Un responsable du département d’État a confié vendredi à l’AFP que ce resserrement des contrôles était en vigueur depuis le 25 mai et s’appliquait à tout demandeur de visa pour lequel un agent consulaire jugerait avoir besoin d’informations sur les comptes qu’il possède sur des réseaux sociaux.
Il a toutefois estimé que seul «1% des plus de 13 millions de demandeurs annuels de visas dans le monde entier» pour les États-Unis serait affecté par ces nouvelles règles.
«Le département d’État a commencé à collecter des informations supplémentaires pour les demandeurs de visas du monde entier quand un officier consulaire estime qu’une telle information est nécessaire pour confirmer une identité», a expliqué ce cadre du ministère des Affaires étrangères.
Dans ce cas de figure, «des demandeurs de visas devront fournir des informations supplémentaires, notamment leurs comptes sur les réseaux sociaux, les numéros de leurs anciens passeports, des informations supplémentaires sur les membres de leur famille et un historique plus long de leurs voyages, emplois et contacts», a-t-il détaillé.
Ces nouvelles procédures, sur lesquelles le département d’État n’a pas officiellement communiqué, découlent d’un «mémorandum du président (américain Donald Trump) datant du 6 mars 2017 sur le renforcement des contrôles pour les demandes de visas», a expliqué le responsable.
Un formulaire du ministère – intitulé «DS-5535- Questions supplémentaires pour les demandeurs de visa» et facilement téléchargeable – contient effectivement plusieurs sections supplémentaires, notamment la nécessité de fournir les noms et les comptes de réseaux sociaux éventuellement utilisés.
Risque de discrimination ?
Aucune marque de plateformes d’échange et de partage de contenus – comme Twitter,Facebook ou Instagram – n’est cependant mentionnée dans ce formulaire.
Interrogé sur les risques de discrimination, le cadre du département d’État a tenu à souligner «qu’en vertu de la législation des États-Unis, il n’y a aucune inéligibilité de visa fondée sur la race, la religion, l’ethnie, l’origine nationale, les opinions politiques, le genre ou l’orientation sexuelle».
Ces procédures plus strictes s’inscrivent dans le cadre d’une politique migratoire et de visas que l’administration Trump entend durcir.
Ainsi l’exécutif américain a saisi jeudi soir la Cour suprême afin qu’elle rétablisse son décret migratoire, dénoncé par ses détracteurs comme «anti-musulman» et suspendu depuis fin mai par la justice.
Tout juste investi le 20 janvier, le président Trump avait pris un décret interdisant l’entrée aux États-Unis de réfugiés syriens pour une durée illimitée, de tous les réfugiés d’autres pays pour 120 jours et les ressortissants de sept pays à majorité musulmane (Iran, Irak, Libye, Somalie, Syrie, Soudan et Yémen) pour 90 jours.
Mais ce premier décret, qui avait soulevé un tollé aux États-Unis et dans le monde, avait été rapidement suspendu par plusieurs juges américains.
L’administration Trump avait alors présenté en mars une seconde mouture du décret: l’Irak avait disparu de la liste et l’interdiction permanente des réfugiés syriens avait été supprimée.
Ce deuxième décret avait aussi été suspendu par deux juges fédéraux, dans le Maryland et à Hawaï, entraînant la saisie de deux cours d’appel, dont celle de Virginie, laquelle a confirmé le 25 mai sa suspension.
En outre, le président républicain, élu sur le slogan protectionniste et nationaliste «l’Amérique d’abord», a signé mi-avril un décret, qui vise à réformer l’attribution des visas H-1B très prisés des entreprises technologiques de la Silicon Valley, notamment pour embaucher des scientifiques, ingénieurs et programmateurs informatiques indiens.
Enfin, des républicains majoritaires au Congrès avaient renouvelé début mai les critiques contre le programme d’exemptions de visas dont bénéficient nombre de pays européens, dont la France, inquiets que des jihadistes puissent entrer facilement aux États-Unis. L’administration de Barack Obama avait déjà durci ce programme d’exemptions de visas.
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