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Le paradoxe de l'or sénégalais !

Les exportations d’or ont rapporté en 2012 plus que n’importe quel autre produit au pays. Néanmoins, ces montants sont allés principalement vers les compagnies minières et les orpailleurs qui exploitent les mines, plutôt que vers le Trésor public, qui n’a dû se contenter que des faibles redevances.


Rédigé par leral.net le Vendredi 6 Juin 2014 à 20:00 | | 0 commentaire(s)|

Le paradoxe de l'or sénégalais !
Le Sénégal s’affirme de plus en plus comme un grand pays de production d’or, même si le Trésor ne profite quasiment pas de ses retombées. En effet, pour 2011, les données publiées hier dans «La balance des paiements et position extérieure globale» par l’agence nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) indiquent que l’or au Sénégal est devenu le premier produit d’exportation du point de vue des revenus financiers.

D’une année à l’autre, l’exportation de l’or non monétaire a crû de 90,3%, et les ventes sont passées à 222,3 milliards de francs Cfa, ce qui a représenté plus de 105,5 milliards de francs Cfa de plus par rapport à l’année précédente.

Les spécialistes de la Banque centrale expliquent cette hausse par l’accroissement des quantités produites, à savoir 2,8 tonnes pour 2012, ce qui fait une hausse de 34,9% par rapport à 2011. Mais il y a également le fait que l’orpaillage traditionnel s’est grandement développé, du fait de la hausse des prix sur le marché international.

Ce qui a permis de porter les quantités d’or exportées à 10,951 tonnes pour 2012. On sait qu’à cette période, l’once d’or coûtait sur le marché international jusqu’à 1 900 dollars américains.

C’est dire que les compagnies minières travaillant au Sénégal, ainsi que les orpailleurs, en principe illégaux, ont eu l’occasion de s’en mettre plein les poches, au nez et à la barbe des pouvoirs publics.

On peut se demander en effet, au regard du caractère chroniquement déficitaire de la balance commerciale du Sénégal, quelles sont les retombées de cette production d’or sur l’économie nationale. Plusieurs fois, le ministre de l’Industrie et des mines a eu à se plaindre que le Sénégal ne tirait pas grand-chose de ses ressources minières.

En dehors des redevances et dans une très moindre mesure, de ses royalties, le pays ne voyait pas beaucoup de la couleur de l’argent. Cela, du fait des stimulations particulièrement avantageuses introduites dans les conventions minières, qui faisaient que les compagnies étaient exemptées de la majorité des contraintes fiscales quasiment durant toute la durée de leur exploitation.

Les années passent, mais les choses ne changent quasiment pas.

LA DIRECTION DES MINES DÉMENT AMNESTY INTERNATIONAL

Le rapport d’Amnesty international intitulé «L’exploitation minière et les droits humains au Sénégal : Remédier à une protection défaillante», qui est publié le vendredi 30 mai 2014, n’a pas laissé les autorités indifférentes.

Très remontés, les responsables de la direction des Mines et de la géologie (Dmg) sont montés au créneau pour s’attaquer au rapport qui relate «différents sujets de préoccupations évoquées par des habitants de Kédougou avec lesquels les délégués d’Amnesty international se sont entretenus en 2011 puis en 2013».

La démarche du rapport, soutient la Dmg, «repose sur une analyse documentaire du cadre juridique de l’exploitation minière au Sénégal appuyée d’une visite effectuée dans 3 villages de Kédougou, d’entretiens avec des groupes de la société civile à Dakar et à Kédougou ainsi que d’entretiens avec des agents de l’Administration... ».

Sur cette base, le document conclut à «des manquements de l’Etat du Sénégal à ses engagements internationaux de respect et de protection des droits humains, notamment en ne prenant pas les mesures appropriées pour garantir la protection et le respect en bonne et due forme en matière de déplacement des populations, d’accès à la terre et aux ressources naturelles, d’indemnisations et des risques d’expulsion dans le cadre des opérations minières».

Mieux, mentionne le communiqué, «les sociétés minières couvertes par le champ d’investigation ont, sur la demande d’Amnesty international, fait part des principaux commentaires que la lecture du rapport appelle de leur part».

Mais, déplore les collaborateurs de Aly Ngouille Ndiaye, ministre des Mines, «Amnesty international n’a pas utilisé la même démarche vis-à-vis du gouvernement du Sénégal».

Ainsi, jugent-ils opportun de rétablir les faits. Et de préciser que «le rapport porte sur les seules opérations minières dans la région de Kédougou, contrairement au titre dudit rapport qui l’étend à la totalité du secteur minier national.

Ensuite, il tire les conclusions d’une visite de trois villages. Cette faiblesse de l’échantillonnage des sociétés en phase d’exploitation et la généralisation sur le plan national des supposés manquements aux principes de droits humains à Kédougou constituent déjà en soi une limite sérieuse du rapport que seule une précipitation peut justifier».

Sur les autres manquements dénoncés par Amnesty international, la Dmg a également apporté un démenti. Elle explique «qu’aussi bien à Kédougou qu’ailleurs sur toute l’étendue du territoire national, l’Etat du Sénégal a toujours respecté et fait respecter les droits économiques, sociaux et culturels des communautés hôtes des projets miniers, conformément aux lois et règlements en vigueur et aux engagements internationaux».

Aussi, souligne la direction des Mines, «depuis plusieurs décennies d’industrie minière, toutes les procédures d’expropriation ont été menées sur la base de consultations des parties directement intéressées en présence de l’Etat, de partage de l’information, du consentement des personnes affectées avec une possibilité de recours tel que prévu par la loi».

Le Quotidien