Le Temps: Pourquoi la Ville de Lyon veut-elle déposséder Genève du Fonds de solidarité numérique?
Hubert Julien-Laferrière: Lyon ne veut pas déposséder Genève de quoi que ce soit. Si certains veulent faire croire qu'il y aurait une compétition entre nos deux villes, c'est, je le crains, pour détourner l'attention des vrais problèmes, à savoir l'efficacité dans la réalisation des objectifs du Fonds. Le président du Fonds, Alain Madelin, qui n'est pas lyonnais, a très justement suggéré qu'il valait mieux qu'il n'y ait qu'une organisation plutôt que deux: le secrétariat du Fonds serait ainsi transféré à Lyon dans les locaux actuels de l'Agence opérationnelle, qui alors disparaîtrait. Et Genève conserverait le siège social du Fonds. Lyon s'appuie sur la réussite de l'agence qu'elle a initiée et la dynamique qu'elle a su créer dans le cadre de la coopération décentralisée sur des projets concrets. Ensuite, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, père fondateur du Fonds, souhaite que le siège déménage en Afrique. Ce qui paraît légitime car le Fonds de solidarité numérique est une initiative africaine créée dans un but très clair: aider les populations les plus pauvres à accéder au progrès dans le domaine du numérique. C'est cet objectif que Lyon, Genève, le Sénégal et les autres membres doivent rechercher ensemble. Or, aujourd'hui, il n'est pas atteint. Il convient de corriger le tir.
- Quels sont les problèmes?
- La gestion par le secrétariat exécutif a été difficile. Alors que les statuts du Fonds stipulent que 6% des recettes peuvent être dépensées pour le fonctionnement, le reste devant être affecté à des projets, il est aujourd'hui établi par les comptes que 80% d'entre elles ont été dépensées en fonctionnement. Autrement dit: en salaires, déplacements, communications, ou encore, pour la création du site internet du Fonds. Suite à ce constat, le président Wade a réclamé la démission du secrétaire exécutif Alain Clerc. La déception du chef d'Etat sénégalais est d'autant plus grande qu'il a beaucoup œuvré pour convaincre les pays africains de participer au Fonds, en leur expliquant que son activité profiterait aux pays pauvres. Or, en trois ans, moins de 20% des 6 millions de francs récoltés ont servi à financer des projets.
- Comment réparer les dégâts?
- Alain Clerc s'est engagé à quitter son poste de secrétaire exécutif en mars 2009 et une rencontre est prévue à Bamako en janvier prochain pour remettre les choses à plat. Aujourd'hui, notre seul souci doit être de restaurer la confiance. Je vais dire à la Ville de Genève que le Fonds a perdu sa crédibilité. Et j'espère qu'elle fera également ce constat. Par la suite, il faudra essayer de trouver d'autres mécanismes innovants qui s'appuient plus sur l'engagement des citoyens, celui des entreprises et les mécanismes de coopération décentralisée et l'engagement des entreprises. Alain Madelin a déjà fait plusieurs propositions visant à financer des projets concrets plus directement.
Hubert Julien-Laferrière: Lyon ne veut pas déposséder Genève de quoi que ce soit. Si certains veulent faire croire qu'il y aurait une compétition entre nos deux villes, c'est, je le crains, pour détourner l'attention des vrais problèmes, à savoir l'efficacité dans la réalisation des objectifs du Fonds. Le président du Fonds, Alain Madelin, qui n'est pas lyonnais, a très justement suggéré qu'il valait mieux qu'il n'y ait qu'une organisation plutôt que deux: le secrétariat du Fonds serait ainsi transféré à Lyon dans les locaux actuels de l'Agence opérationnelle, qui alors disparaîtrait. Et Genève conserverait le siège social du Fonds. Lyon s'appuie sur la réussite de l'agence qu'elle a initiée et la dynamique qu'elle a su créer dans le cadre de la coopération décentralisée sur des projets concrets. Ensuite, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, père fondateur du Fonds, souhaite que le siège déménage en Afrique. Ce qui paraît légitime car le Fonds de solidarité numérique est une initiative africaine créée dans un but très clair: aider les populations les plus pauvres à accéder au progrès dans le domaine du numérique. C'est cet objectif que Lyon, Genève, le Sénégal et les autres membres doivent rechercher ensemble. Or, aujourd'hui, il n'est pas atteint. Il convient de corriger le tir.
- Quels sont les problèmes?
- La gestion par le secrétariat exécutif a été difficile. Alors que les statuts du Fonds stipulent que 6% des recettes peuvent être dépensées pour le fonctionnement, le reste devant être affecté à des projets, il est aujourd'hui établi par les comptes que 80% d'entre elles ont été dépensées en fonctionnement. Autrement dit: en salaires, déplacements, communications, ou encore, pour la création du site internet du Fonds. Suite à ce constat, le président Wade a réclamé la démission du secrétaire exécutif Alain Clerc. La déception du chef d'Etat sénégalais est d'autant plus grande qu'il a beaucoup œuvré pour convaincre les pays africains de participer au Fonds, en leur expliquant que son activité profiterait aux pays pauvres. Or, en trois ans, moins de 20% des 6 millions de francs récoltés ont servi à financer des projets.
- Comment réparer les dégâts?
- Alain Clerc s'est engagé à quitter son poste de secrétaire exécutif en mars 2009 et une rencontre est prévue à Bamako en janvier prochain pour remettre les choses à plat. Aujourd'hui, notre seul souci doit être de restaurer la confiance. Je vais dire à la Ville de Genève que le Fonds a perdu sa crédibilité. Et j'espère qu'elle fera également ce constat. Par la suite, il faudra essayer de trouver d'autres mécanismes innovants qui s'appuient plus sur l'engagement des citoyens, celui des entreprises et les mécanismes de coopération décentralisée et l'engagement des entreprises. Alain Madelin a déjà fait plusieurs propositions visant à financer des projets concrets plus directement.