Leral.net | S'informer en temps réel

Les islamistes libyens détruisent des mausolées

Rédigé par leral.net le Lundi 27 Août 2012 à 09:04 | | 0 commentaire(s)|

Des extrémistes ont profané à l'aide d'une pelleteuse et d'un marteau-piqueur des lieux vénérés par les soufistes.


Les islamistes libyens détruisent des mausolées
À Tripoli, comme à Tunis ou au Caire, les islamistes radicaux donnent de la voix. Samedi, près de la capitale libyenne, le mausolée d'al-Chaab al-Dahmani, un saint vénéré par les musulmans soufistes, a été détruit à coups de pelleteuse et sa tombe profanée. Le même jour, à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), un autre mausolée, celui du Cheikh Ahmed al-Zarrouk, a connu un sort identique. La veille, à Zliten (160 km de la capitale), un troisième mausolée, dédié au théologien soufi Sidi Abdel Salam al-Asmar (XVIe siècle), a été réduit en poussière par des explosifs sous des cris de joie proclamant «Dieu est le plus grand». La scène a été filmée puis diffusée sur les réseaux sociaux. Selon un responsable local, «les extrémistes ont profité du fait que les forces de sécurité étaient accaparées» par de violents affrontements dont on ignore d'ailleurs précisément l'origine. Certains évoquent des rivalités tribales, d'autres des heurts entre islamistes modérés et radicaux. Peu auparavant, la bibliothèque de la mosquée Asmari avait été pillée puis incendiée. Il y a quelques semaines, confronté à une multiplication de menaces de mort, l'intendant de la mosquée de Zliten avait dû fuir la ville.

Recrudescence des violences
Sur Facebook, certains internautes ont déploré ces agressions «contre le patrimoine culturel» libyen. D'autres ont applaudi au contraire «la suppression de ces signes d'idolâtrie»… Le président de l'Assemblée nationale élue le 7 juillet, Mohamed Megaryef, a dénoncé ces attaques «interdites par la loi et la charia», estimant «regrettable et suspect» que des membres des services de sécurité et des anciens combattants rebelles y aient participé. Mohamed Megaryef a indiqué que le chef du gouvernement, les ministres de la Défense et de l'Intérieur, Oussama Jouili et Fawzi Abdelali, ainsi que le chef des renseignements avaient été convoqués pour répondre aux questions de l'Assemblée. À la suite des critiques de plusieurs députés réclamant le limogeage des deux ministres, Fawzi Abdelali a présenté dimanche sa démission. À l'instar de son homologue en charge de la Défense, il était accusé de laxisme face à la recrudescence des violences ces derniers jours. Les deux hommes étaient sur la sellette depuis les attentats à la voiture piégée commis dimanche dernier à Tripoli (deux morts) et l'annonce de la saisie de dizaines de chars et de lance-missiles chez une milice de supposés partisans de l'ancien régime.

La Libye est marquée par un islam traditionnel d'inspiration soufie. Jusqu'ici, les salafistes, qui accusent les soufistes d'impiété, ne constituent qu'une minorité. Mais la faiblesse de l'État, l'insécurité liée à l'abondance d'armes en circulation et à l'existence de stocks peu contrôlés, de même que des conflits tribaux lancinants, leur offrent un terreau favorable. Persécutés par le régime du colonel Kadhafi, bon nombre d'anciens militants du Groupe islamique combattant libyen (GICL) ont séjourné dans les camps d'entraînement d'al-Qaida sur la frontière pakistano-afghane avant de regagner la Libye et de prendre une part active à la lutte contre Kadhafi. L'ex-guide de la révolution «ayant fermé toutes les fenêtres du savoir, remarquait récemment le chef spirituel des Frères musulmans libyens, Bachir al-Kupti, bon nombre de jeunes rebelles démobilisés, qui ont une arme mais pas de travail, représentent une proie rêvée» pour les fondamentalistes.




Par Arielle Thedrel