CENSURE
Les années passent mais les mêmes mauvaises pratiques demeurent assurément. Et malgré les deux alternances exemplaires réussies par notre pays, les restrictions aux libertés, notamment celle relative à l’expression, sont toujours de mise, hélas ! De ce point de vue, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, le régime socialiste paraît même beaucoup plus démocratique que ceux qui lui ont succédé ! A preuve par la pièce de théâtre « Demain la fin du monde » tirée de l’œuvre éponyme écrite par notre compatriote Alioune Badara Bèye, par ailleurs président de l’Association des Ecrivains du Sénégal (AES). Durant les 12 ans de règne du président Abdoulaye Wade, cette pièce n’a jamais été jouée à la Télévision nationale. Elle avait été programmée une seule fois avant d’être retirée en catastrophe ! Et pourtant, Wade lui-même avait expliqué à l’auteur que la diffusion de cette pièce ne le gênait pas le moins du monde, faisant valoir qu’il est un vrai démocrate et qu’il ne ferait jamais moins que Abdou Diouf en matière de libertés. Or, sous ce dernier, justement, cette fiction politique avait été passée à quatre reprises par la Télévision nationale ! On croyait qu’avec le « Yoonu yokkuté », cette censure qui frappe la pièce serait levée mais on se trompait assurément. En effet, l’autre mardi, « Demain la fin du monde » était programmée par la RTS…
CENSURE (BIS)
Au bout d’une dizaine de minutes, la diffusion a été arrêtée en catastrophe, sans excuses ni explications au public. Certes, les toasts du dîner offert par le président de la République à son homologue mauritanien devaient être passés en direct mais après ces discours, les programmes ont repris comme si de rien n’était mais avec autre chose. Curieusement, la pièce a été interrompue au moment où le héros de la pièce, un président de la République imaginaire, s’apprêtait à passer son pouvoir à l’opposition… Le monde devant prendre fin dans 24 heures, le brave Président voulait permettre à son opposition de goûter aux délices du pouvoir ne serait-ce que pour un jour. Est-ce cette passation de pouvoir entre le Président et l’opposition qui a fait tiquer les censeurs de la RTS ? Nul ne saurait le dire. En tout cas, une rumeur avait circulé selon laquelle la pièce serait programmée mardi dernier. Il n’en a rien été. Cette censure est d’autant plus incompréhensible que « Demain la fin du monde » n’a rien d’une œuvre subversive. En effet, en plus d’être passée quatre fois à la Télévision nationale sous le président Abdou Diouf, elle a aussi été diffusée sur TV 5 et Canal France International (CFI). Mieux, elle a été choisie pour figurer au programme du Cap (certificat d’aptitude pédagogique) par le ministère de l’Education nationale jusqu’en 2016. C’est ce qui explique d’ailleurs que le tirage qui avait été fait du livre est épuisé depuis longtemps. Compte tenu de tout cela, pourquoi censurer une telle œuvre ? Racine Talla nous en donnera peut-être les raisons ! S’il n’est pas encore en voyage, bien sûr…
DENUEMENT
Mardi dernier, toutes les audiences correctionnelles du Tribunal régional hors classe de Dakar ont été renvoyées à la semaine prochaine. Et tant pis pour les prévenus qui devaient être jugés ce jour-là et qui vont devoir, pour certains, prolonger leur séjour carcéral alors que pour ceux d’entre eux qui devaient comparaître en flagrants délits, par exemple, il était fort possible qu’ils soient libérés le même jour. Tant pis pour eux et tant pis pour ceux d’entre eux dont les parents étaient venus des régions pour assister à leur procès. La faute à quoi ? A la panne du seul bus de l’administration pénitentiaire qui devait convoyer les détenus de la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss jusqu’au Palais de justice. Les matons de cette prison ne disposant que d’un seul car, les juges, après avoir attendu jusqu’à 14 heures sans voir l’ombre d’un seul détenu, ont été obligés de renvoyer toutes les audiences à la semaine prochaine. La situation est pire dans les régions où les détenus sont acheminés dans les tribunaux à bord de cars « Ndiaga Ndiaye » s’ils ne s’y rendent pas tout simplement à pied. Selon le chargé de communication de l’Administration pénitentiaire, de toutes les prisons du Sénégal, deux seules (celles de Rebeuss et du camp pénal de Liberté VI) disposent de bus pour convoyer les prisonniers. Dans toutes les autres, on se débrouille. Dire pourtant que le Sénégal s’apprête à dépenser quatre milliards cinq cent millions de francs pour juger l’ancien président tchadien, M. Hissène Habré. Les Etats-Unis viennent d’ailleurs de remettre leur contribution de 500 millions de francs à l’organisation de ce procès. Quatre milliards cinq cent millions pour juger un seul homme injustement accusé et deux bus délabrés seulement pour toutes les prisons du Sénégal… Cherchez l’erreur !
WAL FADJIRI
Dans l’affaire Excaf/ Wal Fadjri, le verdit est tombé comme une guillotine ! Le Groupe Wal Fadjri a été condamné à payer 100 millions fcfa à Excaf. Nous ne disons pas que justice ne doit pas être rendue, mais celle-là qui vient d’être rendue ressemble à un ouragan visant à faire disparaître une entreprise qui est un fleuron de la presse sénégalaise. Rarement, dans une affaire de diffamation, une peine pécuniaire aussi lourde que celle ramassée par le Groupe Wal Fadjiri a été rendue. Dans l’histoire de la presse sénégalaise, c’est la deuxième plus forte condamnation pécuniaire après les 500 millions fcfa qu’avait écopé le Groupe Sud Communication dans l’affaire de la fraude sur le sucre du Groupe Mimran. Le président et doyen Sidy Lamine Niasse, qu’on l’aime ou pas, est un homme véridique ! Et nous le confortons dans ses déclarations lorsqu’il qualifie ce verdict de liberticide tendant à mettre le Groupe Wal Fadjiri à l’article ou la peine de la mort. Il y a quelques mois, au lendemain de l’audience que le président de la République avait accordée aux éditeurs de presse partis plaider une amnistie fiscale, M.O.N. s’était démarqué dans ces mêmes colonnes de la dépénalisation des délits de presse réclamée à cor et à cris par certains confrères. Il faisait notamment valoir que supprimer les peines privatives de liberté au profit de condamnations pécuniaires, c’était le plus sûr moyen de tuer les entreprises de presse. La preuve par ce qui guette Wal Fadjri ! Bien évidemment, il n’est pas question que ce fleuron de la presse nationale disparaisse. En ces heures d’épreuves que traverse ce groupe de presse, « Le Témoin » se tient résolument à ses côtés et condamne ce jugement liberticide qui vient de s’abattre sur lui. Le Groupe Wal Fadjiri ne sera pas seul dans ce combat puisque « Le Témoin » est déjà aux avant-postes…
BANQUE / DEAL
Si les anciens dignitaires du régime du président Abdoulaye Wade sont traqués pour enrichissement illicite, ceux du pouvoir de son successeur, M. Macky Sall, risquent, eux, d’être poursuivis un jour pour enrichissement… silencieux ! Sans doute, le président de la République, M. Macky Sall, armé d’une éthique de bonne gouvernance comme il le fut jadis de la pensée de Mao-Tse Toung, ignore-t-il les « dessous » de la création de la Banque Nationale de Développement Economique (Bnde) sur les cendres du Fonds de Promotion Economique (FPE) que dirigeait Mme Ndèye Khady Guèye actuellement sous les verrous. Les dessous ? Comment devenir le plus gros actionnaire d’une banque sans débourser un sou ? « Le Témoin » garde, pour le moment, la réponse. Toujours est-il qu’un célèbre grand homme d’affaires s’est autoproclamé plus gros actionnaire de la Bnde sans passer à la caisse. Un véritable cas d’école qui devrait être enseigné dans les instituts de gestion et de management. Dommage pour ce pays où les riches s’appuieront toujours sur nos institutions pour continuer à être riches et les pauvres à devenir plus pauvres…
« Bulles » parues dans « Le Témoin » N° 1139 « En page 2 » –Hebdomadaire Sénégalais ( OCTOBRE 2013)
Les années passent mais les mêmes mauvaises pratiques demeurent assurément. Et malgré les deux alternances exemplaires réussies par notre pays, les restrictions aux libertés, notamment celle relative à l’expression, sont toujours de mise, hélas ! De ce point de vue, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, le régime socialiste paraît même beaucoup plus démocratique que ceux qui lui ont succédé ! A preuve par la pièce de théâtre « Demain la fin du monde » tirée de l’œuvre éponyme écrite par notre compatriote Alioune Badara Bèye, par ailleurs président de l’Association des Ecrivains du Sénégal (AES). Durant les 12 ans de règne du président Abdoulaye Wade, cette pièce n’a jamais été jouée à la Télévision nationale. Elle avait été programmée une seule fois avant d’être retirée en catastrophe ! Et pourtant, Wade lui-même avait expliqué à l’auteur que la diffusion de cette pièce ne le gênait pas le moins du monde, faisant valoir qu’il est un vrai démocrate et qu’il ne ferait jamais moins que Abdou Diouf en matière de libertés. Or, sous ce dernier, justement, cette fiction politique avait été passée à quatre reprises par la Télévision nationale ! On croyait qu’avec le « Yoonu yokkuté », cette censure qui frappe la pièce serait levée mais on se trompait assurément. En effet, l’autre mardi, « Demain la fin du monde » était programmée par la RTS…
CENSURE (BIS)
Au bout d’une dizaine de minutes, la diffusion a été arrêtée en catastrophe, sans excuses ni explications au public. Certes, les toasts du dîner offert par le président de la République à son homologue mauritanien devaient être passés en direct mais après ces discours, les programmes ont repris comme si de rien n’était mais avec autre chose. Curieusement, la pièce a été interrompue au moment où le héros de la pièce, un président de la République imaginaire, s’apprêtait à passer son pouvoir à l’opposition… Le monde devant prendre fin dans 24 heures, le brave Président voulait permettre à son opposition de goûter aux délices du pouvoir ne serait-ce que pour un jour. Est-ce cette passation de pouvoir entre le Président et l’opposition qui a fait tiquer les censeurs de la RTS ? Nul ne saurait le dire. En tout cas, une rumeur avait circulé selon laquelle la pièce serait programmée mardi dernier. Il n’en a rien été. Cette censure est d’autant plus incompréhensible que « Demain la fin du monde » n’a rien d’une œuvre subversive. En effet, en plus d’être passée quatre fois à la Télévision nationale sous le président Abdou Diouf, elle a aussi été diffusée sur TV 5 et Canal France International (CFI). Mieux, elle a été choisie pour figurer au programme du Cap (certificat d’aptitude pédagogique) par le ministère de l’Education nationale jusqu’en 2016. C’est ce qui explique d’ailleurs que le tirage qui avait été fait du livre est épuisé depuis longtemps. Compte tenu de tout cela, pourquoi censurer une telle œuvre ? Racine Talla nous en donnera peut-être les raisons ! S’il n’est pas encore en voyage, bien sûr…
DENUEMENT
Mardi dernier, toutes les audiences correctionnelles du Tribunal régional hors classe de Dakar ont été renvoyées à la semaine prochaine. Et tant pis pour les prévenus qui devaient être jugés ce jour-là et qui vont devoir, pour certains, prolonger leur séjour carcéral alors que pour ceux d’entre eux qui devaient comparaître en flagrants délits, par exemple, il était fort possible qu’ils soient libérés le même jour. Tant pis pour eux et tant pis pour ceux d’entre eux dont les parents étaient venus des régions pour assister à leur procès. La faute à quoi ? A la panne du seul bus de l’administration pénitentiaire qui devait convoyer les détenus de la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss jusqu’au Palais de justice. Les matons de cette prison ne disposant que d’un seul car, les juges, après avoir attendu jusqu’à 14 heures sans voir l’ombre d’un seul détenu, ont été obligés de renvoyer toutes les audiences à la semaine prochaine. La situation est pire dans les régions où les détenus sont acheminés dans les tribunaux à bord de cars « Ndiaga Ndiaye » s’ils ne s’y rendent pas tout simplement à pied. Selon le chargé de communication de l’Administration pénitentiaire, de toutes les prisons du Sénégal, deux seules (celles de Rebeuss et du camp pénal de Liberté VI) disposent de bus pour convoyer les prisonniers. Dans toutes les autres, on se débrouille. Dire pourtant que le Sénégal s’apprête à dépenser quatre milliards cinq cent millions de francs pour juger l’ancien président tchadien, M. Hissène Habré. Les Etats-Unis viennent d’ailleurs de remettre leur contribution de 500 millions de francs à l’organisation de ce procès. Quatre milliards cinq cent millions pour juger un seul homme injustement accusé et deux bus délabrés seulement pour toutes les prisons du Sénégal… Cherchez l’erreur !
WAL FADJIRI
Dans l’affaire Excaf/ Wal Fadjri, le verdit est tombé comme une guillotine ! Le Groupe Wal Fadjri a été condamné à payer 100 millions fcfa à Excaf. Nous ne disons pas que justice ne doit pas être rendue, mais celle-là qui vient d’être rendue ressemble à un ouragan visant à faire disparaître une entreprise qui est un fleuron de la presse sénégalaise. Rarement, dans une affaire de diffamation, une peine pécuniaire aussi lourde que celle ramassée par le Groupe Wal Fadjiri a été rendue. Dans l’histoire de la presse sénégalaise, c’est la deuxième plus forte condamnation pécuniaire après les 500 millions fcfa qu’avait écopé le Groupe Sud Communication dans l’affaire de la fraude sur le sucre du Groupe Mimran. Le président et doyen Sidy Lamine Niasse, qu’on l’aime ou pas, est un homme véridique ! Et nous le confortons dans ses déclarations lorsqu’il qualifie ce verdict de liberticide tendant à mettre le Groupe Wal Fadjiri à l’article ou la peine de la mort. Il y a quelques mois, au lendemain de l’audience que le président de la République avait accordée aux éditeurs de presse partis plaider une amnistie fiscale, M.O.N. s’était démarqué dans ces mêmes colonnes de la dépénalisation des délits de presse réclamée à cor et à cris par certains confrères. Il faisait notamment valoir que supprimer les peines privatives de liberté au profit de condamnations pécuniaires, c’était le plus sûr moyen de tuer les entreprises de presse. La preuve par ce qui guette Wal Fadjri ! Bien évidemment, il n’est pas question que ce fleuron de la presse nationale disparaisse. En ces heures d’épreuves que traverse ce groupe de presse, « Le Témoin » se tient résolument à ses côtés et condamne ce jugement liberticide qui vient de s’abattre sur lui. Le Groupe Wal Fadjiri ne sera pas seul dans ce combat puisque « Le Témoin » est déjà aux avant-postes…
BANQUE / DEAL
Si les anciens dignitaires du régime du président Abdoulaye Wade sont traqués pour enrichissement illicite, ceux du pouvoir de son successeur, M. Macky Sall, risquent, eux, d’être poursuivis un jour pour enrichissement… silencieux ! Sans doute, le président de la République, M. Macky Sall, armé d’une éthique de bonne gouvernance comme il le fut jadis de la pensée de Mao-Tse Toung, ignore-t-il les « dessous » de la création de la Banque Nationale de Développement Economique (Bnde) sur les cendres du Fonds de Promotion Economique (FPE) que dirigeait Mme Ndèye Khady Guèye actuellement sous les verrous. Les dessous ? Comment devenir le plus gros actionnaire d’une banque sans débourser un sou ? « Le Témoin » garde, pour le moment, la réponse. Toujours est-il qu’un célèbre grand homme d’affaires s’est autoproclamé plus gros actionnaire de la Bnde sans passer à la caisse. Un véritable cas d’école qui devrait être enseigné dans les instituts de gestion et de management. Dommage pour ce pays où les riches s’appuieront toujours sur nos institutions pour continuer à être riches et les pauvres à devenir plus pauvres…
« Bulles » parues dans « Le Témoin » N° 1139 « En page 2 » –Hebdomadaire Sénégalais ( OCTOBRE 2013)