Karim Wade, Bibo Bourgi, Pape Mamadou Pouye, Alioune Samba Diassé sont les premiers condamnés d’une traque qui promettait des lendemains noirs aux caciques du régime libéral sortant. Le candidat investi des libéraux pour la Présidentielle de 2019 est encore l’hôte de la prison de Rebeuss pour trois ans. Mais depuis l’emprisonnement du fils de Wade, il est difficile d’occulter le côté politique de la traque, d’autant qu’elle s’intéresse à des responsables politiques de premier plan du Parti démocratique sénégalais (Pds). En novembre 2012, aux premières heures de la traque, le Procureur spécial, Aliou Ndao, annonçait l’ouverture d’une instruction contre Karim Meïssa Wade, Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé, Tahibou Ndiaye (ancien directeur du Cadastre) et Doudou Diagne (ex-directeur de l’Urbanisme), Madické Niang et Samuel Sarr par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Au cours de cette conférence de presse, il laissait entendre que d’autres noms pouvaient bien être livrés aux enquêteurs de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale sise à Colobane chargée des enquêtes.
En février 2013, une session d’urgence fut convoquée à l’Assemblée nationale pour enlever l’immunité parlementaire des députés libéraux Abdoulaye Baldé, Oumar Sarr et Ousmane Ngom. Depuis, rien de vraiment concret. Le régime de Macky Sall a-t-il renoncé à aller au bout de sa logique de reddition des comptes ? La traque des biens mal acquis (Tbma) est-elle assimilable à un chantage politicien ? En effet, derrière la rhétorique judiciaire apparaissent quelques fissures politiques qui craquellent l’honorabilité de la cause. Alors que le Président a déclaré avoir mis le coude sur certains dossiers, le ralliement de certaines personnalités visées comme Awa Ndiaye, Baïla Wane et Ousmane Ngom laisse perplexe. Ces ralliements confortent une idée répandue sur la connotation politicienne de la Tbma.
Suffisant pour que la plus farouche défenderesse et initiatrice de ces poursuites monte au créneau pour redonner du crédit à une traque attaquée de toutes parts. « Les gens ont le droit de militer où ils veulent, mais venir à l’Apr ou à Benno Bokk Yakaar n’est pas un vaccin contre la traque des biens mal acquis », a déclaré Mimi Touré dimanche dernier dans l’émission Grand Jury.
Les rebelles
Pour diluer cette amère liqueur politique, l’ancien directeur du Cadastre, Tahibou Ndiaye, est la seule personnalité non politique condamnée par la Crei. Jugé avec son épouse et ses deux filles adoptives, ils ont été reconnus coupables d’enrichissement illicite et condamnés à payer la somme globale de 11 milliards 463 millions 961 mille 52 FCfa. Tahibou Ndiaye a été reconnu comme auteur principal. Il a été condamné à cinq ans d'emprisonnement ferme. Seulement, la condamnation n’est pas définitive puisqu’ils se sont pourvus en cassation.
L’ex-sénatrice libérale, Aïda Ndiongue et le président de la Fédération nationale des cadres libéraux, Abdoul Aziz Diop, sont toujours en délicatesse avec Dame justice, après avoir gagné la première manche de la bataille juridique. Les avocats de l’Etat ont fait appel de la relaxe dont ils ont bénéficié, en fin mai 2015. Les deux libéraux sont poursuivis pour escroquerie portant sur des deniers publics estimés à 20 milliards. Ils ont comparu en même temps qu’Amadou Ndiaye et Modou Sall, deux fonctionnaires du ministère de l’Habitat dirigé à l’époque par Oumar Sarr. L’affaire est mise en délibéré pour mardi prochain 5 avril. Ce ne sera pas la fin de l’imbroglio judiciaire pour Aïda Ndiongue qui a une autre procédure pendante devant le juge d’instruction et une autre à la Crei.
Abdoulaye Baldé et Oumar Sarr intouchables ?
Quid d’Abdoulaye Baldé, secrétaire général de l’Union des centristes du Sénégal (Ucs), inculpé depuis juillet 2014 pour enrichissement illicite portant sur 5 milliards F Cfa ? « Dites au procureur Alioune Ndao que s’il veut la guerre, il l’aura », avait-il lancé en pleine campagne pour les Locales de 2014. Traqué par l’ancien Procureur spécial de la Crei, Alioune Ndao, et placé sous contrôle judiciaire, le maire de Ziguinchor a bénéficié d’un contexte particulier pour éviter une audition au fond. En fait, en juin 2014, sa convocation par le maître des poursuites a coïncidé avec la campagne pour les élections locales. Ainsi, l’intransigeance du Procureur spécial à le convoquer se heurte à la volonté de l’Exécutif de différer la convocation. Depuis lors, la procédure semble traîner ou se résume à des mesures conservatoires.
Quant à une éventuelle convocation d’Oumar Sarr, elle serait tout aussi délicate, puisqu’il est secrétaire général adjoint du principal parti de l’opposition. C’est dire qu’en l’absence d’Abdoulaye Wade, et l’emprisonnement de Karim Wade, Oumar Sarr est de facto le chef de l’opposition sénégalaise. Avec les réformes constitutionnelles qui viennent d’être adoptées par référendum et qui promeuvent le statut d’un chef de l’opposition, sa convocation ne manquera pas d’ouvrir une brèche pour les tenants d’un pouvoir répressif.
Pertes et profits
Après les montagnes russes émotionnelles suscitées par les déclarations, certaines accusations se sont dégonflées de leurs faramineuses prétentions. C’est le cas de l’ex-ministre d’Etat, Karim Wade. Si aux premières heures de la traque, le prédécesseur du Procureur spécial Cheikh Tidiane Mara avait fixé le montant à 694 milliards de F Cfa, celui-ci a drastiquement baissé jusqu’à 117 milliards F Cfa. Même sort pour Awa Ndiaye, épinglée par un rapport d’audit pour malversations (surfacturations d’une unité de cuillère à 37 mille 500 F Cfa). Ayant rejoint le camp marron-beige, elle a aussi bénéficié d’un non-lieu. Par contre, l’ex-Dg du port, Bara Sady, accusé d’un détournement de deniers publics portant sur 48 milliards F Cfa, c’est silence radio. Depuis sa mise en liberté provisoire, il n’y a aucune nouvelle de la procédure. Même cas de figure pour l’ancien Directeur de la Lonase, Baïla Wane. Son dossier dort toujours dans le tiroir du juge d’instruction.
En février 2013, une session d’urgence fut convoquée à l’Assemblée nationale pour enlever l’immunité parlementaire des députés libéraux Abdoulaye Baldé, Oumar Sarr et Ousmane Ngom. Depuis, rien de vraiment concret. Le régime de Macky Sall a-t-il renoncé à aller au bout de sa logique de reddition des comptes ? La traque des biens mal acquis (Tbma) est-elle assimilable à un chantage politicien ? En effet, derrière la rhétorique judiciaire apparaissent quelques fissures politiques qui craquellent l’honorabilité de la cause. Alors que le Président a déclaré avoir mis le coude sur certains dossiers, le ralliement de certaines personnalités visées comme Awa Ndiaye, Baïla Wane et Ousmane Ngom laisse perplexe. Ces ralliements confortent une idée répandue sur la connotation politicienne de la Tbma.
Suffisant pour que la plus farouche défenderesse et initiatrice de ces poursuites monte au créneau pour redonner du crédit à une traque attaquée de toutes parts. « Les gens ont le droit de militer où ils veulent, mais venir à l’Apr ou à Benno Bokk Yakaar n’est pas un vaccin contre la traque des biens mal acquis », a déclaré Mimi Touré dimanche dernier dans l’émission Grand Jury.
Les rebelles
Pour diluer cette amère liqueur politique, l’ancien directeur du Cadastre, Tahibou Ndiaye, est la seule personnalité non politique condamnée par la Crei. Jugé avec son épouse et ses deux filles adoptives, ils ont été reconnus coupables d’enrichissement illicite et condamnés à payer la somme globale de 11 milliards 463 millions 961 mille 52 FCfa. Tahibou Ndiaye a été reconnu comme auteur principal. Il a été condamné à cinq ans d'emprisonnement ferme. Seulement, la condamnation n’est pas définitive puisqu’ils se sont pourvus en cassation.
L’ex-sénatrice libérale, Aïda Ndiongue et le président de la Fédération nationale des cadres libéraux, Abdoul Aziz Diop, sont toujours en délicatesse avec Dame justice, après avoir gagné la première manche de la bataille juridique. Les avocats de l’Etat ont fait appel de la relaxe dont ils ont bénéficié, en fin mai 2015. Les deux libéraux sont poursuivis pour escroquerie portant sur des deniers publics estimés à 20 milliards. Ils ont comparu en même temps qu’Amadou Ndiaye et Modou Sall, deux fonctionnaires du ministère de l’Habitat dirigé à l’époque par Oumar Sarr. L’affaire est mise en délibéré pour mardi prochain 5 avril. Ce ne sera pas la fin de l’imbroglio judiciaire pour Aïda Ndiongue qui a une autre procédure pendante devant le juge d’instruction et une autre à la Crei.
Abdoulaye Baldé et Oumar Sarr intouchables ?
Quid d’Abdoulaye Baldé, secrétaire général de l’Union des centristes du Sénégal (Ucs), inculpé depuis juillet 2014 pour enrichissement illicite portant sur 5 milliards F Cfa ? « Dites au procureur Alioune Ndao que s’il veut la guerre, il l’aura », avait-il lancé en pleine campagne pour les Locales de 2014. Traqué par l’ancien Procureur spécial de la Crei, Alioune Ndao, et placé sous contrôle judiciaire, le maire de Ziguinchor a bénéficié d’un contexte particulier pour éviter une audition au fond. En fait, en juin 2014, sa convocation par le maître des poursuites a coïncidé avec la campagne pour les élections locales. Ainsi, l’intransigeance du Procureur spécial à le convoquer se heurte à la volonté de l’Exécutif de différer la convocation. Depuis lors, la procédure semble traîner ou se résume à des mesures conservatoires.
Quant à une éventuelle convocation d’Oumar Sarr, elle serait tout aussi délicate, puisqu’il est secrétaire général adjoint du principal parti de l’opposition. C’est dire qu’en l’absence d’Abdoulaye Wade, et l’emprisonnement de Karim Wade, Oumar Sarr est de facto le chef de l’opposition sénégalaise. Avec les réformes constitutionnelles qui viennent d’être adoptées par référendum et qui promeuvent le statut d’un chef de l’opposition, sa convocation ne manquera pas d’ouvrir une brèche pour les tenants d’un pouvoir répressif.
Pertes et profits
Après les montagnes russes émotionnelles suscitées par les déclarations, certaines accusations se sont dégonflées de leurs faramineuses prétentions. C’est le cas de l’ex-ministre d’Etat, Karim Wade. Si aux premières heures de la traque, le prédécesseur du Procureur spécial Cheikh Tidiane Mara avait fixé le montant à 694 milliards de F Cfa, celui-ci a drastiquement baissé jusqu’à 117 milliards F Cfa. Même sort pour Awa Ndiaye, épinglée par un rapport d’audit pour malversations (surfacturations d’une unité de cuillère à 37 mille 500 F Cfa). Ayant rejoint le camp marron-beige, elle a aussi bénéficié d’un non-lieu. Par contre, l’ex-Dg du port, Bara Sady, accusé d’un détournement de deniers publics portant sur 48 milliards F Cfa, c’est silence radio. Depuis sa mise en liberté provisoire, il n’y a aucune nouvelle de la procédure. Même cas de figure pour l’ancien Directeur de la Lonase, Baïla Wane. Son dossier dort toujours dans le tiroir du juge d’instruction.