En quelques jours, Robert Ménard a réussi à faire parler de lui deux fois sur le sujet des réfugiés du Moyen-Orient. Cela a commencé par le dernier numéro du bulletin municipal de Béziers, qui présente un photomontage grossier laissant penser que des hordes de réfugiés allaient débarquer dans sa ville et un titre digne de la presse à sensation: «Ils arrivent!»
Mais cela n’a pas suffi au maire, qui a voulu enfoncer le clou encore davantage: une vidéo publiée sur le site officiel de la Mairie le montre, vendredi 25 septembre, en train de prendre à partie des réfugiés syriens dans un squat du quartier populaire de la Devèze et leur enjoindre fermement de partir. «Vous n’êtes pas les bienvenus, vous devez partir.» Tout le week-end, la vidéo a tourné en boucle sur les réseaux sociaux.
«Les deux opérations se sont télescopées», explique Jean-Michel Du Plaa, conseiller PS du département.
«La “une” du magazine était prête à être diffusée, quand s’est tenue une réunion de l’office HLM. Celui-ci a signalé qu’il y avait quelques squatters du Moyen-Orient dans un immeuble de l’office, immeuble qui allait être réhabilité et dans lequel, en conséquence, les logements n’étaient plus loués.»«Effet médiatique»
Deux adjoints municipaux de Robert Ménard font partie de cette commission et l’information remonte vite au bureau du maire, qui saisit la balle au bond: il inclut in extremis l’information dans le magazine municipal et monte une opération, quasi commando, dans les squats en question, sous l’objectif des caméras, pour une vidéo aussitôt mise en ligne sur le site de la Mairie.
On y voit donc Robert Ménard avancer d’un pas ferme, entouré de policiers et d’autres membres de son conseil municipal qui ont, comme lui, ceint leur écharpe tricolore, prendre à partie trois ou quatre réfugiés. «La “une”, c’était déjà la “une” de la honte avec cette métaphore grossière du train. La vidéo, c’est vraiment le film de la honte», estime le député Les Républicains Elie Aboud.
«Ce ne sont pas les seuls squats à Béziers, loin de là, poursuit Jean-Michel Du Plaa, mais Ménard avait là ce qu’il cherchait: de quoi produire un effet médiatique, de quoi montrer qu’il est en train de devenir une personnalité politique incontournable.»
Remise en cause de deux centres d’accueil
Le maire apparenté Front national souhaite aller plus loin en remettant en cause l’existence des deux centres d’accueil de demandeurs d’asile à Béziers. Le premier est géré par le foyer des jeunes travailleurs, présidé par le maire, le deuxième, par la Cimade.
Robert Ménard insiste sur le fait que Béziers est la seule ville du département à avoir deux centres d’accueil tandis que Montpellier n’en compte aucun. Comme pour battre en brèche ses propos, Pierre de Bousquet, le préfet de l’Hérault, annonçait la veille l’ouverture d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Montpellier, qui comportera soixante places dans un premier temps, et trente dans un second temps.
Le maire DVG de Montpellier, Philippe Saurel, a parlé de deux cent quarante places possibles au total. Le préfet estime à onze cents le nombre de demandes d’asile qui seront enregistrées pour l’année 2015 en Languedoc-Roussillon.
Mais rien n’arrêtera Robert Ménard: le journal municipal sera comme prévu distribué cette semaine dans les boîtes aux lettres des Biterrois.
gbe24