Plus les détails s'accumulent, plus le mystère semble s'épaissir dans l'affaire Petraeus. Quel rôle exact a joué le FBI dans la chute du patron de la CIA? Qui était au courant de son adultère avec sa biographe Paula Broadwell avant le scrutin présidentiel du 6 novembre? Pourquoi l'ancien général a-t-il démissionné deux jours après la réélection de Barack Obama alors qu'il avait été interrogé par le FBI deux semaines plus tôt? Pourquoi les plus hautes autorités ont-elles provoqué sa démission après avoir pourtant conclu que cet adultère ne présentait aucune menace à la sécurité nationale?
Les élus du Congrès en charge du renseignement et de la sécurité intérieure, avertis du scandale par la presse, exigent désormais toute la lumière sur ce scandale, qui tourne à l'affaire d'État. LeNew York Timesrappelle qu'en son temps, le fondateur du FBI, J. Edgar Hoover, collectionnait les dossiers sur la vie intime des personnalités politiques. Le Congrès envisage de convoquer l'ancien patron des forces américaines en Irak et en Afghanistan, considéré comme un héros national, au moins pour l'entendre sur l'épisode Benghazi, d'autant qu'il a lui-même enquêté ces dix derniers jours en Libye, selon le journaliste Bob Woodward.
Tout a commencé en mai dernier lorsque Jill Kelley, 37 ans, «agent de liaison sociale» non rémunérée sur la base de Tampa, QG du Central Command américain en Floride, reçoit une demi-douzaine d'e-mails anonymes qu'elle juge «menaçants». Le général Petraeus n'est pas nommé mais l'expéditrice accuse Jill Kelley de comportement «inadéquat» avec son «mec» et inclut des extraits d'e-mails de Petraeus à Jill. Les Kelley sont proches des Petraeus depuis cinq ans. Le patron de la CIA n'aurait pas eu de liaison avec Jill, contrairement à ce que semble croire Paula.
Des documents classés secrets découverts chez sa maîtresse
Jill Kelley avertit un ami, agent local du FBI. Celui-ci alerte sa hiérarchie, qui lance une enquête pour «cyber-harcèlement». Les enquêteurs pensent que le compte mail personnel de David Petraeus a été piraté. Ils finissent par identifier Paula Broadwell comme l'expéditrice. En examinant le compte e-mail de celle-ci, ils tombent sur des échanges salaces avec un partenaire utilisant un pseudonyme. Et finissent par découvrir qu'il s'agit de David Petraeus lui-même…
Les enquêteurs avertissent alors le patron du FBI, Robert S. Mueller, ainsi que le ministre de la Justice, Eric Holder, proche de Barack Obama, vers la fin de l'été. Enquêtant sur un risque pour la sécurité nationale, auraient-ils dû informer les responsables des commissions ad hoc au Congrès? Les avis divergent.
Ils décident en tout cas d'interroger Paula Broadwell en octobre, puis David Petraeus, et de nouveau sa maîtresse le 2 novembre. Tous deux admettent leur aventure amoureuse, désormais terminée. Les enquêteurs concluent qu'il n'y a pas eu de menace pour la sécurité nationale. Toutefois, lors du premier entretien avec Paula, ils ont découvert des documents classés secrets sur son ordinateur… qui proviendraient d'une autre source que Petraeus.
Autre détail potentiellement explosif: Paula Broadwell a déclaré le 26 octobre que l'attaque de Benghazi avait eu lieu parce que la CIA retenait des Libyens prisonniers au consulat. L'agence d'espionnage dément catégoriquement, rappelant le décret d'Obama qui interdit les prisons secrètes à l'étranger.
Le 6 novembre, jour de l'élection, le FBI avertit finalement le directeur du renseignement, James Clapper, qui conseille au patron de la CIA de démissionner. Barack Obama est prévenu le jeudi 8, le scandale explose publiquement le 9. Entre-temps, l'agent du FBI de Tampa avait appelé un des leaders républicains au Congrès, Eric Cantor, fin octobre. Mais celui-ci s'est tu jusqu'au week-end dernier, alors que son parti aurait pu exploiter le scandale avant l'élection.
Par Adèle Smith
Les élus du Congrès en charge du renseignement et de la sécurité intérieure, avertis du scandale par la presse, exigent désormais toute la lumière sur ce scandale, qui tourne à l'affaire d'État. LeNew York Timesrappelle qu'en son temps, le fondateur du FBI, J. Edgar Hoover, collectionnait les dossiers sur la vie intime des personnalités politiques. Le Congrès envisage de convoquer l'ancien patron des forces américaines en Irak et en Afghanistan, considéré comme un héros national, au moins pour l'entendre sur l'épisode Benghazi, d'autant qu'il a lui-même enquêté ces dix derniers jours en Libye, selon le journaliste Bob Woodward.
Tout a commencé en mai dernier lorsque Jill Kelley, 37 ans, «agent de liaison sociale» non rémunérée sur la base de Tampa, QG du Central Command américain en Floride, reçoit une demi-douzaine d'e-mails anonymes qu'elle juge «menaçants». Le général Petraeus n'est pas nommé mais l'expéditrice accuse Jill Kelley de comportement «inadéquat» avec son «mec» et inclut des extraits d'e-mails de Petraeus à Jill. Les Kelley sont proches des Petraeus depuis cinq ans. Le patron de la CIA n'aurait pas eu de liaison avec Jill, contrairement à ce que semble croire Paula.
Des documents classés secrets découverts chez sa maîtresse
Jill Kelley avertit un ami, agent local du FBI. Celui-ci alerte sa hiérarchie, qui lance une enquête pour «cyber-harcèlement». Les enquêteurs pensent que le compte mail personnel de David Petraeus a été piraté. Ils finissent par identifier Paula Broadwell comme l'expéditrice. En examinant le compte e-mail de celle-ci, ils tombent sur des échanges salaces avec un partenaire utilisant un pseudonyme. Et finissent par découvrir qu'il s'agit de David Petraeus lui-même…
Les enquêteurs avertissent alors le patron du FBI, Robert S. Mueller, ainsi que le ministre de la Justice, Eric Holder, proche de Barack Obama, vers la fin de l'été. Enquêtant sur un risque pour la sécurité nationale, auraient-ils dû informer les responsables des commissions ad hoc au Congrès? Les avis divergent.
Ils décident en tout cas d'interroger Paula Broadwell en octobre, puis David Petraeus, et de nouveau sa maîtresse le 2 novembre. Tous deux admettent leur aventure amoureuse, désormais terminée. Les enquêteurs concluent qu'il n'y a pas eu de menace pour la sécurité nationale. Toutefois, lors du premier entretien avec Paula, ils ont découvert des documents classés secrets sur son ordinateur… qui proviendraient d'une autre source que Petraeus.
Autre détail potentiellement explosif: Paula Broadwell a déclaré le 26 octobre que l'attaque de Benghazi avait eu lieu parce que la CIA retenait des Libyens prisonniers au consulat. L'agence d'espionnage dément catégoriquement, rappelant le décret d'Obama qui interdit les prisons secrètes à l'étranger.
Le 6 novembre, jour de l'élection, le FBI avertit finalement le directeur du renseignement, James Clapper, qui conseille au patron de la CIA de démissionner. Barack Obama est prévenu le jeudi 8, le scandale explose publiquement le 9. Entre-temps, l'agent du FBI de Tampa avait appelé un des leaders républicains au Congrès, Eric Cantor, fin octobre. Mais celui-ci s'est tu jusqu'au week-end dernier, alors que son parti aurait pu exploiter le scandale avant l'élection.
Par Adèle Smith