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Le fils caché du légendaire médecin Abass Ndao

A 61 ans, Daouda Ndao, fils aîné du médecin Abass Ndao, est souvent oublié quand on parle de son père. Mais pour L’Obs, cet homme de l’ombre brise le silence pour témoigner et révéler des détails de la vie de médecin de son papa.


Rédigé par leral.net le Samedi 5 Septembre 2015 à 10:23 | | 0 commentaire(s)|

Daouda Ndao porte la pancarte, mais fait comme si… Fils du légendaire médecin Abass Ndao, l’homme est une ombre qui est restée dans l’ombre. Il a 3 ans quand sa mère s’éteint. Il n’a pas le temps de grandir et la grande faucheuse lui arrache son père Abass, médecin émérite des hôpitaux. A 20 ans, sa vie est chamboulée. Tout est à refaire. Il rejoint la famille de sa demi-sœur Delphine. Il regarde de loin les exploits, les succès à titre posthume de son père, chanté à chaque anniversaire de son décès par la Communauté urbaine dakaroise et ses anciens collègues. Aujourd’hui, il sort de l’ombre pour se mettre à la lumière. Daouda Ndao, fils aîné du légendaire médecin, trône sur ses 61 ans.

L’ombre s’efface pour laisser place au fils aîné désireux de témoigner sur son défunt père, parti très tôt, trop tôt. Hier, sous la lumière blafarde de son domicile à Hamo VI, de haute taille et de bon gabarit, Daouda qui n’est pas vraiment troisième ligne de rugby pour calendrier particulier, mais plutôt bonne taille de pivot, a la prestance en velours côtelé, la timidité perceptible malgré son âge. L’homme vit dans sa bulle. Il se cache pour vivre heureux. Il ne réclame rien. Ne veut pas s’attirer les foudres de ses parents disséminés à travers le Sénégal, il tient par-dessus tout à garder une bonne image d’outre-tombe de son père Abass Ndao, médecin célébré à travers l’hôpital qui porte son nom.

Alors, Daouda Ndao dépoussière les documents sur un chemisier d’un autre âge. Avec minutie et une précision de chirurgien, il sort le certificat de décès de son regretté père Abass Ndao, puis trie et montre ses diplômes d’études. Daouda Ndao a 61 ans, brandit sa carte d’identité, cet ancien comptable de la Sdv est à la retraite, son père est mort à 62 ans. Mais le souvenir de son pater est revenu à la surface après la parution d’un papier dans L’Obs retraçant la face cachée du légendaire médecin Abass Ndao. Lui est pourtant le fils aîné du réputé médecin de l’ex-Repos Mandel et il s’échine à vivre avec ses souvenirs du passé et la réalité d’un présent honni.

Au nom du père. Daouda n’est plus dans le noir. Il ne cherche pas à aller au Soleil. Il a aujourd’hui une famille, une maison et c’est un papa qui ne vit pas sur son passé. Lui préfère garder le bon côté des choses. Il n’a aucune once de rancune qui lui pourrit la vie. Malgré les blessures d’une histoire lézardée par les aléas, par des problèmes familiaux qu’il dit transcender pour le repos éternel de son père. Daouda dort tantôt dans une piaule glauque, tantôt dans la grande maison bien aménagée de sa demi-sœur. La mort de son père en 1974 l’emmène jusqu’au fond. Il peine toujours à en ressortir…malgré l’âge, malgré sa situation de père de famille retraité qui est à son aise à son domicile à lui. Daouda a du mal à fendre l’armure, tant de mauvais souvenirs escortent encore son quotidien. Il le reconnaît dans un langage dénué de fantaisie. «Les décès brusques de mon père et de ma mère ont fait que j’ai un tempérament calme, vous voyez que je vis seul. Je suis tout le temps seul dans mon coin, parce que l’éclatement d’un enfant par rapport à sa maman, moi je ne l’ai pas eu. Je n’ai pas eu la permission de sauter, de vivre aux éclats. Tout le temps j’étais entre quatre murs…. C’est ça qui a forgé mon caractère d’un homme calme», souffle-t-il.

Daouda Ndao n’a pas l’intention d’avoir la renommée de son père Abass avec qui il aimait s’accompagner à la Médina et aux alentours. Il peut citer pêle-mêle tous les amis de son père d’un trait. Raconte des anecdotes de la complicité de son pater et le défunt Abdoul Aziz Sy Dabakh, qui l’invitait à s’asseoir à ses côtés pour se mettre ensuite à caresser son cuir chevelu. Il en reste des photos et des souvenirs capturés au gré des passages de son père. Le petit bambin au teint caramel qui sautait sur les genoux de Amadou Cissé Dia ou de Doudou Guèye… adoucissait le regard de son père lorsqu’on lui faisait des reproches sur ses absences prolongées à la maison. Alors que papa, lui, passait ses nuits et ses journées à soigner des plaies, opérer des cas désespérés. Un travail qui l’obnubilait au détriment de sa famille. «Pour les jeunes médecins, je leur demande de se mettre à l’image de Abass qui a tout donné pour son travail, jusqu’à ce que ses enfants subissent les contrecoups de cet engagement professionnel de tous les instants. Il a tout donné au travail et ses enfants sont restés en rade, témoigne son fils Daouda. Lui nous a toujours dit que seul le travail paie et il nous faut nous battre pour réussir dans les études et gagner notre pain. Mais il nous a interdit, à l’époque, de faire de la politique.»

Ce papa-poule qui ne vit que pour ses filles dont la plus grande, Gnagna, porte le nom de la femme du défunt juge Leity Kama. Une des filles de Daouda, du nom de Katy, est l’homonyme de sa sœur de même père Katy qui vit en Côte d’Ivoire… Daouda Ndao ne garde presque aucun souvenir de sa mère Anne Marie Zimmer mais l’ombre de Abass Ndao continue de planer sur sa vie. Quand il veut la chasser de sa tête, il se shoote aux matchs de foot, passe du bon temps avec sa famille. Au salon de son domicile, la photo de son père semble toujours épier ses moindres faits et gestes…

L'OBS