Dans l’économie nationale, une entreprise privée, quelle que soit son secteur d’activité a pour seul et unique objectif la recherche de profit. Elle regroupe des moyens matériels, humains et financiers lui permettant de mettre sur le marché des biens ou services à commercialiser. L’argent ou bénéfice issu de cette activité sera distribué aux employés en termes de salaires, aux propriétaires en termes de dividendes. Il servira aussi à couvrir les autres charges (fixes ou variables), à investir à nouveau en vue d’accroître la capacité de production si des opportunités de marché se présentent.
Si elle est incapable d’atteindre cet objectif, la faute n’est pas à rechercher dans la pression fiscale ou le prix du papier. Mais dans l’incapacité des patrons de presse à faire preuve d’imagination et d’innovation face à l’évolution du secteur.
Nous reconnaissons le travail de presse dans l’information, l’éducation et le divertissement mais on se lasse de voir, d’écouter et de lire la même chose tous les jours. Le sujet favori demeure la politique avec la pauvreté des débats que tout le monde déplore. La diversification se limite aux rumeurs sur les personnalités et les téléréalités ; et la stratégie en général est réduite au benchmarking et à l’effet de mode.
La presse n’excelle pas dans des émissions scientifiques et économiques de qualité. La raison n’est pas un manque de moyens mais des carences journalistiques dans ce domaine. L’économie et les sciences requièrent une rigueur d’analyse, une base mathématique et statistique. Les données sont facilement palpables et vérifiables et n’accordent aucune place à la spéculation, la polémique. C’est cette difficulté qui explique la place imposante accordée à la politique.
A défaut de trouver la stratégie adaptée, les patrons de presse se ruent vers l’Etat comme si ce dernier était leur délégué syndical, voire le propriétaire des médias privés. L’Etat a pour rôle d’affecter, de redistribuer des ressources publiques et enfin de réguler. L’exercice de ces fonctions ne doit souffrir d’aucune discrimination. Il doit transcender les émotions et les subjectifs car il s’agit de deniers publics, de l’argent du contribuable sénégalais qui appartient à tous. L’Etat intervient pour relancer une activité, accorder des subventions, lever des obstacles fiscaux qui amortissent l’essor d’un secteur. Donc, le principe d’aide à la presse n’est pas en cause mais la manière et la récurrence qui frisent la discrimination économique. Les patrons de presse ne sont pas plus méritants qu’un ingénieur qui invente une machine qui soulage nos braves femmes et qui est dans l’attente d’une subvention. Ils ne sont pas plus méritants et plus utiles que les menuisiers victimes de l’importation et de la non préférence nationale surtout pour la commande publique. Le seul tort du menuisier ou de l’ingénieur est de ne pas d’un moyen qui fait peur à l’Etat. Les autorités ne travaillent que pour la presse et ne dorment que d’un seul œil à cause de la presse. L’Etat a tissé des relations de proximité avec la presse telles qu’il est lui presque impossible de respecter le principe d’égalité entre les agents économiques. Il préfère subventionner ou accorder une amnistie fiscale à la presse qui représente une menace politique, plus que l’opposition.
Néanmoins, l’argent accordé à ces privilégiés provient des impôts donc de l’argent du contribuable sénégalais. Ce dernier donne de l’argent à des privilégiés et ne bénéficie en retour d’aucune satisfaction. A travers les lignes, les images et les sons émis par ces entreprises de presse, on ne sent vraiment pas une amélioration malgré les efforts de l’Etat. L’aide à la presse sert plutôt aux patrons. La formation du personnel, les équipements ne sont que des arguments servis pour obtenir l’argent sinon on ne verrait pas une équipe échapper de justesse à un drame à bord d’un taxi. Les patrons de presse font souvent allusion, pour légitimer la faveur injustifiée qui leur est accordée, aux subventions notamment les denrées de première nécessité. Ironique, ils sont certainement des « martiens » qui n’utilisent pas ces produits dans leur consommation courante.
Ce qui est paradoxal et même curieux c’est le foisonnement des entreprises de presse. Nous avons plusieurs quotidiens, radios et télés et avons du mal à croire que ces entités appartiennent à ceux qui se lamentent. En effet, le tableau sombre du marché décrit par ces patrons ne semble pas offrir des opportunités et reste très aventurier pour un investisseur. Pourtant, les entreprises continuent à exister ; et on compte de plus en plus de nouveaux entrants. Soit le secteur est attractif et opportun contrairement aux allégations des patrons de presse, soit il existe des mécènes politiques ou économiques tapis dans l’ombre qui soutiennent ces entreprises. Il est impossible, économiquement parlant de rester une année dans un secteur couteux et pas rentable.
Un manager issu de la bonne école recommanderait à ces patrons de presse d’envisager des stratégies de recentrage et de fusion. Ils ont eu le mérite, pour certains, de tenter diversifier. Seulement on n’a pas besoin d’avoir un journal, une radio, un site Internet, et une télé si on n’a pas les moyens. Il faut recentrer, à savoir éliminer les activités non rentables et se concentrer sur ce qui marche. Ainsi, les coûts seront réduits et l’innovation plus rapide dans la mesure où les efforts sont concentrés sur une seule niche.
L’option de la fusion entre groupes de presse est à envisager. On déplore le nombre de partis politiques au Sénégal mais on n’est pas loin de faire de même avec la presse. L’intensité de la concurrence et le faible potentiel du marché dû à la conjoncture ne commandent pas un foisonnement des entreprises de presse. Il est plus judicieux de se regrouper dans des entités solides financièrement et matériellement que d’être dans un secteur fragmenté où règnent la concurrence déloyale et le manque de contrôle. Cela explique la proximité avec le pouvoir et la soumission des employés à des conditions de travail à la limite de l’exploitation.
L’Etat du Sénégal doit aider la presse certes mais doit se garder de la privilégier. L’économie nationale en termes de PIB ne repose pas sur les entreprises de presse mais sur des secteurs plus contraignants, animés par des citoyens dignes et ingénieux qui ne bénéficient pas d’aide ou d’amnistie fiscale. La discrimination économique opérée par l’Etat n’a pas sa raison d’être. Les sénégalais ont dépassé le stade d’être influencés par les médias dans leur choix sinon Wade ne serait pas parti. Il n’y a pas lieu de craindre le soi-disant 4ème pouvoir mais de lui permettre de jouer simplement son rôle comme les autres acteurs de la vie économique et sociale. L’Etat doit éviter les accointances douteuses qui sentent le deal avec la presse. Les caprices des entreprises de presse provenant essentiellement d’une incapacité managériale ne doivent pas être pris en charge par le contribuable sénégalais qui est déjà au bord de l’asphyxie.
Au lieu de les gâter de privilèges, osons former les entreprises de presse patrons aux outils et règles du management actuel. Imposons des cahiers de charges qui empêchent le foisonnement et favorise le développement d’entreprises saines et dynamiques qui ne grèvent pas les derniers publics.
SILIMA NIEUMBE DIOUF
Mohalamdiouf@gmail.com
Si elle est incapable d’atteindre cet objectif, la faute n’est pas à rechercher dans la pression fiscale ou le prix du papier. Mais dans l’incapacité des patrons de presse à faire preuve d’imagination et d’innovation face à l’évolution du secteur.
Nous reconnaissons le travail de presse dans l’information, l’éducation et le divertissement mais on se lasse de voir, d’écouter et de lire la même chose tous les jours. Le sujet favori demeure la politique avec la pauvreté des débats que tout le monde déplore. La diversification se limite aux rumeurs sur les personnalités et les téléréalités ; et la stratégie en général est réduite au benchmarking et à l’effet de mode.
La presse n’excelle pas dans des émissions scientifiques et économiques de qualité. La raison n’est pas un manque de moyens mais des carences journalistiques dans ce domaine. L’économie et les sciences requièrent une rigueur d’analyse, une base mathématique et statistique. Les données sont facilement palpables et vérifiables et n’accordent aucune place à la spéculation, la polémique. C’est cette difficulté qui explique la place imposante accordée à la politique.
A défaut de trouver la stratégie adaptée, les patrons de presse se ruent vers l’Etat comme si ce dernier était leur délégué syndical, voire le propriétaire des médias privés. L’Etat a pour rôle d’affecter, de redistribuer des ressources publiques et enfin de réguler. L’exercice de ces fonctions ne doit souffrir d’aucune discrimination. Il doit transcender les émotions et les subjectifs car il s’agit de deniers publics, de l’argent du contribuable sénégalais qui appartient à tous. L’Etat intervient pour relancer une activité, accorder des subventions, lever des obstacles fiscaux qui amortissent l’essor d’un secteur. Donc, le principe d’aide à la presse n’est pas en cause mais la manière et la récurrence qui frisent la discrimination économique. Les patrons de presse ne sont pas plus méritants qu’un ingénieur qui invente une machine qui soulage nos braves femmes et qui est dans l’attente d’une subvention. Ils ne sont pas plus méritants et plus utiles que les menuisiers victimes de l’importation et de la non préférence nationale surtout pour la commande publique. Le seul tort du menuisier ou de l’ingénieur est de ne pas d’un moyen qui fait peur à l’Etat. Les autorités ne travaillent que pour la presse et ne dorment que d’un seul œil à cause de la presse. L’Etat a tissé des relations de proximité avec la presse telles qu’il est lui presque impossible de respecter le principe d’égalité entre les agents économiques. Il préfère subventionner ou accorder une amnistie fiscale à la presse qui représente une menace politique, plus que l’opposition.
Néanmoins, l’argent accordé à ces privilégiés provient des impôts donc de l’argent du contribuable sénégalais. Ce dernier donne de l’argent à des privilégiés et ne bénéficie en retour d’aucune satisfaction. A travers les lignes, les images et les sons émis par ces entreprises de presse, on ne sent vraiment pas une amélioration malgré les efforts de l’Etat. L’aide à la presse sert plutôt aux patrons. La formation du personnel, les équipements ne sont que des arguments servis pour obtenir l’argent sinon on ne verrait pas une équipe échapper de justesse à un drame à bord d’un taxi. Les patrons de presse font souvent allusion, pour légitimer la faveur injustifiée qui leur est accordée, aux subventions notamment les denrées de première nécessité. Ironique, ils sont certainement des « martiens » qui n’utilisent pas ces produits dans leur consommation courante.
Ce qui est paradoxal et même curieux c’est le foisonnement des entreprises de presse. Nous avons plusieurs quotidiens, radios et télés et avons du mal à croire que ces entités appartiennent à ceux qui se lamentent. En effet, le tableau sombre du marché décrit par ces patrons ne semble pas offrir des opportunités et reste très aventurier pour un investisseur. Pourtant, les entreprises continuent à exister ; et on compte de plus en plus de nouveaux entrants. Soit le secteur est attractif et opportun contrairement aux allégations des patrons de presse, soit il existe des mécènes politiques ou économiques tapis dans l’ombre qui soutiennent ces entreprises. Il est impossible, économiquement parlant de rester une année dans un secteur couteux et pas rentable.
Un manager issu de la bonne école recommanderait à ces patrons de presse d’envisager des stratégies de recentrage et de fusion. Ils ont eu le mérite, pour certains, de tenter diversifier. Seulement on n’a pas besoin d’avoir un journal, une radio, un site Internet, et une télé si on n’a pas les moyens. Il faut recentrer, à savoir éliminer les activités non rentables et se concentrer sur ce qui marche. Ainsi, les coûts seront réduits et l’innovation plus rapide dans la mesure où les efforts sont concentrés sur une seule niche.
L’option de la fusion entre groupes de presse est à envisager. On déplore le nombre de partis politiques au Sénégal mais on n’est pas loin de faire de même avec la presse. L’intensité de la concurrence et le faible potentiel du marché dû à la conjoncture ne commandent pas un foisonnement des entreprises de presse. Il est plus judicieux de se regrouper dans des entités solides financièrement et matériellement que d’être dans un secteur fragmenté où règnent la concurrence déloyale et le manque de contrôle. Cela explique la proximité avec le pouvoir et la soumission des employés à des conditions de travail à la limite de l’exploitation.
L’Etat du Sénégal doit aider la presse certes mais doit se garder de la privilégier. L’économie nationale en termes de PIB ne repose pas sur les entreprises de presse mais sur des secteurs plus contraignants, animés par des citoyens dignes et ingénieux qui ne bénéficient pas d’aide ou d’amnistie fiscale. La discrimination économique opérée par l’Etat n’a pas sa raison d’être. Les sénégalais ont dépassé le stade d’être influencés par les médias dans leur choix sinon Wade ne serait pas parti. Il n’y a pas lieu de craindre le soi-disant 4ème pouvoir mais de lui permettre de jouer simplement son rôle comme les autres acteurs de la vie économique et sociale. L’Etat doit éviter les accointances douteuses qui sentent le deal avec la presse. Les caprices des entreprises de presse provenant essentiellement d’une incapacité managériale ne doivent pas être pris en charge par le contribuable sénégalais qui est déjà au bord de l’asphyxie.
Au lieu de les gâter de privilèges, osons former les entreprises de presse patrons aux outils et règles du management actuel. Imposons des cahiers de charges qui empêchent le foisonnement et favorise le développement d’entreprises saines et dynamiques qui ne grèvent pas les derniers publics.
SILIMA NIEUMBE DIOUF
Mohalamdiouf@gmail.com