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Le président Abdoulaye Wade cède à la rue

Sous la pression de la rue et de l’opposition, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a fini par renoncer, jeudi dernier, à son projet de révision constitutionnelle sur un «ticket présidentiel», rapporte l’AFP.


Rédigé par leral.net le Samedi 25 Juin 2011 à 02:43 | | 0 commentaire(s)|

Le président Abdoulaye Wade cède à la rue
Le retrait du texte a été annoncé aux députés en fin de cette journée par le ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, après les manifestations de mercredi et jeudi dans la capitale Dakar et d’autres villes du pays. Le président Wade «a pris en considération vos préoccupations», il «a pris bonne note» de toutes les réactions et «il m'a chargé de retirer ce projet de loi», a déclaré le ministre Tidiane Sy, dans l'hémicycle où les parlementaires se sont réunis depuis le matin en séance plénière. Il a aussi «reçu des messages de partis et de chefs religieux», a précisé Cheikh Tidiane Sy. Le projet de loi a été adopté en Conseil des ministres le 16 juin à huit mois de l'élection présidentielle de février 2012, à laquelle Abdoulaye Wade, 85 ans, est candidat.

Dans sa version initiale, le texte vise à modifier la Constitution pour permettre aux Sénégalais d'élire simultanément, dès 2012, un président et un vice-président sur la base d'un «ticket» qui, pour l'emporter, pouvait ne recueillir au premier tour que 25% des suffrages exprimés. Le texte envisage, par ailleurs, qu'en cas de vacance de la présidence, le président est remplacé par le vice-président qui, en tant que nouveau président, pourra nommer ou révoquer le nouveau vice-président. Ce minimum de voix, pour une victoire au premier tour, compte parmi les dispositions qui ont le plus irrité les opposants au projet. Ainsi, est maintenue la disposition en vigueur jusque-là dans le projet. Celle-ci institue la majorité absolue (50% plus une voix) comme minimum pour la victoire au premier tour. Pour les opposants au président, à travers cette initiative, Abdoulaye Wade, au pouvoir depuis 2000, entend se faire réélire avec peu de voix pour ensuite céder son poste à son fils Karim,42 ans,surnommé «super» ministre. Le texte sur le «ticket présidentiel» a mis le régime de Wade face à une contestation jamais vécue depuis 2000. Une contestation qui a gagné même le camp du Parti démocratique sénégalais (PDS), la formation du président, et de ses alliés. En effet, des députés de la majorité ont exprimé leur refus de voter pour le texte. Le calme est revenu jeudi soir au Sénégal après plusieurs manifestations, dont certaines ont été marquées par des violences. Les manifestations de jeudi ont fait plusieurs blessés, au moins huit, rien qu'aux abords de l'Assemblée nationale.


Washington, Paris et l’UE réservés


Par ailleurs, les Etats-Unis, la France et l'Union européenne (UE) ont émis des réserves sur le projet de révision initié par Abdoulaye Wade. Ils relèvent en la circonstance l'absence de concertation et le court délai entre son adoption par le gouvernement et la présidentielle. Washington, dans un communiqué de son ambassade à Dakar, a déclaré que «les Etats-Unis sont préoccupés par le fait qu'une loi constitutionnelle, qui modifierait de façon aussi fondamentale le système utilisé pour élire le président du Sénégal depuis cinquante ans, ait été proposée sans faire l'objet d'un débat approfondi, significatif et ouvert». De son côté, la France s'est dite «surprise» que la réforme constitutionnelle au Sénégal, en cours d'examen au Parlement et critiquée par l'opposition, «n'ait pas été précédée d'une large concertation», a indiqué jeudi dernier le ministère des Affaires étrangères.

«Sur la forme, on peut être surpris qu'une réforme aussi importante, présentée à moins d'un an d'une échéance électorale majeure, n'ait pas été précédée d'une large concertation avec l'ensemble des acteurs politiques du pays», a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. «Il n'est peut-être pas trop tard pour l'engager», a indiqué le même responsable. «Jusqu'à présent, a-t-il ajouté, la démocratie sénégalaise fait figure d'exemple sur le continent africain. C'est un patrimoine auquel les Sénégalais sont à juste titre attachés et qui doit être préservé.» L'UE a exhorté les autorités à préparer les textes liés à la présidentielle «dans l'esprit de consensus national qui a toujours prévalu au Sénégal en vue d'assurer des élections libres et transparentes, reflétant le choix de la majorité des électeurs», dans une déclaration de son chef de la diplomatie, Catherine Ashton, datée de mercredi.

Rédaction Internationale

( Les News )