La rébellion d'une femme en niqab a mis Bruxelles sous haute tension. À quelques mois des élections communales, prévues en octobre en Belgique, des incidents déclenchés par l'interpellation mouvementée, jeudi dernier, d'une femme intégralement voilée, enflamment le débat politique.
L'affaire a débuté jeudi après-midi, lorsque des policiers ont abordé une femme qui attendait un bus vêtue d'un niqab, dont le port est interdit dans la rue en Belgique depuis un an. Refusant de décliner son identité, cette Belge convertie a été conduite dans un commissariat de Molenbeek, une commune de Bruxelles à forte population immigrée. Elle s'est rebellée, frappant deux policières, dont l'une a eu deux dents et le nez cassés.
«On ne parle pas à l'ennemi»
Presque aussitôt, une centaine de jeunes en colère se sont rassemblés devant le commissariat, qu'ils ont tenté d'envahir, et ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre et sur des autobus. Quatre policiers ont été blessés. Le maire de Molenbeek, le socialiste Philippe Moureaux, a tenté de raisonner les jeunes. «J'étais au milieu de la foule pour parler avec les gens qui étaient sous le coup de rumeurs infondées diffusées par SMS, a-t-il indiqué. Je leur ai dit qu'une enquête était en cours.» Mais il s'est entendu répliquer: «On ne parle pas à l'ennemi»…
Le bourgmestre a attribué au groupuscule radical islamiste Sharia4Belgium la responsabilité de ces émeutes. Le porte-parole de cette organisation a été condamné début mai pour «incitation à la haine envers les non-musulmans».
Ce qui ne l'a pas empêché de réitérer sa harangue haineuse. Lors d'une conférence de presse, vendredi soir, Fouad Belkacem s'est dit fier de «Stéphanie, une Belge qui a choisi de ne pas être dans la perversité». Quant à la policière blessée, il lui a recommandé de recourir à la chirurgie esthétique, «puisque les femmes occidentales aiment tant se positionner en objets de désir». Si Dieu l'avait voulu, a-t-il osé, la jeune femme aurait brisé le dos de la policière… Dans la foulée, il a lancé un appel au gouvernement belge: «Si vous voulez atterrir en enfer comme tous les mécréants, c'est votre problème, mais laissez-nous vivre comme nous le voulons.» «Nous n'avons pas un gramme de respect pour vous, mécréants, ni pour votre façon de vivre, a-t-il enfin conclu. Notre religion et notre mode de vie sont supérieurs aux vôtres.»
La «ligne Sarko»
Après ces «propos hallucinants» et les «débordements inacceptables» de cette fin de semaine, la ministre de l'Intérieur, la chrétienne-démocrate Joëlle Milquet, a réclamé une enquête approfondie. Les organisations extrémistes et leurs sites Internet, dit-elle, doivent pouvoir être interdits. Elle a aussi promis un contrôle plus strict dans la délivrance des visas.
En attendant, le ministre des Affaires étrangères, le libéral Didier Reynders, a qualifié la politique d'intégration menée par Philippe Moureaux de «véritable échec» ayant mené à la création de «ghettos». Vice-président du parti socialiste, associé aux libéraux et aux chrétiens-démocrates au sein du gouvernement de coalition, le bourgmestre s'est échauffé: les libéraux «ont vu que le candidat de droite en France avait reconquis de l'électorat en durcissant son discours sur l'immigration, clairement ils ont choisi la ligne Sarko», a-t-il accusé.
Quant à la jeune Stéphanie, libérée, elle devrait prochainement recevoir une amende de 137,50 euros. Une de plus, car elle aurait déjà été contrôlée «trois ou quatre fois».
Par Stéphane Kovacs
L'affaire a débuté jeudi après-midi, lorsque des policiers ont abordé une femme qui attendait un bus vêtue d'un niqab, dont le port est interdit dans la rue en Belgique depuis un an. Refusant de décliner son identité, cette Belge convertie a été conduite dans un commissariat de Molenbeek, une commune de Bruxelles à forte population immigrée. Elle s'est rebellée, frappant deux policières, dont l'une a eu deux dents et le nez cassés.
«On ne parle pas à l'ennemi»
Presque aussitôt, une centaine de jeunes en colère se sont rassemblés devant le commissariat, qu'ils ont tenté d'envahir, et ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre et sur des autobus. Quatre policiers ont été blessés. Le maire de Molenbeek, le socialiste Philippe Moureaux, a tenté de raisonner les jeunes. «J'étais au milieu de la foule pour parler avec les gens qui étaient sous le coup de rumeurs infondées diffusées par SMS, a-t-il indiqué. Je leur ai dit qu'une enquête était en cours.» Mais il s'est entendu répliquer: «On ne parle pas à l'ennemi»…
Le bourgmestre a attribué au groupuscule radical islamiste Sharia4Belgium la responsabilité de ces émeutes. Le porte-parole de cette organisation a été condamné début mai pour «incitation à la haine envers les non-musulmans».
Ce qui ne l'a pas empêché de réitérer sa harangue haineuse. Lors d'une conférence de presse, vendredi soir, Fouad Belkacem s'est dit fier de «Stéphanie, une Belge qui a choisi de ne pas être dans la perversité». Quant à la policière blessée, il lui a recommandé de recourir à la chirurgie esthétique, «puisque les femmes occidentales aiment tant se positionner en objets de désir». Si Dieu l'avait voulu, a-t-il osé, la jeune femme aurait brisé le dos de la policière… Dans la foulée, il a lancé un appel au gouvernement belge: «Si vous voulez atterrir en enfer comme tous les mécréants, c'est votre problème, mais laissez-nous vivre comme nous le voulons.» «Nous n'avons pas un gramme de respect pour vous, mécréants, ni pour votre façon de vivre, a-t-il enfin conclu. Notre religion et notre mode de vie sont supérieurs aux vôtres.»
La «ligne Sarko»
Après ces «propos hallucinants» et les «débordements inacceptables» de cette fin de semaine, la ministre de l'Intérieur, la chrétienne-démocrate Joëlle Milquet, a réclamé une enquête approfondie. Les organisations extrémistes et leurs sites Internet, dit-elle, doivent pouvoir être interdits. Elle a aussi promis un contrôle plus strict dans la délivrance des visas.
En attendant, le ministre des Affaires étrangères, le libéral Didier Reynders, a qualifié la politique d'intégration menée par Philippe Moureaux de «véritable échec» ayant mené à la création de «ghettos». Vice-président du parti socialiste, associé aux libéraux et aux chrétiens-démocrates au sein du gouvernement de coalition, le bourgmestre s'est échauffé: les libéraux «ont vu que le candidat de droite en France avait reconquis de l'électorat en durcissant son discours sur l'immigration, clairement ils ont choisi la ligne Sarko», a-t-il accusé.
Quant à la jeune Stéphanie, libérée, elle devrait prochainement recevoir une amende de 137,50 euros. Une de plus, car elle aurait déjà été contrôlée «trois ou quatre fois».
Par Stéphane Kovacs