Athènes
Il est à peine dix heures, ce dimanche matin, dans le quartier central de Monastiraki. Quelques personnes âgées croisent, au sortir de la messe dominicale, des cars de touristes venus photographier le célèbre rocher de l'Acropole lorsque la pittoresque place athénienne se transforme en décor de western. Des policiers sortent d'un camion blindé et se dispersent rapidement pour traquer tous les immigrés errant dans le quartier. Aussitôt interpellés, ceux-ci sont conduits dans les rues adjacentes pour être regroupés et assis en tailleur sur un trottoir, le temps d'un contrôle d'identité.
Cette opération, appelée «Zeus Xenios» (Zeus protecteur des étrangers), a débuté vendredi à l'initiative de Nikos Dendias, le ministre de la Protection civile. Elle vise selon lui à «rétablir l'ordre dans le pays en proie à une forte immigration clandestine». Déjà lors de la campagne des élections du 17 juin dernier, Antonis Samaras, le premier ministre grec alors candidat, avait promis de s'attaquer à «l'invasion non armée que représentent les migrants clandestins et à nettoyer les villes du crime». Pour la seule journée de vendredi, 4.900 migrants ont été contrôlés à Athènes et près de 1.200 d'entre eux ont été interpellés.
Il n'en fallait pas plus pour faire sortir Giorgos Christou de ses gonds. Membre du Syriza, parti de gauche radicale, l'élu dénonce cette démarche et veut sensibiliser au plus vite l'opinion publique. «C'est un pogrom», dit-il, «c'est honteux et surtout, ce n'est pas la solution pour résorber la politique migratoire inexistante en Grèce. Ceci est complètement irresponsable et va à l'encontre de l'hospitalité proverbiale des Grecs.»
Cri d'alarme des humanitaires
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement organise des «opérations coup de balai» visant les migrants. La dernière, qui remonte au mois d'avril, avait brusquement pris fin la veille des élections législatives du 6 mai. Giorgos Tzogopoulos, analyste au think-tank Eliamep veut cependant croire à une relance de la politique migratoire et non à une simple opération de communication. «Il faut voir s'il s'agit là du coup d'envoi pour une réelle réflexion sur la problématique migratoire dans le pays, dit-il. Sinon, on dira que le seul but du gouvernement est de freiner la montée des extrêmes, propre à toute crise.»
Depuis son entrée au Parlement, le parti xénophobe d'extrême droite Aube dorée multiplie les attaques contre les immigrés. Mercredi dernier, il a organisé un rassemblement pour distribuer des vivres à environ 500 personnes sur la place Syntagma, au cœur d'Athènes. Seuls les Grecs montrant leur carte d'identité «avaient droit» aux paquets de pâtes, lait, pommes de terre ou huile distribués. Malgré le malaise de certains députés et le cri d'alarme de nombreuses associations humanitaires, les pratiques de ce parti n'ont toujours pas été sanctionnées. Certains experts craignent aujourd'hui que l'opération «Zeus Xenios» vise surtout à flatter les 7 % des électeurs qui ont voté pour la formation xénophobe aux dernières élections.
Par Alexia Kefalas
Il est à peine dix heures, ce dimanche matin, dans le quartier central de Monastiraki. Quelques personnes âgées croisent, au sortir de la messe dominicale, des cars de touristes venus photographier le célèbre rocher de l'Acropole lorsque la pittoresque place athénienne se transforme en décor de western. Des policiers sortent d'un camion blindé et se dispersent rapidement pour traquer tous les immigrés errant dans le quartier. Aussitôt interpellés, ceux-ci sont conduits dans les rues adjacentes pour être regroupés et assis en tailleur sur un trottoir, le temps d'un contrôle d'identité.
Cette opération, appelée «Zeus Xenios» (Zeus protecteur des étrangers), a débuté vendredi à l'initiative de Nikos Dendias, le ministre de la Protection civile. Elle vise selon lui à «rétablir l'ordre dans le pays en proie à une forte immigration clandestine». Déjà lors de la campagne des élections du 17 juin dernier, Antonis Samaras, le premier ministre grec alors candidat, avait promis de s'attaquer à «l'invasion non armée que représentent les migrants clandestins et à nettoyer les villes du crime». Pour la seule journée de vendredi, 4.900 migrants ont été contrôlés à Athènes et près de 1.200 d'entre eux ont été interpellés.
Il n'en fallait pas plus pour faire sortir Giorgos Christou de ses gonds. Membre du Syriza, parti de gauche radicale, l'élu dénonce cette démarche et veut sensibiliser au plus vite l'opinion publique. «C'est un pogrom», dit-il, «c'est honteux et surtout, ce n'est pas la solution pour résorber la politique migratoire inexistante en Grèce. Ceci est complètement irresponsable et va à l'encontre de l'hospitalité proverbiale des Grecs.»
Cri d'alarme des humanitaires
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement organise des «opérations coup de balai» visant les migrants. La dernière, qui remonte au mois d'avril, avait brusquement pris fin la veille des élections législatives du 6 mai. Giorgos Tzogopoulos, analyste au think-tank Eliamep veut cependant croire à une relance de la politique migratoire et non à une simple opération de communication. «Il faut voir s'il s'agit là du coup d'envoi pour une réelle réflexion sur la problématique migratoire dans le pays, dit-il. Sinon, on dira que le seul but du gouvernement est de freiner la montée des extrêmes, propre à toute crise.»
Depuis son entrée au Parlement, le parti xénophobe d'extrême droite Aube dorée multiplie les attaques contre les immigrés. Mercredi dernier, il a organisé un rassemblement pour distribuer des vivres à environ 500 personnes sur la place Syntagma, au cœur d'Athènes. Seuls les Grecs montrant leur carte d'identité «avaient droit» aux paquets de pâtes, lait, pommes de terre ou huile distribués. Malgré le malaise de certains députés et le cri d'alarme de nombreuses associations humanitaires, les pratiques de ce parti n'ont toujours pas été sanctionnées. Certains experts craignent aujourd'hui que l'opération «Zeus Xenios» vise surtout à flatter les 7 % des électeurs qui ont voté pour la formation xénophobe aux dernières élections.
Par Alexia Kefalas