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Le Port de Dakar veut consolider sa place de leader dans le transit malien

Le mardi 3 décembre dernier, le directeur général du Port autonome de Dakar, M. Cheikh Kanté, s’était rendu à Bamako pour redynamiser les activités de transit entre le Sénégal et le Mali. Cette rencontre avait été mise à profit pour échanger avec des opérateurs économiques malienset examiner toutes les questions liées à la libre circulation des marchandises pour une meilleure performance commerciale. Un passage en revue qui faisait suite aux problèmes – la lourdeur administrative de la gestion de marchandises, l’escorte et le taux de taxation des marchandises au niveau de la douane sénégalaise, l’exploitation du corridor Sud (la route internationale), les tarifications du système de pesage tant au Mali qu’au Sénégal et enfin les contours liés au Trafic routier inter-Etat (Trie)–entre les opérateurs économiques maliens et les responsables portuaires de Dakar.


Rédigé par leral.net le Mardi 1 Avril 2014 à 16:41 | | 0 commentaire(s)|

Le Port de Dakar veut consolider sa place de leader dans le transit malien
Cette séance de travail mettait aussi en relief tout l’engagement des autorités portuaires du Sénégal à s’orienter vers une nouvelle dynamique d’échanges visant à exploiter pleinement toutes les possibilités commerciales qui existent entre les deux pays. Après avoir recensé diverses préoccupations des opérateurs économiques maliens, le directeur général du port autonome de Dakar (Pad) avait notamment déclaré ceci :« le port autonome de Dakar a initié d’intenses actions pour annihiler les goulots d’étranglement qui entravent encore l’acheminement adéquat des marchandises en direction du Mali. Ainsi, dans cette nouvelle dynamique, de grands projets sont en cours d’exécution au Pad avec notamment la création d’entrepôts à Kaolack à travers lesquels les transporteurs maliens pourront stationner leurs marchandises, et la construction d’un siège du port à Bamako avec un espace réservé gratuitement aux chargeurs maliens afin d’être connectés au port en temps réel ». Et c’est pour mettre en acte ces promesses tenues le 3 décembre 2013 que la « Maison du Port » été inaugurée le 22 mars dernier.Ce majestueux édifice, symbole de la coopération entre les deux Etats, est érigé à quelques encablures du fleuve Djoliba.C’est un R+5 avec mezzanine et un sous-sol parking qui a coûté la coquette somme de 2 301 498 715 francs CFA.

L’inauguration de ce superbe édifice s’est faite en présence du directeur général du Pad, M. Cheikh Kanté, de ses collaborateurs, du directeur de cabinet du ministre de la Pêche et des Affaires maritimes, le colonel Ismaïla Diop, du directeur de cabinet du ministre des Infrastructures, des Transports routiers et du Désenclavement, Pape Alioune Diallo, du directeur des Douanes sénégalaises, le colonel Elimane Saliou Gningue, du Directeur général du Conseil sénégalais des Chargeurs (Cosec), du président des transitaires du Sénégal, M. Moctar Diallo, du DG adjoint de DP World, M. Alassane Diop, du président de la Communauté des acteurs portuaires, M. Mamadou Guèye et diverses autres personnalités. Côté malien, on notait la présence du ministre de l’Equipement et des Transports, le colonel Abdoulaye Koumaré, du directeur général des Douanes maliennes, Moumouni Dembélé, du président du Conseil malien des chargeurs (Cmc), Ousmane Babalaye Daou, entre autres autorités maliennes.

C’est dans une ambiance festive rythmée par les tam-tams sénégalais et une fanfare civile malienne ponctuée par les danses des femmes émigrées sénégalaises, assaisonnée par les chansons mandingues que s’est déroulée la cérémonie inaugurale du siège du Pad. Après le mot de bienvenue du 2e adjoint au maire de la commune IV du district de Bamako, il revenait au Dg du Pad de souligner l’importance du majestueux édifice, vecteur de rapprochement avec les partenaires maliens. Un siège qui raffermit les liens multiséculaires unissant le Sénégal et le Mali en même temps qu’il renforce la coopération économique entre nos deux pays.

Selon le Dr Cheikh Kanté, en vertu des 65 % de son transit international qui est assuré par le Sénégal, le Mali bénéficie d’une priorité d’accostage des bateaux au poste à quai 31-32 du môle 3 du port de Dakar ainsi que d’une priorité d’entreposage des marchandises. En plus, les navires à chargement malien bénéficient d’un gain de deux à trois jours par rapport aux autres ports sous-régionaux. Selon toujours le Dr Cheikh Kanté, le Pad dispose d’atouts naturels qui le placent au rang de leader des autres ports de la sous-région ouest africaine. En effet, son emplacement à l’extrémité de la côte ouest-africaine en fait une porte d’accès des navires en provenance des Amériques (Nord et Sud) et de l’Europe.

Dakar est leur premier contact avec l’Afrique. Ces mêmes navires ont besoin de deux à trois jours supplémentaires pour accéder aux autres ports concurrents que sont Abidjan, Lomé, Cotonou et Conakry. Pour les faveurs accordées au Mali, il faut noter aussi les Entrepôts maliens au Sénégal (Emase) qui disposent, dans l’enceinte du port de Dakar, de commodités exceptionnelles : 17 000 m2 de terre-pleins jouxtant les quais du môle 3, une parcelle de 20 000 m2 pour la construction et l’exploitation d’un entrepôt de coton, un réseau de 1270 ml de pipelines, un dépôt de karité de 978 m2.

LE PORT, UN OUTIL DE DEVELOPPEMENT

Cette nouvelle dynamique procède d’une vision « développementiste » que le directeur de cabinet du ministre de la Pêche et des Affaires maritime, le colonel des douanes Ismaïla Diop, a qualifiée de vision mettant en lumière une stratégie cohérente et des actions pertinentes. C’est ce qui lui a fait dire, après avoir magnifié la « Téranga » sénégalaise et la « Ndiatiguiya » malienne qui cimentent les relations historico-culturelles bilatérales, lesquelles transcendent les frontières coloniales, que « le port est un outil de développement ». Le colonel Ismaïla Diop a aussi loué les qualités et l’engagement du Dr Cheiklh Kanté qui ne ménage aucun effort pour faire du Pad un hub. Or, a-t-il souligné, dans un contexte de « concurrence rude, seuls des changements innovants peuvent maintenir le Pad au rang des ports d’excellence ». Par conséquent, il faut « évoluer ou disparaître » conclut le directeur de cabinet du ministre de la Pêche et des Affaires maritimes, M. Haïdar El Aly qui, empêché, n’avait pas pu faire le déplacement.

Prenant à son tour la parole, le ministre malien de l’Equipement et des Transports, le colonel Abdoulaye Koumaré, a souligné toutes « les facilités que le Sénégal a accordées à mon pays selon le protocole d’accord de coopération en matière de transport et de transit maritime » signé par les deux gouvernements. Il s’agit d’un terrain de 6 ha qui abrite les entrepôts maliens au Sénégal. Lesquels comprennent, entre autres, 12 hangars de stockage, 2 hangars frigo, une aire de stockage de matériaux de construction, des quais de chargement et de déchargement rouliers et ferroviaires, des équipements de manutention. En sus, il y a au Sénégal des installations portuaires et l’affectation d’espaces d’entreposage tels que les magasins et les terre-pleins.

Les avantages concédés à la partie malienne ne sont pas que techniques et infrastructurelles, selon le ministre Koumaré. Ils comportent également un volet tarifaire particulièrement incitatif. En effet, les opérateurs maliens bénéficient, entre autres, d’abattement sur le loyer des hangars ainsi que sur les redevances embarquement / débarquement de marchandises, d’exonération de la taxe sur la valeur ajoutée pour les prestations portuaires, de délais de gratuité de 20 jours pour les marchandises diverses débarquées hors zone malienne et de 10 jours pour les véhicules. Pour finir, le ministre malien de l’Equipement et des Transports a plaidé pour que « les problèmes liés à la fluidité du trafic sur l’axe Bamako-Dakar soient résolus ». Pour cela, il prône « le respect des textes de la Cedeao et de l’Uemoa relatifs au Transit routier inter Etats (Trie) ». Et ce pour contribuer à la préservation de la première place du corridor sénégalais dans le transit du Mali.

Après la coupure du ruban inaugural, la cérémonie, qui avait débuté à 10h, a pris fin vers 12H30 autour d’un copieux cocktail qui a permis aux Sénégalais et Maliens de partager un autre espace de convivialité.

De notre envoyé spécial à Bamako,

SERIGNE SALIOU GUEYE

Article paru dans « Le Témoin » N° 1158 –Hebdomadaire Sénégalais (Mars 2014)