Le pas est surtout symbolique et s'inscrit «en cohérence», insiste-t-on à Paris, avec des engagements anciens pris par la communauté internationale pour la reconnaissance d'un État palestinien. Le vote constituera surtout un message de soutien en faveur de Mahmoud Abbas et du Fatah face au Hamas, qui, à Gaza, prétend incarner seul la résistance palestinienne. Un ambassadeur arabe prévient: «Sans un vote favorable à l'ONU, ce serait la fin du président de l'Autorité palestinienne.» Ce dernier sera d'ailleurs présent à New York afin de «capitaliser» au mieux sur cette démarche qu'il a voulu mener en dépit de pressions multiples, notamment européennes, pour qu'il l'abandonne ou la repousse. Priorité à une reprise rapide du processus de paix, fait-on valoir à Paris comme à Londres.
Les États-Unis et Israël ont, jusqu'à la veille du vote, fait valoir leur opposition catégorique à cette initiative et évoqué des représailles. Pour sa part, le département d'État américain a indiqué lundi que si la résolution passait, il ne faudrait pas «compter sur une réponse favorable du Congrès» sur le déblocage de 200 millions de dollars d'aide promis par Washington. Au printemps dernier, Hillary Clinton avait assuré qu'elle passerait outre l'opposition du Congrès pour permettre une reprise de l'aide budgétaire à l'Autorité palestinienne. Des engagements restés lettre morte: de 300 millions de dollars en 2008, l'aide américaine aux Palestiniens a progressivement décru jusqu'à atteindre une somme nulle en 2012. Difficile, dans ces conditions, de parler de sanctions…
Le vote à l'ONU met les Européens face à leurs divisions. Laurent Fabius l'a concédé mercredi: «Il n'a pas été possible d'obtenir une position commune. Le seul point qui aurait pu être atteint aurait été l'abstention.» Telle était la proposition initiale de Catherine Ashton. Mais les pays favorables à un vote positif (Irlande, Finlande, Malte, Luxembourg, Autriche, Espagne, Danemark et finalement la France) n'ont pas voulu se rabattre sur un compromis en demi-teinte.
Déficit budgétaire
Pour l'Allemagne, la République tchèque et les Pays-Bas, il n'était pas question de déroger au «non». La Grande-Bretagne, elle, hésitait encore mercredi entre l'abstention et le «oui». À Londres, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a mis en avant deux conditions: un retour rapide aux négociations et le non-recours à la Cour pénale internationale (CPI) par les Palestiniens pour poursuivre Israël. Deux «lignes rouges» assez improbables: le processus de paix, on le sait, ne se décrète pas et, selon les juristes, rien ne saurait empêcher un État observateur de se tourner vers la CPI s'il le souhaite. La France, qui avait les mêmes préoccupations, a dû l'admettre.
Les divergences européennes n'affecteront toutefois pas l'aide de l'UE (325 millions de dollars), soit presque la moitié de l'aide budgétaire totale dont bénéficie l'Autorité palestinienne (700 millions en 2012). Avec un déficit budgétaire de 1,3 milliard de dollars, «ni la viabilité politique, ni surtout la viabilité économique et sociale ne sont garanties», souligne le diplomate Pierre Duquesne dans la revue Mondes: «Palestine, l'État sans l'État». Forte d'un statut rehaussé à l'ONU (et d'une croissance non négligeable de 5 % cette année), l'Autorité palestinienne n'en demeure pas moins dans une situation dramatiquement préoccupante.
LIRE AUSSI:
» La France soutient les Palestiniens à l'ONU
Par Alain Barluet
Par Service infographie du Figaro
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Le vote à l'ONU met les Européens face à leurs divisions. Laurent Fabius l'a concédé mercredi: «Il n'a pas été possible d'obtenir une position commune. Le seul point qui aurait pu être atteint aurait été l'abstention.» Telle était la proposition initiale de Catherine Ashton. Mais les pays favorables à un vote positif (Irlande, Finlande, Malte, Luxembourg, Autriche, Espagne, Danemark et finalement la France) n'ont pas voulu se rabattre sur un compromis en demi-teinte.
Déficit budgétaire
Pour l'Allemagne, la République tchèque et les Pays-Bas, il n'était pas question de déroger au «non». La Grande-Bretagne, elle, hésitait encore mercredi entre l'abstention et le «oui». À Londres, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a mis en avant deux conditions: un retour rapide aux négociations et le non-recours à la Cour pénale internationale (CPI) par les Palestiniens pour poursuivre Israël. Deux «lignes rouges» assez improbables: le processus de paix, on le sait, ne se décrète pas et, selon les juristes, rien ne saurait empêcher un État observateur de se tourner vers la CPI s'il le souhaite. La France, qui avait les mêmes préoccupations, a dû l'admettre.
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