Il convient de noter cependant une petite incorrection qui provient certainement du lyrisme débordant dont son discours était empreint, et qui lui a faire dire ce qui suit: " (...) les Nations Unies traduisent le rêve et l’espoir d’un monde libéré du spectre de l’antagonisme (...)”
Les Nations Unies sont au contraire la consécration même de l'antagonisme né de la deuxième Guerre mondiale, à travers le mécanisme du veto qui cristallisait l’oppostion entre les deux blocs. Cet antagonisme aura paralysé l’institution de 1945 à 1991. Il a fallu attendre la fin de la Guerre froide et l’avènement en Russie d’un régime pour le moins américanophile pour que fut possible l’intervention irakienne. Certains spécialistes notent d’ailleurs qui si Saddam Hussein a envahi le Koweit, c’est parce qu’il comptait sur un véto des Russes contre toute intervention onusienne[i]. Dès que le régime en place à Moscou a rompu d’avec sa posture américanophile, l’antagonisme est revenu, comme on a pu le noter dans l’intervention en ex Yougoslavie, où devant l’impossibilté d’un consensus aux Nations Unies, les Etats occidentaux ont agi sous le couvert de l’OTAN.
Mais cette méprise est presque épiphénoménale si l'on tient compte de ce qui a été le principal point faible du discours, à savoir la crise malienne.
En effet, la partie du discours qui porte sur le Nord Mali pose un premier problème de compréhension partielle du conflit, et un second de divergence d’avec nos intérêts.
Poser le problème malien eclusivement en termes de terrorisme islamiste me semble procéder d'une compréhension partielle de la question. La situation au Nord Mali s'inscrit dans le cadre global de tout ce “continuum sahraoui” qui se répand sur le Maroc, le Niger, le Mali, l'Algerie. Ces pays font presque tous face à un irrédentisme “des peuples du désert” qui connait des fortunes diverses. Le Mali est sans doute le pays qui en a fait le plus les frais, avec cette situation qui n'est ni plus ni moins qu'une partition du pays. La doctrine salafiste n'est pas le moteur de cet irrédentisme, mais plutot une volonté d'autodétermination, un besoin de créer un Etat pour les “peuples du desert”.
De ce point de vue, le problème n'est pas sans rappeler la situation du continuum Kurde éparpipllé entre l'Irak, la Turquie et l'Iran. Cette question donc ne peut etre traitée en la limitant exclusivement à l'espace malien, elle doit etre approchée dans sa globalité.
D'autre part, dans son discours le Président Macky Sall s'est transformé en véritable caisse de résonance du discours français sur la situation au Nord Mali. Son discours est empreint d'une radicalité qu'on ne lui connait pas et que notre intérêt en tant que pays riverain ne dicte pas.
Il est vrai que le Mali est la première destination de nos exportations (371 millions d'euros en 2010 pour 25.1% du total de nos exportations)[ii]. Il est aussi vrai que cette situation représente une menace sur notre sécurité, mais notre proximité géographique et notre exposition plus grave à ce conflit et à ses effets collatéraux devraient pousser le président à plus de retenue, au lieu de reprendre dans une posture suiviste et mimétique le discours interventionniste français.
Cette retenue pourrait permettre à notre diplomatie de jouer un role de mediation, et empêcher de transformer le Mali en une autre Libye, car c'est celà le plus grand risque d'une intervention onusienne.
L'histoire récente nous a montrés que lors des interventions onusiennes, qui souvent se réduisent à une intervention des Grandes puissances, on ne se soucie point des conséquences post-conflit sur la sécurité régionale d'un afflux d'armes pour venir à bout de l'ennemi.
Dans le cas libyen, les armes parachutées aux rebelles se sont retrouvées dans les mains de ceux qui aujourd'hui font la loi dans les rues de Tombouctou.
Pour conclure nous pensons qu’en matière de politique étrangère, il faut savoir réfléchir avec sa tête, et non par celles des autres.
Alioune Ndiaye
alioune.ndiaye@graduateinstitute.ch
Les Nations Unies sont au contraire la consécration même de l'antagonisme né de la deuxième Guerre mondiale, à travers le mécanisme du veto qui cristallisait l’oppostion entre les deux blocs. Cet antagonisme aura paralysé l’institution de 1945 à 1991. Il a fallu attendre la fin de la Guerre froide et l’avènement en Russie d’un régime pour le moins américanophile pour que fut possible l’intervention irakienne. Certains spécialistes notent d’ailleurs qui si Saddam Hussein a envahi le Koweit, c’est parce qu’il comptait sur un véto des Russes contre toute intervention onusienne[i]. Dès que le régime en place à Moscou a rompu d’avec sa posture américanophile, l’antagonisme est revenu, comme on a pu le noter dans l’intervention en ex Yougoslavie, où devant l’impossibilté d’un consensus aux Nations Unies, les Etats occidentaux ont agi sous le couvert de l’OTAN.
Mais cette méprise est presque épiphénoménale si l'on tient compte de ce qui a été le principal point faible du discours, à savoir la crise malienne.
En effet, la partie du discours qui porte sur le Nord Mali pose un premier problème de compréhension partielle du conflit, et un second de divergence d’avec nos intérêts.
Poser le problème malien eclusivement en termes de terrorisme islamiste me semble procéder d'une compréhension partielle de la question. La situation au Nord Mali s'inscrit dans le cadre global de tout ce “continuum sahraoui” qui se répand sur le Maroc, le Niger, le Mali, l'Algerie. Ces pays font presque tous face à un irrédentisme “des peuples du désert” qui connait des fortunes diverses. Le Mali est sans doute le pays qui en a fait le plus les frais, avec cette situation qui n'est ni plus ni moins qu'une partition du pays. La doctrine salafiste n'est pas le moteur de cet irrédentisme, mais plutot une volonté d'autodétermination, un besoin de créer un Etat pour les “peuples du desert”.
De ce point de vue, le problème n'est pas sans rappeler la situation du continuum Kurde éparpipllé entre l'Irak, la Turquie et l'Iran. Cette question donc ne peut etre traitée en la limitant exclusivement à l'espace malien, elle doit etre approchée dans sa globalité.
D'autre part, dans son discours le Président Macky Sall s'est transformé en véritable caisse de résonance du discours français sur la situation au Nord Mali. Son discours est empreint d'une radicalité qu'on ne lui connait pas et que notre intérêt en tant que pays riverain ne dicte pas.
Il est vrai que le Mali est la première destination de nos exportations (371 millions d'euros en 2010 pour 25.1% du total de nos exportations)[ii]. Il est aussi vrai que cette situation représente une menace sur notre sécurité, mais notre proximité géographique et notre exposition plus grave à ce conflit et à ses effets collatéraux devraient pousser le président à plus de retenue, au lieu de reprendre dans une posture suiviste et mimétique le discours interventionniste français.
Cette retenue pourrait permettre à notre diplomatie de jouer un role de mediation, et empêcher de transformer le Mali en une autre Libye, car c'est celà le plus grand risque d'une intervention onusienne.
L'histoire récente nous a montrés que lors des interventions onusiennes, qui souvent se réduisent à une intervention des Grandes puissances, on ne se soucie point des conséquences post-conflit sur la sécurité régionale d'un afflux d'armes pour venir à bout de l'ennemi.
Dans le cas libyen, les armes parachutées aux rebelles se sont retrouvées dans les mains de ceux qui aujourd'hui font la loi dans les rues de Tombouctou.
Pour conclure nous pensons qu’en matière de politique étrangère, il faut savoir réfléchir avec sa tête, et non par celles des autres.
Alioune Ndiaye
alioune.ndiaye@graduateinstitute.ch