Il y a urgence. Affectés par la crise économique, les envois d'argent des migrants devraient baisser de 7,3 % en 2009, selon la Banque mondiale, pour atteindre 304 milliards de dollars. En un an, les fonds transférés par la diaspora marocaine, dont 41 % proviennent de France, ont chuté de 14 %. Le Sénégal devrait, quant à lui, voir les sommes chuter de 20 % cette année, selon le Fonds monétaire international.
Sur le terrain, les associations ont déjà constaté cette tendance. " Avec la crise, certains travailleurs ont perdu leur travail, d'autres ont vu les missions d'intérim se raréfier. Le résultat, c'est qu'ils envoient moins d'argent qu'avant ", analyse Alliate Chiahou, responsable de l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF). Souvent peu qualifiée, cette population subit en première ligne la récession. Ainsi, selon la Banque mondiale, la baisse de revenus des travailleurs migrants devrait être supérieure de 5 % à celle des autres salariés.
" Danger de paupérisation "
Pour les populations des pays bénéficiaires, ce repli est une catastrophe. Plus importants que l'aide au développement - qui s'élève à 120 milliards de dollars en 2008 -, les fonds des migrants représentent 19 % du PIB sénégalais, 11 % du PIB malien, 9 % du PIB marocain, 4,9 % du PIB tunisien... Alors que 90 % de ces envois financent des dépenses de première nécessité (nourriture, scolarisation, santé), la Banque mondiale pointe " un danger de paupérisation pour de nombreux pays en développement ".
Certes, " vu l'intensité de la crise, le repli est finalement mesuré et aurait pu être plus important ",souligne Audrey Lenoël, chercheuse à l'université de Bristol et spécialiste du sujet. La baisse est ainsi moins importante que celle des investissements privés à destination des pays pauvres, qui devraient diminuer de moitié en 2009, selon la Banque mondiale. Une résistance due avant tout à la mobilisation des immigrés. Alors qu'ils constituent bien souvent l'unique espoir de leurs familles, nombre d'entre eux se privent davantage pour continuer d'envoyer de l'argent. C'est ce que constate Marie-Elise Droga, directrice régionale France et Benelux de Western Union, spécialiste de l'envoi de fonds : " On note certes une légère baisse des montants envoyés, mais non de leur fréquence. Les migrants font tout pour être autant présents qu'auparavant. " Pour sécuriser leur aide, certains n'hésitent pas à emprunter, tandis que d'autres se tournent, en plus de leur travail, vers des petits boulots, déclarés ou non.
Pour atténuer le choc, les autorités françaises parient sur la baisse du coût des transferts. Le niveau des commissions sur envoi exigées par les sociétés spécialisées, qui varie entre 10 et 30 % selon les destinations, est jugé trop onéreux. D'ici à la fin de l'année, le comité de travail constitué par Eric Besson devrait rendre des propositions destinées à alléger la note. Reste un problème : si la ristourne envisagée (5 % sur cinq ans) représente globalement des sommes importantes, elle risque de ne pas alléger suffisamment la facture de chaque migrant.
MAXIME AMIOT
Sur le terrain, les associations ont déjà constaté cette tendance. " Avec la crise, certains travailleurs ont perdu leur travail, d'autres ont vu les missions d'intérim se raréfier. Le résultat, c'est qu'ils envoient moins d'argent qu'avant ", analyse Alliate Chiahou, responsable de l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF). Souvent peu qualifiée, cette population subit en première ligne la récession. Ainsi, selon la Banque mondiale, la baisse de revenus des travailleurs migrants devrait être supérieure de 5 % à celle des autres salariés.
" Danger de paupérisation "
Pour les populations des pays bénéficiaires, ce repli est une catastrophe. Plus importants que l'aide au développement - qui s'élève à 120 milliards de dollars en 2008 -, les fonds des migrants représentent 19 % du PIB sénégalais, 11 % du PIB malien, 9 % du PIB marocain, 4,9 % du PIB tunisien... Alors que 90 % de ces envois financent des dépenses de première nécessité (nourriture, scolarisation, santé), la Banque mondiale pointe " un danger de paupérisation pour de nombreux pays en développement ".
Certes, " vu l'intensité de la crise, le repli est finalement mesuré et aurait pu être plus important ",souligne Audrey Lenoël, chercheuse à l'université de Bristol et spécialiste du sujet. La baisse est ainsi moins importante que celle des investissements privés à destination des pays pauvres, qui devraient diminuer de moitié en 2009, selon la Banque mondiale. Une résistance due avant tout à la mobilisation des immigrés. Alors qu'ils constituent bien souvent l'unique espoir de leurs familles, nombre d'entre eux se privent davantage pour continuer d'envoyer de l'argent. C'est ce que constate Marie-Elise Droga, directrice régionale France et Benelux de Western Union, spécialiste de l'envoi de fonds : " On note certes une légère baisse des montants envoyés, mais non de leur fréquence. Les migrants font tout pour être autant présents qu'auparavant. " Pour sécuriser leur aide, certains n'hésitent pas à emprunter, tandis que d'autres se tournent, en plus de leur travail, vers des petits boulots, déclarés ou non.
Pour atténuer le choc, les autorités françaises parient sur la baisse du coût des transferts. Le niveau des commissions sur envoi exigées par les sociétés spécialisées, qui varie entre 10 et 30 % selon les destinations, est jugé trop onéreux. D'ici à la fin de l'année, le comité de travail constitué par Eric Besson devrait rendre des propositions destinées à alléger la note. Reste un problème : si la ristourne envisagée (5 % sur cinq ans) représente globalement des sommes importantes, elle risque de ne pas alléger suffisamment la facture de chaque migrant.
MAXIME AMIOT