Le Hezbollah participe-t-il à la guerre en Syrie ? Le parti chiite affirme qu'il ne compte pas dans ses rangs Hassan al-Moqdad, le «franc-tireur» enlevé par les insurgés. Allié de Bachar el-Assad, le Hezbollah est toutefois accusé par les États-Unis de «soutenir activement le régime syrien», selon le sous-secrétaire d'État au Trésor chargé du terrorisme. Pour un autre officiel américain, anonyme, le parti de Dieu est «un partenaire militaire efficace» de Damas. Le mouvement chiite libanais est soupçonné par les rebelles syriens de participer à l'entraînement des forces gouvernementales au côté des gardiens de la révolution iraniens, présents dans le pays.
Par ailleurs, des officiels américains et israéliens ont accusé le Hezbollah d'avoir perpétré l'attentat contre un bus de touristes israéliens en Bulgarie qui a fait six morts le 18 juillet dernier.
Les preuves manquent pour impliquer dans ce dernier méfait le parti d'Hassan Nasrallah, classé officiellement «terroriste» par les États-Unis mais pas par l'Union européenne. En Syrie, la présence de membres du Hezbollah ne fait pas de doute. Mais ils ne seraient pas nombreux, ni ne joueraient un rôle militaire important, estiment en général les spécialistes de la région. «Il y a sans doute des conseillers dans des domaines comme l'informatique ou celui des interrogatoires, explique Joseph Bahout, professeur à Sciences Po Paris et chercheur à l'Académie diplomatique internationale. Mais le Hezbollah est prudent. Il ne va sûrement pas brûler tous ses vaisseaux pour Bachar el-Assad.»
Le Hezbollah n'est pas seulement le relais de l'Iran et de la Syrie au Liban. C'est aussi un parti politique qui exerce une influence considérable. Il a réussi en janvier 2011 à imposer son candidat au poste de premier ministre avec l'aide de ses alliés chrétiens, et il détient avec ses amis plus de la moitié des portefeuilles au gouvernement. Une situation qu'il cherchera à préserver quelle que soit la nouvelle donne en Syrie.
La tentation des armes
En paroles, le parti chiite devrait toutefois soutenir jusqu'au bout le régime syrien, juge Joseph Bahout. Le leader du mouvement, Hassan Nasrallah, a salué les quatre responsables sécuritaires, dont le beau-frère du président, tués dans une explosion le mois denier à Damas, comme «des martyrs, frères d'armes dans le conflit avec l'ennemi israélien». Mais le Hezbollah est conscient du malaise d'une partie de sa base sociologique. Nombre de jeunes chiites, ainsi que les membres de son aile gauchisante, ont du mal à comprendre comment le parti a pu saluer la chute des potentats en Tunisie et en Égypte, pour ensuite qualifier le soulèvement syrien de «complot de l'étranger».
Le parti de Dieu vit «le pire scénario depuis sa fondation» estime Joseph Bahout. Nasrallah sait qu'il risque, en cas de chute de Bachar el-Assad, de perdre son canal avec l'Iran, le pays qui lui fournit toutes sortes de soutiens, idéologique, religieux et financier. Des indices, cependant, montrent que le «parti de Dieu» envisage tous les cas de figure pour l'après-el-Assad: le recours aux armes et à la violence dans le cas d'un conflit prolongé en Syrie, où les autres partis libanais se militariseraient et où le Liban deviendrait une annexe de la guerre civile syrienne.
Dans le cas de l'avènement rapide à Damas d'un pouvoir hostile à l'Iran, Hassan Nasrallah pourrait avoir le choix entre plusieurs options: sécuriser ses acquis par un coup de force préventif, ou au contraire négocier l'abandon de son arsenal contre une représentation politique accrue dans le système libanais, estime Joseph Bahout. L'attitude de Téhéran jouera un grand rôle. Mais le Hezbollah va devoir choisir.
Par Pierre Prier
Par ailleurs, des officiels américains et israéliens ont accusé le Hezbollah d'avoir perpétré l'attentat contre un bus de touristes israéliens en Bulgarie qui a fait six morts le 18 juillet dernier.
Les preuves manquent pour impliquer dans ce dernier méfait le parti d'Hassan Nasrallah, classé officiellement «terroriste» par les États-Unis mais pas par l'Union européenne. En Syrie, la présence de membres du Hezbollah ne fait pas de doute. Mais ils ne seraient pas nombreux, ni ne joueraient un rôle militaire important, estiment en général les spécialistes de la région. «Il y a sans doute des conseillers dans des domaines comme l'informatique ou celui des interrogatoires, explique Joseph Bahout, professeur à Sciences Po Paris et chercheur à l'Académie diplomatique internationale. Mais le Hezbollah est prudent. Il ne va sûrement pas brûler tous ses vaisseaux pour Bachar el-Assad.»
Le Hezbollah n'est pas seulement le relais de l'Iran et de la Syrie au Liban. C'est aussi un parti politique qui exerce une influence considérable. Il a réussi en janvier 2011 à imposer son candidat au poste de premier ministre avec l'aide de ses alliés chrétiens, et il détient avec ses amis plus de la moitié des portefeuilles au gouvernement. Une situation qu'il cherchera à préserver quelle que soit la nouvelle donne en Syrie.
La tentation des armes
En paroles, le parti chiite devrait toutefois soutenir jusqu'au bout le régime syrien, juge Joseph Bahout. Le leader du mouvement, Hassan Nasrallah, a salué les quatre responsables sécuritaires, dont le beau-frère du président, tués dans une explosion le mois denier à Damas, comme «des martyrs, frères d'armes dans le conflit avec l'ennemi israélien». Mais le Hezbollah est conscient du malaise d'une partie de sa base sociologique. Nombre de jeunes chiites, ainsi que les membres de son aile gauchisante, ont du mal à comprendre comment le parti a pu saluer la chute des potentats en Tunisie et en Égypte, pour ensuite qualifier le soulèvement syrien de «complot de l'étranger».
Le parti de Dieu vit «le pire scénario depuis sa fondation» estime Joseph Bahout. Nasrallah sait qu'il risque, en cas de chute de Bachar el-Assad, de perdre son canal avec l'Iran, le pays qui lui fournit toutes sortes de soutiens, idéologique, religieux et financier. Des indices, cependant, montrent que le «parti de Dieu» envisage tous les cas de figure pour l'après-el-Assad: le recours aux armes et à la violence dans le cas d'un conflit prolongé en Syrie, où les autres partis libanais se militariseraient et où le Liban deviendrait une annexe de la guerre civile syrienne.
Dans le cas de l'avènement rapide à Damas d'un pouvoir hostile à l'Iran, Hassan Nasrallah pourrait avoir le choix entre plusieurs options: sécuriser ses acquis par un coup de force préventif, ou au contraire négocier l'abandon de son arsenal contre une représentation politique accrue dans le système libanais, estime Joseph Bahout. L'attitude de Téhéran jouera un grand rôle. Mais le Hezbollah va devoir choisir.
Par Pierre Prier