Même pour le rat, la peur est mauvaise conseillère. Depuis bien longtemps, elle emprisonne une certaine élite, lâche et paresseuse. Dans les salons à palabres, place forte d’un renoncement péteux, elle épilogue. Pourtant, le moment n’est plus aux verbiages, à l’orthographe d’usage. Dans la brousse Sénégal, l’herbe de la vie est sèche, le vent de l’accaparement est violent. Et tous les jours bleus, les pyrotechniciens de la Vdn, ricanent, chicanent et pavanent leur dynamite infâme. Que fait le bon peuple pendant ce temps ? Il dort sur le matelas douillet des dates célèbres et rêvent : une démocratie apaisée et une paix sociale préservée. Comme dit Goorgi ci Yoff : « Le Sénégal est un pays de paix, Dieu fasse que cela perdure ».
N’ayons pas peur des maux. Ils sont là. Ces goujats changent de nom au gré des déclarations. On les voit gouailler à longueur de colonnes, le verbe haut comme les Mamelles. Ils ont un dénominateur et un détonateur communs. L’ambition de la majorité libérale. Dans le silence et le renoncement, ils veulent tourner un mauvais film sur l’esclavage. Et dans le style ! Nos amis de la galaxie bleue ont décidé de faire dans la téléréalité. C’est décidé : Wade a sa police-contremaître, sa gendarmerie-plantation, l’armée-caravelle et le fouet des marabouts. Le décor ainsi planté, le peuple n’a plus le choix. Il lui faut prendre les fers de la pauvreté et les lanières des contremaîtres. Mais, est-ce toujours nous, « ce dos qui se courbe et se couche sous le poids de l’humidité, ce dos tremblant de zébrures rouges qui dit oui aux fouets sur les routes de midi ? ». Bien mieux que David Diop, trois voix me répondirent. C’étaient celles du monument de la Renaissance africaine.
Une élection faisandée, une CENA truquée, on se doute bien que le tour pouvait ainsi être joué, mais avec la gifle du 22 mars 2009, on n’est jamais trop maquignon. C’est ainsi que sirotant sa honte tranquillement, la majorité nous balance une modification rétrograde et dangereuse du code électoral. L’air cafard et détaché d’un tricheur de file d’attente, les cadors du Pds se camouflent. Ils propulsent au devant de la scène un Abdoulaye Babou, maître de rien. Avec d’autres goums et farfadets de la place politique dakaroise, ils nous disent, en confession de presse, que les journalistes n’ont pas vocation de proclamer les résultats des élections. Bon Dieu, l’ont-ils jamais fait ? Non, bien sûr ! Babou le sait et le tait. C’est le nouveau Ezzan.
Promis forçats, les journalistes ont intérêt à se lever et à se battre. De toutes leurs forces. Ils doivent accepter le bagne ou l’exil forcé, les matraques électriques et les cachots froids des commissariats. Ils doivent opposer aux discours effrontés des libéraux et de leurs alliés un front inexpugnable du refus de l’arbitraire. Ce pays nous appartenant tous, est-il acceptable de laisser une poignée d’hommes, sous le prétexte de la loi, violer toutes les lois et piétiner tous les droits ? C’est notre devoir civique de porter l’information comme on apporte la nourriture. Crinière au vent, la fauve-liberté doit rugir dans ce Sénégal qui s’ensauvage. Passé du statut civilisé d’Etat de droit aux lois iniques de la jungle, notre pays a faim de son passé démocratique récent. N’en déplaise à Serigne Modou Kara. Si nous étions dans un état de droit, Mame Thierno Birahim Mbacké, son frère, serait aujourd’hui en prison.
Le jeu parait donc clair. Les libéraux, peu assurés de remporter la prochaine présidentielle, semblent poser les pièces d’un grand puzzle. Une Cena docile, une presse encerclée, une opposition affaiblie et un peuple abandonné à lui-même. Les scribes de service pourront alors réécrire et diffuser sur Sopi Fm des résultats contrefaits d’un simulacre d’élection. Vous avez du mal à y croire ? Vous auriez, bien sûr, aimé que notre pays, retrouvât, en 2012, le concert des pays de grande démocratie, sans voir, accroché à notre drapeau, quelques vilains grelots ? Nous aussi, peuchère !
Aliou Ndiaye, journaliste
N’ayons pas peur des maux. Ils sont là. Ces goujats changent de nom au gré des déclarations. On les voit gouailler à longueur de colonnes, le verbe haut comme les Mamelles. Ils ont un dénominateur et un détonateur communs. L’ambition de la majorité libérale. Dans le silence et le renoncement, ils veulent tourner un mauvais film sur l’esclavage. Et dans le style ! Nos amis de la galaxie bleue ont décidé de faire dans la téléréalité. C’est décidé : Wade a sa police-contremaître, sa gendarmerie-plantation, l’armée-caravelle et le fouet des marabouts. Le décor ainsi planté, le peuple n’a plus le choix. Il lui faut prendre les fers de la pauvreté et les lanières des contremaîtres. Mais, est-ce toujours nous, « ce dos qui se courbe et se couche sous le poids de l’humidité, ce dos tremblant de zébrures rouges qui dit oui aux fouets sur les routes de midi ? ». Bien mieux que David Diop, trois voix me répondirent. C’étaient celles du monument de la Renaissance africaine.
Une élection faisandée, une CENA truquée, on se doute bien que le tour pouvait ainsi être joué, mais avec la gifle du 22 mars 2009, on n’est jamais trop maquignon. C’est ainsi que sirotant sa honte tranquillement, la majorité nous balance une modification rétrograde et dangereuse du code électoral. L’air cafard et détaché d’un tricheur de file d’attente, les cadors du Pds se camouflent. Ils propulsent au devant de la scène un Abdoulaye Babou, maître de rien. Avec d’autres goums et farfadets de la place politique dakaroise, ils nous disent, en confession de presse, que les journalistes n’ont pas vocation de proclamer les résultats des élections. Bon Dieu, l’ont-ils jamais fait ? Non, bien sûr ! Babou le sait et le tait. C’est le nouveau Ezzan.
Promis forçats, les journalistes ont intérêt à se lever et à se battre. De toutes leurs forces. Ils doivent accepter le bagne ou l’exil forcé, les matraques électriques et les cachots froids des commissariats. Ils doivent opposer aux discours effrontés des libéraux et de leurs alliés un front inexpugnable du refus de l’arbitraire. Ce pays nous appartenant tous, est-il acceptable de laisser une poignée d’hommes, sous le prétexte de la loi, violer toutes les lois et piétiner tous les droits ? C’est notre devoir civique de porter l’information comme on apporte la nourriture. Crinière au vent, la fauve-liberté doit rugir dans ce Sénégal qui s’ensauvage. Passé du statut civilisé d’Etat de droit aux lois iniques de la jungle, notre pays a faim de son passé démocratique récent. N’en déplaise à Serigne Modou Kara. Si nous étions dans un état de droit, Mame Thierno Birahim Mbacké, son frère, serait aujourd’hui en prison.
Le jeu parait donc clair. Les libéraux, peu assurés de remporter la prochaine présidentielle, semblent poser les pièces d’un grand puzzle. Une Cena docile, une presse encerclée, une opposition affaiblie et un peuple abandonné à lui-même. Les scribes de service pourront alors réécrire et diffuser sur Sopi Fm des résultats contrefaits d’un simulacre d’élection. Vous avez du mal à y croire ? Vous auriez, bien sûr, aimé que notre pays, retrouvât, en 2012, le concert des pays de grande démocratie, sans voir, accroché à notre drapeau, quelques vilains grelots ? Nous aussi, peuchère !
Aliou Ndiaye, journaliste