Constats tenant au nouveau découpage territorial
En effet, fin 2008, le pouvoir a pris un certain nombre de décrets charcutant le territoire national et créant 3 nouvelles régions. A la lecture de l’exposé des motifs des différents textes, on a pu et on peut se poser la question des motivations réelles de ce nouveau redécoupage. Dans tous les états civilisés, la création de nouvelles régions obéit le plus souvent à des soucis d’économie, ou tient compte de l’accroissement de la population et de son intérêt. En France par exemple un groupe de travail a été mis sur pieds pour la réforme des collectivités locales dont l’objectif sera de proposer une simplification de l’organisation du territoire et de la rendre notamment moins coûteuse. Tout le contraire de la réforme effectué par le régime libéral. Au Sénégal, point de loi, ni de groupe de travail associant les populations. Il a suffit de quelques textes réglementaires. Il apparaît dans le cas de figure sénégalais que les populations n’ont même pas été consultées.
Absence de concertation avec les populations
Les manifestations de populations reprises dans la presse ont démontré dans certaines régions qu’elles n’ont pas été consultées ou associés à ce nouveau découpage. Des aberrations ont été notées par les populations elles mêmes. Ainsi par exemple à Kédougou "à partir du village de Dar Salam devenu chef-lieu de préfecture, on aperçoit le collège de Salémata, chef lieu de département. Dans le secteur de Saraya, les populations du Dentila devront dévorer de nombreux kilomètres pour répondre à la sous-préfecture de la petite bourgade de Bembo, non sans avoir traversé Saraya. Khossanto, chef-lieu de la communauté rurale du même nom, ancienne capitale du Bélédougou, est aussi laissé sur le carreau au profit de Sabodala. Mieux, il est amputé de treize villages", souligne-t-on sur le site tambacounda.info.
Le problème du coût des infrastructures, des équipements et des services
On ne crée pas de nouvelles régions sans se poser la question des infrastructures. Après avoir gaspillé et concentré des centaines de milliards sur Dakar pour un sommet de l’OCI qui a duré à peine 2 jours, où l’Etat va-t-il trouver de l’argent pour équiper comme il se doit les nouveaux bâtiments administratifs qu’il va falloir construire ou louer et permettre l’exercice des pouvoirs régaliens dans les nouvelles régions.
La multiplication des régions et départements ne peut se faire sans les moyens financiers adéquats. Non seulement il faut de l’argent pour faire fonctionner les nouveaux départements, mais il faut également payer les nouveaux agents. Quand on sait que les cadres de l’administration territoriale ne sont pas payés avec des lances pierres, ces nouvelles charges financières ne vont pas dans le sens d’une politique d’austérité prônée par tous les observateurs avertis. Si c’est pour payer des préfets du genre de ceux de Ndoulo ou de Ndindy, nous disons merci. Toutes ces dépenses ont-elles d’ailleurs été prévues dans le budget 2009 ?
Il est quasi certain que les nouvelles préfectures n’ont pas pu être installées et fonctionnelles à temps pour s’occuper du processus électoral, des nouvelles inscriptions sur le fichier en passant par l’établissement des listes de candidats et l’organisation des opérations de vote. Ce désordre organisé entraînera de facto l’exclusion de milliers de sénégalais des opérations de vote parce que ces derniers n’ont pas pu savoir où s’inscrire ou ne sauront pas dans quelle localité voter.
Cela nous emmène à parler des bizarreries du fichier électoral.
Constats tenants au fichier électoral
Comparativement au fichier de 2007 publié sur le site gouvernemental "elections.sn", il faut d’abord noter que le nouveau fichier électoral publié sur le même site connait un accroissement net de 142 136 nouvelles inscriptions (comparaison faite sur une base ne tenant pas compte des sénégalais de l’extérieur qui ne votent pas aux locales).
Les sénégalais de la région de Dakar (Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque) ont été apparemment moins mis en mesure de s’inscrire ou de régulariser leur situation que ceux de l’intérieur. En effet, seuls 5 435 nouvelles inscriptions ont été notées en net alors que des régions beaucoup moins peuplées que Dakar ont vu leur nombre d’inscrits augmenter en net de 22 000 pour Diourbel, 16 420 pour Thiès (la "réconciliation" est sans doute passée par là) ou Matam avec 7 131 nouvelles inscriptions et Saint Louis qui compte 8 598 nouvelles inscriptions. A-t-on voulu neutraliser une banlieue qui s’est révoltée sous la conduite des Imams en évitant aux jeunes ayant atteint l’âge de le faire de s’inscrire sur les listes ?
Kédougou, érigée en nouvelle région (comprenant Kédougou, Salemata et Saraya) compte moins de 40 000 inscrits sur une population dont on ne connait pas encore la taille. Faut-il rappeler que Kédougou est la ville de Amath Dansokho et où une manifestation populaire a été récemment violemment réprimée dans le sang ? L’érection de Kédougou en région ne se justifie pas à notre sens ne serait ce que du point de vue du nombre d’habitants. Cette situation a créée plus de problèmes qu’il n’en résout (voir plus haut). La présence de richesses minières y est certainement pour quelque chose…
Que dire de Fatick ? Voilà une région qui à périmètre constant, soit avec le même nombre de départements qu’avant la réforme, se retrouve amputée de 20 000 électeurs (soit 10 % des inscrits de 2007). A-t-on voulu réduire la force de frappe du fief de Macky SALL que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Ce procédé nous rappelle étrangement celui utilisé pour la région de Thiès qui comptait en 2007 moins d’inscrits que des villes moins peuplées (Lire notre article : http://www.socialisme-republiquesn.org/old/spip.php ?article351)
Une dernière remarque quand même qui peut faire sourire. Nous avions fait état sur notre site du cas de fraude manifeste matérialisé par ce Bissau guinéen qui avait et son passeport et ses cartes d’électeurs et d’identité sénégalaises (http://www.socialisme-republiquesn.org/la-grande-fraude/la-preuve-par-lexemple-les-etrangers-du-fichier-electoral-senegalais.html). Des documents qui l’avaient fait naître à deux endroits différents le même jour… Eh bien, il a disparu du fichier publié sur le site elections.sn !. "On" l’a enlevé ! C’était trop flagrant pardi et le cas avait fait le tour du monde. Mais gageons que c’était l’arbre qui cachait la forêt de fraude du régime qui a "libéralisé" la fraude informatique.
PJ : Tableau comparatif du fichier et textes redécoupage territorial
Ibrahima NDIAYE Socialisme et République http://www.socialisme-republiquesn.org
En effet, fin 2008, le pouvoir a pris un certain nombre de décrets charcutant le territoire national et créant 3 nouvelles régions. A la lecture de l’exposé des motifs des différents textes, on a pu et on peut se poser la question des motivations réelles de ce nouveau redécoupage. Dans tous les états civilisés, la création de nouvelles régions obéit le plus souvent à des soucis d’économie, ou tient compte de l’accroissement de la population et de son intérêt. En France par exemple un groupe de travail a été mis sur pieds pour la réforme des collectivités locales dont l’objectif sera de proposer une simplification de l’organisation du territoire et de la rendre notamment moins coûteuse. Tout le contraire de la réforme effectué par le régime libéral. Au Sénégal, point de loi, ni de groupe de travail associant les populations. Il a suffit de quelques textes réglementaires. Il apparaît dans le cas de figure sénégalais que les populations n’ont même pas été consultées.
Absence de concertation avec les populations
Les manifestations de populations reprises dans la presse ont démontré dans certaines régions qu’elles n’ont pas été consultées ou associés à ce nouveau découpage. Des aberrations ont été notées par les populations elles mêmes. Ainsi par exemple à Kédougou "à partir du village de Dar Salam devenu chef-lieu de préfecture, on aperçoit le collège de Salémata, chef lieu de département. Dans le secteur de Saraya, les populations du Dentila devront dévorer de nombreux kilomètres pour répondre à la sous-préfecture de la petite bourgade de Bembo, non sans avoir traversé Saraya. Khossanto, chef-lieu de la communauté rurale du même nom, ancienne capitale du Bélédougou, est aussi laissé sur le carreau au profit de Sabodala. Mieux, il est amputé de treize villages", souligne-t-on sur le site tambacounda.info.
Le problème du coût des infrastructures, des équipements et des services
On ne crée pas de nouvelles régions sans se poser la question des infrastructures. Après avoir gaspillé et concentré des centaines de milliards sur Dakar pour un sommet de l’OCI qui a duré à peine 2 jours, où l’Etat va-t-il trouver de l’argent pour équiper comme il se doit les nouveaux bâtiments administratifs qu’il va falloir construire ou louer et permettre l’exercice des pouvoirs régaliens dans les nouvelles régions.
La multiplication des régions et départements ne peut se faire sans les moyens financiers adéquats. Non seulement il faut de l’argent pour faire fonctionner les nouveaux départements, mais il faut également payer les nouveaux agents. Quand on sait que les cadres de l’administration territoriale ne sont pas payés avec des lances pierres, ces nouvelles charges financières ne vont pas dans le sens d’une politique d’austérité prônée par tous les observateurs avertis. Si c’est pour payer des préfets du genre de ceux de Ndoulo ou de Ndindy, nous disons merci. Toutes ces dépenses ont-elles d’ailleurs été prévues dans le budget 2009 ?
Il est quasi certain que les nouvelles préfectures n’ont pas pu être installées et fonctionnelles à temps pour s’occuper du processus électoral, des nouvelles inscriptions sur le fichier en passant par l’établissement des listes de candidats et l’organisation des opérations de vote. Ce désordre organisé entraînera de facto l’exclusion de milliers de sénégalais des opérations de vote parce que ces derniers n’ont pas pu savoir où s’inscrire ou ne sauront pas dans quelle localité voter.
Cela nous emmène à parler des bizarreries du fichier électoral.
Constats tenants au fichier électoral
Comparativement au fichier de 2007 publié sur le site gouvernemental "elections.sn", il faut d’abord noter que le nouveau fichier électoral publié sur le même site connait un accroissement net de 142 136 nouvelles inscriptions (comparaison faite sur une base ne tenant pas compte des sénégalais de l’extérieur qui ne votent pas aux locales).
Les sénégalais de la région de Dakar (Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque) ont été apparemment moins mis en mesure de s’inscrire ou de régulariser leur situation que ceux de l’intérieur. En effet, seuls 5 435 nouvelles inscriptions ont été notées en net alors que des régions beaucoup moins peuplées que Dakar ont vu leur nombre d’inscrits augmenter en net de 22 000 pour Diourbel, 16 420 pour Thiès (la "réconciliation" est sans doute passée par là) ou Matam avec 7 131 nouvelles inscriptions et Saint Louis qui compte 8 598 nouvelles inscriptions. A-t-on voulu neutraliser une banlieue qui s’est révoltée sous la conduite des Imams en évitant aux jeunes ayant atteint l’âge de le faire de s’inscrire sur les listes ?
Kédougou, érigée en nouvelle région (comprenant Kédougou, Salemata et Saraya) compte moins de 40 000 inscrits sur une population dont on ne connait pas encore la taille. Faut-il rappeler que Kédougou est la ville de Amath Dansokho et où une manifestation populaire a été récemment violemment réprimée dans le sang ? L’érection de Kédougou en région ne se justifie pas à notre sens ne serait ce que du point de vue du nombre d’habitants. Cette situation a créée plus de problèmes qu’il n’en résout (voir plus haut). La présence de richesses minières y est certainement pour quelque chose…
Que dire de Fatick ? Voilà une région qui à périmètre constant, soit avec le même nombre de départements qu’avant la réforme, se retrouve amputée de 20 000 électeurs (soit 10 % des inscrits de 2007). A-t-on voulu réduire la force de frappe du fief de Macky SALL que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Ce procédé nous rappelle étrangement celui utilisé pour la région de Thiès qui comptait en 2007 moins d’inscrits que des villes moins peuplées (Lire notre article : http://www.socialisme-republiquesn.org/old/spip.php ?article351)
Une dernière remarque quand même qui peut faire sourire. Nous avions fait état sur notre site du cas de fraude manifeste matérialisé par ce Bissau guinéen qui avait et son passeport et ses cartes d’électeurs et d’identité sénégalaises (http://www.socialisme-republiquesn.org/la-grande-fraude/la-preuve-par-lexemple-les-etrangers-du-fichier-electoral-senegalais.html). Des documents qui l’avaient fait naître à deux endroits différents le même jour… Eh bien, il a disparu du fichier publié sur le site elections.sn !. "On" l’a enlevé ! C’était trop flagrant pardi et le cas avait fait le tour du monde. Mais gageons que c’était l’arbre qui cachait la forêt de fraude du régime qui a "libéralisé" la fraude informatique.
PJ : Tableau comparatif du fichier et textes redécoupage territorial
Ibrahima NDIAYE Socialisme et République http://www.socialisme-republiquesn.org