Pour Abdoulaye Wade il s’agit de tenter de « rassurer » et de capitaliser sur le soutien des grands électeurs, pour son rival Macky Sall, de s’accrocher à son image d’homme droit, qui a osé dire « non » à Wade.
« Ce qui compte avant tout, c’est que Wade parte, mon candidat n’était pas Macky, mais je vais quand même voter pour lui » explique Cheikh, un gardien d’une librairie à Dakar. Macky Sall n’a pas forcément conquis le cœur de tous les sénégalais qui comptent voter pour lui, mais ils sont nombreux à être d’accord sur une chose : Sall serait un homme discret et travailleur. En insistant un peu, le gardien admet : « Macky a travaillé, depuis 2008 il bat campagne, il ne parle pas beaucoup, c’est quelqu’un de sérieux. »
Macky Sall, l’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade, a été pendant plusieurs années son protégé, son poulain. S’il a gravi les échelons du pouvoir aussi rapidement, passant de conseiller politique à chef du gouvernement en quatre ans, c’est parce que Wade l’a voulu. Sall est tombé en disgrâce quand, en tant que président de l’assemblée nationale, il a appelé le fils du président, Karim Wade, à rendre des comptes sur sa gestion des finances de l’ANOCI, l’agence nationale de l’organisation de la conférence islamique. Il a fini par démissionner de ses fonctions et quitter le PDS en 2008.
"L'homme fâché"
Son revirement aurait pu jouer contre lui. Mais, selon Mamadou Thiam, consultant en communication politique, il a su faire percevoir sa prise de distance avec le président Wade non comme une trahison, mais comme une preuve de droiture. « Il est resté constant dans son discours depuis qu’il a quitté le PDS, il a tracé son propre chemin et l’a suivi » affirme Thiam, « c’est ce que les sénégalais retiennent, d’ailleurs son succès au premier tour en est la preuve ».
A présent, il tenterait de travailler son image pour sembler un peu moins sérieux. Selon Thiam, Sall est surnommé «l'homme fâché» et au cours de ses interventions entre les deux tours, il s'est montré plus détendu, blagueur.
Seul bémol dans la stratégie politique de Sall selon de nombreux observateurs : ses récentes déclarations sur la laïcité. Il a affirmé que s’il était élu, les marabouts seraient considérés comme des citoyens ordinaires.
Poster de Macky Sall dans les rues de Dakar, le message en wolof dit "La voie du développement"
Dans une société où les chefs religieux sont considérés comme des figures quasi- divines, le message n’a pas été bien reçu par tous. « Ce n’est pas acceptable » pour Georges, 30 ans, chômeur qui va pourtant voter Macky Sall, « les marabouts sont trop importants au Sénégal, surtout en ces périodes de troubles, ils sont entendus par les populations. »
"Le vieux"
Pour Mamadou Thiam, cette prise de position de Macky Sall pourrait vraiment le pénaliser, d’autant plus qu’elle a peut être indirectement bénéficié au camp Wade. Si le Khalife général des mourides continue de s’abstenir de soutenir un candidat, d'autres marabouts de la confrérie, qui revendiquent des milliers de « talibés » ou disciples ont, peu après les déclarations de Sall, appelé à voter Wade.
C’est d’ailleurs sur ce type de soutien que compte le président sortant, qui, selon Thiam, a abandonné la bataille de l’image à proprement parler.
« Wade a commencé sa carrière avec l’image d’un patriote sincère, engagé, désintéressé, qui avait presque tout perdu pour la défense des intérêts de son pays. Quand il est arrivé au pouvoir il était auréolé presque du statut de messie ».
Le SOPI est la coalition du candidat Abdoulaye Wade
Mais en douze ans d’exercice, son image a changé du tout au tout. Son surnom "gorgui" ou vieux, à une époque marque de respect, a pris une connotation négative. "Gorgui na dem", "Va-t-en le vieux" ou "Gorgui dena", "le vieux est mort" sont parmi les slogans clamés par ses opposants. «Il y a un déni de la réalité, une communication impuissante» dit Thiam, en référence à ces panneaux dans la rue, sur lesquels on peut lire « Celui qui rassure » ou «le SOPI (littéralement changement, la coalition de Wade) toujours en marche». Pour Thiam, le camp présidentiel compte en fait s’appuyer sur le soutien de personnalités respectées au Sénégal qui pourraient porter sa candidature à sa place. D’où les opérations de charme auprès des autorités religieuses, mais aussi des chefs de villages, ou d’autres grands électeurs.
bbc.com
« Ce qui compte avant tout, c’est que Wade parte, mon candidat n’était pas Macky, mais je vais quand même voter pour lui » explique Cheikh, un gardien d’une librairie à Dakar. Macky Sall n’a pas forcément conquis le cœur de tous les sénégalais qui comptent voter pour lui, mais ils sont nombreux à être d’accord sur une chose : Sall serait un homme discret et travailleur. En insistant un peu, le gardien admet : « Macky a travaillé, depuis 2008 il bat campagne, il ne parle pas beaucoup, c’est quelqu’un de sérieux. »
Macky Sall, l’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade, a été pendant plusieurs années son protégé, son poulain. S’il a gravi les échelons du pouvoir aussi rapidement, passant de conseiller politique à chef du gouvernement en quatre ans, c’est parce que Wade l’a voulu. Sall est tombé en disgrâce quand, en tant que président de l’assemblée nationale, il a appelé le fils du président, Karim Wade, à rendre des comptes sur sa gestion des finances de l’ANOCI, l’agence nationale de l’organisation de la conférence islamique. Il a fini par démissionner de ses fonctions et quitter le PDS en 2008.
"L'homme fâché"
Son revirement aurait pu jouer contre lui. Mais, selon Mamadou Thiam, consultant en communication politique, il a su faire percevoir sa prise de distance avec le président Wade non comme une trahison, mais comme une preuve de droiture. « Il est resté constant dans son discours depuis qu’il a quitté le PDS, il a tracé son propre chemin et l’a suivi » affirme Thiam, « c’est ce que les sénégalais retiennent, d’ailleurs son succès au premier tour en est la preuve ».
A présent, il tenterait de travailler son image pour sembler un peu moins sérieux. Selon Thiam, Sall est surnommé «l'homme fâché» et au cours de ses interventions entre les deux tours, il s'est montré plus détendu, blagueur.
Seul bémol dans la stratégie politique de Sall selon de nombreux observateurs : ses récentes déclarations sur la laïcité. Il a affirmé que s’il était élu, les marabouts seraient considérés comme des citoyens ordinaires.
Poster de Macky Sall dans les rues de Dakar, le message en wolof dit "La voie du développement"
Dans une société où les chefs religieux sont considérés comme des figures quasi- divines, le message n’a pas été bien reçu par tous. « Ce n’est pas acceptable » pour Georges, 30 ans, chômeur qui va pourtant voter Macky Sall, « les marabouts sont trop importants au Sénégal, surtout en ces périodes de troubles, ils sont entendus par les populations. »
"Le vieux"
Pour Mamadou Thiam, cette prise de position de Macky Sall pourrait vraiment le pénaliser, d’autant plus qu’elle a peut être indirectement bénéficié au camp Wade. Si le Khalife général des mourides continue de s’abstenir de soutenir un candidat, d'autres marabouts de la confrérie, qui revendiquent des milliers de « talibés » ou disciples ont, peu après les déclarations de Sall, appelé à voter Wade.
C’est d’ailleurs sur ce type de soutien que compte le président sortant, qui, selon Thiam, a abandonné la bataille de l’image à proprement parler.
« Wade a commencé sa carrière avec l’image d’un patriote sincère, engagé, désintéressé, qui avait presque tout perdu pour la défense des intérêts de son pays. Quand il est arrivé au pouvoir il était auréolé presque du statut de messie ».
Le SOPI est la coalition du candidat Abdoulaye Wade
Mais en douze ans d’exercice, son image a changé du tout au tout. Son surnom "gorgui" ou vieux, à une époque marque de respect, a pris une connotation négative. "Gorgui na dem", "Va-t-en le vieux" ou "Gorgui dena", "le vieux est mort" sont parmi les slogans clamés par ses opposants. «Il y a un déni de la réalité, une communication impuissante» dit Thiam, en référence à ces panneaux dans la rue, sur lesquels on peut lire « Celui qui rassure » ou «le SOPI (littéralement changement, la coalition de Wade) toujours en marche». Pour Thiam, le camp présidentiel compte en fait s’appuyer sur le soutien de personnalités respectées au Sénégal qui pourraient porter sa candidature à sa place. D’où les opérations de charme auprès des autorités religieuses, mais aussi des chefs de villages, ou d’autres grands électeurs.
bbc.com