À New York
Ce n'est pas la semaine rêvée pour les républicains, à la veille de leur convention nationale, qui débute lundi à Tampa. Au lieu de parler d'économie, Mitt Romney et son colistier Paul Ryan restent empêtrés dans le débat sur l'avortement. Le président Obama, trop heureux quant à lui de déplacer le débat sur ce terrain qui lui est plus favorable, a sauté à pieds joints dans la controverse, avec en arrière-pensée le vote crucial des femmes en novembre. Son camp ne semble pas près de lâcher le filon, si l'on en croit le défilé de femmes prévu à la convention démocrate début septembre.
Le parlementaire à l'origine du scandale, Todd Akin, inventeur du concept de «viol véritable» et du pouvoir magique qu'auraient les femmes violées de ne pas tomber enceintes, a depuis fait son mea culpa. Mais le fait qu'il tienne tête à Mitt Romney et refuse d'abandonner la course au Sénat n'offre pas l'image d'unité qu'espérait présenter le candidat républicain à Tampa. L'adoption d'une plate-forme strictement anti-avortement à la convention, sans mention du viol ni de l'inceste, tombe au mauvais moment, même si elle s'inscrit dans la tradition des récents programmes républicains.
Un colistier très conservateur
Mitt Romney et Paul Ryan ne peuvent faire l'impasse sur le vote des femmes, qui représentent la majorité de l'électorat aux États-Unis. Mais l'avortement n'est pas un sujet à l'avantage de l'ex-gouverneur du Massachusetts. Il a changé d'avis au gré des campagnes et ses déclarations sur une nécessaire exception en cas de viol ou d'inceste ont également poussé Paul Ryan à des contorsions. «La position de Mitt Romney est qu'il faut une exception (à l'interdiction d'avorter) pour le viol, l'inceste et la santé de la mère. Cela me convient parce que c'est un pas dans la bonne direction», a-t-il expliqué.
Mais, avec cette controverse, les électeurs - qui connaissent à peine le colistier de Mitt Romney - découvrent un candidat très conservateur sur les sujets de société. En treize ans au Congrès, il a voté sans faillir toutes les lois anti-avortement. Paul Ryan a même proposé par deux fois avec Todd Akin lui-même un projet de loi limitant la définition du viol. Ce projet introduisait ainsi la notion de «viol contraint», qui aurait permis de réduire le financement fédéral de Planned Parenthood, le planning familial. Interrogé par un journaliste sur la définition de ce terme inédit, le congressman a botté en touche mercredi.
Le soir même, Barack Obama a saisi l'occasion pour lier Akin au tandem républicain et présenter le «Grand Old Party» de Mitt Romney comme un parti rétrograde. «Ce qui est intéressant, c'est que cet individu siège à la commission des sciences et de la technologie, mais qu'il a trouvé le moyen de rater les cours de sciences. Il illustre le souhait des républicains de régresser plutôt que de progresser», a-t-il lancé en campagne à New York.
D'après les sondages, la société américaine soutient de moins en moins le droit à l'avortement, mais une écrasante majorité l'approuve en cas de viol et d'inceste, en contradiction avec le programme républicain. S'il a lu le dernier sondage Wall Street Journal/NBC, Mitt Romney doit se faire du souci. Il ne recueille que 24 % de soutiens chez les femmes, tandis que 54 % d'entre elles sont favorables à Barack Obama. Globalement, les sondages indiquent toutefois qu'il réduit l'écart dans les États pivots. Le candidat républicain a bon espoir que d'ici à son discours de jeudi prochain à Tampa, l'épisode Akin sera oublié. Et que, le 6 novembre, l'économie sera la seule préoccupation des électeurs, hommes et femmes confondus.
Par Adèle Smith
Ce n'est pas la semaine rêvée pour les républicains, à la veille de leur convention nationale, qui débute lundi à Tampa. Au lieu de parler d'économie, Mitt Romney et son colistier Paul Ryan restent empêtrés dans le débat sur l'avortement. Le président Obama, trop heureux quant à lui de déplacer le débat sur ce terrain qui lui est plus favorable, a sauté à pieds joints dans la controverse, avec en arrière-pensée le vote crucial des femmes en novembre. Son camp ne semble pas près de lâcher le filon, si l'on en croit le défilé de femmes prévu à la convention démocrate début septembre.
Le parlementaire à l'origine du scandale, Todd Akin, inventeur du concept de «viol véritable» et du pouvoir magique qu'auraient les femmes violées de ne pas tomber enceintes, a depuis fait son mea culpa. Mais le fait qu'il tienne tête à Mitt Romney et refuse d'abandonner la course au Sénat n'offre pas l'image d'unité qu'espérait présenter le candidat républicain à Tampa. L'adoption d'une plate-forme strictement anti-avortement à la convention, sans mention du viol ni de l'inceste, tombe au mauvais moment, même si elle s'inscrit dans la tradition des récents programmes républicains.
Un colistier très conservateur
Mitt Romney et Paul Ryan ne peuvent faire l'impasse sur le vote des femmes, qui représentent la majorité de l'électorat aux États-Unis. Mais l'avortement n'est pas un sujet à l'avantage de l'ex-gouverneur du Massachusetts. Il a changé d'avis au gré des campagnes et ses déclarations sur une nécessaire exception en cas de viol ou d'inceste ont également poussé Paul Ryan à des contorsions. «La position de Mitt Romney est qu'il faut une exception (à l'interdiction d'avorter) pour le viol, l'inceste et la santé de la mère. Cela me convient parce que c'est un pas dans la bonne direction», a-t-il expliqué.
Mais, avec cette controverse, les électeurs - qui connaissent à peine le colistier de Mitt Romney - découvrent un candidat très conservateur sur les sujets de société. En treize ans au Congrès, il a voté sans faillir toutes les lois anti-avortement. Paul Ryan a même proposé par deux fois avec Todd Akin lui-même un projet de loi limitant la définition du viol. Ce projet introduisait ainsi la notion de «viol contraint», qui aurait permis de réduire le financement fédéral de Planned Parenthood, le planning familial. Interrogé par un journaliste sur la définition de ce terme inédit, le congressman a botté en touche mercredi.
Le soir même, Barack Obama a saisi l'occasion pour lier Akin au tandem républicain et présenter le «Grand Old Party» de Mitt Romney comme un parti rétrograde. «Ce qui est intéressant, c'est que cet individu siège à la commission des sciences et de la technologie, mais qu'il a trouvé le moyen de rater les cours de sciences. Il illustre le souhait des républicains de régresser plutôt que de progresser», a-t-il lancé en campagne à New York.
D'après les sondages, la société américaine soutient de moins en moins le droit à l'avortement, mais une écrasante majorité l'approuve en cas de viol et d'inceste, en contradiction avec le programme républicain. S'il a lu le dernier sondage Wall Street Journal/NBC, Mitt Romney doit se faire du souci. Il ne recueille que 24 % de soutiens chez les femmes, tandis que 54 % d'entre elles sont favorables à Barack Obama. Globalement, les sondages indiquent toutefois qu'il réduit l'écart dans les États pivots. Le candidat républicain a bon espoir que d'ici à son discours de jeudi prochain à Tampa, l'épisode Akin sera oublié. Et que, le 6 novembre, l'économie sera la seule préoccupation des électeurs, hommes et femmes confondus.
Par Adèle Smith