Envoyée spéciale à Charlotte (Caroline du Nord)
Les femmes sont partout à Charlotte. À la tribune de la convention démocrate, elles tiennent la vedette. Sur le floor, elles représentent la moitié des 6.000 délégués. Comme le camp de Mitt Romney, celui de Barack Obama sait qu'avec 52 % de l'électorat, la gente féminine représente l'un des grands enjeux de l'élection présidentielle de novembre.
C'est pourquoi les démocrates ont choisi de pilonner les républicains sur le thème de la «guerre contre les femmes». À Tampa, les républicains avaient tenté de rallier celles-ci sur l'économie, mais ils ont tendu la perche aux démocrates avec une plate-forme rejetant le droit à l'avortement, y compris en cas de viol, d'inceste ou de menace pour la vie de la mère. Un programme présenté juste après le scandale créé par le congressman Todd Akin, «théoricien» mal inspiré du «viol véritable».
À Charlotte, les démocrates ont choisi de répondre au camp adverse en faisant valoir que les droits des femmes et l'économie sont indissociables. La toute première femme secrétaire d'État, Madeleine Albright, a mis les pieds dans le plat dès lundi en déclarant: «Les femmes veulent prendre les décisions pour elles-mêmes. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi une femme, à part peut-être Mme Romney, voudrait voter pour Mitt Romney.»
Une trentaine de femmes font partie des tribuns de la convention, parmi lesquelles l'actrice Eva Longoria, Caroline Kennedy, la militante Lilly Ledbetter - qui a donné son nom à la toute première loi signée par Barack Obama en 2009, sur la parité salariale - ou encore les présidentes de l'organisation NARAL pour le droit à l'avortement et du Fonds d'action du planning familial. Symbole de cette «guerre contre les femmes», Sandra Fluke est elle aussi invitée à Charlotte. L'étudiante de Georgetown est entrée malgré elle sur la scène politico-médiatique cet hiver après avoir été qualifiée de «traînée» par Rush Limbaugh, très influent animateur radio ultraconservateur, pour avoir défendu le remboursement de la pilule par l'assurance-santé.
«Comment ne pas voir une guerre contre les femmes?»
Chez les déléguées démocrates, on ne partage pas du tout la critique des républicains et de certains médias selon laquelle la «guerre contre les femmes» est un slogan tapageur destiné à manipuler les électrices préoccupées par l'économie. «J'ai eu un avortement il y a trente ans, je ne l'ai pas dit à mon mari, ce fut une décision difficile. Une grossesse est lourde de conséquences économiques et je ne souhaite pas aux jeunes de voir la moindre parcelle de leurs droits à l'avortement et à la contraception remise en cause», explique Jane Williams, déléguée du Nevada.
«Ma priorité est la santé, pas seulement pour moi mais pour les femmes en général. Je suis radiologue et j'ai peur que l'accès aux soins, aux tests pour le cancer, aux mammographies, à la contraception thérapeutique, ne soit réduit avec Romney et Ryan», souligne Tammie Hill, résidente de Charlotte qui se dit indépendante.
«La première chose qu'aient faite les républicains lorsqu'ils ont repris la majorité à la Chambre fut de passer une loi anti-avortement. Ils s'acharnent contre le planning familial, Romney en tête, mais quand Obama a proposé une loi sur l'emploi qui aurait aidé les femmes, ils l'ont bloquée en janvier, et Mitt Romney était contre la loi sur la parité des salaires. Comment voulez-vous qu'on n'y voie pas une guerre contre les femmes?», demande Angie Buhl, déléguée du Dakota du Sud âgée de 27 ans.
Le président Obama a l'avantage sur Mitt Romney auprès des femmes, avec 8 à 10 points d'avance selon les sondages. Mais en mettant l'accent sur cet électorat, son camp vise surtout les États pivots (swing states), en particulier les femmes déçues des banlieues aisées. Son camp y bombarde les ondes de publicités destinées aux femmes. Dans six de ces États (Virginie, Floride, Ohio, Iowa, Colorado et Nevada), il dépasse déjà Mitt Romney de 13 points auprès des femmes, dont la moitié se disent de moins en moins enclines à voter pour Romney depuis qu'il a choisi le très conservateur Paul Ryan comme colistier. En présentant le Grand Old Party comme archaïque, l'équipe du président tente d'appuyer là où cela fait mal.
Par Adèle Smith
Les femmes sont partout à Charlotte. À la tribune de la convention démocrate, elles tiennent la vedette. Sur le floor, elles représentent la moitié des 6.000 délégués. Comme le camp de Mitt Romney, celui de Barack Obama sait qu'avec 52 % de l'électorat, la gente féminine représente l'un des grands enjeux de l'élection présidentielle de novembre.
C'est pourquoi les démocrates ont choisi de pilonner les républicains sur le thème de la «guerre contre les femmes». À Tampa, les républicains avaient tenté de rallier celles-ci sur l'économie, mais ils ont tendu la perche aux démocrates avec une plate-forme rejetant le droit à l'avortement, y compris en cas de viol, d'inceste ou de menace pour la vie de la mère. Un programme présenté juste après le scandale créé par le congressman Todd Akin, «théoricien» mal inspiré du «viol véritable».
À Charlotte, les démocrates ont choisi de répondre au camp adverse en faisant valoir que les droits des femmes et l'économie sont indissociables. La toute première femme secrétaire d'État, Madeleine Albright, a mis les pieds dans le plat dès lundi en déclarant: «Les femmes veulent prendre les décisions pour elles-mêmes. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi une femme, à part peut-être Mme Romney, voudrait voter pour Mitt Romney.»
Une trentaine de femmes font partie des tribuns de la convention, parmi lesquelles l'actrice Eva Longoria, Caroline Kennedy, la militante Lilly Ledbetter - qui a donné son nom à la toute première loi signée par Barack Obama en 2009, sur la parité salariale - ou encore les présidentes de l'organisation NARAL pour le droit à l'avortement et du Fonds d'action du planning familial. Symbole de cette «guerre contre les femmes», Sandra Fluke est elle aussi invitée à Charlotte. L'étudiante de Georgetown est entrée malgré elle sur la scène politico-médiatique cet hiver après avoir été qualifiée de «traînée» par Rush Limbaugh, très influent animateur radio ultraconservateur, pour avoir défendu le remboursement de la pilule par l'assurance-santé.
«Comment ne pas voir une guerre contre les femmes?»
Chez les déléguées démocrates, on ne partage pas du tout la critique des républicains et de certains médias selon laquelle la «guerre contre les femmes» est un slogan tapageur destiné à manipuler les électrices préoccupées par l'économie. «J'ai eu un avortement il y a trente ans, je ne l'ai pas dit à mon mari, ce fut une décision difficile. Une grossesse est lourde de conséquences économiques et je ne souhaite pas aux jeunes de voir la moindre parcelle de leurs droits à l'avortement et à la contraception remise en cause», explique Jane Williams, déléguée du Nevada.
«Ma priorité est la santé, pas seulement pour moi mais pour les femmes en général. Je suis radiologue et j'ai peur que l'accès aux soins, aux tests pour le cancer, aux mammographies, à la contraception thérapeutique, ne soit réduit avec Romney et Ryan», souligne Tammie Hill, résidente de Charlotte qui se dit indépendante.
«La première chose qu'aient faite les républicains lorsqu'ils ont repris la majorité à la Chambre fut de passer une loi anti-avortement. Ils s'acharnent contre le planning familial, Romney en tête, mais quand Obama a proposé une loi sur l'emploi qui aurait aidé les femmes, ils l'ont bloquée en janvier, et Mitt Romney était contre la loi sur la parité des salaires. Comment voulez-vous qu'on n'y voie pas une guerre contre les femmes?», demande Angie Buhl, déléguée du Dakota du Sud âgée de 27 ans.
Le président Obama a l'avantage sur Mitt Romney auprès des femmes, avec 8 à 10 points d'avance selon les sondages. Mais en mettant l'accent sur cet électorat, son camp vise surtout les États pivots (swing states), en particulier les femmes déçues des banlieues aisées. Son camp y bombarde les ondes de publicités destinées aux femmes. Dans six de ces États (Virginie, Floride, Ohio, Iowa, Colorado et Nevada), il dépasse déjà Mitt Romney de 13 points auprès des femmes, dont la moitié se disent de moins en moins enclines à voter pour Romney depuis qu'il a choisi le très conservateur Paul Ryan comme colistier. En présentant le Grand Old Party comme archaïque, l'équipe du président tente d'appuyer là où cela fait mal.
Par Adèle Smith