Accueillir Wade, fêter son retour, c'est célébrer le commanditaire et le complice de la plupart des crimes économiques et de sang de ces 20 dernières années. Je ne peux pas oublier toutes les personnes lâchement abattues ou torturées à mort pendant les dernières années de combat, le sacrifice consenti par Sina SIdibé, Yengou Wade, Mamadou Diop. Je peux deviner la colère de leurs parents, la peine qui doit les habiter, alors qu'ils se souviennent de la réaction de Wade : "c'est comme une brise matinale." Il serait à côté de son fils, s'il n'était pas protégé par l'immunité que lui confère son statut d'ancien Chef de l'Etat, puisqu'il n'a jamais nié une seule des accusations de ses bourreaux, même ceux qui sont, comme Talla Sylla, Souleymane Jules Diop, auraient pu compter parmi ses nombreuses victimes. Il se sent solidaire de son fils parce qu'il se sent complice de ses crimes. Il ne m'inspire pas la peur ce Wade, il m'inspire la honte. La honte de constater qu'une partie du Sénégal, malheureusement une bonne partie, célèbre maintenant le crime et adule les criminels. De ce Sénégal-là, je ne suis pas. Je suis de ceux qui tiennent debout, même seuls sur le chemin de la vérité, quand la majorité se laisse aveugler volontairement, au point de trouver de la sympathie à son bourreau.
Souleymane Jules Diop
Souleymane Jules Diop