Ce sera, assurent ses opposants, Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000, et candidat à sa propre réélection, et son fils Karim. Juste ce qu’il faut pour susciter la colère jusque dans le camp de la majorité présidentielle, et déclencher l’émeute, dans des endroits aux noms fortement symboliques comme la place de l’Indépendance à Dakar. Le texte en question a mis le régime de M. Wade face à une contestation d'ampleur jamais égalée en onze ans, jusque dans le camp du Parti démocratique sénégalais (PDS), sa formation, et de ses alliés. Des députés de la majorité avaient clairement indiqué leur refus de voter pour le texte. Ou encore à l’étranger.
Comme pour dénoncer ce qui a été jugé excessif, une rencontre de l'opposition et la société civile à quelques centaines de mètres de la place de l'Indépendance a dégénéré avec l'intrusion de jeunes appelant à des «actions» plutôt qu'à des paroles. La plupart étaient membres du mouvement «Y en a marre», créé par des rappeurs pour, selon eux, notamment dénoncer «les injustices sociales», «la gabegie» du régime du président Wade. Ailleurs que dans la capitale, des sit-in ont été observés et des slogans comme «Touche pas à ma Constitution», «Le Sénégal n'est pas un royaume mais une république», en référence aux intentions prêtées à M. Wade d'imposer son fils au pouvoir.
Le mécontentement s’est même déplacé en dehors des frontières du Sénégal, puisque son ambassade à Paris a été brièvement occupée par des opposants.
Le mal était fait, même si le calme était revenu jeudi soir au Sénégal après l'annonce de la décision du président Abdoulaye Wade d'abandonner son projet. Persuadé certainement que sa popularité est déclinante, il lui en faudra une autre pour conserver le pouvoir et si telle était son intention, assurer l’avenir politique de son fils avec un minimum de voix (25% des suffrages exprimés), et non plus à la majorité absolue (50% plus une voix) comme c’est le cas jusqu’à présent. Entre autres éléments de controverse, la réforme envisage qu'en cas de vacance de la présidence, le président est remplacé par le vice-président qui, en tant que nouveau président, pourra nommer ou révoquer le nouveau vice-président. Mais les dégâts causés par cette tentative de réforme constitutionnelle sont immenses, et pas seulement pour celui qui en a pris l’initiative. L’image de son fils en a fait, elle aussi, les frais. Elle traduit, en tout cas, la fascination pour le pouvoir, et il est heureux de constater que le face-à-face au Sénégal n’a pas dégénéré en coup de force. Cela révèle au moins l’intérêt des Sénégalais pour la chose politique. Ils ont fait preuve d’une extrême vigilance et ils ont eu gain de cause.
Mohammed Larbi
Comme pour dénoncer ce qui a été jugé excessif, une rencontre de l'opposition et la société civile à quelques centaines de mètres de la place de l'Indépendance a dégénéré avec l'intrusion de jeunes appelant à des «actions» plutôt qu'à des paroles. La plupart étaient membres du mouvement «Y en a marre», créé par des rappeurs pour, selon eux, notamment dénoncer «les injustices sociales», «la gabegie» du régime du président Wade. Ailleurs que dans la capitale, des sit-in ont été observés et des slogans comme «Touche pas à ma Constitution», «Le Sénégal n'est pas un royaume mais une république», en référence aux intentions prêtées à M. Wade d'imposer son fils au pouvoir.
Le mécontentement s’est même déplacé en dehors des frontières du Sénégal, puisque son ambassade à Paris a été brièvement occupée par des opposants.
Le mal était fait, même si le calme était revenu jeudi soir au Sénégal après l'annonce de la décision du président Abdoulaye Wade d'abandonner son projet. Persuadé certainement que sa popularité est déclinante, il lui en faudra une autre pour conserver le pouvoir et si telle était son intention, assurer l’avenir politique de son fils avec un minimum de voix (25% des suffrages exprimés), et non plus à la majorité absolue (50% plus une voix) comme c’est le cas jusqu’à présent. Entre autres éléments de controverse, la réforme envisage qu'en cas de vacance de la présidence, le président est remplacé par le vice-président qui, en tant que nouveau président, pourra nommer ou révoquer le nouveau vice-président. Mais les dégâts causés par cette tentative de réforme constitutionnelle sont immenses, et pas seulement pour celui qui en a pris l’initiative. L’image de son fils en a fait, elle aussi, les frais. Elle traduit, en tout cas, la fascination pour le pouvoir, et il est heureux de constater que le face-à-face au Sénégal n’a pas dégénéré en coup de force. Cela révèle au moins l’intérêt des Sénégalais pour la chose politique. Ils ont fait preuve d’une extrême vigilance et ils ont eu gain de cause.
Mohammed Larbi