« Et pourtant, il faut qu'on en parle ! »
Seul chef d’Etat africain, avec le colonel Mouammar Kadhafi, à s’être publiquement prononcé sur l’Union pour la Méditerranée, le président sénégalais Abdoulaye Wade est revenu à la charge, en des termes peu diplomatiques, après le lancement officiel de l’UPM à Paris le 13 juillet 2008. Dans une lettre rendue publique par l’Agence de presse sénégalaise (APS) après le sommet de Paris, que la Libye a totalement boycotté, le président Wade a redit tout le mal qu’il pensait de l’UPM qui permettrait à l’Europe de « phagocyter » l’Afrique du Nord. Paradoxalement, le chef de l’Etat sénégalais paraît plus convaincu de l’effet d’entraînement de l’UPM que la plupart de ceux qui ont participé à son lancement. Ainsi, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a exprimé son scepticisme sur la solidité de l’engagement européen pour l’UPM.
« L'Afrique du Nord tournée vers le nord, le Sahara deviendra ce que nous étions en train de combattre, un mur séparant politiquement notre continent en deux parties. »
Relevant que l’Union européenne a bouclé ses budgets jusqu’en 2013 et qu’elle ne prévoit pas, sur le court terme, des engagements financiers importants, le président Bouteflika a estimé que l’attitude de Bruxelles suscite des « interrogations légitimes sur la volonté réelle de l'UE de contribuer de manière décisive à la mise à niveau des pays de la rive Sud de la Méditerranée ».
Projections géopolitiques
« Il est seulement prévu que des ressources devront être mobilisées par les pays concernés par les projets y compris à travers le recours au marché des capitaux. »
Pas de quoi bouleverser la donne. Mais le président Wade est, non sans raison, plus enclin à écouter les projections géopolitiques sur le moyen et long termes du ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, que le pessimisme financier immédiat du chef de l’Etat algérien. « Le monde ne va pas être changé par cette réunion aujourd'hui, mais la région entière sera, espérons-le, changée avec le temps par cette approche particulière », avait estimé le ministre suédois.
Le président sénégalais est, lui aussi, sur cette même perspective du moyen et long termes, et les changements qu’elle peut opérer sont, à ses yeux, néfastes pour l’Afrique. L’UPM, a-t-il estimé, doit tirer les « conséquences d’un départ éventuel de certains de l’Afrique du Nord de l’Union africaine vers l’Europe », en qualifiant le sommet du 13 juillet de « premier acte de ce départ sans préavis ».
Les intentions de l’Europe sont, à ses yeux, d’une grande clarté : « Rajeunir sa population, changer et positiver ses paramètres démographiques » et, last but not least, il y a des « visées qui crèvent les yeux, le pétrole et le gaz de l'Algérie, le pétrole libyen ».
Enfin, le thème de l’Afrique du Nord, installée dans la posture du nouveau limes de Rome, avec ses routes, ses rocades et ses villes garnisons pour matérialiser de manière physique la nouvelle frontière de l’Europe, est très présent dans le discours de Wade. « L'Afrique du Nord tournée vers le nord (Europe), le Sahara deviendra ce que nous étions en train de combattre, un mur séparant politiquement notre continent en deux parties. »
Le nouveau panafricanisme
Si les propos d’Abdoulaye Wade ne sont pas encore relayés par d’autres responsables – la Libye étant déjà convaincue – ils ont un très grand écho dans la presse du continent. La nouveauté des propos du chef de l’Etat sénégalais est qu’ils constituent une alerte pour ses pairs, et surtout une interpellation franche des pays d’Afrique du Nord à se définir.
« Les pays d'Afrique du Nord doivent choisir clairement, comme l'a fait le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui a rejeté le projet de l'UPM, car de toute évidence, on ne peut pas appartenir à deux unions à la fois. »
Sont-ils sur le continent, dans sa perspective, ou bien choisissent-ils de leur tourner définitivement le dos en acceptant de s’arrimer à l’Europe ? A force de persévérance, le président sénégalais va finir par forcer les pays maghrébins, qui n’arrivent toujours pas à relancer l’Union du Maghreb arabe, à mener un débat qui aurait du avoir lieu avant le lancement de l’UPM. Il en est convaincu en tout cas : « Finalement, l'UPM pourrait bien, après tout, accélérer le processus de la véritable unité africaine. »
Seul chef d’Etat africain, avec le colonel Mouammar Kadhafi, à s’être publiquement prononcé sur l’Union pour la Méditerranée, le président sénégalais Abdoulaye Wade est revenu à la charge, en des termes peu diplomatiques, après le lancement officiel de l’UPM à Paris le 13 juillet 2008. Dans une lettre rendue publique par l’Agence de presse sénégalaise (APS) après le sommet de Paris, que la Libye a totalement boycotté, le président Wade a redit tout le mal qu’il pensait de l’UPM qui permettrait à l’Europe de « phagocyter » l’Afrique du Nord. Paradoxalement, le chef de l’Etat sénégalais paraît plus convaincu de l’effet d’entraînement de l’UPM que la plupart de ceux qui ont participé à son lancement. Ainsi, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a exprimé son scepticisme sur la solidité de l’engagement européen pour l’UPM.
« L'Afrique du Nord tournée vers le nord, le Sahara deviendra ce que nous étions en train de combattre, un mur séparant politiquement notre continent en deux parties. »
Relevant que l’Union européenne a bouclé ses budgets jusqu’en 2013 et qu’elle ne prévoit pas, sur le court terme, des engagements financiers importants, le président Bouteflika a estimé que l’attitude de Bruxelles suscite des « interrogations légitimes sur la volonté réelle de l'UE de contribuer de manière décisive à la mise à niveau des pays de la rive Sud de la Méditerranée ».
Projections géopolitiques
« Il est seulement prévu que des ressources devront être mobilisées par les pays concernés par les projets y compris à travers le recours au marché des capitaux. »
Pas de quoi bouleverser la donne. Mais le président Wade est, non sans raison, plus enclin à écouter les projections géopolitiques sur le moyen et long termes du ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, que le pessimisme financier immédiat du chef de l’Etat algérien. « Le monde ne va pas être changé par cette réunion aujourd'hui, mais la région entière sera, espérons-le, changée avec le temps par cette approche particulière », avait estimé le ministre suédois.
Le président sénégalais est, lui aussi, sur cette même perspective du moyen et long termes, et les changements qu’elle peut opérer sont, à ses yeux, néfastes pour l’Afrique. L’UPM, a-t-il estimé, doit tirer les « conséquences d’un départ éventuel de certains de l’Afrique du Nord de l’Union africaine vers l’Europe », en qualifiant le sommet du 13 juillet de « premier acte de ce départ sans préavis ».
Les intentions de l’Europe sont, à ses yeux, d’une grande clarté : « Rajeunir sa population, changer et positiver ses paramètres démographiques » et, last but not least, il y a des « visées qui crèvent les yeux, le pétrole et le gaz de l'Algérie, le pétrole libyen ».
Enfin, le thème de l’Afrique du Nord, installée dans la posture du nouveau limes de Rome, avec ses routes, ses rocades et ses villes garnisons pour matérialiser de manière physique la nouvelle frontière de l’Europe, est très présent dans le discours de Wade. « L'Afrique du Nord tournée vers le nord (Europe), le Sahara deviendra ce que nous étions en train de combattre, un mur séparant politiquement notre continent en deux parties. »
Le nouveau panafricanisme
Si les propos d’Abdoulaye Wade ne sont pas encore relayés par d’autres responsables – la Libye étant déjà convaincue – ils ont un très grand écho dans la presse du continent. La nouveauté des propos du chef de l’Etat sénégalais est qu’ils constituent une alerte pour ses pairs, et surtout une interpellation franche des pays d’Afrique du Nord à se définir.
« Les pays d'Afrique du Nord doivent choisir clairement, comme l'a fait le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui a rejeté le projet de l'UPM, car de toute évidence, on ne peut pas appartenir à deux unions à la fois. »
Sont-ils sur le continent, dans sa perspective, ou bien choisissent-ils de leur tourner définitivement le dos en acceptant de s’arrimer à l’Europe ? A force de persévérance, le président sénégalais va finir par forcer les pays maghrébins, qui n’arrivent toujours pas à relancer l’Union du Maghreb arabe, à mener un débat qui aurait du avoir lieu avant le lancement de l’UPM. Il en est convaincu en tout cas : « Finalement, l'UPM pourrait bien, après tout, accélérer le processus de la véritable unité africaine. »