En pleine campagne pour sa réélection, Barack Obama fait face au plus gros scandale qui ait éclaboussé son mandat. L'affaire «Fast and Furious», c'est d'abord l'histoire d'un fiasco policier retentissant.
En 2009, l'Agence fédérale de lutte contre le trafic d'armes monte une opération visant à piéger les cartels mexicains qui s'adonnent au trafic d'armes aux frontières américaines. Pour remonter ces filières, les enquêteurs imaginent un procédé simple, mais osé: faire passer eux-mêmes 2000 armes en contrebande, pour suivre leur parcours à la trace. Problème: les armes se perdent dans la nature. Par la suite, selon un rapport parlementaire qui révèle le fiasco, au moins 122 de ces armes seront utilisées pour perpétrer des crimes au Mexique. Encore plus choquant pour l'opinion américaine: deux d'entres elles seront retrouvées sur la scène du meurtre d'un garde-frontière américain, en Arizona.
Pour faire la lumière sur les responsabilités dans cet échec, les parlementaires de la Chambre des représentants lancent une enquête en février 2011. La Chambre chargée de superviser les activités du gouvernement demande alors à Eric Holder, ministre de la Justice de l'Administration Obama, de coopérer aux investigations. Celui-ci remet aux parlementaires 7600 documents concernant l'opération, mais rechigne à en dévoiler certains autres. Face à l'insistance de la Chambre, Barack Obama vole au secours de son ministre le 20 juin, en faisant valoir le «privilège de l'exécutif». Sorte de joker du président, cette disposition lui permet de s'opposer aux demandes du Parlement pour protéger des secrets liés à la sécurité du pays.
Barack Obama en mauvaise posture
Au Parlement, majoritairement républicain, le sang des représentants ne fait qu'un tour face à ce «coup de force» du président démocrate. «Votre invocation du privilège peut avoir deux significations», réagit Darrell Issa, président républicain de la commission parlementaire chargée de superviser les activités du gouvernement. «Soit vous ou vos plus hauts conseillers êtes impliqués dans l'opération ‘Fast and Furious' et ses conséquences, (...) soit vous avez recours au pouvoir discrétionnaire du président que vous savez injustifié, seulement pour faire obstruction à l'enquête du Congrès».
Accusant le ministre de la Justice d'outrage au Congrès, le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, a annoncé pour jeudi un vote de défiance à son encontre. Si la Chambre vote cette défiance, le procureur de Washington - employé du ministère de la Justice - sera amené à décider s'il inculpe Eric Holder. La Chambre peut aussi voter une deuxième résolution qui lui permettra d'aller directement au tribunal pour contraindre le ministre à se plier aux exigences de l'enquête.
À travers Eric Holder, c'est bien évidemment Barack Obama qui est visé. Les républicains ne peuvent guère lui reprocher les méthodes utilisées par l'Agence de lutte contre le trafic d'armes, qui ont été imaginées sous l'administration Bush. Ils n'ont par ailleurs rien, a priori, contre l'invocation du privilège exécutif, utilisé six fois par le même George W.Bush. Ce qui est gênant pour le président démocrate - qui le fait pour la première fois - c'est d'utiliser ce procédé peu transparent en pleine campagne électorale et, surtout, alors qu'il s'y était opposé tout au long de sa carrière de sénateur. L'opposition a donc beau jeu de relever les contradictions, voire l'hypocrisie d'Obama.
Avec AFP
Par Thomas Vampouille
En 2009, l'Agence fédérale de lutte contre le trafic d'armes monte une opération visant à piéger les cartels mexicains qui s'adonnent au trafic d'armes aux frontières américaines. Pour remonter ces filières, les enquêteurs imaginent un procédé simple, mais osé: faire passer eux-mêmes 2000 armes en contrebande, pour suivre leur parcours à la trace. Problème: les armes se perdent dans la nature. Par la suite, selon un rapport parlementaire qui révèle le fiasco, au moins 122 de ces armes seront utilisées pour perpétrer des crimes au Mexique. Encore plus choquant pour l'opinion américaine: deux d'entres elles seront retrouvées sur la scène du meurtre d'un garde-frontière américain, en Arizona.
Pour faire la lumière sur les responsabilités dans cet échec, les parlementaires de la Chambre des représentants lancent une enquête en février 2011. La Chambre chargée de superviser les activités du gouvernement demande alors à Eric Holder, ministre de la Justice de l'Administration Obama, de coopérer aux investigations. Celui-ci remet aux parlementaires 7600 documents concernant l'opération, mais rechigne à en dévoiler certains autres. Face à l'insistance de la Chambre, Barack Obama vole au secours de son ministre le 20 juin, en faisant valoir le «privilège de l'exécutif». Sorte de joker du président, cette disposition lui permet de s'opposer aux demandes du Parlement pour protéger des secrets liés à la sécurité du pays.
Barack Obama en mauvaise posture
Au Parlement, majoritairement républicain, le sang des représentants ne fait qu'un tour face à ce «coup de force» du président démocrate. «Votre invocation du privilège peut avoir deux significations», réagit Darrell Issa, président républicain de la commission parlementaire chargée de superviser les activités du gouvernement. «Soit vous ou vos plus hauts conseillers êtes impliqués dans l'opération ‘Fast and Furious' et ses conséquences, (...) soit vous avez recours au pouvoir discrétionnaire du président que vous savez injustifié, seulement pour faire obstruction à l'enquête du Congrès».
Accusant le ministre de la Justice d'outrage au Congrès, le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, a annoncé pour jeudi un vote de défiance à son encontre. Si la Chambre vote cette défiance, le procureur de Washington - employé du ministère de la Justice - sera amené à décider s'il inculpe Eric Holder. La Chambre peut aussi voter une deuxième résolution qui lui permettra d'aller directement au tribunal pour contraindre le ministre à se plier aux exigences de l'enquête.
À travers Eric Holder, c'est bien évidemment Barack Obama qui est visé. Les républicains ne peuvent guère lui reprocher les méthodes utilisées par l'Agence de lutte contre le trafic d'armes, qui ont été imaginées sous l'administration Bush. Ils n'ont par ailleurs rien, a priori, contre l'invocation du privilège exécutif, utilisé six fois par le même George W.Bush. Ce qui est gênant pour le président démocrate - qui le fait pour la première fois - c'est d'utiliser ce procédé peu transparent en pleine campagne électorale et, surtout, alors qu'il s'y était opposé tout au long de sa carrière de sénateur. L'opposition a donc beau jeu de relever les contradictions, voire l'hypocrisie d'Obama.
Avec AFP
Par Thomas Vampouille