Mais pas seulement. Nous avons vu une solidarité intergénérationnelle ce jeudi : si les jeunes étaient au front, la génération des Porteurs de pancartes était à portée d’asile et de conseil à la Résidence Marième Balla Kandji. Les anciens de la Place Protêt, la baronne Pénéré, Ousmane Sène Blay, Ousmane Diagne notamment, ont eux-aussi occupé dès les premières heures la ligne de front pour accompagner la génération de la Place Soweto. Ailleurs, sur les autres fronts du refus de la loi scélérate, d’autres anciens, embourgeoisés, ont discrètement transmis le flambeau générationnel.
Ils ne sont pas les seuls à avoir fait preuve de tact. Ayant pris l’exacte mesure de la colère populaire et de l’exaspération des manifestants, les autorités, y compris celle du ministère de l’Intérieur, ont fait preuve de tact et de professionnalisme. Il y a cependant une certaine hypocrisie et une pratique du double discours consistant à organiser l’expression de la manifestation populaire tout en empêchant dans le même temps les manifestants de rejoindre la Place Soweto. J’en ai été le témoin.
On note également l’inconséquence et l’infantilisme de politiciens adeptes de tartarinades tarasconnaises et d’agressions, du reste toujours impunies, sur les journalistes et les activistes des Droits de l’Homme. Cela a été le cas, ce jeudi toujours, avec la l’agression d’Alioune Tine et d’Oumar Diallo de la Rencontre Africaine des Droits de l’Homme (RADDHO). Après les attentats restés impunis contre les sièges de journaux, contre les journalistes, les adversaires politiques, et tous ceux qui ne souscrivent pas bêtement à la pensée unique. C’est en réalité un lourd fardeau pour le chef du PDS au pouvoir, pour la Nation et pour la République. Un vrai nattu.
Face à la violence légale de l’Etat, incarnée par des forces de l’ordre dont on a vu avec le rappeur Simon qu’elles organisent des expéditions punitives pour délit d’opinion, une autre force non légale cohabite sur le champ public et politique. Ce sont les bodygards des leaders politiques, de véritables armoires à glace, qui dans le cas d’Alioune Tine et d’Oumar Diallo les auraient préservés de la bêtise et de la méchanceté de demeurés et de suppôts inconscients de la violence. Cette violence gratuite et cette impunité font le lit de la milice privée lorsque l’impartialité et l’égalité devant la loi ne sont pas garanties.
Les manifs de ce jeudi ont montré, dans la diversité des couches sociales debout à la Place Soweto, l’unité devant la tentative maladroite d’outrepasser le mandat donné et de corrompre, par la ruse, l’attachement indéfectible du peuple sénégalais à ses valeurs communément admises et reconnues. Devant l’Assemblée nationale, manifestaient main dans la main, côte à côte, la bourgeoisie, les classes ouvrières, les employés de bureau, les universitaires, les étudiants, les élèves, les femmes au foyer, les analphabètes en français, les illettrés, les chômeurs bien entendu, les professions libérales, les marchands ambulants, les élus, les activistes des droits de l’Homme, les jeunes et les femmes en majorité écrasante et……les policiers en civil. D’habitude séparés par le niveau de vie, le rejet de la proposition de loi instituant la réélection de Me Wade au premier tour et son remplacement par son fils, a non seulement mis le feu aux poudres mais réussi à les rassembler.
Si le peuple sénégalais a réussi à faire abdiquer la toute-puissance de Me Wade, la chambre des députés aura fort à faire pour redorer son blason auprès des Sénégalais. Qu’a-t-on constaté ce jeudi ? Une rupture plus que consommée entre les populations et leurs mandants, entre les députés et les populations qui les ont élus, et à travers eux, les parlementaires de la seconde chambre. Une rupture fondée sur la trahison et le dévoiement de la mission à eux confiée par ceux dont ils sont censés être la voix. La honte, les huées, la défiance, les quolibets et la désacralisation ont été le triste lot des « dépités » du peuple. Pas de tous heureusement, car il y a eu des députés de la majorité présidentielle qui ont exprimé leur rejet de la loi et de ses sous-bassement monarchiques. Ils ont été en phase avec le peuple, avec la raison et le bons sens. Il n’empêche : les manifestants les ont tous confondus dans leur colère contre le régime et son Maître. A l’exception de Mously Diakhaté (Jef Jël), de Me El Hadj Diouf (PTS) et de Cheikh Bamba Dièye, député-maire de Saint-Louis portés en triomphe comme les généraux romains à leur sortie, tous ont prudemment guetté à l’abri le départ des manifestants avant de faire du yoxosu à bord de taxis jaune-noir déglingués. Ils n’ont même pas attendu que passent les taxis iraniens neufs, démarchés par Me Wade du temps de sa sulfureuse amitié avec le non moins sulfureux dirigeant iranien Ahmadinejad, qui refilait dans le même temps à notre rébellion casamançaise des armes pour tuer nos vaillants Jambaars.
L’expression de la vox populi étant irrépressible et l’éveil des populations incontestable, le pouvoir ne pouvait que prendre le train en marche et organiser cette expression au risque de se voir imposer l’aggravation de la colère populaire et de conséquences autrement plus gratinées qu’une simple révolte contre une loi. Il ne l’a pas fait de bon cœur, mais il a accepté les conditions qui lui étaient dictées et tenté de tirer son épingle du jeu en gardant l’initiative. Pour ce faire, le pouvoir a choisi de subir l’option du compromis dynamique : manifestez, cassez, donnez-vous en à cœur joie, défoulez-vous, mais dès que le sifflet sonne, la récréation est terminée, tout le monde retourne en classe, circulez, il n’y a plus rien à voir. Effectivement, dès que les Sénégalais ont eu la satisfaction d’avoir été entendus, ils sont tranquillement retournés chez eux.
D’où l’erreur, à notre avis, d’avoir empêché les jeunes, bloqués au rond-point du marché Sandaga et ailleurs, d’accéder librement à la Place Soweto. Peut-être était-ce un calcul de la police, une évaluation du risque de débordement et de passage d’une révolte démocratique à un déchoukage du Maître. Mais voyons, les Sénégalais sont des veaux et les leaders de l’opposition sénégalaise sont des « poltrons » ! Une autre erreur a consisté à proposer au peuple sénégalais, par des libéraux aveuglés par les sirènes du pouvoir, un marchandage de bazar turc au sujet du quart bloquant. Vraiment du grand n’importe quoi ! Un marchandage qui a laissé les gens de marbre. Au contraire, cette stratégie boiteuse a poussé les manifestants à aller au-delà de leur exigence péremptoire de retrait du projet de loi instituant une réélection de Me Wade et son remplacement dynastique.
Les manifestants de tous bords ont admis qu’en définitive, leur combat doit aller jusqu’au départ ou la démission de Wade, même s’ils ne disent pas exactement comment ils comptent le faire partir, le président de la République étant élu jusqu’en février 2012. Avec la déchirure entre les députés et le peuple sénégalais, la défiance contre Wade, la déconfiture et la dégringolade qui affectent sa popularité d’antan s’accentue. Il ne fait plus recette sauf lorsqu’il paye les figurants. C’est la descente aux enfers. Il perd la main avec « son » peuple. Thiat mo gaaw ! Comme il est un joueur de poker, attendons de voir quelle astuce il va tirer de sa manchette.
Le peuple sénégalais en encore fait montre de sa maturité, de son sens de la responsabilité dans la liberté, de sa détermination sans peur ni reproche, de son respect pour les institutions, de son mépris pour ceux incarnent mal les institutions de son pays. Dans ce vocable peuple sénégalais, il nous faut différencier la frange de sa jeunesse, qui s’est particulièrement distinguée ce jeudi à la Place Soweto et ailleurs par son comportement patriotique et admirable aux côtés des Mamas sénégalaises qui déjà rompues au combat, à la recherche de la dépense quotidienne. Le décalage était presque palpable entre les vieux shnocks, les ploucs et les vieilles rombières qui nous mal gouvernent, qui nous dédaignent, bafouent notre drapeau national et nos valeurs, corrompent notre sénégalité et nos vertus, et n’ont que mépris et dédain pour nous.
Mais en toute chose, sachons garder la nuance et la distance : tout n’est pas pourri au royaume du PDS où il y a d’excellentes personnes qui ne sont pas plus mal ni moins bien que les gens de Benno et le reste des Sénégalais. Soyons justes. Je me garderai cependant de les citer nommément, au risque de les voir exposées en victimes expiatoires de la vindicte de leurs camarades « faucons » même pas Maltais.
Dié Maty FALL
Ils ne sont pas les seuls à avoir fait preuve de tact. Ayant pris l’exacte mesure de la colère populaire et de l’exaspération des manifestants, les autorités, y compris celle du ministère de l’Intérieur, ont fait preuve de tact et de professionnalisme. Il y a cependant une certaine hypocrisie et une pratique du double discours consistant à organiser l’expression de la manifestation populaire tout en empêchant dans le même temps les manifestants de rejoindre la Place Soweto. J’en ai été le témoin.
On note également l’inconséquence et l’infantilisme de politiciens adeptes de tartarinades tarasconnaises et d’agressions, du reste toujours impunies, sur les journalistes et les activistes des Droits de l’Homme. Cela a été le cas, ce jeudi toujours, avec la l’agression d’Alioune Tine et d’Oumar Diallo de la Rencontre Africaine des Droits de l’Homme (RADDHO). Après les attentats restés impunis contre les sièges de journaux, contre les journalistes, les adversaires politiques, et tous ceux qui ne souscrivent pas bêtement à la pensée unique. C’est en réalité un lourd fardeau pour le chef du PDS au pouvoir, pour la Nation et pour la République. Un vrai nattu.
Face à la violence légale de l’Etat, incarnée par des forces de l’ordre dont on a vu avec le rappeur Simon qu’elles organisent des expéditions punitives pour délit d’opinion, une autre force non légale cohabite sur le champ public et politique. Ce sont les bodygards des leaders politiques, de véritables armoires à glace, qui dans le cas d’Alioune Tine et d’Oumar Diallo les auraient préservés de la bêtise et de la méchanceté de demeurés et de suppôts inconscients de la violence. Cette violence gratuite et cette impunité font le lit de la milice privée lorsque l’impartialité et l’égalité devant la loi ne sont pas garanties.
Les manifs de ce jeudi ont montré, dans la diversité des couches sociales debout à la Place Soweto, l’unité devant la tentative maladroite d’outrepasser le mandat donné et de corrompre, par la ruse, l’attachement indéfectible du peuple sénégalais à ses valeurs communément admises et reconnues. Devant l’Assemblée nationale, manifestaient main dans la main, côte à côte, la bourgeoisie, les classes ouvrières, les employés de bureau, les universitaires, les étudiants, les élèves, les femmes au foyer, les analphabètes en français, les illettrés, les chômeurs bien entendu, les professions libérales, les marchands ambulants, les élus, les activistes des droits de l’Homme, les jeunes et les femmes en majorité écrasante et……les policiers en civil. D’habitude séparés par le niveau de vie, le rejet de la proposition de loi instituant la réélection de Me Wade au premier tour et son remplacement par son fils, a non seulement mis le feu aux poudres mais réussi à les rassembler.
Si le peuple sénégalais a réussi à faire abdiquer la toute-puissance de Me Wade, la chambre des députés aura fort à faire pour redorer son blason auprès des Sénégalais. Qu’a-t-on constaté ce jeudi ? Une rupture plus que consommée entre les populations et leurs mandants, entre les députés et les populations qui les ont élus, et à travers eux, les parlementaires de la seconde chambre. Une rupture fondée sur la trahison et le dévoiement de la mission à eux confiée par ceux dont ils sont censés être la voix. La honte, les huées, la défiance, les quolibets et la désacralisation ont été le triste lot des « dépités » du peuple. Pas de tous heureusement, car il y a eu des députés de la majorité présidentielle qui ont exprimé leur rejet de la loi et de ses sous-bassement monarchiques. Ils ont été en phase avec le peuple, avec la raison et le bons sens. Il n’empêche : les manifestants les ont tous confondus dans leur colère contre le régime et son Maître. A l’exception de Mously Diakhaté (Jef Jël), de Me El Hadj Diouf (PTS) et de Cheikh Bamba Dièye, député-maire de Saint-Louis portés en triomphe comme les généraux romains à leur sortie, tous ont prudemment guetté à l’abri le départ des manifestants avant de faire du yoxosu à bord de taxis jaune-noir déglingués. Ils n’ont même pas attendu que passent les taxis iraniens neufs, démarchés par Me Wade du temps de sa sulfureuse amitié avec le non moins sulfureux dirigeant iranien Ahmadinejad, qui refilait dans le même temps à notre rébellion casamançaise des armes pour tuer nos vaillants Jambaars.
L’expression de la vox populi étant irrépressible et l’éveil des populations incontestable, le pouvoir ne pouvait que prendre le train en marche et organiser cette expression au risque de se voir imposer l’aggravation de la colère populaire et de conséquences autrement plus gratinées qu’une simple révolte contre une loi. Il ne l’a pas fait de bon cœur, mais il a accepté les conditions qui lui étaient dictées et tenté de tirer son épingle du jeu en gardant l’initiative. Pour ce faire, le pouvoir a choisi de subir l’option du compromis dynamique : manifestez, cassez, donnez-vous en à cœur joie, défoulez-vous, mais dès que le sifflet sonne, la récréation est terminée, tout le monde retourne en classe, circulez, il n’y a plus rien à voir. Effectivement, dès que les Sénégalais ont eu la satisfaction d’avoir été entendus, ils sont tranquillement retournés chez eux.
D’où l’erreur, à notre avis, d’avoir empêché les jeunes, bloqués au rond-point du marché Sandaga et ailleurs, d’accéder librement à la Place Soweto. Peut-être était-ce un calcul de la police, une évaluation du risque de débordement et de passage d’une révolte démocratique à un déchoukage du Maître. Mais voyons, les Sénégalais sont des veaux et les leaders de l’opposition sénégalaise sont des « poltrons » ! Une autre erreur a consisté à proposer au peuple sénégalais, par des libéraux aveuglés par les sirènes du pouvoir, un marchandage de bazar turc au sujet du quart bloquant. Vraiment du grand n’importe quoi ! Un marchandage qui a laissé les gens de marbre. Au contraire, cette stratégie boiteuse a poussé les manifestants à aller au-delà de leur exigence péremptoire de retrait du projet de loi instituant une réélection de Me Wade et son remplacement dynastique.
Les manifestants de tous bords ont admis qu’en définitive, leur combat doit aller jusqu’au départ ou la démission de Wade, même s’ils ne disent pas exactement comment ils comptent le faire partir, le président de la République étant élu jusqu’en février 2012. Avec la déchirure entre les députés et le peuple sénégalais, la défiance contre Wade, la déconfiture et la dégringolade qui affectent sa popularité d’antan s’accentue. Il ne fait plus recette sauf lorsqu’il paye les figurants. C’est la descente aux enfers. Il perd la main avec « son » peuple. Thiat mo gaaw ! Comme il est un joueur de poker, attendons de voir quelle astuce il va tirer de sa manchette.
Le peuple sénégalais en encore fait montre de sa maturité, de son sens de la responsabilité dans la liberté, de sa détermination sans peur ni reproche, de son respect pour les institutions, de son mépris pour ceux incarnent mal les institutions de son pays. Dans ce vocable peuple sénégalais, il nous faut différencier la frange de sa jeunesse, qui s’est particulièrement distinguée ce jeudi à la Place Soweto et ailleurs par son comportement patriotique et admirable aux côtés des Mamas sénégalaises qui déjà rompues au combat, à la recherche de la dépense quotidienne. Le décalage était presque palpable entre les vieux shnocks, les ploucs et les vieilles rombières qui nous mal gouvernent, qui nous dédaignent, bafouent notre drapeau national et nos valeurs, corrompent notre sénégalité et nos vertus, et n’ont que mépris et dédain pour nous.
Mais en toute chose, sachons garder la nuance et la distance : tout n’est pas pourri au royaume du PDS où il y a d’excellentes personnes qui ne sont pas plus mal ni moins bien que les gens de Benno et le reste des Sénégalais. Soyons justes. Je me garderai cependant de les citer nommément, au risque de les voir exposées en victimes expiatoires de la vindicte de leurs camarades « faucons » même pas Maltais.
Dié Maty FALL