Il confie être «un adepte compulsif des SMS»: il en a envoyé 799 en quelques mois au conseiller spécial du ministre britannique de la Culture, qui lui en a adressé lui-même 258 - sans compter 158 courriels et 191 coups de fil. Le Français Frédéric Michel, lobbyiste du groupe News Corp de Rupert Murdoch, et l'ex-conseiller Adam Smith témoignaient tous deux jeudi devant la commission judiciaire Leveson sur les pratiques des médias en Grande-Bretagne créée par David Cameron. Cette intense correspondance met dans l'embarras Jeremy Hunt, ministre du gouvernement Cameron, cible d'appels à la démission de l'opposition depuis un mois, après celle déjà survenue d'Adam Smith, qui a admis être «allé trop loin» dans l'interprétation des positions de son patron. Elle avait pour objet principal le projet d'OPA début 2011 du groupe News Corp sur les 60 % du capital du bouquet de télévision satellitaire BSkyB qu'il ne possédait pas encore - abandonné depuis.
Au long de ces communications incessantes, parfois jusqu'au milieu de la nuit, «Fred», comme il signait, et Adam Smith échangeaient de manière informelle des informations sur l'avancement du processus alors soumis à l'aval des autorités de la concurrence britannique, sous la tutelle de Jeremy Hunt.
Un ancien du camp de DSK
À travers ces textos, le ministre apparaît très zélé à faire avancer la cause de News Corp, malgré la neutralité imposée par son rôle. Dans un courriel, Frédéric Michel rapporte à ses supérieurs: «Il a dit très précisément qu'il voulait aboutir au même résultat.» Interrogé sur l'identité de ce «il», Michel répond: Jeremy Hunt par la voix de son conseiller Adam Smith. «Je crois que tout ce qu'il disait représentait le ministre. Je représentais News Corp, il représentait le ministre», témoigne-t-il. Du pain bénit pour l'opposition travailliste.
Beau gosse, bronzé, carrure de sportif dans un élégant costume bleu marine, anglais parfait teinté d'un léger voile d'accent français, le discret «M. Bons Offices» du groupe Murdoch a, bien malgré lui, occupé les feux de la rampe durant cette audition de trois heures et demie diffusée sur les chaînes d'info. Le Français de 39 ans est arrivé au sein du groupe News Corp il y a trois ans, comme directeur des affaires publiques. Diplômé de Sciences Po, ce pro des relations publiques politiques a frayé un temps avec les socialistes français, notamment dans le camp de DSK, avant de franchir la Manche et de côtoyer les travaillistes de Tony Blair. Il nourrit son carnet d'adresses en animant les travaux d'un think-tank, Policy Network, puis part exercer ses talents dans un cabinet de communication, Reputation Inc. Il côtoie de nombreux politiciens britanniques, le travailliste Lord Mandelson, l'actuel vice-premier ministre centriste Nick Clegg ou le ministre de la Culture conservateur Jeremy Hunt. Il a notamment raconté leur «nuit d'angoisse commune» alors que leurs épouses étaient en train d'accoucher, en mai 2010, dans un hôpital de Londres. Malgré la poursuite d'échanges directs cordiaux entre les deux hommes par SMS, la majorité des communications compromettantes ont transité ensuite par le «fusible» Adam Smith. Pas sûr que cela suffise à sauver la peau du ministre.
Par Florentin Collomp
Au long de ces communications incessantes, parfois jusqu'au milieu de la nuit, «Fred», comme il signait, et Adam Smith échangeaient de manière informelle des informations sur l'avancement du processus alors soumis à l'aval des autorités de la concurrence britannique, sous la tutelle de Jeremy Hunt.
Un ancien du camp de DSK
À travers ces textos, le ministre apparaît très zélé à faire avancer la cause de News Corp, malgré la neutralité imposée par son rôle. Dans un courriel, Frédéric Michel rapporte à ses supérieurs: «Il a dit très précisément qu'il voulait aboutir au même résultat.» Interrogé sur l'identité de ce «il», Michel répond: Jeremy Hunt par la voix de son conseiller Adam Smith. «Je crois que tout ce qu'il disait représentait le ministre. Je représentais News Corp, il représentait le ministre», témoigne-t-il. Du pain bénit pour l'opposition travailliste.
Beau gosse, bronzé, carrure de sportif dans un élégant costume bleu marine, anglais parfait teinté d'un léger voile d'accent français, le discret «M. Bons Offices» du groupe Murdoch a, bien malgré lui, occupé les feux de la rampe durant cette audition de trois heures et demie diffusée sur les chaînes d'info. Le Français de 39 ans est arrivé au sein du groupe News Corp il y a trois ans, comme directeur des affaires publiques. Diplômé de Sciences Po, ce pro des relations publiques politiques a frayé un temps avec les socialistes français, notamment dans le camp de DSK, avant de franchir la Manche et de côtoyer les travaillistes de Tony Blair. Il nourrit son carnet d'adresses en animant les travaux d'un think-tank, Policy Network, puis part exercer ses talents dans un cabinet de communication, Reputation Inc. Il côtoie de nombreux politiciens britanniques, le travailliste Lord Mandelson, l'actuel vice-premier ministre centriste Nick Clegg ou le ministre de la Culture conservateur Jeremy Hunt. Il a notamment raconté leur «nuit d'angoisse commune» alors que leurs épouses étaient en train d'accoucher, en mai 2010, dans un hôpital de Londres. Malgré la poursuite d'échanges directs cordiaux entre les deux hommes par SMS, la majorité des communications compromettantes ont transité ensuite par le «fusible» Adam Smith. Pas sûr que cela suffise à sauver la peau du ministre.
Par Florentin Collomp