N’avez-vous pas l’impression que le Parti démocratique sénégalais (Pds) est entrain d’être phagocyté par la Génération du concret du fils ?
Le Pds n’existe plus. Le Pds que nous avions connu n’existe plus. Les anciens du Pds sont en train de mourir de peine, de chagrin. C’est le cas de Tidiane Diallo, ancien maire d’arrondissement de la Patte d’Oie, de Lotto Saré qui sont tous morts. On leur a volé leur parti. Maintenant, ce sont des mercenaires qui arrivent, des opportunistes, des transhumants.
En tant qu’ancien membre du parti, n’éprouvez-vous pas quelques regrets au regard de ce qu’il est devenu et de son comportement au pouvoir ? On parle en outre chaque jour de scandales financiers par ci, par-la. Dernier exemple en date : les 20 milliards de commission de Sudatel !
Non, je ne peux pas avoir de remords, parce que je n’ai pas voté Wade ni en 2000, ni en 2007. Les 20 milliards, c’est un hyper scandale. C’est une affaire qui ne doit pas rester sans suite. Ça fait partie de ces choses qui ne devraient pas être passées par perte et profit. Quel que soit le prochain gouvernement, il devrait régler tous les problèmes de cette nature.
Vous parlez d’un prochain gouvernement. Est-ce à dire que c’est la fin d’un règne de l’actuel pouvoir ?
Je ne le dis pas, parce que je ne suis pas un devin. Je ne sais pas ce qui va se passer demain. Mais si les Sénégalais ont un comportement de citoyen, normalement ce pouvoir doit disparaître.
Est ce que l’opposition a un programme ?
Qu’est ce que vous voulez qu’elle fasse ? Vous voulez qu’elle prenne les armes ? Il ne maquait que cela. L’opposition, qu’elle soit regroupée dans Benno, qu’elle soit dispersée, elle a fait tout ce qu’elle a pu. Lorsqu’en 2007, Wade a été réélu, ce sont des Sénégalais qui l’ont élu. Ce sont eux les responsables de cette situation du pays. À partir du moment où les citoyens d’un pays fonctionnent comme ça, l’opposition n’y peut rien.
En tant que citoyen, comment vivez-vous la situation actuelle caractérisée par les délestages intempestifs de la Senelec ?
Ce qui se passe est totalement inacceptable. Il y a des années et des années qu’on nous parle de la fin des délestages. Je voudrais vous rappeler qu’en 2006, le ministre d’Etat, ministre de l’Energie, Samuel Sarr nous avait parlé d’une centrale à Kounoune qui devait régler ce problème. Rien n’a été fait. En ce moment là, il était directeur général de la Senelec. Un poste qu’il n’aurait jamais dû occuper, parce qu’il n’avait pas le niveau. Il n’a pas la capacité. Un poste qu’il a quitté pour être ministre. Mais ce n’est pas de sa faute. Le fautif c’est le président de la République. Par la suite, il nous a inventé une affaire de central qui devait être installé en Mauritanie et qui devait nous fournir de l’électricité pour mettre fin au délestage. Maintenant à l’Assemblée nationale, il nous parle de 15 août. Il a même oublié que c’est un jour de fête. Alors que je suivais le débat de l’Assemblée nationale à la télévision, au milieu de l’intervention de Samuel Sarr, le courant est parti. Il n’y avait plus de courant chez moi. Je n’avais pas de piles ni de bougies pour faire fonctionner la télévision, comme nous l’avait suggéré le président Wade. Je pense que nous devons prévoir dans notre constitution un peu à l’image de ce qui est entrain de se faire le Niger des moments où le chef de l’Exécutif doit être démis de ses fonctions en cas de manquements graves. Et ça, c’est un manquement inacceptable. Imaginons un seul instant que ça soit le gouvernement qui nous donne l’air que nous respirons. Dans ce cas, dans quelle situation, nous allons nous trouver ? Sans compter que nous savons qu’il y a des individus parmi ceux qui parlent qui chaque semaine se font un milliard sur le dos de la Senelec. Je voudrais dire en ce qui concerne la Senelec, c’est une entreprise qui dispose des ingénieurs qu’il faut, des ouvriers qu’il faut et des techniciens qu’il faut à tous les niveaux.
Dans ce cas où se trouve le problème de la Senelec ?
D’une part, le problème se trouve dans le management de la Senelec. Je suis désolé de le dire, mais tous les directeurs généraux qui se sont succédé à partir de l’alternance ont été défaillants. Quand vous Senelec, vous encaissez de l’argent chaque mois. Lorsque cet argent rentre. Vous Senelec, vous devait payer les fournisseurs, mais quand vous ne les payez pas, le cycle s’arrête. Et d’ailleurs la façon d’acheter le combustible est une méthode à la « bana bana ». La Senelec devrait avoir un système avec des banques qui payent pour elle régulièrement tous les deux mois. D’autre part, on oblige le management de la Senelec à faire des choses anormales. Par exemple, on leur fait louer des groupes électrogènes, alors qu’il y a des groupes électrogènes qui appartiennent à la Senelec, il suffit seulement de les réparer. Le problème de la Senelec est un problème de prise de responsabilité.
La mauvaise qualité du combustible, est-elle un argument valable ?
Ce n’est pas vrai. C’est un mensonge. La preuve, lorsque le fournisseur a commencé à s’énerver, ils ont dit non. Non, nous avions réceptionné un combustible de qualité. Ils disent ensuite que c’est un agent de la Senelec qui aurait saboté cette affaire. Pour revenir dire que la Division des investigations criminelles (Dic) a trouvé de l’acide. Tout cela c’est du faux. Il paraît qu’il y a une enquête qui est menée par la Dic pour déterminer la cause. Pour moi, c’est seulement des bluffs pour noyer le poisson. La Dic n’a pas l’aptitude technique d’apprécier cela. La première réaction de la Senelec aurait été de porter plainte contre le fournisseur.
Et la réaction prêtée au président Abdoulaye Wade ?
Quand Wade parle de saboteur, il raconte des salades. Ce n’est pas vrai. Il n’y a pas de saboteur du tout. Aujourd’hui, les agents de la Senelec sont les plus meurtris par le fait qu’il ait des délestages, comme si, ils ne sont pas compétents. Le courant coupe en permanence, et comme disent les uns et les autres, « les factures deviennent de plus en plus chères ».
Certains députés ont demandé le départ de Samuel Sarr. À sa place que feriez-vous ?
Je ne peux pas être à sa place parce que je suis compétent. J’aurais été le directeur général de la Senelec, il y a 1000 ans que ça aurait marché. La fonction de ministre exige qu’on soit capable, pas techniquement compétent dans le secteur, mais d’être capable, d’être sérieux et de savoir le sens de l’intérêt général et Samuel ne sait pas le sens de l’intérêt général. S’il avait ce sens, il serait parti de lui-même. Il doit partir, il y a longtemps, il n’a pas sa place là. D’ailleurs son premier scandale c’était trois mois après qu’il a quitté la Senelec en partant avec un parachute doré remplie d’argent pour se retrouver comme ministre de l’Energie plus tard.
Son départ est demandé. Les organisations de la société civile, certains députés et finalement tout le monde demandent son départ et jusqu’à présent le président n’a pas réagi. Pourquoi ?
Il y a anguille sous roche.
Les Imams de Guediawaye ont demandé aux citoyens de ne pas payer leur facture d’électricité. Pensez-vous que c’est-là, la meilleure formule ?
C’est une formule. Je la respecte. Si tout le monde décidait de ne pas payer l’électricité, je ne payerais pas ma facture. Il faut que nous apprenions à être des citoyens. Le pays n’appartient ni à Wade, ni aux ministres, ni au gouvernement. Je soutiens les Imams de Guédiawaye. Si tout Dakar décide de ne pas payer sa facture, je ne vais pas payer. Malheureusement, s’il y a des factures à payer, c’est la queue devant les agences de la Senelec. C’est la raison pour laquelle, la Senelec ne peut pas être dédouanée. Vous voyez pour la coupe du monde, on nous dit qu’on a débloqué 21 milliards et personne ne nous a jamais montré de factures. C’est tout un ensemble qui n’est pas compétent et qui n’est pas sérieux. J’ai entendu des députés dire qu’il ne faut pas que la population s’attaque aux biens de la Senelec. Je dis d’accord. Ne vous attaquez pas aux biens de la Senelec, mais à la condition qu’elle fasse son travail. L’eau marche normalement, surtout depuis que la Société des eaux (Sde) s’est affranchie de la Senelec. Le téléphone marchait plus ou moins normalement. Mais le problème de l’électricité, on ne s’en sort pas. Ils veulent soit saboter l’entreprise pour après la privatiser en leur propre compte, soit il y a un problème de management.
Le second problème du gouvernement semble être celui des inondations. On parle d’importants financements pour le régler. Jusqu’ici cependant, c’est comme si rien n’a été fait. Qu’est-ce qui l’explique ?
Il y a eu 50 milliards débloqués pour reloger les sinistrés. C’est une mauvaise formule. Nous au Bcg nous avons appelé ces formules, « des formules d’immobilier d’Etat ». La solution n’est pas de dire venez nous allons vous reloger, Dakar n’a plus de place. La solution c’est qu’il faut que ces personnes quittent ces lieux inondables et en contre partie, ils reçoivent des forfaits à étudier. Maintenant c’est à eux de voir s’ils vont retourner à leur lieu d’origine soit sur le marché de l’immobilier de Dakar.
Les maisons préfabriquées ?
Il s’agit là encore de projets pour voler de l’argent. Ce sont des programmes immobiliers de l’Etat. Ça ne marchera pas. Dakar ne peut pas recevoir tout le Sénégal.
Quel est le problème de ce gouvernement quand on sait que dix ans après ce sont les mêmes difficultés qui reviennent ?
Il est constitué d’incapables. C’est un gouvernement d’incapables, un gouvernement d’incompétents. A une ou deux exceptions sur tel ou tel secteur, tout le reste c’est des incapables. Voilà un gouvernement qui a 30 ministres et plus de 20 ministres d’Etat. C’est Wade qui disait qu’« un entraîneur doit changer de joueur, s’il y a la nécessité ». Cela prouve que Wade n’a jamais joué au football, car il n’a su jamais prendre la bonne décision quant au remplacement. Il y a même des ministres qui en ont après Wade. Ils font semblant, ils jouent les miroirs, mais par-derrière ils sont en train de penser à autres choses.
Les affaires, toujours les affaires ! Global Voice, Sonatel, Sudatel, le trafic sur l’international. Qu’en pense Jean Paul Diaz ?
La vérité sur cette affaire de Global Voice, c’est du vol. C’est de l’arnaque. C’est que Global Voice a déjà arrosé là où il faut arroser. C’est pourquoi j’encourage les agents de la Sonatel à aller jusqu’au bout. Global Voice, est un ensemble d’individus qui viennent se mettre là. Ils sont assis. Les personnes travaillent, payent leurs agents. Les uns transportent les appels, les autres les réceptionnent et les distribuent. Pendant ce temps, Global Voice ne fait rien, n’apporte aucune valeur ajoutée et se tape 50 milliards. La Sonatel en plus de leurs revendications, doit attaquer le décret. L’Artp ne sert à rien. Voilà une structure qui est là à facturer les consommateurs. C’est comme les autres agences que le gouvernement a mises en place pour se remplir les poches. Je pense que Global Voice c’est du vol organisé, qui va nous coûter plus cher, sans compter tous les autres aspects.
L’affairisme semble finalement atteindre les sommets de l’Etat ?
Bien sûr ! Vous vous souvenez de ces Turcs qui étaient des truands, qui sont venus avec des euros sous forme de billet à ordre. Ils ont été introduits au niveau de la présidence de la République. Et c’est des autorités de haut niveau qui font ce genre de travail là, tout juste, parce qu’il y a de l’argent. L’affairisme est à la tête de l’Etat. Ça c’est clair.
Avec la perspective de 2012, Wade on le sait a déclaré sa candidature. Est-ce qu’il devrait cependant se présenter ?
Je pense que non. Je pense qu’il ne sera pas candidat dans les faits. Il ne devrait pas se présenter. Comme disait le général, De Gaulle, « il faut savoir partir, au bon temps et dans de très bonnes conditions ». Ce que Wade devrait faire aujourd’hui, c’est d’organiser une élection et ne pas être candidat pour pouvoir sortir par la grande porte. Ça peut être un élément qui peut atténuer ce qui peut ce passer après lui. Mais s’il persiste, et qu’il est battu, il ne va jamais accepter sa défaite. Il faudra que le peuple Sénégalais vote reste dans les bureaux de vote, prenne les résultats. Et si jamais il y a des personnes qui proclament des résultats faux, il faudra accepter qu’il ait des morts. Je considère qu’il ne devrait pas être candidat. Je considère qu’il ne devrait pas aller dans le sens de trafiquer la Constitution pour donner le pouvoir à son fils. Moi j’accepte que son fils soit candidat, parce qu’il est Sénégalais comme les autres.
Beaucoup pensent qu’il prépare un schéma pour son fils.
Si Wade est réélu, il va trafiquer la Constitution pour mettre en œuvre ce schéma. Parce qu’il ne peut pas le mettre sur pieds tant qu’il n’est pas réélu.
On reproche à Wade d’avoir concentrer beaucoup de pouvoir entre les mains de son fils. En avez-vous le sentiment ?
Non, je ne condamne pas nécessairement. C’est une organisation de travail. Mais je dois dire que je ne ressens pas le Premier ministre dans les positions de pouvoir. Sinon je le vois trop dans les luttes, les décès, les bals…Le dernier remaniement, le Premier ministre était à deux doigts de prendre l’avion. De tous les Premiers ministres que Wade a eus, c’est seulement Moustapha Niasse dans les débuts, qui a eu à prendre certaines décisions en tant que chef de gouvernement.
Acceptez-vous que Wade soit remplacé par son fils, même si c’est par les urnes ?
C’est un Sénégalais. Je me dresserais contre quiconque refuserait que Karim parce qu’il est métisse ne puisse être candidat. Je ne suis pas d’accord. Karim est un Sénégalais. Maintenant, il y a des aspects qu’on peut discuter pour les quels, je pense que le Conseil constitutionnel nous donnera raison. Karim est né Français, comme son père qui s’est déclaré naître à Saint Louis, même si on sait que c’est une fraude. Et en plus Wade a fait l’armée française, dans la loi française ; donc il ne peut pas renoncer à la nationalité Française. Ce n’est pas parce que Karim est français que ça doit me choquer. Senghor était aussi Français. Je peux vous dire jusqu’en 1961, tout le Gouvernement Sénégalais qui avait proclamé l’indépendance en 1960 était Français. Par contre s’il s’agit de trafiquer la constitution pour lui donner le pouvoir, ça, je suis contre et je serai contre pour toujours.
Benno, l’Alliance Sopi pour toujours (Ast). Vous, vous êtes de quel côté ?
Nous sommes dans l’opposition Sénégalaise. Nous ne sommes pas dans Benno et nous n’avons pas besoin d’être dans Benno. Benno n’a jamais contacté le Bcg. À l’intérieur de Benno que l’on appelle « opposition significative », c’est seulement le Parti socialiste (Ps) et l’Alliance des forces du progrès (Afp), et l’Afp, si seulement c’est Moustapha Niasse qui est à la tête qui font le poids. De tout le reste, qui a fait mieux que le Bcg ? Parmi eux, il y a des partis qui sont depuis 2000 accrochés à une locomotive. Ils ont toujours eu des comportements de wagons. Au Bcg, nous avons certes des résultats modestes, mais nous allons seuls aux élections. Il faut que tout le monde aille seul pour que cela se clarifie. Je pense que les Sénégalais doivent arrêter de dire « oui on ne veut pas du pouvoir donc on vote pour Benno ». Je les appelle à voter pour le Bcg.
Êtes-vous candidat en 2012 ?
C’est le parti qui va décider s’il a un candidat pour la présidentielle ou non ? Si la caution n’est pas portée à 100 millions de Fcfa, il n’est pas exclu de nous voir en 2012. Une alliance électorale avec Wade est exclue.
Candidature unique ou plurielle ? Qu’elle est la meilleure formule ?
Les candidatures doivent être multiples. Wade a été élu en 2000 sous la base de candidatures multiples, au deuxième tour certains se sont mis derrière lui. Mais en 2012, cette fois, Wade ne pourra pas gagner au premier tour. Maintenant le problème de Benno, c’est un problème de cohérence. Quand Benno nous dit : « oui, nous dans le système que nous préconisons, le pouvoir de fait sera entre les mains du Premier ministre, un régime parlementaire ». Personnellement, je suis un peu réservé vis-à-vis d’un régime parlementaire pour des raisons multiples. Parce que quand vous n’avez pas des députés libres et véritablement libres, vous ne pouvez pas avoir un régime parlementaire digne de ce nom. J’ai vu au Bénin des députés qui soutenaient le président de la République voté contre lui, même s’il n’y pas de Premier ministre au Bénin. À Benno, ils disent que le vrai pouvoir sera entre les mains du Premier ministre, pourquoi alors se chipotent-ils pour des histoires de candidat à la présidentielle ? Le président n’aura aucun problème. Lorsque les législatives arriveront qu’ils aillent en groupe. S’ils gagnent et ils auront le pouvoir de changer la constitution
Débat animé par Baye Omar GUEYE, Rédacteur en chef de Sud FM
Transcrits par Aïssatout DOUCOURE, Stagiaire Sud Quotidien
Le Pds n’existe plus. Le Pds que nous avions connu n’existe plus. Les anciens du Pds sont en train de mourir de peine, de chagrin. C’est le cas de Tidiane Diallo, ancien maire d’arrondissement de la Patte d’Oie, de Lotto Saré qui sont tous morts. On leur a volé leur parti. Maintenant, ce sont des mercenaires qui arrivent, des opportunistes, des transhumants.
En tant qu’ancien membre du parti, n’éprouvez-vous pas quelques regrets au regard de ce qu’il est devenu et de son comportement au pouvoir ? On parle en outre chaque jour de scandales financiers par ci, par-la. Dernier exemple en date : les 20 milliards de commission de Sudatel !
Non, je ne peux pas avoir de remords, parce que je n’ai pas voté Wade ni en 2000, ni en 2007. Les 20 milliards, c’est un hyper scandale. C’est une affaire qui ne doit pas rester sans suite. Ça fait partie de ces choses qui ne devraient pas être passées par perte et profit. Quel que soit le prochain gouvernement, il devrait régler tous les problèmes de cette nature.
Vous parlez d’un prochain gouvernement. Est-ce à dire que c’est la fin d’un règne de l’actuel pouvoir ?
Je ne le dis pas, parce que je ne suis pas un devin. Je ne sais pas ce qui va se passer demain. Mais si les Sénégalais ont un comportement de citoyen, normalement ce pouvoir doit disparaître.
Est ce que l’opposition a un programme ?
Qu’est ce que vous voulez qu’elle fasse ? Vous voulez qu’elle prenne les armes ? Il ne maquait que cela. L’opposition, qu’elle soit regroupée dans Benno, qu’elle soit dispersée, elle a fait tout ce qu’elle a pu. Lorsqu’en 2007, Wade a été réélu, ce sont des Sénégalais qui l’ont élu. Ce sont eux les responsables de cette situation du pays. À partir du moment où les citoyens d’un pays fonctionnent comme ça, l’opposition n’y peut rien.
En tant que citoyen, comment vivez-vous la situation actuelle caractérisée par les délestages intempestifs de la Senelec ?
Ce qui se passe est totalement inacceptable. Il y a des années et des années qu’on nous parle de la fin des délestages. Je voudrais vous rappeler qu’en 2006, le ministre d’Etat, ministre de l’Energie, Samuel Sarr nous avait parlé d’une centrale à Kounoune qui devait régler ce problème. Rien n’a été fait. En ce moment là, il était directeur général de la Senelec. Un poste qu’il n’aurait jamais dû occuper, parce qu’il n’avait pas le niveau. Il n’a pas la capacité. Un poste qu’il a quitté pour être ministre. Mais ce n’est pas de sa faute. Le fautif c’est le président de la République. Par la suite, il nous a inventé une affaire de central qui devait être installé en Mauritanie et qui devait nous fournir de l’électricité pour mettre fin au délestage. Maintenant à l’Assemblée nationale, il nous parle de 15 août. Il a même oublié que c’est un jour de fête. Alors que je suivais le débat de l’Assemblée nationale à la télévision, au milieu de l’intervention de Samuel Sarr, le courant est parti. Il n’y avait plus de courant chez moi. Je n’avais pas de piles ni de bougies pour faire fonctionner la télévision, comme nous l’avait suggéré le président Wade. Je pense que nous devons prévoir dans notre constitution un peu à l’image de ce qui est entrain de se faire le Niger des moments où le chef de l’Exécutif doit être démis de ses fonctions en cas de manquements graves. Et ça, c’est un manquement inacceptable. Imaginons un seul instant que ça soit le gouvernement qui nous donne l’air que nous respirons. Dans ce cas, dans quelle situation, nous allons nous trouver ? Sans compter que nous savons qu’il y a des individus parmi ceux qui parlent qui chaque semaine se font un milliard sur le dos de la Senelec. Je voudrais dire en ce qui concerne la Senelec, c’est une entreprise qui dispose des ingénieurs qu’il faut, des ouvriers qu’il faut et des techniciens qu’il faut à tous les niveaux.
Dans ce cas où se trouve le problème de la Senelec ?
D’une part, le problème se trouve dans le management de la Senelec. Je suis désolé de le dire, mais tous les directeurs généraux qui se sont succédé à partir de l’alternance ont été défaillants. Quand vous Senelec, vous encaissez de l’argent chaque mois. Lorsque cet argent rentre. Vous Senelec, vous devait payer les fournisseurs, mais quand vous ne les payez pas, le cycle s’arrête. Et d’ailleurs la façon d’acheter le combustible est une méthode à la « bana bana ». La Senelec devrait avoir un système avec des banques qui payent pour elle régulièrement tous les deux mois. D’autre part, on oblige le management de la Senelec à faire des choses anormales. Par exemple, on leur fait louer des groupes électrogènes, alors qu’il y a des groupes électrogènes qui appartiennent à la Senelec, il suffit seulement de les réparer. Le problème de la Senelec est un problème de prise de responsabilité.
La mauvaise qualité du combustible, est-elle un argument valable ?
Ce n’est pas vrai. C’est un mensonge. La preuve, lorsque le fournisseur a commencé à s’énerver, ils ont dit non. Non, nous avions réceptionné un combustible de qualité. Ils disent ensuite que c’est un agent de la Senelec qui aurait saboté cette affaire. Pour revenir dire que la Division des investigations criminelles (Dic) a trouvé de l’acide. Tout cela c’est du faux. Il paraît qu’il y a une enquête qui est menée par la Dic pour déterminer la cause. Pour moi, c’est seulement des bluffs pour noyer le poisson. La Dic n’a pas l’aptitude technique d’apprécier cela. La première réaction de la Senelec aurait été de porter plainte contre le fournisseur.
Et la réaction prêtée au président Abdoulaye Wade ?
Quand Wade parle de saboteur, il raconte des salades. Ce n’est pas vrai. Il n’y a pas de saboteur du tout. Aujourd’hui, les agents de la Senelec sont les plus meurtris par le fait qu’il ait des délestages, comme si, ils ne sont pas compétents. Le courant coupe en permanence, et comme disent les uns et les autres, « les factures deviennent de plus en plus chères ».
Certains députés ont demandé le départ de Samuel Sarr. À sa place que feriez-vous ?
Je ne peux pas être à sa place parce que je suis compétent. J’aurais été le directeur général de la Senelec, il y a 1000 ans que ça aurait marché. La fonction de ministre exige qu’on soit capable, pas techniquement compétent dans le secteur, mais d’être capable, d’être sérieux et de savoir le sens de l’intérêt général et Samuel ne sait pas le sens de l’intérêt général. S’il avait ce sens, il serait parti de lui-même. Il doit partir, il y a longtemps, il n’a pas sa place là. D’ailleurs son premier scandale c’était trois mois après qu’il a quitté la Senelec en partant avec un parachute doré remplie d’argent pour se retrouver comme ministre de l’Energie plus tard.
Son départ est demandé. Les organisations de la société civile, certains députés et finalement tout le monde demandent son départ et jusqu’à présent le président n’a pas réagi. Pourquoi ?
Il y a anguille sous roche.
Les Imams de Guediawaye ont demandé aux citoyens de ne pas payer leur facture d’électricité. Pensez-vous que c’est-là, la meilleure formule ?
C’est une formule. Je la respecte. Si tout le monde décidait de ne pas payer l’électricité, je ne payerais pas ma facture. Il faut que nous apprenions à être des citoyens. Le pays n’appartient ni à Wade, ni aux ministres, ni au gouvernement. Je soutiens les Imams de Guédiawaye. Si tout Dakar décide de ne pas payer sa facture, je ne vais pas payer. Malheureusement, s’il y a des factures à payer, c’est la queue devant les agences de la Senelec. C’est la raison pour laquelle, la Senelec ne peut pas être dédouanée. Vous voyez pour la coupe du monde, on nous dit qu’on a débloqué 21 milliards et personne ne nous a jamais montré de factures. C’est tout un ensemble qui n’est pas compétent et qui n’est pas sérieux. J’ai entendu des députés dire qu’il ne faut pas que la population s’attaque aux biens de la Senelec. Je dis d’accord. Ne vous attaquez pas aux biens de la Senelec, mais à la condition qu’elle fasse son travail. L’eau marche normalement, surtout depuis que la Société des eaux (Sde) s’est affranchie de la Senelec. Le téléphone marchait plus ou moins normalement. Mais le problème de l’électricité, on ne s’en sort pas. Ils veulent soit saboter l’entreprise pour après la privatiser en leur propre compte, soit il y a un problème de management.
Le second problème du gouvernement semble être celui des inondations. On parle d’importants financements pour le régler. Jusqu’ici cependant, c’est comme si rien n’a été fait. Qu’est-ce qui l’explique ?
Il y a eu 50 milliards débloqués pour reloger les sinistrés. C’est une mauvaise formule. Nous au Bcg nous avons appelé ces formules, « des formules d’immobilier d’Etat ». La solution n’est pas de dire venez nous allons vous reloger, Dakar n’a plus de place. La solution c’est qu’il faut que ces personnes quittent ces lieux inondables et en contre partie, ils reçoivent des forfaits à étudier. Maintenant c’est à eux de voir s’ils vont retourner à leur lieu d’origine soit sur le marché de l’immobilier de Dakar.
Les maisons préfabriquées ?
Il s’agit là encore de projets pour voler de l’argent. Ce sont des programmes immobiliers de l’Etat. Ça ne marchera pas. Dakar ne peut pas recevoir tout le Sénégal.
Quel est le problème de ce gouvernement quand on sait que dix ans après ce sont les mêmes difficultés qui reviennent ?
Il est constitué d’incapables. C’est un gouvernement d’incapables, un gouvernement d’incompétents. A une ou deux exceptions sur tel ou tel secteur, tout le reste c’est des incapables. Voilà un gouvernement qui a 30 ministres et plus de 20 ministres d’Etat. C’est Wade qui disait qu’« un entraîneur doit changer de joueur, s’il y a la nécessité ». Cela prouve que Wade n’a jamais joué au football, car il n’a su jamais prendre la bonne décision quant au remplacement. Il y a même des ministres qui en ont après Wade. Ils font semblant, ils jouent les miroirs, mais par-derrière ils sont en train de penser à autres choses.
Les affaires, toujours les affaires ! Global Voice, Sonatel, Sudatel, le trafic sur l’international. Qu’en pense Jean Paul Diaz ?
La vérité sur cette affaire de Global Voice, c’est du vol. C’est de l’arnaque. C’est que Global Voice a déjà arrosé là où il faut arroser. C’est pourquoi j’encourage les agents de la Sonatel à aller jusqu’au bout. Global Voice, est un ensemble d’individus qui viennent se mettre là. Ils sont assis. Les personnes travaillent, payent leurs agents. Les uns transportent les appels, les autres les réceptionnent et les distribuent. Pendant ce temps, Global Voice ne fait rien, n’apporte aucune valeur ajoutée et se tape 50 milliards. La Sonatel en plus de leurs revendications, doit attaquer le décret. L’Artp ne sert à rien. Voilà une structure qui est là à facturer les consommateurs. C’est comme les autres agences que le gouvernement a mises en place pour se remplir les poches. Je pense que Global Voice c’est du vol organisé, qui va nous coûter plus cher, sans compter tous les autres aspects.
L’affairisme semble finalement atteindre les sommets de l’Etat ?
Bien sûr ! Vous vous souvenez de ces Turcs qui étaient des truands, qui sont venus avec des euros sous forme de billet à ordre. Ils ont été introduits au niveau de la présidence de la République. Et c’est des autorités de haut niveau qui font ce genre de travail là, tout juste, parce qu’il y a de l’argent. L’affairisme est à la tête de l’Etat. Ça c’est clair.
Avec la perspective de 2012, Wade on le sait a déclaré sa candidature. Est-ce qu’il devrait cependant se présenter ?
Je pense que non. Je pense qu’il ne sera pas candidat dans les faits. Il ne devrait pas se présenter. Comme disait le général, De Gaulle, « il faut savoir partir, au bon temps et dans de très bonnes conditions ». Ce que Wade devrait faire aujourd’hui, c’est d’organiser une élection et ne pas être candidat pour pouvoir sortir par la grande porte. Ça peut être un élément qui peut atténuer ce qui peut ce passer après lui. Mais s’il persiste, et qu’il est battu, il ne va jamais accepter sa défaite. Il faudra que le peuple Sénégalais vote reste dans les bureaux de vote, prenne les résultats. Et si jamais il y a des personnes qui proclament des résultats faux, il faudra accepter qu’il ait des morts. Je considère qu’il ne devrait pas être candidat. Je considère qu’il ne devrait pas aller dans le sens de trafiquer la Constitution pour donner le pouvoir à son fils. Moi j’accepte que son fils soit candidat, parce qu’il est Sénégalais comme les autres.
Beaucoup pensent qu’il prépare un schéma pour son fils.
Si Wade est réélu, il va trafiquer la Constitution pour mettre en œuvre ce schéma. Parce qu’il ne peut pas le mettre sur pieds tant qu’il n’est pas réélu.
On reproche à Wade d’avoir concentrer beaucoup de pouvoir entre les mains de son fils. En avez-vous le sentiment ?
Non, je ne condamne pas nécessairement. C’est une organisation de travail. Mais je dois dire que je ne ressens pas le Premier ministre dans les positions de pouvoir. Sinon je le vois trop dans les luttes, les décès, les bals…Le dernier remaniement, le Premier ministre était à deux doigts de prendre l’avion. De tous les Premiers ministres que Wade a eus, c’est seulement Moustapha Niasse dans les débuts, qui a eu à prendre certaines décisions en tant que chef de gouvernement.
Acceptez-vous que Wade soit remplacé par son fils, même si c’est par les urnes ?
C’est un Sénégalais. Je me dresserais contre quiconque refuserait que Karim parce qu’il est métisse ne puisse être candidat. Je ne suis pas d’accord. Karim est un Sénégalais. Maintenant, il y a des aspects qu’on peut discuter pour les quels, je pense que le Conseil constitutionnel nous donnera raison. Karim est né Français, comme son père qui s’est déclaré naître à Saint Louis, même si on sait que c’est une fraude. Et en plus Wade a fait l’armée française, dans la loi française ; donc il ne peut pas renoncer à la nationalité Française. Ce n’est pas parce que Karim est français que ça doit me choquer. Senghor était aussi Français. Je peux vous dire jusqu’en 1961, tout le Gouvernement Sénégalais qui avait proclamé l’indépendance en 1960 était Français. Par contre s’il s’agit de trafiquer la constitution pour lui donner le pouvoir, ça, je suis contre et je serai contre pour toujours.
Benno, l’Alliance Sopi pour toujours (Ast). Vous, vous êtes de quel côté ?
Nous sommes dans l’opposition Sénégalaise. Nous ne sommes pas dans Benno et nous n’avons pas besoin d’être dans Benno. Benno n’a jamais contacté le Bcg. À l’intérieur de Benno que l’on appelle « opposition significative », c’est seulement le Parti socialiste (Ps) et l’Alliance des forces du progrès (Afp), et l’Afp, si seulement c’est Moustapha Niasse qui est à la tête qui font le poids. De tout le reste, qui a fait mieux que le Bcg ? Parmi eux, il y a des partis qui sont depuis 2000 accrochés à une locomotive. Ils ont toujours eu des comportements de wagons. Au Bcg, nous avons certes des résultats modestes, mais nous allons seuls aux élections. Il faut que tout le monde aille seul pour que cela se clarifie. Je pense que les Sénégalais doivent arrêter de dire « oui on ne veut pas du pouvoir donc on vote pour Benno ». Je les appelle à voter pour le Bcg.
Êtes-vous candidat en 2012 ?
C’est le parti qui va décider s’il a un candidat pour la présidentielle ou non ? Si la caution n’est pas portée à 100 millions de Fcfa, il n’est pas exclu de nous voir en 2012. Une alliance électorale avec Wade est exclue.
Candidature unique ou plurielle ? Qu’elle est la meilleure formule ?
Les candidatures doivent être multiples. Wade a été élu en 2000 sous la base de candidatures multiples, au deuxième tour certains se sont mis derrière lui. Mais en 2012, cette fois, Wade ne pourra pas gagner au premier tour. Maintenant le problème de Benno, c’est un problème de cohérence. Quand Benno nous dit : « oui, nous dans le système que nous préconisons, le pouvoir de fait sera entre les mains du Premier ministre, un régime parlementaire ». Personnellement, je suis un peu réservé vis-à-vis d’un régime parlementaire pour des raisons multiples. Parce que quand vous n’avez pas des députés libres et véritablement libres, vous ne pouvez pas avoir un régime parlementaire digne de ce nom. J’ai vu au Bénin des députés qui soutenaient le président de la République voté contre lui, même s’il n’y pas de Premier ministre au Bénin. À Benno, ils disent que le vrai pouvoir sera entre les mains du Premier ministre, pourquoi alors se chipotent-ils pour des histoires de candidat à la présidentielle ? Le président n’aura aucun problème. Lorsque les législatives arriveront qu’ils aillent en groupe. S’ils gagnent et ils auront le pouvoir de changer la constitution
Débat animé par Baye Omar GUEYE, Rédacteur en chef de Sud FM
Transcrits par Aïssatout DOUCOURE, Stagiaire Sud Quotidien