On n'abandonne pas un navire en pleine tempête. Le vice-premier ministre britannique, Nick Clegg, leader du Parti libéral-démocrate, assure qu'il n'a aucune intention de quitter le gouvernement de coalition formé en mai 2010 avec le Parti conservateur de David Cameron. «Nous travaillons tous les jours à ancrer ce gouvernement au centre», a-t-il rappelé mercredi, dans son discours de clôture du congrès de son parti à Brighton, dans le sud de l'Angleterre. Message subliminal: «Sans nous, ce serait pire.»
La remobilisation s'imposait après deux ans et demi de déconvenues liées à l'exercice du pouvoir. À mi-mandat, le parti centriste traverse une sévère crise d'identité et de confiance. Déserté par ses électeurs de 2010, malmené par ses alliés conservateurs, raillé par l'opposition travailliste. Compromis dans la politique d'austérité du gouvernement, sans pouvoir imposer ses idées, il a dû avaler des couleuvres en série: baisse du taux supérieur d'impôt sur le revenu, réforme du système de santé, réduction des aides aux défavorisés, abandon de la réforme de la Chambre des lords…
Ridiculisé, impuissant
Contrairement à ses promesses électorales, Nick Clegg a aussi accepté le triplement des droits d'inscription à l'université, qui lui a valu la perte du soutien des jeunes électeurs. Pour cet engagement rompu, Nick Clegg s'est excusé - un peu tard - la semaine dernière dans un message télévisé un peu solennel. Las, le clip aussitôt détourné par des petits malins du Web qui l'ont mis en musique («I'm sorry, so so sorry») a créé un buzz phénoménal sur Internet et la chanson a fait son entrée au hit-parade d'iTunes.
Ridiculisé, impuissant, Nick Clegg commence à être contesté dans son propre parti. «La rébellion anti-Clegg et anti-coalition a été maîtrisée pendant le congrès mais ça ne durera pas, estime Bernard Disken, militant dans le Yorkshire. Nick Clegg est devenu toxique pour le parti, il est trop compromis avec les conservateurs et nous devons nous préparer à la possibilité d'une coalition avec les travaillistes en 2015.»
Après la contrition, les lib-dems préparent la reconquête. Plutôt qu'un coup d'éclat, son leader choisit la voie de la responsabilité. S'il lui serait plus facile de quitter la coalition pour retrouver sa liberté de critiquer, il estime être passé durablement du «confort» d'un parti d'opposition perpétuelle aux «dures réalités d'un parti de gouvernement». Pour Nick Clegg, la crédibilité future de sa formation est directement liée au succès du redressement économique du pays. Rien ne dit que ce pari sera approuvé par les électeurs le moment venu. Mais cette démarche de maturité fait espérer aux libéraux-démocrates de pouvoir s'imposer comme force d'appoint pour les conservateurs, comme pour les travaillistes si besoin.
En attendant, ils comptent peser de tout leur maigre poids dans la balance face aux projets de David Cameron et du chancelier George Osborne. Ils entendent ainsi monnayer leur soutien à de nouvelles coupes dans les aides sociales l'an prochain par la création d'un impôt sur la fortune. Une idée qui fait bondir les conservateurs.
Par Florentin Collomp
La remobilisation s'imposait après deux ans et demi de déconvenues liées à l'exercice du pouvoir. À mi-mandat, le parti centriste traverse une sévère crise d'identité et de confiance. Déserté par ses électeurs de 2010, malmené par ses alliés conservateurs, raillé par l'opposition travailliste. Compromis dans la politique d'austérité du gouvernement, sans pouvoir imposer ses idées, il a dû avaler des couleuvres en série: baisse du taux supérieur d'impôt sur le revenu, réforme du système de santé, réduction des aides aux défavorisés, abandon de la réforme de la Chambre des lords…
Ridiculisé, impuissant
Contrairement à ses promesses électorales, Nick Clegg a aussi accepté le triplement des droits d'inscription à l'université, qui lui a valu la perte du soutien des jeunes électeurs. Pour cet engagement rompu, Nick Clegg s'est excusé - un peu tard - la semaine dernière dans un message télévisé un peu solennel. Las, le clip aussitôt détourné par des petits malins du Web qui l'ont mis en musique («I'm sorry, so so sorry») a créé un buzz phénoménal sur Internet et la chanson a fait son entrée au hit-parade d'iTunes.
Ridiculisé, impuissant, Nick Clegg commence à être contesté dans son propre parti. «La rébellion anti-Clegg et anti-coalition a été maîtrisée pendant le congrès mais ça ne durera pas, estime Bernard Disken, militant dans le Yorkshire. Nick Clegg est devenu toxique pour le parti, il est trop compromis avec les conservateurs et nous devons nous préparer à la possibilité d'une coalition avec les travaillistes en 2015.»
Après la contrition, les lib-dems préparent la reconquête. Plutôt qu'un coup d'éclat, son leader choisit la voie de la responsabilité. S'il lui serait plus facile de quitter la coalition pour retrouver sa liberté de critiquer, il estime être passé durablement du «confort» d'un parti d'opposition perpétuelle aux «dures réalités d'un parti de gouvernement». Pour Nick Clegg, la crédibilité future de sa formation est directement liée au succès du redressement économique du pays. Rien ne dit que ce pari sera approuvé par les électeurs le moment venu. Mais cette démarche de maturité fait espérer aux libéraux-démocrates de pouvoir s'imposer comme force d'appoint pour les conservateurs, comme pour les travaillistes si besoin.
En attendant, ils comptent peser de tout leur maigre poids dans la balance face aux projets de David Cameron et du chancelier George Osborne. Ils entendent ainsi monnayer leur soutien à de nouvelles coupes dans les aides sociales l'an prochain par la création d'un impôt sur la fortune. Une idée qui fait bondir les conservateurs.
Par Florentin Collomp