«Pozor!» Honte! Dans un nuage de gaz lacrymogène, des dizaines de manifestants gisent à terre, certains battus à coups de matraque sur la tête par des policiers antiémeute casqués et munis de gilets pare-balles. En réponse, des militants, vraisemblablement anarchistes, attaquent les policiers en se saisissant de barrières métalliques disposées tout le long du cortège ou de morceaux d'asphalte.
C'est sur ce tableau d'une violence inhabituelle à Moscou que s'ouvre le troisième mandat de Vladimir Poutine. À la veille de son investiture officielle, qui sera bénie par le patriarche Kirill, l'opposition organisait dimanche une «marche des millions». La marche n'a certes pas rempli la promesse de son intitulé, mais elle a mobilisé plusieurs dizaines de milliers de personnes, faisant mentir les nombreux commentateurs qui prédisaient un essoufflement fatal du mouvement. Dans le cortège, la plupart sont venus en simples citoyens, sans autre étiquette que leur créativité. Ainsi Alexeï Amelkine, opérateur en télécommunications, enveloppé d'un linceul. «J'incarne la mort de la liberté d'expression. Voici le cadavre de la Constitution, de l'éducation et des élections», énumère-t-il, en désignant ses amis drapés de blanc. «Bien sûr, nous n'avons jamais pensé que nous pourrions vaincre Poutine en quelques mois. Nous sommes revenus lui dire que nous l'avons à l'œil. Il faut maintenir la pression!», lance-t-il.
Contre-manifestation pro-régime
Un peu plus loin, un petit groupe scande «Voronej contre Poutine». À sa tête, Roman Khabarov, ancien policier et leader du mouvement «Pour une ville propre», arrivé à Moscou malgré l'obstruction de la police locale, qui a fouillé tous les bus en partance pour la capitale. «Le pouvoir essaie de faire croire au peuple que seule manifeste une poignée de Moscovites en mal de sensation fortes. C'est un mensonge! Les régions ne sont plus avec Poutine», lance-t-il.
Les organisateurs de la marche, qui n'avaient négocié qu'une autorisation pour 5000 personnes, ont alors cru pouvoir utiliser le nombre en improvisant un sit-in face au quadruple cordon d'hommes posté sur le pont menant au Kremlin. Une «provocation», selon la police, qui a brutalement coupé court et arrêté plusieurs centaines de personnes, parmi lesquelles trois leaders de l'opposition. «Il faut que les Russes voient couler le sang des leurs», s'étrangle, choquée, Alla Lioubovna, une modeste retraitée moscovite. Car l'opposition n'en finit pas de se heurter à ce qu'elle nomme le «blocus de l'information». Tandis que les réseaux sociaux s'indignent, les télévisions fédérales évoquent «la bonne conduite de la police», reprennent le chiffre communiqué par les autorités (8000 manifestants) et se concentrent sur de tout autres images, celles des 50.000 personnes rassemblées sur une autre place moscovite, cette fois pour dire leur allégeance à Poutine.
C'est sur ce tableau d'une violence inhabituelle à Moscou que s'ouvre le troisième mandat de Vladimir Poutine. À la veille de son investiture officielle, qui sera bénie par le patriarche Kirill, l'opposition organisait dimanche une «marche des millions». La marche n'a certes pas rempli la promesse de son intitulé, mais elle a mobilisé plusieurs dizaines de milliers de personnes, faisant mentir les nombreux commentateurs qui prédisaient un essoufflement fatal du mouvement. Dans le cortège, la plupart sont venus en simples citoyens, sans autre étiquette que leur créativité. Ainsi Alexeï Amelkine, opérateur en télécommunications, enveloppé d'un linceul. «J'incarne la mort de la liberté d'expression. Voici le cadavre de la Constitution, de l'éducation et des élections», énumère-t-il, en désignant ses amis drapés de blanc. «Bien sûr, nous n'avons jamais pensé que nous pourrions vaincre Poutine en quelques mois. Nous sommes revenus lui dire que nous l'avons à l'œil. Il faut maintenir la pression!», lance-t-il.
Contre-manifestation pro-régime
Un peu plus loin, un petit groupe scande «Voronej contre Poutine». À sa tête, Roman Khabarov, ancien policier et leader du mouvement «Pour une ville propre», arrivé à Moscou malgré l'obstruction de la police locale, qui a fouillé tous les bus en partance pour la capitale. «Le pouvoir essaie de faire croire au peuple que seule manifeste une poignée de Moscovites en mal de sensation fortes. C'est un mensonge! Les régions ne sont plus avec Poutine», lance-t-il.
Les organisateurs de la marche, qui n'avaient négocié qu'une autorisation pour 5000 personnes, ont alors cru pouvoir utiliser le nombre en improvisant un sit-in face au quadruple cordon d'hommes posté sur le pont menant au Kremlin. Une «provocation», selon la police, qui a brutalement coupé court et arrêté plusieurs centaines de personnes, parmi lesquelles trois leaders de l'opposition. «Il faut que les Russes voient couler le sang des leurs», s'étrangle, choquée, Alla Lioubovna, une modeste retraitée moscovite. Car l'opposition n'en finit pas de se heurter à ce qu'elle nomme le «blocus de l'information». Tandis que les réseaux sociaux s'indignent, les télévisions fédérales évoquent «la bonne conduite de la police», reprennent le chiffre communiqué par les autorités (8000 manifestants) et se concentrent sur de tout autres images, celles des 50.000 personnes rassemblées sur une autre place moscovite, cette fois pour dire leur allégeance à Poutine.