Le miracle n'a pas eu lieu. Dix jours après les élections générales du 6 mai, le président de la République a décidé de jeter l'éponge. N'ayant pas réussi à trouver une coalition de gouvernement soutenue par le minimum requis de 151 parlementaires - le Parlement grec compte 300 sièges -, Karolos Papoulias a annoncé mardi après-midi qu'il convoquait de nouvelles élections législatives. Celles-ci devraient avoir lieu le dimanche 10 juin ou le 17 juin.
Mardi, à deux heures, il avait organisé une réunion de la dernière chance à laquelle il avait invité les leaders des principaux partis politiques. De gauche à droite: MM. Tsipras (Syriza, front de type mélenchonniste), Kouvélis (Gauche démocratique), Vénizélos (Pasok, parti socialiste), Samaras (Nouvelle Démocratie, ND, centre droit), Kamenos (parti des «Indépendants», droite nationaliste). Seuls les chefs de deux partis représentés au sein du Parlement élu n'étaient pas invités: le KKE (communiste) et Aube dorée (néofasciste). L'idée du président était de leur faire accepter un gouvernement de technocrates. Deux heures plus tard, ces politiciens sortirent en rang désordonné, sans un mot pour les journalistes qui se précipitaient sur eux.
Seul Kamenos, homme aussi baraqué que ses gardes du corps, le visage fermé, lâcha: «Nous n'avons pas réussi à nous entendre. Nouvelle réunion ici, demain à 13 heures». La pomme de discorde était toujours la même: le fameux «Mémorandum» des réformes budgétaires et structurelles que la troïka (FMI, BCE, UE) a imposé à la Grèce en échange des prêts bonifiés qui lui ont été accordés (quelque 240 milliards d'euros en tout, libérables par tranches successives, en fonction des progrès constatés). Le Pasok et la ND, qui avaient accepté les termes de ce Mémorandum au début de l'année, ont répété que le pays devait s'y tenir. Tous les autres partis ont fait campagne sur son rejet ; ils le refusent toujours. Or le dernier scrutin n'a donné que 149 sièges en tout à ces deux partis, qui ont gouverné la Grèce en alternance depuis la chute du régime des colonels en 1974.
Un quart d'heure plus tard, tombait le communiqué de la Présidence annonçant la convocation de nouvelles élections. À partir de ce point, la Constitution trace la voie explicitement. Le magistrat le plus ancien dans le grade le plus élevé assumera provisoirement la charge de premier ministre. La réunion de 13 heures le 16 mai à la Présidence a pour seul objet de faire ratifier par les forces politiques la nomination de trois ministres transitoires directement concernés par le processus électoral: ceux de l'Intérieur, de la Justice et le porte-parole. Les actuels ministres demeurent en place, pour gérer les affaires courantes. Au sein des partis préconisant que la Grèce honore sa signature afin d'éviter son exclusion de la zone euro, des tractations ont déjà commencé pour former un front qui puisse gagner la majorité requise au Parlement. Les différents petits partis libéraux sont sollicités. En cumul, ils ont représenté 7 % des voix au dernier scrutin. Mais aucun d'entre eux n'a franchi le seuil exigible de 3 % pour entrer au Parlement.
Privatisations stoppées
Ce retour au cirque électoral saisit la Grèce au pire moment. Le gouvernement n'a plus assez d'argent pour assurer le virement des salaires et des retraites du secteur public du mois de juin. Les privatisations sont stoppées ; la recapitalisation des banques traîne ; la récession s'aggrave (6,5 % de chute du PIB pour le seul premier trimestre). Les banques ne prêtent plus car les gros épargnants ont retiré leurs dépôts. 50 % des jeunes sont au chômage. L'économie s'effondre.
«Finalement, c'est peut-être une bonne chose. Nous courons à la drachme et à une purge qui va durer vingt ans. La Grèce s'est comportée en enfant gâté, voleur, mégalomane. La solution: la pension avec un régime sévère!», commentait Karolos Gikas. La cinquantaine sportive, parlant bien anglais, cet homme d'affaires vit à Athènes mais fait son business en dehors du pays - actuellement, il exporte en Turquie de la technologie américaine. «Notre démagogie politique, nos banques incapables, notre économie mafieuse, tout cela ne pouvait pas durer éternellement. L'heure est venue pour les Grecs de revenir à zéro, pour enfin repartir sur des bases saines!», ajoutait-il, avec un sourire résigné, et presque soulagé.
Mardi, à deux heures, il avait organisé une réunion de la dernière chance à laquelle il avait invité les leaders des principaux partis politiques. De gauche à droite: MM. Tsipras (Syriza, front de type mélenchonniste), Kouvélis (Gauche démocratique), Vénizélos (Pasok, parti socialiste), Samaras (Nouvelle Démocratie, ND, centre droit), Kamenos (parti des «Indépendants», droite nationaliste). Seuls les chefs de deux partis représentés au sein du Parlement élu n'étaient pas invités: le KKE (communiste) et Aube dorée (néofasciste). L'idée du président était de leur faire accepter un gouvernement de technocrates. Deux heures plus tard, ces politiciens sortirent en rang désordonné, sans un mot pour les journalistes qui se précipitaient sur eux.
Seul Kamenos, homme aussi baraqué que ses gardes du corps, le visage fermé, lâcha: «Nous n'avons pas réussi à nous entendre. Nouvelle réunion ici, demain à 13 heures». La pomme de discorde était toujours la même: le fameux «Mémorandum» des réformes budgétaires et structurelles que la troïka (FMI, BCE, UE) a imposé à la Grèce en échange des prêts bonifiés qui lui ont été accordés (quelque 240 milliards d'euros en tout, libérables par tranches successives, en fonction des progrès constatés). Le Pasok et la ND, qui avaient accepté les termes de ce Mémorandum au début de l'année, ont répété que le pays devait s'y tenir. Tous les autres partis ont fait campagne sur son rejet ; ils le refusent toujours. Or le dernier scrutin n'a donné que 149 sièges en tout à ces deux partis, qui ont gouverné la Grèce en alternance depuis la chute du régime des colonels en 1974.
Un quart d'heure plus tard, tombait le communiqué de la Présidence annonçant la convocation de nouvelles élections. À partir de ce point, la Constitution trace la voie explicitement. Le magistrat le plus ancien dans le grade le plus élevé assumera provisoirement la charge de premier ministre. La réunion de 13 heures le 16 mai à la Présidence a pour seul objet de faire ratifier par les forces politiques la nomination de trois ministres transitoires directement concernés par le processus électoral: ceux de l'Intérieur, de la Justice et le porte-parole. Les actuels ministres demeurent en place, pour gérer les affaires courantes. Au sein des partis préconisant que la Grèce honore sa signature afin d'éviter son exclusion de la zone euro, des tractations ont déjà commencé pour former un front qui puisse gagner la majorité requise au Parlement. Les différents petits partis libéraux sont sollicités. En cumul, ils ont représenté 7 % des voix au dernier scrutin. Mais aucun d'entre eux n'a franchi le seuil exigible de 3 % pour entrer au Parlement.
Privatisations stoppées
Ce retour au cirque électoral saisit la Grèce au pire moment. Le gouvernement n'a plus assez d'argent pour assurer le virement des salaires et des retraites du secteur public du mois de juin. Les privatisations sont stoppées ; la recapitalisation des banques traîne ; la récession s'aggrave (6,5 % de chute du PIB pour le seul premier trimestre). Les banques ne prêtent plus car les gros épargnants ont retiré leurs dépôts. 50 % des jeunes sont au chômage. L'économie s'effondre.
«Finalement, c'est peut-être une bonne chose. Nous courons à la drachme et à une purge qui va durer vingt ans. La Grèce s'est comportée en enfant gâté, voleur, mégalomane. La solution: la pension avec un régime sévère!», commentait Karolos Gikas. La cinquantaine sportive, parlant bien anglais, cet homme d'affaires vit à Athènes mais fait son business en dehors du pays - actuellement, il exporte en Turquie de la technologie américaine. «Notre démagogie politique, nos banques incapables, notre économie mafieuse, tout cela ne pouvait pas durer éternellement. L'heure est venue pour les Grecs de revenir à zéro, pour enfin repartir sur des bases saines!», ajoutait-il, avec un sourire résigné, et presque soulagé.