«François me fait totalement confiance, sauf pour mes tweets!» Alors qu'elle faisait cette confidence il y a quelques semaines dans Femme actuelle, Valérie Trierweiler, la compagne du président François Hollande, vient d'en donner une spectaculaire illustration. En soutenant officiellement sur Twitter le candidat dissident Olivier Falorni contre Ségolène Royal aux législatives à la Rochelle, la journaliste a provoqué l'émoi sur la toile, où son tweet a été repris des centaines de fois depuis mardi midi. «Courage à Olivier Falorni qui n'a pas démérité, qui se bat aux côtés des Rochelais depuis tant d'années dans un engagement désintéressé», écrit-elle sur le site de micro-blogging.
Olivier Falorni a découvert le tweet de Valérie Trierweiler à La Rochelle, sur la terrasse de l'Aquarium, qui a une vue plongeante sur le bateau où la patronne du PS, Martine Aubry, et la ministre du Logement et secrétaire générale d'Europe Écologie-Les Verts, Cécile Duflot, venues soutenir Royal, tenaient une conférence de presse mardi matin. Le candidat dissident ne cachait pas sa satisfaction: «Valérie m'a prévenu qu'elle l'avait fait. C'est un beau geste amical, personnel. Ce n'était pas prévu, pas orchestré. Mais ça fait chaud au cœur». «Nous avons noué une relation amicale. Je connais bien François Hollande depuis longtemps. Je suis un de ses proches. Mais le message de Valérie est un message personnel. Son message, il dit tout sur ce qu'elle souhaite dire, poursuit-il. La venue d'Aubry est pathétique, ridicule. Ce n'est pas le France 1 (le bateau sur lequel a eu lieu la conférence de presse, ndlr), c'est le Titanic. Ce soutien est un aveu de faiblesse. Une opération de sauvetage désespérée».
Interrogée par la presse après son déjeuner avec Martine Aubry, Ségolène Royal a déclaré n'avoir «pas de commentaire» à faire sur les encouragements de Valérie Trierweiler à son adversaire. «Je m'occupe des Rochelais, des électeurs de cette circonscription», a-t-elle insisté. La première secrétaire du PS a quant à elle souligné que «la seule qui nous importe, c'est le soutien de François Hollande à Ségolène Royal, il est clair, il est net».
Ce soutien tonitruant de Valérie Trierweiler survient au moment même où la présidente de la région Poitou-Charentes, en difficulté à la Rochelle face à Falorni, mobilise les figures du Parti socialiste et du gouvernement, jusqu'à son ex-compagnon, le président François Hollande. Ce dernier lui a apporté mardi son soutien dans la profession de foi que la candidate a rédigée pour le second tour des législatives. Dans un encadré assorti de la photographie de François Hollande qui figurait sur ses propres affiches de campagne, on peut lire: «Dans cette circonscription de Charente-Maritime, Ségolène Royal est l'unique candidate de la majorité présidentielle qui peut se prévaloir de mon soutien et de mon appui».
Royal ne renoncera pas à la politique en cas de défaite
Un soutien de poids pour la candidate arrivée de peu en tête dimanche avec 32,03% des voix, contre 28,91% pour son adversaire. Celle-ci s'en est d'ailleurs prévalue mardi matin sur BFMTV-RMC, en affirmant que le chef de l'État l'avait «bien évidemment appelée» et qu'il la soutenait, ce qui est «tout à fait normal». «François Hollande a dit très clairement que j'étais l'unique candidate qui pouvait se prévaloir de son soutien et représenter la majorité présidentielle, mais surtout il a fait savoir, ainsi que son premier ministre, qu'on ne pouvait pas se maintenir en candidat dissident surtout en recevant le soutien de l'UMP et des voix sarkozystes, a-t-elle souligné. Ce n'est pas possible de voir les voix du Front national soutenir un candidat dissident uniquement pour me faire barrage». Le PS redoute en effet qu'Olivier Falorni ne soit soutenu par une partie de la droite locale, très hostile à l'ex-candidate à la présidentielle de 2007. Le président UMP du Conseil général de Charente Maritime, Dominique Bussereau, a d'ores et déjà pris parti pour le candidat dissident.
Dimanche soir, le premier ministre Jean-Marc Ayrault avait été l'un des premiers à faire preuve de solidarité avec la candidate, en l'appelant dès l'annonce des résultats du premier tour. De quoi doper à ce moment-là le moral de Ségolène Royal, qui a assuré mardi qu'elle n'arrêterait pas la politique si elle était battue dimanche prochain. «Parce que si ça arrive, ce sera dans un contexte assez malsain ou des voix sarkozystes seront venues pour me faire barrage», a-t-elle précisé. Avant d'assurer, confiante: Mais «ça n'arrivera pas parce que la morale politique, le travail doivent l'emporter».
Olivier Falorni apparaît lui aussi plus déterminé que jamais. Malgré la main tendue de Ségolène Royal et les appels du pied du PS et de François Hollande à se retirer, le dissident a été déposé sa candidature dans la 1ère circonscription de Charente-Maritime dès lundi après-midi à la préfecture. «L'appareil parisien me donne des ordres, mais il oublie simplement qu'il m'a exclu de manière expéditive il y a quelques semaines, a-t-il expliqué mardi matin sur BFMTV. Pour dimanche prochain, je propose une alternative: un élu local implanté sur le territoire contre une candidate parachutée». Si Olivier Falorni était élu dimanche prochain, il se verrait toutefois fermer les portes du groupe PS à l'Assemblée.
Par Marion Brunet
Par Solenn de Royer