De notre envoyée spéciale
Dans le grand duel politique qui s'engage jusqu'à l'élection présidentielle du 6 novembre, Barack Obama possède un avantage tactique non négligeable: il a vu le jeu de son adversaire. Les républicains ont ouvert les premiers le feu des conventions à Tampa, la semaine dernière, centrant leurs salves sur la persistance du chômage, le désarroi du secteur privé, l'incompétence du président et l'échec de son mandat.À Charlotte, les démocrates seront à même de contre-attaquer sur ce qu'ils dénoncent comme les contre-vérités de la campagne républicaine. Nul doute qu'ils exploiteront aussi tous les points faibles du discours de Mitt Romney, comme ils ont déjà commencé de le faire, notamment son silence total sur l'Afghanistan. Mais le président Obama n'en fait pas moins face à au moins cinq défis.
Dans le grand duel politique qui s'engage jusqu'à l'élection présidentielle du 6 novembre, Barack Obama possède un avantage tactique non négligeable: il a vu le jeu de son adversaire. Les républicains ont ouvert les premiers le feu des conventions à Tampa, la semaine dernière, centrant leurs salves sur la persistance du chômage, le désarroi du secteur privé, l'incompétence du président et l'échec de son mandat. À Charlotte, les démocrates seront à même de contre-attaquer sur ce qu'ils dénoncent comme les contre-vérités de la campagne républicaine. Nul doute qu'ils exploiteront aussi tous les points faibles du discours de Mitt Romney, comme ils ont déjà commencé de le faire, notamment son silence total sur l'Afghanistan. Mais le président Obama n'en fait pas moins face à au moins cinq défis.
• Offrir une vision pour l'avenir
Le plus important des défis est de démontrer aux Américains que le maintenir à la Maison-Blanche a un sens. «Une question, Monsieur le Président, que feriez-vous avec quatre ans de plus?» résume cette semaine à la une l'hebdomadaire The Economist. Arrivé à Washington avec le rêve de «gouverner autrement», de transcender les partis et de mettre fin aux intérêts particuliers dans le processus politique, le jeune président termine son mandat empêtré dans un contexte de polarisation aiguë, où les intérêts corporatistes sont plus présents que jamais à Washington. La nation, pessimiste sur l'avenir, estime qu'Obama doit assumer son bilan et cesser d'invoquer l'héritage de la crise qu'il a trouvé à son arrivée en 2008. Près de 60 % des Américains jugent que le pays est sur la mauvaise pente. La persistance d'un chômage à plus de 8 % fragilise le président, dans un pays où aucun de ses prédécesseurs n'a été réélu avec un chômage à plus de 7,2 %. Sa base lui reproche d'avoir trop négocié avec l'autre camp, sans rien obtenir. Mais les indépendants l'accusent au contraire d'avoir été trop radical dans ses réformes, en se battant notamment pour un nouveau système d'assurance-santé que la moitié du pays rejette en bloc. Résultat, malgré les faiblesses de Mitt Romney, candidat républicain par défaut, les deux hommes sont au coude-à-coude dans les sondages.
• Détruire l'adversaire
Les stratèges de Barack Obama estiment que l'un des grands défis de la convention sera de présenter l'élection comme un choix plutôt qu'un référendum sur le bilan du président. L'idée, confiait récemment son conseiller, David Axelrod, est de montrer que l'autre option est bien pire. «Nous devons expliquer que les républicains sont effrayants et totalement déconnectés, qu'ils veulent abolir le XXe siècle», explique Dawn Laguens, directrice du Planning familial, organisation très impliquée dans la campagne sur le thème du droit des femmes. Obama utilise déjà ce levier en parlant d'un programme républicain bloqué «au XIXe siècle». Le projet républicain de réforme du Medicare, assurance-santé des retraités, devrait être la cible privilégiée de la contre-attaque démocrate. De même que les droits des femmes (notamment à l'avortement). «Nous pensons qu'avec un avantage de 13 à 18 % chez les femmes, nous gagnerons», dit Dawn Laguens.
• Remobiliser sa base
Le président a beaucoup déçu les militants démocrates. Nombre d'élus, exaspérés par le caractère très fermé du premier cercle d'Obama et son peu d'engagement à leurs côtés, ont décidé de bouder Charlotte. C'est aussi le cas des syndicats, qui estiment qu'Obama n'a pas suffisamment pris position dans le combat qui les a opposés à plusieurs gouverneurs républicains qui tentaient de les mettre au pas. Les jeunes, naguère en transe au seul nom d'Obama, paraissent également démobilisés.
• Séduire à nouveau les indépendants
En contradiction avec le défi de remobilisation de sa base, cette opération de séduction implique de Barack Obama qu'il parvienne à trouver les mots adéquats pour convaincre les hésitants de lui faire à nouveau confiance, donc qu'il ne s'égare pas trop à gauche. Ce réservoir de voix, qui oscillerait cette année entre 5 et 10 % des électeurs, décidera en dernier recours de l'élection dans les 8 à 10 États «pivots», susceptibles de basculer d'un côté ou de l'autre. Les experts jugent décisif pour Obama qu'il séduise les ouvriers blancs du Midwest, qui ont beaucoup souffert de la crise. Son meilleur atout pour cela est Bill Clinton, étoile des sondages, à condition de contrôler son discours…
• Se réinventer en homme d'action
Barack Obama le charismatique a un avantage majeur par rapport à son adversaire Mitt Romney. Les Américains l'aiment toujours. Mais il lui faut réinventer son style, troquer l'habit du «président orateur» pour celui de l'homme d'action. Montrer qu'il a travaillé dur sur les dossiers de fond et acquis en quatre ans la compétence nécessaire pour sortir le pays de la crise. Certains soulignent que le président, très sûr de lui et prompt à railler les faiblesses de son adversaire, doit se méfier d'une certaine forme d'arrogance. Les organisateurs de Charlotte affirment que sa femme, Michelle, jouera mardi soir un rôle clé pour brosser le portrait d'un président plein d'empathie et de sérieux en action à la Maison-Blanche.
Par Laure Mandeville
Dans le grand duel politique qui s'engage jusqu'à l'élection présidentielle du 6 novembre, Barack Obama possède un avantage tactique non négligeable: il a vu le jeu de son adversaire. Les républicains ont ouvert les premiers le feu des conventions à Tampa, la semaine dernière, centrant leurs salves sur la persistance du chômage, le désarroi du secteur privé, l'incompétence du président et l'échec de son mandat.À Charlotte, les démocrates seront à même de contre-attaquer sur ce qu'ils dénoncent comme les contre-vérités de la campagne républicaine. Nul doute qu'ils exploiteront aussi tous les points faibles du discours de Mitt Romney, comme ils ont déjà commencé de le faire, notamment son silence total sur l'Afghanistan. Mais le président Obama n'en fait pas moins face à au moins cinq défis.
Dans le grand duel politique qui s'engage jusqu'à l'élection présidentielle du 6 novembre, Barack Obama possède un avantage tactique non négligeable: il a vu le jeu de son adversaire. Les républicains ont ouvert les premiers le feu des conventions à Tampa, la semaine dernière, centrant leurs salves sur la persistance du chômage, le désarroi du secteur privé, l'incompétence du président et l'échec de son mandat. À Charlotte, les démocrates seront à même de contre-attaquer sur ce qu'ils dénoncent comme les contre-vérités de la campagne républicaine. Nul doute qu'ils exploiteront aussi tous les points faibles du discours de Mitt Romney, comme ils ont déjà commencé de le faire, notamment son silence total sur l'Afghanistan. Mais le président Obama n'en fait pas moins face à au moins cinq défis.
• Offrir une vision pour l'avenir
Le plus important des défis est de démontrer aux Américains que le maintenir à la Maison-Blanche a un sens. «Une question, Monsieur le Président, que feriez-vous avec quatre ans de plus?» résume cette semaine à la une l'hebdomadaire The Economist. Arrivé à Washington avec le rêve de «gouverner autrement», de transcender les partis et de mettre fin aux intérêts particuliers dans le processus politique, le jeune président termine son mandat empêtré dans un contexte de polarisation aiguë, où les intérêts corporatistes sont plus présents que jamais à Washington. La nation, pessimiste sur l'avenir, estime qu'Obama doit assumer son bilan et cesser d'invoquer l'héritage de la crise qu'il a trouvé à son arrivée en 2008. Près de 60 % des Américains jugent que le pays est sur la mauvaise pente. La persistance d'un chômage à plus de 8 % fragilise le président, dans un pays où aucun de ses prédécesseurs n'a été réélu avec un chômage à plus de 7,2 %. Sa base lui reproche d'avoir trop négocié avec l'autre camp, sans rien obtenir. Mais les indépendants l'accusent au contraire d'avoir été trop radical dans ses réformes, en se battant notamment pour un nouveau système d'assurance-santé que la moitié du pays rejette en bloc. Résultat, malgré les faiblesses de Mitt Romney, candidat républicain par défaut, les deux hommes sont au coude-à-coude dans les sondages.
• Détruire l'adversaire
Les stratèges de Barack Obama estiment que l'un des grands défis de la convention sera de présenter l'élection comme un choix plutôt qu'un référendum sur le bilan du président. L'idée, confiait récemment son conseiller, David Axelrod, est de montrer que l'autre option est bien pire. «Nous devons expliquer que les républicains sont effrayants et totalement déconnectés, qu'ils veulent abolir le XXe siècle», explique Dawn Laguens, directrice du Planning familial, organisation très impliquée dans la campagne sur le thème du droit des femmes. Obama utilise déjà ce levier en parlant d'un programme républicain bloqué «au XIXe siècle». Le projet républicain de réforme du Medicare, assurance-santé des retraités, devrait être la cible privilégiée de la contre-attaque démocrate. De même que les droits des femmes (notamment à l'avortement). «Nous pensons qu'avec un avantage de 13 à 18 % chez les femmes, nous gagnerons», dit Dawn Laguens.
• Remobiliser sa base
Le président a beaucoup déçu les militants démocrates. Nombre d'élus, exaspérés par le caractère très fermé du premier cercle d'Obama et son peu d'engagement à leurs côtés, ont décidé de bouder Charlotte. C'est aussi le cas des syndicats, qui estiment qu'Obama n'a pas suffisamment pris position dans le combat qui les a opposés à plusieurs gouverneurs républicains qui tentaient de les mettre au pas. Les jeunes, naguère en transe au seul nom d'Obama, paraissent également démobilisés.
• Séduire à nouveau les indépendants
En contradiction avec le défi de remobilisation de sa base, cette opération de séduction implique de Barack Obama qu'il parvienne à trouver les mots adéquats pour convaincre les hésitants de lui faire à nouveau confiance, donc qu'il ne s'égare pas trop à gauche. Ce réservoir de voix, qui oscillerait cette année entre 5 et 10 % des électeurs, décidera en dernier recours de l'élection dans les 8 à 10 États «pivots», susceptibles de basculer d'un côté ou de l'autre. Les experts jugent décisif pour Obama qu'il séduise les ouvriers blancs du Midwest, qui ont beaucoup souffert de la crise. Son meilleur atout pour cela est Bill Clinton, étoile des sondages, à condition de contrôler son discours…
• Se réinventer en homme d'action
Barack Obama le charismatique a un avantage majeur par rapport à son adversaire Mitt Romney. Les Américains l'aiment toujours. Mais il lui faut réinventer son style, troquer l'habit du «président orateur» pour celui de l'homme d'action. Montrer qu'il a travaillé dur sur les dossiers de fond et acquis en quatre ans la compétence nécessaire pour sortir le pays de la crise. Certains soulignent que le président, très sûr de lui et prompt à railler les faiblesses de son adversaire, doit se méfier d'une certaine forme d'arrogance. Les organisateurs de Charlotte affirment que sa femme, Michelle, jouera mardi soir un rôle clé pour brosser le portrait d'un président plein d'empathie et de sérieux en action à la Maison-Blanche.
Par Laure Mandeville