Lesquelles ont décimé bien des mouvements révolutionnaires sur ce continent. La victoire la plus emblématique de cette contre-révolution, fut sans doute celle acquise au Chili, au détriment du président Salvador Allende. Parmi les rares restés solidement au poste, le leader cubain Fidel Castro ainsi que, on l’ a dit, Daniel Ortega. Et c’est précisément au moment où le chef de la révolution cubaine désespérait de trouver un digne successeur en Amérique Latine qu’était apparu Hugo Chavez. Lequel s’est aussitôt positionné comme étant l’héritier en même temps que le fils spirituel de l’homme qui conquit la caserne Moncada et infligea une défaite mémorable aux contre-révolutionnaires armés par la CIA qui tentèrent de débarquer sur la Playa Giron, la baie des Cochons, en 1963.
Nationaliste, patriote, révolutionnaire, Chavez a d’abord tenté de prendre le pouvoir en organisant un coup d’Etat contre le président d’alors, Carlos Andres Peres. Le coup ayant échoué, il fut arrêté et emprisonné. Fort heureusement pour lui, il bénéficia d’une amnistie deux ans plus tard par l’alors président. En décembre 1998, il fut élu triomphalement (56 %) des voix à la présidence de la République vénézuélienne. Commença alors une période de profondes transformations sociales pour les couches les plus défavorisées de ce pays, sous l’égide de ce révolutionnaire qui se réclamait de l’héritage de Simon Bolivar « El Libertador », le libérateur du continent sud-américain contre le colonialisme espagnol. Utilisant judicieusement la manne pétrolière — le Venezuela dispose des plus importantes réserves d’hydrocarbures du monde —, il mit en place des programmes sociaux pour améliorer les conditions de vie de la grande majorité de ses compatriotes. Lesquels lui étaient infiniment reconnaissants de leur avoir fait bénéficier de cette fabuleuse manne pétrolière qui, auparavant, ne profitait qu’à une infime minorité de privilégiés. Il faut dire que l’un des premiers actes de Chavez, qui, il faut le rappeler, a été militaire jusqu’au grade de lieutenant-colonel, a été de nationaliser les hydrocarbures dans son pays, au grand dam et à la grande fureur des grandes compagnies occidentales. En même temps, il institua une courageuse réforme agraire à travers laquelle il s’attaqua aux grandes propriétaires fonciers, les latifundiaires, pour redistribuer la terre à ceux qui la travaillaient. Il mit aussi en place un système de micro-crédit au profit des plus pauvres et une couverture sanitaire pour des millions de Vénézuéliens qui en étaient exclus auparavant. De même, l’éducation fut démocratisée et améliorée qualitativement grâce aux revenus du pétrole. Une manne pétrolière qui ne profita pas seulement à ses compatriotes mais aussi à des pays ayant une orientation anti-impérialiste comme la Bolivie où avait accédé au pouvoir Evo Morales, grand ami de Chavez, ou l’Equateur. Avec ces deux pays, plus Cuba, le Venezuela avait d’ailleurs constitué l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) regroupant des Etats progressistes de ce continent. Il les approvisionnait en pétrole à prix d’ami, notamment Cuba qui, sans cela, aurait été asphyxiée.
Surtout, par-delà l’Amérique Latine, Hugo Chavez avait noué des liens avec les pays de l’hémisphère Sud, notamment d’Afrique, et il travaillait justement à la mise sur pied d’une sorte de Banque mondiale version Tiers monde.Il était d’ailleurs l’un des initiateurs des sommets Afrique-Amérique Latine dont la dernière édition s’est tenue il y a un mois en Guinée-Equatoriale. Pratiquant un internationalisme prolétarien, le « commandante » Chavez coopérait avec des pays mis sur la liste noire des Etats-Unis d’Amérique comme la Libye du défunt colonel Mouammar Kadhafi — un homme qui, malgré ses frasques, était un grand nationaliste —, l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad et la Syrie de Bachar El Assad. Ce n’est pas pour rien, du reste, que les dirigeants de ces deux derniers pays ont fait part de leur grande tristesse à l’annonce de sa mort et lui ont rendu un hommage appuyé. Une mort pleurée dans une grande partie du Tiers monde qui tient assurément, en Hugo Chavez, un nouveau héros de la trempe d’Ernesto Che Guevara, de Fidel Castro Ruiz, de José Marti, de Camilo Cienfuegos et de tant d’autres combattants (pour ne parler que des Sud Américains) qui se sont battus pour que l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine s’affranchissent du joug de l’impérialisme occidental. Un impérialisme qui, de nos jours, a un nouveau nom : la mondialisation et ses marchés financiers. Puisse-t-il reposer en paix, « El commandante » Hugo Chavez Fria !
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » N° 1116 –Hebdomadaire Sénégalais (Mars 2013)
Nationaliste, patriote, révolutionnaire, Chavez a d’abord tenté de prendre le pouvoir en organisant un coup d’Etat contre le président d’alors, Carlos Andres Peres. Le coup ayant échoué, il fut arrêté et emprisonné. Fort heureusement pour lui, il bénéficia d’une amnistie deux ans plus tard par l’alors président. En décembre 1998, il fut élu triomphalement (56 %) des voix à la présidence de la République vénézuélienne. Commença alors une période de profondes transformations sociales pour les couches les plus défavorisées de ce pays, sous l’égide de ce révolutionnaire qui se réclamait de l’héritage de Simon Bolivar « El Libertador », le libérateur du continent sud-américain contre le colonialisme espagnol. Utilisant judicieusement la manne pétrolière — le Venezuela dispose des plus importantes réserves d’hydrocarbures du monde —, il mit en place des programmes sociaux pour améliorer les conditions de vie de la grande majorité de ses compatriotes. Lesquels lui étaient infiniment reconnaissants de leur avoir fait bénéficier de cette fabuleuse manne pétrolière qui, auparavant, ne profitait qu’à une infime minorité de privilégiés. Il faut dire que l’un des premiers actes de Chavez, qui, il faut le rappeler, a été militaire jusqu’au grade de lieutenant-colonel, a été de nationaliser les hydrocarbures dans son pays, au grand dam et à la grande fureur des grandes compagnies occidentales. En même temps, il institua une courageuse réforme agraire à travers laquelle il s’attaqua aux grandes propriétaires fonciers, les latifundiaires, pour redistribuer la terre à ceux qui la travaillaient. Il mit aussi en place un système de micro-crédit au profit des plus pauvres et une couverture sanitaire pour des millions de Vénézuéliens qui en étaient exclus auparavant. De même, l’éducation fut démocratisée et améliorée qualitativement grâce aux revenus du pétrole. Une manne pétrolière qui ne profita pas seulement à ses compatriotes mais aussi à des pays ayant une orientation anti-impérialiste comme la Bolivie où avait accédé au pouvoir Evo Morales, grand ami de Chavez, ou l’Equateur. Avec ces deux pays, plus Cuba, le Venezuela avait d’ailleurs constitué l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) regroupant des Etats progressistes de ce continent. Il les approvisionnait en pétrole à prix d’ami, notamment Cuba qui, sans cela, aurait été asphyxiée.
Surtout, par-delà l’Amérique Latine, Hugo Chavez avait noué des liens avec les pays de l’hémisphère Sud, notamment d’Afrique, et il travaillait justement à la mise sur pied d’une sorte de Banque mondiale version Tiers monde.Il était d’ailleurs l’un des initiateurs des sommets Afrique-Amérique Latine dont la dernière édition s’est tenue il y a un mois en Guinée-Equatoriale. Pratiquant un internationalisme prolétarien, le « commandante » Chavez coopérait avec des pays mis sur la liste noire des Etats-Unis d’Amérique comme la Libye du défunt colonel Mouammar Kadhafi — un homme qui, malgré ses frasques, était un grand nationaliste —, l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad et la Syrie de Bachar El Assad. Ce n’est pas pour rien, du reste, que les dirigeants de ces deux derniers pays ont fait part de leur grande tristesse à l’annonce de sa mort et lui ont rendu un hommage appuyé. Une mort pleurée dans une grande partie du Tiers monde qui tient assurément, en Hugo Chavez, un nouveau héros de la trempe d’Ernesto Che Guevara, de Fidel Castro Ruiz, de José Marti, de Camilo Cienfuegos et de tant d’autres combattants (pour ne parler que des Sud Américains) qui se sont battus pour que l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine s’affranchissent du joug de l’impérialisme occidental. Un impérialisme qui, de nos jours, a un nouveau nom : la mondialisation et ses marchés financiers. Puisse-t-il reposer en paix, « El commandante » Hugo Chavez Fria !
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » N° 1116 –Hebdomadaire Sénégalais (Mars 2013)