Dans le domaine de l'art plus qu'ailleurs, quand on aime, on ne compte pas.
Les collectionneurs et autres milliardaires sont prêts à dépenser des sommes
astronomiques pour obtenir la toile qui décorera parfaitement leur luxueuse
résidence. Retour sur les ventes de tableaux les plus impressionnantes jamais
réalisées.
1. « Salvator Mundi » de Leonard de Vinci (450 millions de dollars)
À œuvre exceptionnelle, parcours exceptionnel. Avant d’être vendue pour une
somme mirobolante, cette œuvre n’a cessé de voir sa paternité remise en question.
Commandée autour des années 1500 par le roi Louis XII à l’artiste italien, ce Christ
sauveur traverse ensuite la Manche en 1625, dans les bagages de Henriette Marie,
sœur de Louis XIII et épouse du roi d’Angleterre Charles Ier. On en perdra la trace
pendant plusieurs décennies, jusqu'à ce qu'un collectionneur britannique l'acquiert
en 1900.
À cette époque, des experts comme le critique d'art Tancred Borenius l'attribuent
à Giovanni Boltraffio, un élève de Leonard de Vinci. Il faudra attendre 2011 pour
que deux collectionneurs américains ne restaurent la toile et révèlent au monde la
véritable identité de son auteur. Dès lors, le tableau, jadis vendu à 500 euros, verra
sa valeur monter en flèche, notamment lors d'une vente aux enchères chez Christie's
en 2017. De 70 millions, mise de départ, il grimpera à 450 millions, en seulement 19
minutes. L'identité de l'acheteur n'a pas été révélée, mais selon Le New York Times,
il s'agirait de Mohammed Ben Salman, le prince héritier d’Arabie Saoudite.
2. « Interchange » de Willem de Kooning (300 millions de dollars)
Originaire de Rotterdam, l’artiste néerlandais a forgé sa réputation à New York, dans
les années 30. Il devient l’un des représentants majeurs de l’expressionnisme abstrait
ou de l’action painting - autre terme utilisé pour définir ce mouvement - après la
Seconde Guerre mondiale. Si la série Women ou le tableau Excavation marquent des
points culminants de sa carrière, c’est une autre œuvre qui lui vaudra d’affoler les
marchés : Interchange réalisé en 1955. Ken Griffin, le milliardaire et gérant du hedge
fund Citadel LLC, l’acquiert en 2016, dans le cadre d’une vente privée avec la
fondation David Geffen.
3. « Quand te maries-tu ? » de Paul Gauguin (300 millions de dollars)
C’est en 1892, au cours de son premier voyage à Tahiti, que Gauguin réalise cette
œuvre phare : Nafea Faa Ipoipo (Quand te maries-tu ? en français). Le peintre y
cherchait un havre d’exotisme, mais découvre à son arrivée une terre colonisée et
européanisée. Qu’importe, ses œuvres reflètent cette culture qu’il a tant fantasmée,
entre paysages paradisiaques et autochtones en tenue traditionnelle. Peu au goût des
amateurs d’art de l’époque, l’œuvre sera vendue sept francs à la mort de l’artiste,
mais verra sa cote grimper. La fondation de la famille Rudolf Staechelin l’aurait
cédée pour 300 millions de dollars à un Qatari en 2015.
4. « Les Joueurs de cartes » de Paul Cézanne (250 millions de dollars)
Alors qu’il peine à obtenir la reconnaissance souhaitée, Paul Cézanne pose son Laisser couler le pinceau ou asperger la toile… Les techniques dripping/pouring de Jackson Pollock sont aussi célèbres que ses peintures. Si les méthodes peu conventionnelles de l’artiste ont été vivement critiquées à son époque, elles lui vaudront aussi l’admiration de ses collègues et autres collectionneurs. Grand amateur d'art abstrait, le milliardaire Ken Griffin a acheté cette œuvre en 2016 pour 200 millions de dollars, en même temps qu’Interchange de Willem de Kooning. Des rectangles monochromes, des contours flous, des couleurs intenses… Les toiles réalisées par Mark Rothko, dans les années 50, se distinguent entre toutes par leur jeu de cadres et de teintes. Le travail de l’Américain, traversé par des élans mystiques et des questionnements existentiels, s’arrache aujourd’hui chez les afficionados d'art. Ainsi la peinture No.6 a été vendue en 2014 pour 186 millions de dollars par le marchand d’art Yves Bouvierau milliardaire russe Dmitry Rybolovlev. Mais le tableau s’est retrouvé au cœur d’une bataille judiciaire entre les deux hommes, l’oligarque accusant le businessman suisse de l’avoir escroqué en surévaluant les œuvres vendues. © Albert Nieboer / DPA © PHILIPPE LOPEZ / AFP © Dan Kitwood/Getty Images
regard sur un tableau des frères Le Nain qui ne cessera, dès lors, de l’obséder. Inspiré
par cette vision, il réalise, entre 1890 et 1896, pas moins de cinq versions de ses
« joueurs de cartes ». Si quatre toiles de cette série sont aujourd’hui détenues par des
institutions privées - le Musée d’Orsay, la Fondation Courtauld de Londres, le
Metropolitan Museum de New York et la Fondation Barnes -, la cinquième a suivi un
tout autre parcours. Selon l’édition américaine de Vanity Fair, elle a été achetée en
2011 par la famille royale du Qatar aux héritiers de l'armateur grec
George Embiricos pour 250 millions de dollars.
5. « NUMBER 17A » DE JACKSON POLLOCK (200 MILLIONS DE DOLLARS)
6. « NO. 6 (VIOLET, GREEN AND RED) » DE MARK ROTHKO (186 MILLIONS DE DOLLARS)
7. LES PORTRAITS DE MAERTEN SOOLMANS ET D'OOPJEN COPPIT DE REMBRANDT ( 180 MILLIONS DE DOLLARS)
8. « LES FEMMES D’ALGER (“VERSION O”) » DE PABLO PICASSO (179.4 MILLIONS)
9. « NU COUCHÉ » DE MODIGLIANI (170,4 MILLIONS DE DOLLARS)
10. « MASTERPIECE » DE ROY LICHTENSTEIN (165 MILLIONS DE DOLLARS)
Vanity Fair France