Certains y ont même vu la main de Léna Sène, sa directrice de campagne. Idrissa Seck, candidat déclaré à la présidentielle de 2012, s’en est pris, mardi, à Macky Sall, son successeur au poste de Premier ministre et actuel président de l’Alliance pour la République. En fait, tout se passe comme si en venant à l’émission Perspectives 2012, Idrissa Seck avait bien mûri sa sortie contre le leader de l’Apr et candidat, lui aussi, à la prochaine présidentielle. La preuve : le maire de Thiès n’a pas eu besoin d’attendre d’être interpellé sur la gestion de son successeur à la Primature pour déclarer : « J’ai vu par exemple Macky Sall, Premier ministre, aller à la télévision dire que l’argent, qui venait soi-disant d’un ami du Président, que c’est lui le Premier ministre qui l’avait distribué. Il faudra qu’il rende compte de cela. Qu’il nous dise de quel compte est venu cet argent ? Dans quel compte, il est allé ? Et à qui est allé l’argent ? On ne peut pas se permettre n’importe quoi au Sénégal. De toutes les façons, pas sous ma direction. »
La grande question est alors de savoir pourquoi Idrissa Seck s’attaque-t-il aussi frontalement à Macky Sall dans un contexte où les différents candidats de l’opposition cherchent à se ménager afin d’espérer un soutien en cas de qualification au second tour ? C’est qu’Idrissa Seck a la claire conscience que Macky Sall représente bien une menace pour lui. Les deux se disputent cette masse électorale du camp libéral déçue par l’alternance et qui ne votera certainement pas pour un candidat issu de l’ancien parti au pouvoir, le Ps. Or, Idrissa Seck semble, aux yeux de beaucoup de libéraux, moins sûr que Macky Sall. Ils sont nombreux parmi les libéraux à penser qu’Idrissa Seck, président, va lancer une chasse aux sorcières. Donc, à défaut de Wade, voter Macky Sall serait plus rassurant pour eux.
Mais Idrissa Seck traîne aussi un autre handicap par rapport à Macky Sall. Si tous les deux ont été Premier ministre, directeur de campagne de Wade et numéro deux du Parti démocratique sénégalais (Pds), l’actuel maire de Thiès a du mal à se débarrasser des accusations de détournements de deniers publics qui le poursuivent encore. Car, même s’il dit avoir été blanchi par la justice, il peine à convaincre les Sénégalais qu’il a toujours géré de manière orthodoxes les deniers publics, notamment dans le cadre des chantiers de Thiès. Or, Macky Sall a, lui, l’avantage de n’avoir jamais été accusé dans ce genre d’affaires. Même l’accusation de blanchiment d’argent brandie un moment n’a pas pu aller plus loin.
Idrissa Seck avait donc besoin de montrer aux Sénégalais qu’enfin de comptes, Macky Sall n’est pas plus blanc que lui. D’où cette interpellation sur la gestion des milliards du Fonds taïwanais. Pourtant, Idrissa Seck sait que le président de l’Apr s’est déjà expliqué sur cette affaire. Macky Sall a-t-il convaincu ? Seuls les Sénégalais pourront le dire.
Last but not least, Idrissa Seck et Macky Sall ont un vieux contentieux à régler. Le maire de Thiès n’a pas oublié le rôle joué par Macky Sall dans la campagne de décrédibilisation lancée contre lui par le pouvoir libéral, mais également contre la création du parti Rewmi. Macky Sall était chef du gouvernement quand Idrissa Seck, qui soutient l’avoir politiquement créé, a été envoyé en prison. C’est, d’ailleurs, du fond de sa cellule qu’il avait lancé à son successeur une phrase qui bourdonne encore dans les oreilles de Macky Sall. « Allah n’aime pas les traitres », avait dit Idrissa Seck à Macky Sall, alors Premier ministre.
Abdou Salam Toure
(xalima)
La grande question est alors de savoir pourquoi Idrissa Seck s’attaque-t-il aussi frontalement à Macky Sall dans un contexte où les différents candidats de l’opposition cherchent à se ménager afin d’espérer un soutien en cas de qualification au second tour ? C’est qu’Idrissa Seck a la claire conscience que Macky Sall représente bien une menace pour lui. Les deux se disputent cette masse électorale du camp libéral déçue par l’alternance et qui ne votera certainement pas pour un candidat issu de l’ancien parti au pouvoir, le Ps. Or, Idrissa Seck semble, aux yeux de beaucoup de libéraux, moins sûr que Macky Sall. Ils sont nombreux parmi les libéraux à penser qu’Idrissa Seck, président, va lancer une chasse aux sorcières. Donc, à défaut de Wade, voter Macky Sall serait plus rassurant pour eux.
Mais Idrissa Seck traîne aussi un autre handicap par rapport à Macky Sall. Si tous les deux ont été Premier ministre, directeur de campagne de Wade et numéro deux du Parti démocratique sénégalais (Pds), l’actuel maire de Thiès a du mal à se débarrasser des accusations de détournements de deniers publics qui le poursuivent encore. Car, même s’il dit avoir été blanchi par la justice, il peine à convaincre les Sénégalais qu’il a toujours géré de manière orthodoxes les deniers publics, notamment dans le cadre des chantiers de Thiès. Or, Macky Sall a, lui, l’avantage de n’avoir jamais été accusé dans ce genre d’affaires. Même l’accusation de blanchiment d’argent brandie un moment n’a pas pu aller plus loin.
Idrissa Seck avait donc besoin de montrer aux Sénégalais qu’enfin de comptes, Macky Sall n’est pas plus blanc que lui. D’où cette interpellation sur la gestion des milliards du Fonds taïwanais. Pourtant, Idrissa Seck sait que le président de l’Apr s’est déjà expliqué sur cette affaire. Macky Sall a-t-il convaincu ? Seuls les Sénégalais pourront le dire.
Last but not least, Idrissa Seck et Macky Sall ont un vieux contentieux à régler. Le maire de Thiès n’a pas oublié le rôle joué par Macky Sall dans la campagne de décrédibilisation lancée contre lui par le pouvoir libéral, mais également contre la création du parti Rewmi. Macky Sall était chef du gouvernement quand Idrissa Seck, qui soutient l’avoir politiquement créé, a été envoyé en prison. C’est, d’ailleurs, du fond de sa cellule qu’il avait lancé à son successeur une phrase qui bourdonne encore dans les oreilles de Macky Sall. « Allah n’aime pas les traitres », avait dit Idrissa Seck à Macky Sall, alors Premier ministre.
Abdou Salam Toure
(xalima)