Au plan macro-économique les effets sont encore plus accrus et pernicieux. Non seulement les petites et moyennes entreprises ne peuvent plus fonctionner correctement ; au demeurant ; c’est toute la confiance liée à l’investissement extérieur qui en est affectée.
Comment espérer qu’un seul investisseur créateur d’emplois jette ses baluchons dans un pays ou l’électricité fait défaut en la majorité de la journée ? Les plans de restructuration annoncés d’année en année ne semblent guère rétablir l’électricité et le dernier en date à savoir le plan « taakal » ressemble plus à un plan « leundeumeul. »
Le simple citoyen ne semble comprendre d’autant plus qu’il a toujours payé ses factures à temps et qu’il entend à tout moment à travers la radio ; les sommes colossales que le secteur énergétique a englouti.
Cette crise n’est pas particulière au Sénégal et bon nombre d’Etats en Afrique Sub-Sahara connaissent le même problème. Au Nigeria par exemple, on estime que l’économie pourrait avoir un boom de 25% si seulement le problème des coupures était réglé. En fait ceci n’est que le reflet des mauvais choix de développement faits depuis les années d’indépendance. Gouverner c’est prévoir et nos états n’ont jamais été des champions en planification. Les centrales électriques, souvent un legs colonial, se caractérisent comme au Sénégal par la vétusté. Sans amortissement aucun, ces centrales obsolètes ne peuvent point satisfaire la demande. Les bénéfices et recettes engendrés à l’image d’autres secteurs comme dans le ferroviaire ne sont pas réinvestis.
En clair c’est parce qu’on a décidé de ne pas appliquer les théories de Cheikhoul Khadim. Car dans sa pensée, ce qui est valable au plan personnel, est aussi valable au plan micro et macro-économique à bien des égards. Par exemple le Lion de Djewol écrit dans Munawirous Soudour vers 127 : « Et partout où tu disposeras de biens licites, contente-toi de la quantité strictement nécessaire et trouve assistance en Dieu. »A bien y méditer ; n’est ce pas Là un principe économique de conservation des biens en prélude du futur ?
C’est d’ailleurs l’application de cet ascétisme financier qui a permis à la communauté mouride de venir en aide à l’AOF lors du contexte difficile de la crise économique de 1929.
Encore une fois le problème de la Senelec pose avec acuité celui de nos choix de développement. On ne peut construire aucun développement durable sans mettre le primat sur la science. Quand le Prophète Mohammad (psl) disait « allez jusqu’en Chine rechercher le savoir » il mettait l’accent sur la nécessite de la recherche scientifique. Du reste, au -delà de la science religieuse ; la science si elle est utile, se devrait d’élucider des voies et moyens permettant de soulager la vie des populations. En conséquence quand Serigne Touba lance le concept de « Djihadou Ilm », l’intérêt se trouve en ce que la recherche scientifique peut et doit permettre de vivre une meilleure existence. Et l’application de cette théorie peut permettre de résoudre beaucoup de nos problèmes énergétiques.
Il est indéniable que la production électrique ne peut se baser que sur une fourniture en pétrole aux lendemains des plus incertains. Des lors il devient nécessaire de se focaliser sur les autres sources d’énergie. Le soleil est en abondance partout et doit pouvoir être utilisé à bon escient. Encore une fois le Coran doit être une source de méditation et de cette méditation découle beaucoup d’enseignements relatifs au concept d’énergie solaire .Le Très –Haut proclame dans la Sourate Younus verset 5 : « C’est Lui qui a fait du soleil une lumière et de la lune une clarté. C'est Lui qui a déterminé les phases de celle-ci, afin que vous puissiez dénombrer les années et calculer la durée du temps. Ce n'est pas sans but sérieux que Dieu a créé tout cela. C'est ainsi qu'Il expose Ses signes pour ceux qui comprennent. » .Ensuite dans Sourate Ibrahima - verset 32-34 il réitère : Allah, c'est Lui qui a crée les cieux et la terre et qui, du ciel, a fait descendre l’eau ; grâce à laquelle il a produit des fruits pour vous nourrir. Il a soumis à votre service les vaisseaux qui, par Son ordre, voguent sur la mer. Et il a soumis à votre service les rivières. Et pour vous, il a assujetti le soleil et la lune à une perpétuelle résolution. Et il vous a assujetti la nuit et le jour. » Quand le Très-Haut et Omniscient parle du « soleil comme source de lumière » ou « de l’assujettissement des rivières » c’est toute la science de l’énergie solaire ou hydraulique qui est en filigrane et y trouve un substratum .En effet comme dans le cas du soleil, on pourrait tirer tellement de nos fleuves et rivières. Pour exemple le barrage de Manhantali, fruit de la coopération entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal fut un projet ambitieux en ce qu’il permet de produire plus de 200 mw .Cependant du fait de la crise sénégalo-mauritanienne, il a fallu attendre jusqu’en 2002 pour voir le Sénégal se connecter.
C’est dire du reste que l’intégration sous –régionale est plus que nécessaire pour résoudre ce problème énergétique. En effet tous les pays de L’Afrique ont presque le même problème qui handicape sérieusement la croissance. Des lors pourquoi pas ne pas penser sérieusement à une intégration efficiente des ressources ? L’idée est d’autant plus plausible quand l’on ne sait rien que le potentiel hydro-électrique des eaux du Congo est suffisant pour couvrir doublement les besoins de consommation énergétique de toute l’Afrique.
L’énergie éolienne est un autre atout qui a un un cout abordable. Son exploitation tous azimuts trouverait son sens surtout dans le monde rurale du Sénégal ou les villages sont souvent éparses ou éloignés et il ne serait pas judicieux de mettre sur pied des projets couteux .l’énergie éolienne peut être la tête de proue du mouvement d’électrification rurale.
En tous les cas un changement de direction est nécessaire dans la politique de l’énergie sinon tout plan visant le « taakal. » nous laissera dans le noir du « leundeumeul. »
Par Serigne khadim Gaydel Lô