale d'une évolution successoriale. D'où une morbidité qui semble consubstantielle à la démarche.
C'est en effet l'horloge biologique du président de la République qui pourrait expliquer la moue de l'opposition qui se croit déjà au pouvoir, au vu des résultats du 22 mars. Plus préoccupée de dialogue social que politique, elle scrute les moindres faits et gestes du chef de l'Etat.
Dialogue autour de la mort ?
Depuis le lundi 24 juillet 2006 avec la rencontre avec le comité de suivi du Pacte républicain, Me Wade a ajouté à la confusion générale en évoquant publiquement, en tout cas devant témoins, un état de santé qui rend caduque toute velléité de prolongation de son propre mandat, même si certaines franges des populations sénégalaises ne le croient pas sur parole, habituées qu'elles sont aux ruses éventées de Ndiombor. Les services de la présidence ont bien tenté de se rattraper par la suite, sans trop convaincre. Me Wade a en effet un problème de métabolisme ou d'horloge biologique, comme on dit ou pense depuis deux ans, moins sur le plan physique que philosophique : il semble pressé par le temps et a peur de sa survie politique qu'il semble trouver avec...Karim Meïssa Wade, fils biologique de son père, entravé par liens avec son géniteur et...l'électeur sénégalais qui n'en a pas voulu en mars dernier. Mais le fils sait rebondir, usant en cela de l'héritage du père passé...maître dans l'art de ruser avec les Sénégalais.
Ainsi, à défaut de grive déplumée par le vent du 22 mars, on peut d’autant se contenter de merle qu’il est délicieux et sirupeux : invité du journal télévisé début juin pour débattre de la situation à "Air Sénégal International", le ministre débute son exorde en remerciant encore une fois le peuple sénégalais pour la sympathie avec laquelle il l'a entouré lors du décès de son épouse ; il avait pourtant, en mai, loué des espaces publicitaires dans les journaux pour ce faire. Le 14 juin dernier, lors de ses pérégrinations dominicales vers la parentèle, il remet l'antienne chez Youssou Ndour. C'est sûr : Karim aime Karine et l'entoure encore de son affection... post-portem.
Par Pathé MBODJE,
Journaliste, sociologue
C'est en effet l'horloge biologique du président de la République qui pourrait expliquer la moue de l'opposition qui se croit déjà au pouvoir, au vu des résultats du 22 mars. Plus préoccupée de dialogue social que politique, elle scrute les moindres faits et gestes du chef de l'Etat.
Dialogue autour de la mort ?
Depuis le lundi 24 juillet 2006 avec la rencontre avec le comité de suivi du Pacte républicain, Me Wade a ajouté à la confusion générale en évoquant publiquement, en tout cas devant témoins, un état de santé qui rend caduque toute velléité de prolongation de son propre mandat, même si certaines franges des populations sénégalaises ne le croient pas sur parole, habituées qu'elles sont aux ruses éventées de Ndiombor. Les services de la présidence ont bien tenté de se rattraper par la suite, sans trop convaincre. Me Wade a en effet un problème de métabolisme ou d'horloge biologique, comme on dit ou pense depuis deux ans, moins sur le plan physique que philosophique : il semble pressé par le temps et a peur de sa survie politique qu'il semble trouver avec...Karim Meïssa Wade, fils biologique de son père, entravé par liens avec son géniteur et...l'électeur sénégalais qui n'en a pas voulu en mars dernier. Mais le fils sait rebondir, usant en cela de l'héritage du père passé...maître dans l'art de ruser avec les Sénégalais.
Ainsi, à défaut de grive déplumée par le vent du 22 mars, on peut d’autant se contenter de merle qu’il est délicieux et sirupeux : invité du journal télévisé début juin pour débattre de la situation à "Air Sénégal International", le ministre débute son exorde en remerciant encore une fois le peuple sénégalais pour la sympathie avec laquelle il l'a entouré lors du décès de son épouse ; il avait pourtant, en mai, loué des espaces publicitaires dans les journaux pour ce faire. Le 14 juin dernier, lors de ses pérégrinations dominicales vers la parentèle, il remet l'antienne chez Youssou Ndour. C'est sûr : Karim aime Karine et l'entoure encore de son affection... post-portem.
Par Pathé MBODJE,
Journaliste, sociologue