Hongkong
La tête enfouie dans une machine à laver factice, ce jeune père de famille clame qu'il ne se laissera pas «laver le cerveau par les Chinois». Comme lui, des dizaines de milliers de Hongkongais se sont rassemblés samedi devant les bâtiments du gouvernement de la place financière asiatique pour protester contre la mise en place de cours «d'éducation morale et nationale» dans les écoles hongkongaises à la rentrée scolaire.
L'objet de discorde: un manuel scolaire intitulé Le Modèle chinois, envoyé cet été aux enseignants hongkongais. Trente-quatre pages ayant pour objectif de «construire l'harmonie, l'identité et l'unité nationale parmi les individualités» - comprendre, forger un sentiment d'appartenance à la nation chinoise dans l'ancienne colonie britannique. Devenue «région administrative spéciale» lors de sa rétrocession à la Chine en 1997, Hongkong bénéficie à ce titre d'une large autonomie et d'une liberté d'expression unique en Chine.
Glorifiant le système chinois, le manuel décrit le parti unique comme «avancé, altruiste et solidaire» en opposition au «multipartisme des démocraties occidentales où l'affrontement des partis met en péril les citoyens».
«Du bourrage de crâne», s'indignent les manifestants qui expliquent que ces cours de «patriotisme chinois» se gardent bien d'évoquer, par exemple, la répression peu glorieuse du mouvement prodémocratique de Tiananmen de 1989.
Encouragés par le rassemblement, trois jeunes collégiens ont effectué symboliquement une grève de la faim de 72 heures, pour ne pas «avaler les salades chinoises».
«Un projet diabolique»
Pour Fung Wai-wah, président du syndicat des enseignants hongkongais (HKPTU), «ce manuel, qui ne contient que des informations partiales ou mensongères, chante les louanges de la Chine communiste et a ceci de choquant qu'il va à l'encontre du principe même de l'éducation qui est d'apprendre à penser».
Dans les cartons du gouvernement local depuis des années, le projet a refait surface en juillet avec l'arrivée à la tête de l'exécutif hongkongais de Leung Chun-ying, un fidèle à Pékin soupçonné d'être secrètement membre du Parti communiste chinois.
Enseignée en plus des cours d'histoire et de culture chinoise déjà existants, la matière va être introduite progressivement dans les écoles primaires publiques à la rentrée de septembre puis dans les écoles secondaires l'année prochaine pour être totalement généralisée en 2016. «C'est un projet diabolique», dénoncent les opposants qui accusent le pouvoir central d'endoctriner en premier les jeunes les plus influençables.
De leur côté, les autorités locales essayent de calmer les esprits en affirmant que ce manuel n'est qu'un guide à l'usage des professeurs et qu'ils seront laissés libres de l'appliquer et de le compléter comme ils l'entendent.
Pas de quoi rassurer les 7 millions d'habitants du territoire autonome encore horrifiés par les récents propos de Jiang Yudui, le président de l'Association pour la promotion de l'éducation civique chinoise. Ce dernier avait déclaré en juillet, alors que plus de 90.000 Hongkongais défilaient contre la réforme, «un cerveau a besoin d'être lavé s'il y a un problème, tout comme les vêtements ont besoin d'être nettoyés quand ils sont sales ou encore un rein malade d'avoir une dialyse». Résigné, Wong Chi Man, directeur du centre des services éducatifs nationaux de Hongkong, avait affirmé que «l'avenir de Hongkong et celui de la Chine sont inséparablement liés. Nous ne serons jamais indépendants, nous devons donc apprendre à penser de la même façon que les Chinois».
Par Cécile de La Guérivière
La tête enfouie dans une machine à laver factice, ce jeune père de famille clame qu'il ne se laissera pas «laver le cerveau par les Chinois». Comme lui, des dizaines de milliers de Hongkongais se sont rassemblés samedi devant les bâtiments du gouvernement de la place financière asiatique pour protester contre la mise en place de cours «d'éducation morale et nationale» dans les écoles hongkongaises à la rentrée scolaire.
L'objet de discorde: un manuel scolaire intitulé Le Modèle chinois, envoyé cet été aux enseignants hongkongais. Trente-quatre pages ayant pour objectif de «construire l'harmonie, l'identité et l'unité nationale parmi les individualités» - comprendre, forger un sentiment d'appartenance à la nation chinoise dans l'ancienne colonie britannique. Devenue «région administrative spéciale» lors de sa rétrocession à la Chine en 1997, Hongkong bénéficie à ce titre d'une large autonomie et d'une liberté d'expression unique en Chine.
Glorifiant le système chinois, le manuel décrit le parti unique comme «avancé, altruiste et solidaire» en opposition au «multipartisme des démocraties occidentales où l'affrontement des partis met en péril les citoyens».
«Du bourrage de crâne», s'indignent les manifestants qui expliquent que ces cours de «patriotisme chinois» se gardent bien d'évoquer, par exemple, la répression peu glorieuse du mouvement prodémocratique de Tiananmen de 1989.
Encouragés par le rassemblement, trois jeunes collégiens ont effectué symboliquement une grève de la faim de 72 heures, pour ne pas «avaler les salades chinoises».
«Un projet diabolique»
Pour Fung Wai-wah, président du syndicat des enseignants hongkongais (HKPTU), «ce manuel, qui ne contient que des informations partiales ou mensongères, chante les louanges de la Chine communiste et a ceci de choquant qu'il va à l'encontre du principe même de l'éducation qui est d'apprendre à penser».
Dans les cartons du gouvernement local depuis des années, le projet a refait surface en juillet avec l'arrivée à la tête de l'exécutif hongkongais de Leung Chun-ying, un fidèle à Pékin soupçonné d'être secrètement membre du Parti communiste chinois.
Enseignée en plus des cours d'histoire et de culture chinoise déjà existants, la matière va être introduite progressivement dans les écoles primaires publiques à la rentrée de septembre puis dans les écoles secondaires l'année prochaine pour être totalement généralisée en 2016. «C'est un projet diabolique», dénoncent les opposants qui accusent le pouvoir central d'endoctriner en premier les jeunes les plus influençables.
De leur côté, les autorités locales essayent de calmer les esprits en affirmant que ce manuel n'est qu'un guide à l'usage des professeurs et qu'ils seront laissés libres de l'appliquer et de le compléter comme ils l'entendent.
Pas de quoi rassurer les 7 millions d'habitants du territoire autonome encore horrifiés par les récents propos de Jiang Yudui, le président de l'Association pour la promotion de l'éducation civique chinoise. Ce dernier avait déclaré en juillet, alors que plus de 90.000 Hongkongais défilaient contre la réforme, «un cerveau a besoin d'être lavé s'il y a un problème, tout comme les vêtements ont besoin d'être nettoyés quand ils sont sales ou encore un rein malade d'avoir une dialyse». Résigné, Wong Chi Man, directeur du centre des services éducatifs nationaux de Hongkong, avait affirmé que «l'avenir de Hongkong et celui de la Chine sont inséparablement liés. Nous ne serons jamais indépendants, nous devons donc apprendre à penser de la même façon que les Chinois».
Par Cécile de La Guérivière