Envoyé spécial à Mexico
Dès huit heures dimanche soir à Mexico, l'écart donné par le premier sondage à la sortie des urnes ne laissait plus aucun doute. Enrique Peña Nieto,le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), remporte l'élection présidentielle avec 37% des voix. Son adversaire du Parti de la révolution démocratique (PRD), Andres Manuel Lopez Obrador, récolte 31% des suffrages. Josefina Vazquez Mota, la candidate du PAN (Parti d'action nationale) est largement distancée à 24%. Après douze ans passés dans l'opposition, le PRI retrouve une présidence qu'il avait occupé pendant soixante-et-onze ans.
Au siège du PRI, les gigantesques tentes ont très vite accueilli les nombreux partisans qui se pressaient sur l'avenue Insurgentes Norte. Le très puissant syndicat des travailleurs du pétrole occupaient les premiers rangs. À quelques centaines de mètres de là, les étudiants du mouvement citoyen #yosoy132 avaient installé des tentes pour recueillir les témoignages de fraudes et analyser les images de Televisa qu'ils accusent d'une extrême partialité en faveur de Enrique Peña Nieto. «Nous avons recueilli un nombre important de dénonciations et ça continue, expliquait Dante Bello Martinez. Mais le plus important et d'obtenir une démocratisation des médias. Peña Nieto a gagné parce qu'il avait payé Televisa pour que cette chaîne en donne une bonne image.»
Cartels, autoritarisme et corruption
Ce résultat est d'abord la conséquence du grave échec de Felipe Calderon dans sa stratégie de lutte contre le crime organisé qui a coûté plus de 60.000 morts et 150.000 déplacé au pays. Plus généralement, les douze ans de pouvoir du PAN ont été une longue série d'échecs et de déceptions pour les Mexicains. C'est aussi le résultat de l'erreur de casting de la gauche, qui a désigné Andres Manuel Lopez Obrador pour candidat, au lieu du très populaire et plus consensuel maire de Mexico, Marcelo Ebrard. C'est enfin la réussite du PRI qui, en choisissant Enrique Peña Nieto, avait fait le pari de changer l'image du parti. Pour beaucoup, son nom reste associé à la compromission avec les cartels de la drogue, l'autoritarisme, la manipulation de la démocratie et la corruption. Si on ne peut écarter l'importance de la fraude lors de ce scrutin, il est difficile d'expliquer l'écart de plus de 6 points entre les deux premiers candidats par la seule manipulation du vote. Dimanche soir, Andres Manuel Lopez Obrador (dit «AMLO») n'avait pas reconnu sa défaite et a dit attendre «que nous ayons tous les résultats… Il faudra revoir bureau par bureau». En 2006 face à Felipe Calderon, AMLO avait déjà contesté le résultat en campant pendant trois mois sur le Zocalo. Mais à l'époque l'écart entre les deux candidats était inférieur à 1%.
Quel sera le pouvoir d'Enrique Peña Nieto? Si on ne connaissait pas encore, dimanche soir, la répartition en siège de l'Assemblée et du Sénat dont les membres étaient désignés le même jour. On peut prévoir que le nouveau président mexicain devra composer avec les gouverneurs qui l'ont choisi et qui, depuis douze ans, ont acquis une grande indépendance. «La pyramide du pouvoir au sein du PRI s'est inversée», expliquait la semaine dernière David Recondo, chercheur à Science Po invité au Colegio de Mexico.
Par Patrick Bèle
Dès huit heures dimanche soir à Mexico, l'écart donné par le premier sondage à la sortie des urnes ne laissait plus aucun doute. Enrique Peña Nieto,le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), remporte l'élection présidentielle avec 37% des voix. Son adversaire du Parti de la révolution démocratique (PRD), Andres Manuel Lopez Obrador, récolte 31% des suffrages. Josefina Vazquez Mota, la candidate du PAN (Parti d'action nationale) est largement distancée à 24%. Après douze ans passés dans l'opposition, le PRI retrouve une présidence qu'il avait occupé pendant soixante-et-onze ans.
Au siège du PRI, les gigantesques tentes ont très vite accueilli les nombreux partisans qui se pressaient sur l'avenue Insurgentes Norte. Le très puissant syndicat des travailleurs du pétrole occupaient les premiers rangs. À quelques centaines de mètres de là, les étudiants du mouvement citoyen #yosoy132 avaient installé des tentes pour recueillir les témoignages de fraudes et analyser les images de Televisa qu'ils accusent d'une extrême partialité en faveur de Enrique Peña Nieto. «Nous avons recueilli un nombre important de dénonciations et ça continue, expliquait Dante Bello Martinez. Mais le plus important et d'obtenir une démocratisation des médias. Peña Nieto a gagné parce qu'il avait payé Televisa pour que cette chaîne en donne une bonne image.»
Cartels, autoritarisme et corruption
Ce résultat est d'abord la conséquence du grave échec de Felipe Calderon dans sa stratégie de lutte contre le crime organisé qui a coûté plus de 60.000 morts et 150.000 déplacé au pays. Plus généralement, les douze ans de pouvoir du PAN ont été une longue série d'échecs et de déceptions pour les Mexicains. C'est aussi le résultat de l'erreur de casting de la gauche, qui a désigné Andres Manuel Lopez Obrador pour candidat, au lieu du très populaire et plus consensuel maire de Mexico, Marcelo Ebrard. C'est enfin la réussite du PRI qui, en choisissant Enrique Peña Nieto, avait fait le pari de changer l'image du parti. Pour beaucoup, son nom reste associé à la compromission avec les cartels de la drogue, l'autoritarisme, la manipulation de la démocratie et la corruption. Si on ne peut écarter l'importance de la fraude lors de ce scrutin, il est difficile d'expliquer l'écart de plus de 6 points entre les deux premiers candidats par la seule manipulation du vote. Dimanche soir, Andres Manuel Lopez Obrador (dit «AMLO») n'avait pas reconnu sa défaite et a dit attendre «que nous ayons tous les résultats… Il faudra revoir bureau par bureau». En 2006 face à Felipe Calderon, AMLO avait déjà contesté le résultat en campant pendant trois mois sur le Zocalo. Mais à l'époque l'écart entre les deux candidats était inférieur à 1%.
Quel sera le pouvoir d'Enrique Peña Nieto? Si on ne connaissait pas encore, dimanche soir, la répartition en siège de l'Assemblée et du Sénat dont les membres étaient désignés le même jour. On peut prévoir que le nouveau président mexicain devra composer avec les gouverneurs qui l'ont choisi et qui, depuis douze ans, ont acquis une grande indépendance. «La pyramide du pouvoir au sein du PRI s'est inversée», expliquait la semaine dernière David Recondo, chercheur à Science Po invité au Colegio de Mexico.
Par Patrick Bèle