A lire leurs noms sur la pochette du disque République Amazone (1), on comprend pourquoi le mot supergroupe n’est pas abusif pour les qualifier. La Malienne Mariam Doumbia, du duo Amadou et Mariam ; la Béninoise Angélique Kidjo, mondialement connue et ambassadrice de l’Unicef ; la « griotte » Kandia Kouyaté, surnommée « la Dangereuse », tant sa voix envoûte le public ; la « rose de Bamako » Rokia Koné ; la Nigériane Nneka, entre hip-hop et soul ; des solistes comme la Malienne Mamani Keita, et des choristes comme la Gabonaise Pamela Badjogo ou la Malienne Mariam Koné ; des musiciennes dont à la batterie, la Malienne Mouneissa Tandina…
Tout ce que l’Afrique de l’Ouest compte de divas s’est réuni dans le collectif les Amazones d’Afrique. Leur son est à l’image de ces femmes puissantes, dans l’énergie virtuose de voix inspirées, dans le rythme d’un afrobeat nourri de tradition mandingue, d’influences blues et soutenu par des percussions funky.
Une musique dansante et combative
Enregistrée entre Bamako et Paris, produit par Liam Farrell, alias Doctor L, une musique dansante et combative, à l’image de ces guerrières du Dahomey qui ont donné naissance au mythe des Amazones. « Nous ne sommes pas en guerre contre quiconque, certainement pas contre les hommes, nuance, depuis Bamako, Mariam Koné. L’album veut avant tout montrer que la femme est un être libre, et qu’il doit s’épanouir dans nos sociétés. Il s’agit de vivre ! »
Vivre en réaffirmant les droits des femmes, y compris les plus fondamentaux. « Montrer à travers notre art, la musique, que la femme est un être humain. Certains en Afrique, ceux qui violent, qui tuent, ne considèrent même pas la femme comme un être humain », s’insurge Mariam Koné.
Pour dénoncer inlassablement cette barbarie, les Amazones ont choisi de soutenir l’action du docteur Denis Mukwege, le chirurgien gynécologue connu pour les soins qu’il apporte depuis 1999 aux victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo.
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Elles reverseront à sa Fondation Panzi tous les bénéfices de leur tube, I Play the Kora.
I Play the Kora, interprété collectivement par les Amazones d’Afrique – avec Madina N’Diaye à la kora –, est plus que le single de leur album. Car s’approprier la kora, cette harpe d’Afrique de l’Ouest que la tradition réservait aux hommes, et mêler les sonorités de ses cordes à de belles voix de femmes, symbolisent leur projet.
« Nous voulons que le monde entier soit à l’écoute, résume Mariam Doumbia. Nous sommes écœurées de voir les femmes souffrir de la violence. Dans le cercle familial, dans les zones de conflit, nous voulons que ces pratiques cessent. »
En tournée ce mois-ci, de Martinique en Pologne (2), les Amazones montreront leur vision conquérante du rôle de la femme. Contribuant à accompagner les progrès qu’elles constatent aussi sur le terrain, dans leurs pays. Car, se réjouit Mariam Koné, « dans le domaine artistique, de l’entreprise, des associations, on voit aujourd’hui des femmes africaines en action ».
source:la-croix