On ne développe pas un pays, un pays se développe par la volonté manifeste de ses habitants. Le Sénégal est au bord du chaos». Voilà la forte sentence qu’a prononcée Amadou Moctar Mbow, le président des Assises nationales du Sénégal qui présidait une séance de restitution des ces dites Assises en territoire français, notamment à la Halle aux Toiles de Rouen. .
La rencontre était pilotée par l’Association des Sénégalais de Rouen et agglomérations (Asra). Devant une assistance forte de quelque trois cents personnes qui attendaient M. MBow et la délégation parisienne qui l’accompagnait, le Président des Assises nationales a pris la parole pour féliciter vivement les Sénégalais de l’extérieur tout en regrettant le refus du pouvoir en place de participer à cette démarche non partisane et citoyenne. L’ancien secrétaire général de l’Unesco a prononcé un discours fort qui s’est orienté vers une rupture des pratiques politiques partisanes et clientélistes. Pour autant, M. Mbow a explicité le contenu de la Charte de gouvernance démocratique instituée par les Assises, en insistant lourdement sur la nécessité de l’application de cette Charte. En effet, a-t-il affirmé : « Rien ne se fera sans vous… C’est au peuple de vérifier et de contrôler que les signataires de la dite Charte se conforment au contenu de celle-ci. »
Un débat de grande qualité s’ensuivit. De nombreux intervenants ont insisté sur la mauvaise gouvernance au Sénégal et, notamment sur l’impunité des dirigeants sénégalais actuels. Le rapport entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux est souvent revenu par ailleurs dans les discussions où l’on s’est grandement posé la question de savoir qui dirige réellement le pays ? Le vieux sage de quatre-vingt-dix ans a mobilisé l’attention du public en répondant finement et sans détours aux questions pertinentes de la salle. Il a adressé quelques « flèches » subtiles au gouvernement actuel, sans épargner le laxisme des Sénégalais, quasiment impassibles face aux faits graves qui constituent leur lot quotidien.
Le slogan de Wade a même été repris par M. MBow, par pur acte de dérision : « Il faut travailler, beaucoup travailler, encore travailler, toujours travailler »… pour développer le Sénégal. En outre, le Président des Assises a profité de la tribune de l’Asra pour fustiger la politique menée actuellement par l’Etat sénégalais. Ce n’était pas les exemples qui manquaient : développement inégal des régions, manque de visibilité en matière foncière, absence de projets pour les jeunes etc. Autant de gaps qui révèlent à quel point le Sénégal va immanquablement vers la dérive.
Enfin, ce laïc convaincu et ancien patron de l’Unesco a exhorté les Sénégalais de France à refuser la prise en otage des dirigeants par les confréries religieuses, tout en reconnaissant que celles-ci ont toute leur place dans la société sénégalaise pour consolider la paix sociale. Il faudra cependant, a-t-il dit, délimiter leurs zones d’influence. La réunion de restitution s’est terminée par la vente du livre intitulé : « Assises nationales du Sénégal : Charte de gouvernance démocratique » qui a été vendu comme de « petits pains » par la délégation parisienne. L’espace d’une réunion, Rouen était devenue la capitale des Assises nationales en France, grâce à l’implication de l’Asra présidée par Amadou Willier.
Alassane Thiam
La rencontre était pilotée par l’Association des Sénégalais de Rouen et agglomérations (Asra). Devant une assistance forte de quelque trois cents personnes qui attendaient M. MBow et la délégation parisienne qui l’accompagnait, le Président des Assises nationales a pris la parole pour féliciter vivement les Sénégalais de l’extérieur tout en regrettant le refus du pouvoir en place de participer à cette démarche non partisane et citoyenne. L’ancien secrétaire général de l’Unesco a prononcé un discours fort qui s’est orienté vers une rupture des pratiques politiques partisanes et clientélistes. Pour autant, M. Mbow a explicité le contenu de la Charte de gouvernance démocratique instituée par les Assises, en insistant lourdement sur la nécessité de l’application de cette Charte. En effet, a-t-il affirmé : « Rien ne se fera sans vous… C’est au peuple de vérifier et de contrôler que les signataires de la dite Charte se conforment au contenu de celle-ci. »
Un débat de grande qualité s’ensuivit. De nombreux intervenants ont insisté sur la mauvaise gouvernance au Sénégal et, notamment sur l’impunité des dirigeants sénégalais actuels. Le rapport entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux est souvent revenu par ailleurs dans les discussions où l’on s’est grandement posé la question de savoir qui dirige réellement le pays ? Le vieux sage de quatre-vingt-dix ans a mobilisé l’attention du public en répondant finement et sans détours aux questions pertinentes de la salle. Il a adressé quelques « flèches » subtiles au gouvernement actuel, sans épargner le laxisme des Sénégalais, quasiment impassibles face aux faits graves qui constituent leur lot quotidien.
Le slogan de Wade a même été repris par M. MBow, par pur acte de dérision : « Il faut travailler, beaucoup travailler, encore travailler, toujours travailler »… pour développer le Sénégal. En outre, le Président des Assises a profité de la tribune de l’Asra pour fustiger la politique menée actuellement par l’Etat sénégalais. Ce n’était pas les exemples qui manquaient : développement inégal des régions, manque de visibilité en matière foncière, absence de projets pour les jeunes etc. Autant de gaps qui révèlent à quel point le Sénégal va immanquablement vers la dérive.
Enfin, ce laïc convaincu et ancien patron de l’Unesco a exhorté les Sénégalais de France à refuser la prise en otage des dirigeants par les confréries religieuses, tout en reconnaissant que celles-ci ont toute leur place dans la société sénégalaise pour consolider la paix sociale. Il faudra cependant, a-t-il dit, délimiter leurs zones d’influence. La réunion de restitution s’est terminée par la vente du livre intitulé : « Assises nationales du Sénégal : Charte de gouvernance démocratique » qui a été vendu comme de « petits pains » par la délégation parisienne. L’espace d’une réunion, Rouen était devenue la capitale des Assises nationales en France, grâce à l’implication de l’Asra présidée par Amadou Willier.
Alassane Thiam