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Le Dg de la Fao et la présidentielle de 2012 : Jacques Diouf n’écarte rien

Après avoir lancé un appel à l’effort pour nourrir l’humanité entière en 2050, Jacques Diouf montre que la question de l’éradication de la famine dans le monde est surtout liée à la volonté politique et aux choix stratégiques des décideurs, politiques et autres. Et il s’attend à ce que le sommet mondial sur l’alimentation, qu’il a convoqué pour novembre prochain, puisse donner un signal fort de la volonté des dirigeants de rompre avec les pratiques du passé. Mais le seul Sénégalais dirigeant actuellement une grande institution internationale, n’occulte pas, en dépit de son devoir de réserves, des questions en rapport à la situation du pays, et à son rôle éventuel. Il s’est aussi exprimé sur ses relations avec le Président Wade.


Rédigé par leral.net le Lundi 19 Octobre 2009 à 12:53 | | 6 commentaire(s)|

Le Dg de la Fao et la présidentielle de 2012 : Jacques Diouf n’écarte rien
L’annonce de la participation du Pape Benoit XVI ne constitue-t-elle pas déjà un point positif, pour le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement prévu par la Fao en novembre prochain ?
Je réagis très positivement par rapport à une telle annonce que vient de faire le Vatican il y a quelques minutes (Ndlr, l’entretien a eu lieu le 13 septembre 2009 à 18 heures). Le problème de la faim dans le monde n’est pas seulement un problème technique et économique, c’est aussi un problème éthique et moral. On ne peut pas accepter qu’il y ait un milliard de personnes dans le monde qui aient faim. Je pense que toutes les religions du monde enseignent qu’il faut aider les pauvres, les démunis, les déshérités, les faibles et que ceux qui ont les moyens doivent mettre une partie à la disposition de ceux qui en ont besoin. C’est un principe éthique et moral et les religions en général le prônent. Il s’y ajoute qu’à la Fao, notre devise est «fiat panis» c’est-à-dire, «du pain pour tous». Donc, si la plus haute autorité religieuse catholique annonce sa participation à ce sommet, cela lui donne une dimension éthique et morale extrêmement importante pour aborder le problème de la faim dans le monde.
D’autres grands du monde sont aussi attendus. Quel niveau de participation attendez-vous pour ce sommet ?
La participation sera très large pour plusieurs raisons. D’abord, ce sommet a été soutenu par les chefs d’Etat de la Ligue arabe lors de la réunion de juillet dernier à Tripoli. Ce sommet a aussi été soutenu par la réunion des chefs d’Etat des Caraïbes au mois de mars 2009. Il en est de même au mois de mars également au Nicaragua des chefs d’Etat d’Amérique centrale. Les chefs d’Etat des pays non alignés ont exprimé à Sharm El Sheikh, leur soutien à ce sommet. En septembre 2009, les chefs d’Etat africains et d’Amérique du Sud ont appelé à soutenir ce sommet. Je pense que cette combinaison de soutiens politiques au plus haut niveau doit être précurseur de ce qui va se passer en novembre prochain. Naturellement, quand il s’agit de réunions de chefs d’Etat, on est toujours très prudents, il y a des problèmes de sécurité. Certains chefs d’Etat vous disent «nous venons mais attendez que nous l’annoncions officiellement». Je rappelle quand même qu’en 1996, il y a eu 112 chefs d’Etat ou de gouvernement.
Quel volume d’annonces d’engagements de la part des chefs d’Etat et de gouvernement attendez-vous ?
Nous attendons surtout des choix politiques et stratégiques. Nous attendons des chefs d’Etat qu’ils renforcent les décisions prises dans un cadre plus restreint notamment au sommet du G8 à l’Aquila auquel j’ai eu le privilège de participer. Il a été décidé pour la première fois, depuis des décennies, que pour atteindre la sécurité alimentaire dans le monde, il faut aider les petits agriculteurs des pays pauvres, c’est-à-dire où vivent le milliard de personnes qui ont faim, à produire des aliments. Cela semble du bon sens mais malheureusement cela fait plus de quinze ans que nous le disons et répétons. Pour la première fois, cette orientation stratégique a été adoptée au sommet du G 8. De plus, quand il a fait le rapport des contacts qu’il a eus avec ses pairs, le Président Obama a indiqué un engagement de 20 milliards par an pendant trois ans. L’élément important est que c’est une décision prise par les pays les plus puissants au monde et sur une période bien déterminée. Nous pensons qu’au sommet de novembre, on avancera un peu plus en identifiant qui va donner quoi ou selon quelles modalités, dans quelles conditions et surtout quels mécanismes de contrôle et suivi de ces engagements. Ça c’est pour le court terme. A plus moyen ou long terme, il faut rappeler que pour faire la révolution verte en Asie, pour éviter la famine en Asie et en Amérique latine dans les années 70, il avait fallu dépenser 17% de l’aide publique au développement. Depuis lors, ce chiffre ne cesse de baisser. Nous sommes descendus à 3,6% en 2006 et aujourd’hui, nous sommes à 7%. A l’époque, il y avait moins de 800 millions de personnes qui avaient faim. Aujourd’hui, nous en sommes à 1 milliard. Il me semble donc logique de revenir au 17% surtout si on tient compte du fait que 70% des pauvres sont en milieu rural alors que l’agriculture et les activités connexes constituent leurs sources essentielles de revenus, d’emplois et d’autoconsommation. Nous posons ce problème. L’autre problème que nous posons est celui de la gouvernance du système de la sécurité alimentaire. On a une situation à la limite du bon sens. La Fao est chargée de toutes les études statistiques (les cultures, la production animale, la pêche, l’aquaculture, les forêts, l’eau, les sols, la biodiversité, sur les prix, sur la situation des marchés agricoles etc.). En dépit de nos actions pour aider les autres organisations à formuler leurs projets d’intervention dans les domaines agricoles, ou de nos interventions en cas de crise (criquets pèlerins, sécheresse, tsunamis etc.), le budget de la Fao n’est que de 500 millions de dollars par an pour le programme régulier. Si nous ajoutons tous les financements volontaires, on va tourner autour d’un milliard de dollars. Regardons les chiffres ! Le soutien des pays de l’Ocde à leur agriculture est de 365 milliards de dollars par an. Chacun mène des actions individuelles. Regardez ce que font les différentes organisations gouvernementales dans le cadre de la coopération multilatérale ou bilatérale, ce que fait chaque gouvernement. Où est-ce qu’il y a aujourd’hui un mécanisme suffisamment efficace de coordination des actions ? Et la Banque mondiale a réduit son portefeuille d’intervention dans l’agriculture de 30% en 1980 à 6% en 2000. Et la Banque interaméricaine, qui passe de 32% en 1979 à 8% en 2005 ? Chacun mène sa politique à part.
Voudriez-vous que la Fao coordonne les actions dans le domaine agricole ?
En réalité, ce n’est pas la Fao. Le principe et le mécanisme existent. C’est le Comité de sécurité alimentaire, qui comprend aussi bien les Etats-membres des Nations unies et les Nations membres de la Fao, et qui a pour vocation de suivre la situation de la sécurité alimentaire. Ce comité a des avantages, car il a son caractère intergouvernemental. Il a été créé par traité international. Pourquoi cela n’a pas marché ? Parce que le Comité de sécurité alimentaire se réunit au niveau des experts. Il n’y a même pas de ministre. Vous croyez qu’on peut prendre des décisions à ce niveau ? A supposer même qu’il y ait des ministres de l’Agriculture, il faut bien dire que ce ne sont pas eux qui décident de l’aide au développement. Ce sont plutôt les ministres de la Coopération. Si le mécanisme n’est pas élevé au niveau ministériel avec à la fois les ministres de l’Agriculture pour les questions techniques et les ministres de la coopération, ce serait un exercice intellectuel d’experts qui ne servira à rien du tout. Ensuite, si dans ce schéma nous n’avons pas un mécanisme qui permette aux institutions de financement mises en place dans le cadre de l’aide au développement d’envoyer des rapports sur ce qu’elles font dans le domaine de l’agriculture et dire comment évoluent leurs politiques ; si nous ne pouvons pas non plus nous assurer de ce qui se fait dans le commerce international en matière de droits de douane, en matière tarifaire ou de barrières techniques au commerce entre autres ; si toutes ces questions ne sont pas mises sur la table pour voir leur impact global sur la sécurité alimentaire du monde, nous ne nous en sortirons pas.
La conjoncture mondiale, avec la crise alimentaire de l’année dernière, semble être votre avocat ; les gens vont vous écouter plus.
Mais, j’ose l’espérer. Ce qui est certain, et c’est triste de le dire, c’est que le fait qu’il y ait eu des émeutes dans 22 pays, et des morts, a permis que l’on commence à prendre au sérieux le problème de la sécurité alimentaire. Cela a permis de se rendre compte que ce n’était pas seulement une question d’aide aux pauvres, mais une question de paix et de sécurité dans le monde. Il y a des gouvernements qui sont tombés, et d’autres qui seraient tombés tout de suite, si l’on n’avait pas pris des mesures d’urgence. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience, mais pour combien de temps ? Si moi, je n’avais pas lancé la proposition d’un sommet mondial de l’alimentation, qu’en serait-il ? Plus personne ne parlait de l’alimentation, tout le monde était braqué sur la question de crise économiqe et financière….
A la conférence de juin 2008, certains chefs d’Etat avaient pris des engagements très forts. Ces engagements se sont-ils traduits en actes ?
Certaines choses ont été faites. Notre initiative pour la lutte contre la hausse des prix, qui était centrée sur la fourniture d’intrants à des agriculteurs des pays très pauvres, nous a permis déjà, rien qu’au niveau des ressources de la Fao, budget régulier et fonds fiduciaire, de mobiliser à peu près 105 millions de dollars. Puis, grâce à l’initiative appelée la Facilité alimentaire, de l’Union européenne, on a pu mobiliser 385 millions de dollars. Donc, on peut dire qu’environ 500 millions de dollars ont été mobilisés immédiatement pour donner des semences, des engrais dans plusieurs pays, surtout en Afrique, en Asie, et en Amérique latine. Donc, ça c’est du concret. Et surtout, cela a pu se faire dans un délai très court, car le problème de la réunion et des engagements, c’est que beaucoup se sont engagés, mais ils n’ont pas donné des périodes. Certains ont dit, 5 ans ou plus. Je crois donc, que, sur la base des succès de ces initiatives, que les institutions sont prêtes à étendre ces projets. Et nous espérons que l’engagement des 20 milliards de dollars sur trois ans va nous permettre de renforcer d’approfondir, d’étendre ce type de programme, avec un impact immédiat. Naturellement, il va falloir aller encore plus loin.
L’objectif maintenant est de nourrir le monde en 2050. Pour 2015, on avait annoncé l’objectif de réduire le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire, de moitié. Cet objectif ne sera pas atteint, à en croire entre autres, votre économiste principal. N’est-ce pas une gageure alors de vouloir nourrir le monde en 2050 ?
Si vous vous souvenez, j’ai fait un second sommet après celui de 1996, en 2002. C’était pour dire aux gens que, au train où vont les choses, l’objectif de 2015 ne serait atteint qu’en 2035. Donc, ce n’est pas maintenant qu’on le sait. Mais cela n’a pas empêché les gens de continuer à baisser les investissements dans l’agriculture. Un point sur lequel tous les économistes sont d’accord, ce que l’on ne développe pas un secteur en diminuant les ressources qui y sont destinées. Et c’est ce que l’on a fait ! On est passé de 17% du Pib à 3,8%. Dans son dernier rapport, la Banque mondiale a reconnu que c’était une erreur et la priorité doit revenir à l’agriculture. J’applaudis cette honnêteté intellectuelle, qui corrige des erreurs de plus de 20 ans. La question aujourd’hui est que nous savions bien qu’au train où allaient les choses, en combinant la baisse des investissements à la concurrence faite aux pays pauvres avec les subventions et autres soutiens dans les pays développés, ceux qui ont faim n’allaient pas pouvoir améliorer leur situation alimentaire. On le savait ! Maintenant, qu’est-ce que l’on a comme alternative ? Ou on dit que l’on ne va pas atteindre nos objectifs, et on ne fait rien. C’est un choix. Mais il y a une autre attitude, qui consiste à vouloir profiter de la situation de crise et de la nouvelle prise de conscience politique, pour essayer d’atteindre à un degré ou à un autre, l’objectif de 2015. Ce ne sera pas à 100%, mais on aura amélioré quand même la situation. Entre-temps, essayons quand même de regarder vers un objectif à plus long terme, d’autant qu’il y a un soubassement éthique et juridique à la volonté d’éradication totale de la faim. C’est qu’on a adopté, les directives pour le droit à l’alimentation de toute personne. On ne peut pas approuver cela et dire aujourd’hui que ce n’est pas réalisable. Maintenant, on peut débattre pour dire que ce sera en 2015, en 2025, ou en 3000, c’est un autre débat. Mais, si on veut être conséquents, on ne peut pas approuver cet objectif d’éliminer complètement la faim de la face de la terre, et ne pas dégager des voies et moyens pour y arriver.
Pour l’atteinte de ces objectifs, vous demandez un accroissement des investissements, et parlez même de 44 milliards de dollars par an. Cela est-il compatible avec la crise économique dans le monde ?
Mais, tout-à-fait ! C’est cela qui est amusant. Je laisse même de côté les milliers de milliards qui ont été sortis en quelques semaines, parce qu’il y avait la crise, pour les donner à des banques. Mais, malgré cela, on continue toujours de donner 365 milliards de dollars de soutien à l’agriculture aux pays de l’Ocde. Pourquoi devrait-il y avoir un problème pour 44 milliards ? Ensuite, si l’on va encore plus loin, on dépense 1 340 milliards de dollars par an, en armements. Et on ne peut pas sortir 44 milliards de dollars par an, pour que les gens mangent à leur faim ? Voilà les données du problème. Le problème n’est pas technique ni économique. Ce n’est même pas une question d’argent, parce qu’il y en a. C’est une question de choix politique et stratégique, en fonction d’intérêts, et au bénéfice de groupes particuliers, et au détriment des 70% des pauvres dans le monde.
Que pensez-vous de l’accaparement des terres dans les pays pauvres, en particulier en Afrique ?
J’ai été le premier à sonner l’alerte sur cette question, dans un article qui est sorti dans Le Monde, et qui a été à moitié repris, avec une interprétation, par Financial Time. J’ai dit que nous avons besoin de l’investissement privé pour doubler la production alimentaire dans les pays en voie de développement. Mais l’investissement privé doit se faire dans des conditions de partenariat. Que ceux qui ont de l’argent, des capacités de gestion, des marchés solvables pour la demande des produits agricoles, trouvent un avantage dans l’investissement. Mais aussi, que ceux qui ont des terres, l’eau et la main-d’œuvre pour faire le travail agricole, trouvent un avantage. Et cela doit se faire dans des sociétés de partenariat, où chacun apporte ce qu’il a. Pour moi, la solution n’est pas que les gens utilisent leur argent pour acheter ce que nous avons, pour aboutir à ce que j’ai appelé, un néo pacte colonial. J’ai dit qu’il ne fallait pas confondre la nécessité d’investir dans le privé, y compris l’investissement national, d’ailleurs, pour booster la production agricole dans les pays du Tiers-monde, et les modalités et conditionnalités des rapports qui sous-tendent ce type d’accords. Et pour donner la preuve de ce que nous disions, nous avions fait une étude, avec d’autres institutions, sur les différentes transactions de ce type, pour montrer ce qui se faisait, et qui était un échange inégal. Car le pacte colonial est, par essence, un échange inégal. Et nous avons proposé qu’il y ait un code de bonne conduite en matière d’investissement étranger direct dans l’agriculture, notamment, au niveau de la question des terres. La terre ce n’est pas seulement un bien marchand classique, c’est le fondement de l’existence d’un Etat souverain.
Qui doit faire appliquer ce code de bonne conduite, quand on sait que les gouvernements africains sont souvent faibles par rapports aux grandes puissances.
Personne ne peut assurer la souveraineté nationale d’un peuple à sa place. Ce sont les peuples et leur gouvernement qui ont en charge leur souveraineté nationale, et la défense de leurs intérêts nationaux. Nous pouvons aider, soutenir, appuyer, donner des arguments. Nous pouvons alerter l’opinion, mais les décisions de donner ou de ne pas donner de la terre, ce n’est pas de notre compétence, c’est celle des Etats.
Vous aviez il y a quelques mois, commandité un audit interne, qui a demandé une réorganisation structurelle de la Fao. Où en êtes-vous avec la mise en œuvre ?
Cela se passe très bien. Je dois dire que nous sommes la seule organisation du système des Nations unies, qui ait jamais fait l’objet d’un audit totalement indépendant, sous la conduite des Etats membres, avec des experts choisis à l’extérieur, avec à peu près 5 millions de dollars de budget, qui ont travaillé pendant 2 ans, pour aboutir à des recommandations. Et je rappelle que, dans cet audit, il n’a été dit nulle part que nous avons détourné l’argent ou nous l’avons mal utilisé. On a dit, qu’on pouvait mieux faire telle ou telle chose, restructurer telle ou telle autre chose, y compris dans certaines manières dont fonctionnent les structures des Etats membres, le Conseil, la Conférence. On a discuté de cela, et on a abouti à ce qu’on a appelé, un Plan immédiat d’action, pour 2009, que nous sommes en train de mettre en œuvre, à la satisfaction des Etats membres. La seconde partie devra être réalisée en 2010-2011. Et c’est à partir de ce moment que l’on aura tout terminé.
Il n’est pas courant, dans le système des Nations unies, de voir un Directeur général réaliser trois mandats de suite. Quel est le secret de jacques Diouf ?
Ce n’est pas courant, mais ça s’est déjà passé (rires). Moi, je dis que la Fao est la seule institution totalement démocratique. C’est ici que l’on voit l’ensemble des Etats membres voter pour le Directeur général, par le système de «Un pays, une voix, et scrutin secret». Donc, je ne sais même pas qui a voté et qui ne l’a pas fait. A la Fao, le vote n’est pas manipulable. De plus, quelqu’un qui vient d’un petit pays, pauvre, comme le Sénégal, qui peut-il manipuler ? Je n’ai aucune possibilité de pression sur eux.
C’est une question qui se pose, dans la mesure où, lors de la dernière élection, votre pays d’origine, le Sénégal, a semblé vous soutenir du bout des lèvres…
Je vous dis que je ne sais pas qui a voté pour ou contre moi. Ce que je sais, c’est que, aucun pays n’a présenté de candidat contre moi. Ils sont 192 Etats, et personne n’a présenté de candidat contre moi.
Votre reconduction peut laisser penser que les Etats membres sont satisfaits de votre travail. Mais, vous, êtes-vous satisfait de ce que vous faites ?
Dans les limites qui m’ont été données, et avec les ressources qui m’ont été accordées, en âme et conscience, je pense que j’ai fait du bon travail. Les limites c’est, un budget régulier de 500 millions de dollars, des ressources humaines qui ont diminué de 34% depuis 1996, et un nombre d’Etats membres qui est passé de 169 à 189. Auxquelles s’ajoutent l’Union européenne, et le retour, après 60 ans, de la Russie. Mais, je ne suis pas satisfait au regard de ce qu’on aurait fait, si les Etats avaient écouté ce qu’on leur avait conseillé de faire, en commençant par nos propres pays du Tiers-monde. Et s’ils avaient respecté leurs propres engagements. Regardez l’engagement de Maputo, pris en juillet 2003, pour que, dans un délai de 5 ans, ils allouent un budget de 10% à l’agriculture. Il n’y a que 5 pays sur les 53, qui ont respecté l’engagement.
Il y a des voix au Sénégal, qui pensent que Jacques Diouf pourrait jouer un rôle national. Allez-vous rester sourd à ces appels ?
(Rires). J’ai une position très simple. Je suis fonctionnaire des Nations unies, à ce titre, assujetti à un devoir de réserve. Et dans le cadre de mes responsabilités au niveau des Nations unies, je n’ai pas le droit de me mêler des questions politiques des pays membres, surtout afférentes à mon propre pays. En outre, on m’a chargé d’une tâche, jusqu’au 31 décembre 2011. Mon devoir est d’accomplir cette tâche, ce que j’essaie de faire. Etant un croyant, ma préoccupation est que le Bon Dieu me prête vie jusqu’à ce que je termine ma mission. Je m’en tiens à cela. Il n’empêche que j’ai mes opinions, j’ai mes sentiments, mais je les garde pour moi.
Mais après votre mandat en 2011, il y aura tout de même la possibilité de courir pour la Présidence en 2012 au Sénégal. Il y a de plus en plus de forces qui demandent cela…
2012 est l’affaire de Dieu. Pour moi, je me suffis d’une tâche qui est en fonction des responsabilités que j’ai acceptées. Et je dis qu’à chaque jour, suffit sa peine.
Il n’empêche qu’en tant que ressortissant de ce pays, vous vous préoccupez de ce qui se passe chez vous. Vous avez notamment suivi les Assises nationales, et vous avez entendu ce qui s’est dit.
Naturellement, que je me tiens au courant. Et j’ai mon opinion. Mais je le garde pour moi, parce que je n’ai pas le droit de l’exprimer.
On vous a vu dernièrement au Sénégal, rencontrer certaines grandes familles religieuses, ce qui a suscité davantage d’interrogations au sein de la population.
Ces relations avec les guides religieux datent de mon grand-père, qui a construit la première mosquée privée de Saint-Louis, et j’ai des relations de famille avec plusieurs de ces autorités religieuses. Que les gens interprètent cela sous l’angle de la politique, ce n’est pas mon problème. Ces liens de famille, je les ai maintenus même quand j’étais au Nigeria, au Liberia, et ailleurs.
Pouvez-vous, moralement, rester sourd à l’appel de votre peuple, qui semble avoir besoin de vous ?
Jusqu’à preuve du contraire, j’ai un devoir de réserve qui m’impose de ne pas faire de commentaire sur la situation politique d’un Etat membre, notamment, du mien. Je respecte mon statut, c’est tout.
Quels sont vos rapports avec le Président Wade ? On se rappelle vos échanges de l’année dernière…
Je n’ai pas eu de problème personnel avec M. Wade. Il y a eu des commentaires sur ma personne, sur mon organisation. J’ai le devoir de défendre mon organisation. Et j’ai dit que je dois respect et considération au chef d’Etat de mon pays. Mais sur les points qui avaient été soulevés, je les ai pris un à un et y ai apporté des réponses. Je ne suis pas allé au-delà. Lui-même, après, a déclaré qu’il n’avait pas de problème avec Jacques Diouf.
Après cela, vous vous êtes vus plusieurs fois
Non. On s’est vus une fois, ici, à Rome. Mais on s’est salué occasionnellement, lors des réunions internationales. Et je suis allé, naturellement, lui présenter mes condoléances lors de la perte de sa sœur, et lorsque son fils a perdu son épouse.
Donc, les choses se passent bien entre vous, maintenant !
C’est vous qui le dites. Moi, je ne fais de commentaires, ni dans un sens ni dans un autre. Parce que, encore une fois, pour moi, ce n’était pas une question personnelle. C’étaient des critiques faites à mon organisation, et je devais défendre cette dernière.
Il y a un ou deux ans, lors d’une période de crise, la presse avait dit que Jacques Diouf avait été pressenti pour la Primature au Sénégal. Qu’y a-t-il de vrai là dedans ?
Je suis comme vous (Rires), je souris. Je lis des choses, et je souris.

Pape Alé Niang


1.Posté par SEYE ,ABIDJAN le 19/10/2009 15:01 | Alerter
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bonjour,moi en personne j'ai jamais fait de la polique aprés l'université ;mais pour vous Mr JACQUES DIOUF je suis prés à battre votre campagne où çà me trouve.MERCI PAPE ALE et surtout donne moi l'adresse de Jacques Diouf s.v.p

2.Posté par diambal le 19/10/2009 18:55 | Alerter
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hé le webmaster de leral... faites l effort de mettre en gras les questions et on pourra lire les réponses;;; on a mal aux yeux

3.Posté par alioune le 19/10/2009 19:46 | Alerter
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Excellent article!
Dommage:questions et réponses ne sont pas individualiées.
Un peu d'effort

4.Posté par ALIIOUNE BADARA le 19/10/2009 21:13 | Alerter
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Landing SAVANE :

Que de chemin parcouru de 1969 à 2009 !

Tenez-vous bien ; En 1969, Landing SAVANE était déja dans l’opposition, pour la poursuite d’une lutte qui occupa tout son temps libre d’étudiant en France façonné par les confrontations d’idées dont bouillaient ces milieux des époques de braise de 1968.

Cette lutte pour une répartition plus équitable des richesses il continuera à la mener contre le Président Léopold Sédar SENGHOR, aussitôt rentré au Sénégal sa patrie.

Nous en étions en ce moment au Parti unique : l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS) dirigé par SENGHOR, parti dans lequel militait Abdoulaye WADE aujourd’hui Président de la République du Sénégal.

Landing pour la première fois a été emprisonné en 1975 en temps qu’opposant opérant dans la clandistinité parcequ’aucun parti autre que l’UPS n’avait le droit de s’implanter au Sénégal. C’était la loi du monopartisme ou parti unique.

C’est donc à l’âge de 30 ans que Landing passe son premier séjour en prison en temps que leader politique clandestin parce qu’il avait créé And/Jëf/Xarebi, un mouvement de gauche surveillé par l’Etat.

Le PDS venait d’avoir un an puisqu’il a été créé en 1974 après le départ de Abdoulaye WADE de l’UPS devenu plusieurs années plus tard PS (Parti Socialiste).

Le PDS n’a donc pas connu la clandestinité. C’est après la modification de la loi sur le Parti unique intervenu en 1974 et qui autorisait 04 courants politiques (le socialisme, le libéralisme, le marxisme, le conservatisme) et autant de partis politiques de contribution entendez par là au développement du Sénégal qu’Abdoulaye WADE lui, a pu créé le PDS.

Landing, toujours dans la clandestinité puisqu’il ne voulait pas de Parti de contribution mais d’opposition devra attendre 1981 l’avénement du Président Abdou DIOUF à la Magistrature suprême pour entrer dans la légalité.

En effet, sitôt installé, Abdou DIOUF proclame le multipartisme intégral. Autrement dit, n’importe quel sénégalais qui remplirait les critères d’âges et de casier judiciaire pouvait désormais créer un parti politique et concourir aux suffrages pour conquérir le pouvoir.

AJ MRDN (And Jef - Mouvement révolutionnaire pour la démocratie nouvelle) naît ainsi en 1981 avec un récépissé du Ministère de l’intérieur pour remplacer And.Jëf/Xarebi le mouvement clandestin.

La formation maoïste refuse de participer aux élections générales de 1983 qu’elle qualifie de bourgeoise, avant de concourir « sans illusion » à celles de 1988.

En 1991, Aj/Mrdn devient avec l’arrivée dans ses rangs de l’Organisation socialiste des travailleurs (Ost) de Amadou Guiro, l’Union démocratique populaire de Amadou Racine Guissé et des lecteurs de Suxuba avec à leur tête le Pr. Malick Ndiaye alors syndicaliste redouté, And/Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads).

Landing se présente en 1993 et 2007 à la magistrature suprême. En 2000, il a soutenu dans le cadre de la Ca 2000, puis du Fal, la candidature gagnante du président Wade.

Mais la candidature de 2007 contre le candidat qu’il a soutenu en 2000 et avec qui il a fait la prison par solidarité en 1993 a été celle de la discorde ?

Abdoulaye WADE c’est sûr est dans une logique autre que celle de dévolution du pouvoir démocratiquement.

C’est cela qu’il appelle ’’candidature malvenue’’.

Et pourtant, Landing est bien présidentiable parmi les présidentiables.

Le Président le sait

5.Posté par Kouakou le 20/10/2009 00:00 | Alerter
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Écoutez moi bien M.Jacques Diouf. Si c'est vous qui pouvez aider le peuple sénégalais à se débarrasser de ce régime, s'il vous plaît, ne refusez pas cette offre. Le pays va à vau l'eau.....Au besoin, aidez l'opposition à chasser le diable chez vous.

6.Posté par Respect le 20/10/2009 01:04 | Alerter
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