De ce point de vue, la statue en construction aux mamelles pour célébrer et magnifier la « Renaissance Africaine » constitue une incongruité, voire une absurdité qui déshonore notre pays et tout le continent et apparaît comme la marque d’une profonde régression de l’Afrique, plutôt le signe d’un quelconque renouveau pour ce continent. Elle est à plusieurs égards le signe d’une déchéance qui conforte tous les tenants de cette idéologie raciste qui considère à tort que l’homme africain n’est pas suffisamment entré dans l’histoire humaine. Cette statue a été conçue à l’origine comme un patrimoine commun à toute une immense communauté, et par-delà elle, un patrimoine commun à tous les hommes et femmes dans le monde. Pour tous ceux qui acceptent, sans arrière-pensée, partagent et vivent les valeurs qui font de l’être humain une créature élue de Dieu. Voilà qu’une ambition aussi généreuse et aussi essentielle, dans le combat pour la « Réhabilitation du Noir », est réduite à la simple dimension d’un homme.
La simple dimension d’un homme plus préoccupé par la construction de sa propre mythologie qu’à l’édification d’une œuvre qui restitue au Noir toute sa présence et son apport dans l’histoire de l’humanité. Comment un chef d’Etat en exercice peut-il, raisonnablement, expliquer à son pays et au monde, une décision aussi surréaliste que grotesque, que celle consistant à immatriculer en son nom personnel une œuvre édifiée avec les moyens de la Nation, avec les fonds publics, qui plus est, sur un terrain appartenant à l’Etat ? Il y a des limites que la décence interdit de franchir dans la conduite des affaires publiques. Malheureusement, de telles limites sont souvent facilement franchies dans ce continent.
Hier, Idy Amin Dada et Jean-Bedel Bokassa ont illustré à merveille, dans des proportions presque caricaturales, ce mal africain. Aujourd’hui, le chef de l’Etat nigérien, Mamadou Tandja, par sa volonté inébranlable de changer, contre l’avis de tout un peuple, la Constitution de son pays pour se maintenir au pouvoir, la décision du président sénégalais d’immatriculer le monument de la Renaissance Africaine, en son nom personnel, ne déparent pas tellement les actes qui avaient, par le passé, fait de Jean-Bedel Bokassa et d’Idy Amin Dada, les symboles d’une Afrique méprisée et niée. Méprisée et niée dans son histoire riche et séculaire, berceau, comme dirait le penseur sénégalais, de l’histoire de l’humanité entière. La célébration de la renaissance de ce continent procède d’une volonté légitime des Africains de revendiquer toute leur place dans le cours de cette même histoire. Ce combat, pour légitime et juste qu’il paraisse à nos yeux, est loin de l’être pour tous ceux qui nous l’ont imposé. Et c’est à nous de les convaincre que nous avons raison de l’engager. Et que c’est dans l’intérêt de toute l’humanité de conduire et de gagner un tel combat.
Nous ne pouvons pas cependant les convaincre, quand nos dirigeants qui acceptent, à leur manière, de prendre en charge cette bataille de la renaissance, confondent la résurrection du continent avec leur (re)naissance personnelle. Dans cette affaire, on ne peut pas réduire la décision à l’expression d’un simple désir de pouvoir et de puissance. Elle est aussi l’expression d’un désir presque démentiel d’exister au-delà de l’exercice du pouvoir et de disposer d’une rente viagère par les produits collectés avec les nombreuses visites touristiques organisées sur le site. Tout se présente aujourd’hui comme si François Mitterrand avait décidé de donner un titre de propriété sur le Musée. On sait que ce grand homme d’Etat avait été d’abord motivé par un souci de faire rayonner son pays dans le domaine de la culture. Souci, certes, inséparable d’une volonté de marquer l’histoire culturelle de son pays. La vaste culture de l’homme, son goût raffiné et sélectif des beaux produits de culture expliquant le reste.
Chez nous, le souci de bâtir une mythologie personnelle combinée à des soucis financiers qui ne doivent plus jamais se poser dans l’existence d’un homme explique beaucoup de choses. Sinon même l’essentiel. Les citoyens de ce pays savent maintenant à quoi à s’en tenir avec l’édification de la statue de la « Renaissance Africaine ». Les partis politiques aussi. Un débat national doit être instauré pour que chacun de nous exprime son opinion sur cet arbitraire sans nom. Un arbitraire qui vide de son sens et de sa signification profonde cette œuvre qui va coûter 15 millions d’euros aux Sénégalais Soit 9.825. 000.000 de FCFA. On savait que le pays marchait sur la tête. Seulement, à ce point, on pouvait encore douter. Aujourd’hui un tel doute n’est plus même permis même pour qui semble toujours disposé à donner un tant soit peu de crédit à ce régime.
Abdou Latif COULIBALY lagazette.sn
La simple dimension d’un homme plus préoccupé par la construction de sa propre mythologie qu’à l’édification d’une œuvre qui restitue au Noir toute sa présence et son apport dans l’histoire de l’humanité. Comment un chef d’Etat en exercice peut-il, raisonnablement, expliquer à son pays et au monde, une décision aussi surréaliste que grotesque, que celle consistant à immatriculer en son nom personnel une œuvre édifiée avec les moyens de la Nation, avec les fonds publics, qui plus est, sur un terrain appartenant à l’Etat ? Il y a des limites que la décence interdit de franchir dans la conduite des affaires publiques. Malheureusement, de telles limites sont souvent facilement franchies dans ce continent.
Hier, Idy Amin Dada et Jean-Bedel Bokassa ont illustré à merveille, dans des proportions presque caricaturales, ce mal africain. Aujourd’hui, le chef de l’Etat nigérien, Mamadou Tandja, par sa volonté inébranlable de changer, contre l’avis de tout un peuple, la Constitution de son pays pour se maintenir au pouvoir, la décision du président sénégalais d’immatriculer le monument de la Renaissance Africaine, en son nom personnel, ne déparent pas tellement les actes qui avaient, par le passé, fait de Jean-Bedel Bokassa et d’Idy Amin Dada, les symboles d’une Afrique méprisée et niée. Méprisée et niée dans son histoire riche et séculaire, berceau, comme dirait le penseur sénégalais, de l’histoire de l’humanité entière. La célébration de la renaissance de ce continent procède d’une volonté légitime des Africains de revendiquer toute leur place dans le cours de cette même histoire. Ce combat, pour légitime et juste qu’il paraisse à nos yeux, est loin de l’être pour tous ceux qui nous l’ont imposé. Et c’est à nous de les convaincre que nous avons raison de l’engager. Et que c’est dans l’intérêt de toute l’humanité de conduire et de gagner un tel combat.
Nous ne pouvons pas cependant les convaincre, quand nos dirigeants qui acceptent, à leur manière, de prendre en charge cette bataille de la renaissance, confondent la résurrection du continent avec leur (re)naissance personnelle. Dans cette affaire, on ne peut pas réduire la décision à l’expression d’un simple désir de pouvoir et de puissance. Elle est aussi l’expression d’un désir presque démentiel d’exister au-delà de l’exercice du pouvoir et de disposer d’une rente viagère par les produits collectés avec les nombreuses visites touristiques organisées sur le site. Tout se présente aujourd’hui comme si François Mitterrand avait décidé de donner un titre de propriété sur le Musée. On sait que ce grand homme d’Etat avait été d’abord motivé par un souci de faire rayonner son pays dans le domaine de la culture. Souci, certes, inséparable d’une volonté de marquer l’histoire culturelle de son pays. La vaste culture de l’homme, son goût raffiné et sélectif des beaux produits de culture expliquant le reste.
Chez nous, le souci de bâtir une mythologie personnelle combinée à des soucis financiers qui ne doivent plus jamais se poser dans l’existence d’un homme explique beaucoup de choses. Sinon même l’essentiel. Les citoyens de ce pays savent maintenant à quoi à s’en tenir avec l’édification de la statue de la « Renaissance Africaine ». Les partis politiques aussi. Un débat national doit être instauré pour que chacun de nous exprime son opinion sur cet arbitraire sans nom. Un arbitraire qui vide de son sens et de sa signification profonde cette œuvre qui va coûter 15 millions d’euros aux Sénégalais Soit 9.825. 000.000 de FCFA. On savait que le pays marchait sur la tête. Seulement, à ce point, on pouvait encore douter. Aujourd’hui un tel doute n’est plus même permis même pour qui semble toujours disposé à donner un tant soit peu de crédit à ce régime.
Abdou Latif COULIBALY lagazette.sn