Qu’appelle-t-on écrivain africain?
Au-delà de la sélection forcément ardue, la difficulté réside surtout dans la définition de l’auteur africain que, entre double appartenance et schizonévrose identitaire, délimitent plusieurs frontières qui se superposent et s’anéantissent. La plupart des auteurs majeurs du continent, notamment au XXe siècle, étaient édités en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis d’Amérique... Hormis les auteurs sud-africains, il y a une ambiguïté qui frappe la production de la plupart de nos écrivains, qui sont souvent appelés «écrivain français d’origine camerounaise» (Mongo Béti) ou «écrivain français d’origine marocaine» (Tahar Ben Jelloun).
Au sens du présent classement, les écrivains africains sont ceux qui se réclament du continent, soit par leur thématique soit par leurs déclarations. La production littéraire africaine «intra muros» reste outrageusement débile (au sens premier de «faible») et imbécile (au sens étymologique de «sans force»), le Nigeria s’illustrant comme un cas exceptionnel, tant en quantité qu’en qualité. L’Afrique du Sud aussi, évidemment… Comme si la littérature était avant tout un privilège bourgeois qu’on pourrait corréler aux performances économiques!
Qui va, au terme du siècle courant, succéder à Naguib Mahfouz, Farah Nurrudin, JM Coetzee, Wole Soyinka, Mariama Bâ? Ces classiques des classiques, qui ont donné leurs lettres de noblesses, passez-moi la facilité du tour de phrase, aux littératures africaines. Qui sont ceux dont on parlera encore dans 90 ans?
Les 10 que je préfère
10. Leila Abouzeid
L’auteure marocaine de Last Chapter n’est sans doute pas l’écrivaine la plus prolifique et la plus inoubliable qui soit. J’ai eu un vrai coup de cœur pour son Année de l’éléphant. Leila Abouzeid n’est pas spécialement connue parce qu’elle est surtout traduite aux Etats-Unis, où elle a connu un beau succès d’estime.
9. Unity Dow
Le Botswana ne réussit pas uniquement au plan économique et social. Unity Dow, magistrate émérite, est aussi une écrivaine de talent. Sa thématique, dans les cinq romans qu’elle a écrits à ce jour, parcourt et recouvre les problèmes posés par la mondialisation dans nos sociétés africaines, le fléau du sida, ou la condition féminine. Elle a reçu plusieurs distinctions littéraires, aux Etats-Unis notamment. Son dernier roman, Saturday is for funeral, a été publié à Harvard Press. A lire absolument: Les cris de l’innocente.
8. Ex aequo: Ananda Devi et Kossi Efoui
L’une est Mauricienne, l’autre Togolais. Tout ce que Ananda Devi et Kossi Efoui ont en commun, en plus d’être Africains, c’est d’avoir été distingués par le Prix des cinq continents. Ils restent à mon sens des espoirs plus que des talents définitivement incontournables.
7. Léonora Miano
Son style n’est pas suffisamment osé, coloré, vivant, il exhale par moments les recettes d’écriture bien assimilées. Il n’empêche, Léonora Miano écrit d’excellents livres, avec sa plume qui rappelle Hamidou Kane ou le style par trop académique de son compatriote camerounais, l’excellent Gaston-Paul Effa. L’auteur des Aubes écarlates a fait, en quatre livres publiés en l’espace de cinq ans, une entrée en fanfare dans le cercle des très grands. Si cela perdure, si elle se diversifie et réussit à se réinventer dans ses prochains textes, elle est partie pour être à la littérature africaine ce que Samuel Eto’o est au football africain: un phénomène international. Ces âmes chagrines, publié chez Plon, est présenté comme un grand cru.
6. Yasmina Khadra
En France, son succès ne se dément pas depuis de nombreuses années, mais c’est depuis les années 2000 et son ralliement à Sarkozy que de nombreux Africains ont découvert l’œuvre de cet Algérien au pseudonyme si féminin. Yasmina Khadra est le seul dans ce classement à écrire des polars haletants qui n’envient rien aux maîtres américains du genre. Depuis 2001, chacun de ses romans a reçu une distinction littéraire majeure, Les Hirondelles de Kaboul, par exemple, a été primé en Algérie, au Koweït, élu meilleur livre de l’année 2008 par le San Francisco Chronicle.
5. Noviolet Bulawayo
La compatriote de Petina Gappah a reçu en juillet 2011, le Caine Prize for african writing qui est doté de près de 8 millions francs CFA (environ 12.000 euros) et d’un mois de résidence à l’université de Georgetown (Washington, Etats-Unis). Son Hitting Budapest est un chef-d’œuvre.
4. Zukiswa Wanner
L’œuvre de sa compatriote sud-africaine Zakes Mda me parle davantage, mais celle-ci a été accusée de plagiat à plusieurs reprises. Zukiswa Wanner, en revanche, est une écrivaine pleine de promesses qui sait dire l’Afrique du Sud post-apartheid. Avez-vous lu The Madams? Amour, sexe et bonheur garantis.
3. M.G. Vassanji
Ce Kényan de naissance, qui a grandi en Tanzanie, est davantage connu au Canada. Et c’est justement sur la chaude insistance d’amis canadiens que j’ai fait sa découverte. De M.G. Vassanji, je ne connais pour l’instant que sa Troublante Histoire de Vikram Lall (Giller Prize en 2004) qui m’avait été offerte. Mais en sus de tout le bien qu’on en dit, c’est suffisant pour le faire figurer dans notre liste.
2. Alain Mabanckou
Son dernier livre, publié chez Grasset, a été assez décevant; cela goûtait du réchauffé, il y manquait la folie, la variété et l’originalité de Bleu Blanc Rouge ou des Mémoires d’un Porc-épic. Alain Mabanckou reste pourtant l’un de nos plus fiers auteurs! Le Congo nous avait donné le plus beau poète francophone (Tchicaya U’tamsi), il nous avait révélé le dramaturge le plus puissant de sa génération (Sony Labou Tansi), il nous offre à présent le romancier le plus étincelant. Enseignant aux USA, ce grand promeneur a commencé son périple littéraire dans le très prestigieux L’Harmattan. Il a flirté avec le mythique Présence Africaine, a pris du galon chez Serpent à plumes, a été confirmé au Seuil et consacré chez Grasset, en raflant au passage bien des prix littéraires les plus courus en France et dans la Francophonie. Il est sans doute l’écrivain africain de langue française le plus traduit.
1. Chimamanda Adichie
Pourquoi elle plutôt que Helon Habila ou Segun Afolabi, tous Nigérians? Parce qu’il fallait choisir, et c’est à elle que va ma préférence. Il a suffi d’un livre qui ne m’avait jamais été recommandé, au sujet duquel je n’avais lu aucune critique, pour en tomber amoureux: L’Autre moitié du soleil. Dans son recueil de nouvelles Thing around your neck, Chimamanda Adichie réussit à entremêler traditions et cultures dans des histoires très actuelles. Outre cela, celle qui fut lauréate du Prix Orange (l’un des prix littéraires les plus prestigieux au Royaume uni, doté de 34.000 euros) en 2007 est fortement engagée dans les combats de son époque. Une intellectuelle comme on les aime, qui avait reçu en 2005, le Commonwealth writers prize pour son premier roman, L’Hibiscus pourpre. Si l’on considère enfin qu’elle est la benjamine (née en septembre 1977) qu’elle a eu un parcours universitaire impressionnant honoré «des plus grandes louanges» académiques, elle est sans doute l’écrivaine de sa génération qui domine le mieux notre époque.
Sortir de la complainte et de la négritude
Les écrivains africains actuels sont souvent inaudibles, pétrifiés dans leur zone de confort, confinés dans les classes où on les programme ou chez les spécialistes qui les étudie, atones dans nos propres médias, inexistants face aux intellectuels occidentaux. Et quand, comme Gaston Kelman qui, Dieu seul sait pourquoi, n’aime pas le manioc, ou Calixthe Beyala, l’«afrofrançaise», ils donnent de la voix, c’est de manière fort sélective qu’ils s’indignent, c’est surtout qu’ils ont cassé leur plume et ont cessé de nous épater par leurs créations. Les littératures africaines sont trop jeunes pour se satisfaire de ce qui a été fait au siècle dernier. Mongo Beti, par exemple, est le bâton de maréchal de la littérature camerounaise, une espèce d’autorité de principe, un écrivain lumineux qui surclasse, depuis 1958, tous les autres écrivains camerounais; il y a lui et en deçà il y a les autres, qu’un monde sépare.
L’écrivain africain n’est-il qu’un écrivain du désarroi et de la confrontation, qui peine à séduire son monde quand il ne se complait pas dans la complainte et ne parle pas de négritude, d’anthropophagie, de violence, de traumatismes, d’exotisme et de folklore? Pourquoi la modernité, le roman psychologique, l’amour, dans un contexte de croissance économique, de décadence du fait ethnique, d’alphabétisation à grande échelle et de conjuration de malédictions millénaires, dans cette face conquérante de l’Afrique, ne trouvent-ils pas preneurs (liseurs)? L’écrivain africain, aujourd’hui, est un écrivain qui se justifie, comme hier. C’est un écrivain qui écrit pour un public occidental auquel il destine sa prose que, sur place, ne lit et ne commente qu’une certaine élite urbaine.
Au total, l’écriture a été investie par les femmes, ce n’est pas un hasard si elles sont d’une si écrasante majorité dans notre classement. Messieurs, Allah n’est pas obligé d’être juste en toutes choses ici-bas!
Eric Essono Tsimi
Source: slateafrique.com
Au-delà de la sélection forcément ardue, la difficulté réside surtout dans la définition de l’auteur africain que, entre double appartenance et schizonévrose identitaire, délimitent plusieurs frontières qui se superposent et s’anéantissent. La plupart des auteurs majeurs du continent, notamment au XXe siècle, étaient édités en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis d’Amérique... Hormis les auteurs sud-africains, il y a une ambiguïté qui frappe la production de la plupart de nos écrivains, qui sont souvent appelés «écrivain français d’origine camerounaise» (Mongo Béti) ou «écrivain français d’origine marocaine» (Tahar Ben Jelloun).
Au sens du présent classement, les écrivains africains sont ceux qui se réclament du continent, soit par leur thématique soit par leurs déclarations. La production littéraire africaine «intra muros» reste outrageusement débile (au sens premier de «faible») et imbécile (au sens étymologique de «sans force»), le Nigeria s’illustrant comme un cas exceptionnel, tant en quantité qu’en qualité. L’Afrique du Sud aussi, évidemment… Comme si la littérature était avant tout un privilège bourgeois qu’on pourrait corréler aux performances économiques!
Qui va, au terme du siècle courant, succéder à Naguib Mahfouz, Farah Nurrudin, JM Coetzee, Wole Soyinka, Mariama Bâ? Ces classiques des classiques, qui ont donné leurs lettres de noblesses, passez-moi la facilité du tour de phrase, aux littératures africaines. Qui sont ceux dont on parlera encore dans 90 ans?
Les 10 que je préfère
10. Leila Abouzeid
L’auteure marocaine de Last Chapter n’est sans doute pas l’écrivaine la plus prolifique et la plus inoubliable qui soit. J’ai eu un vrai coup de cœur pour son Année de l’éléphant. Leila Abouzeid n’est pas spécialement connue parce qu’elle est surtout traduite aux Etats-Unis, où elle a connu un beau succès d’estime.
9. Unity Dow
Le Botswana ne réussit pas uniquement au plan économique et social. Unity Dow, magistrate émérite, est aussi une écrivaine de talent. Sa thématique, dans les cinq romans qu’elle a écrits à ce jour, parcourt et recouvre les problèmes posés par la mondialisation dans nos sociétés africaines, le fléau du sida, ou la condition féminine. Elle a reçu plusieurs distinctions littéraires, aux Etats-Unis notamment. Son dernier roman, Saturday is for funeral, a été publié à Harvard Press. A lire absolument: Les cris de l’innocente.
8. Ex aequo: Ananda Devi et Kossi Efoui
L’une est Mauricienne, l’autre Togolais. Tout ce que Ananda Devi et Kossi Efoui ont en commun, en plus d’être Africains, c’est d’avoir été distingués par le Prix des cinq continents. Ils restent à mon sens des espoirs plus que des talents définitivement incontournables.
7. Léonora Miano
Son style n’est pas suffisamment osé, coloré, vivant, il exhale par moments les recettes d’écriture bien assimilées. Il n’empêche, Léonora Miano écrit d’excellents livres, avec sa plume qui rappelle Hamidou Kane ou le style par trop académique de son compatriote camerounais, l’excellent Gaston-Paul Effa. L’auteur des Aubes écarlates a fait, en quatre livres publiés en l’espace de cinq ans, une entrée en fanfare dans le cercle des très grands. Si cela perdure, si elle se diversifie et réussit à se réinventer dans ses prochains textes, elle est partie pour être à la littérature africaine ce que Samuel Eto’o est au football africain: un phénomène international. Ces âmes chagrines, publié chez Plon, est présenté comme un grand cru.
6. Yasmina Khadra
En France, son succès ne se dément pas depuis de nombreuses années, mais c’est depuis les années 2000 et son ralliement à Sarkozy que de nombreux Africains ont découvert l’œuvre de cet Algérien au pseudonyme si féminin. Yasmina Khadra est le seul dans ce classement à écrire des polars haletants qui n’envient rien aux maîtres américains du genre. Depuis 2001, chacun de ses romans a reçu une distinction littéraire majeure, Les Hirondelles de Kaboul, par exemple, a été primé en Algérie, au Koweït, élu meilleur livre de l’année 2008 par le San Francisco Chronicle.
5. Noviolet Bulawayo
La compatriote de Petina Gappah a reçu en juillet 2011, le Caine Prize for african writing qui est doté de près de 8 millions francs CFA (environ 12.000 euros) et d’un mois de résidence à l’université de Georgetown (Washington, Etats-Unis). Son Hitting Budapest est un chef-d’œuvre.
4. Zukiswa Wanner
L’œuvre de sa compatriote sud-africaine Zakes Mda me parle davantage, mais celle-ci a été accusée de plagiat à plusieurs reprises. Zukiswa Wanner, en revanche, est une écrivaine pleine de promesses qui sait dire l’Afrique du Sud post-apartheid. Avez-vous lu The Madams? Amour, sexe et bonheur garantis.
3. M.G. Vassanji
Ce Kényan de naissance, qui a grandi en Tanzanie, est davantage connu au Canada. Et c’est justement sur la chaude insistance d’amis canadiens que j’ai fait sa découverte. De M.G. Vassanji, je ne connais pour l’instant que sa Troublante Histoire de Vikram Lall (Giller Prize en 2004) qui m’avait été offerte. Mais en sus de tout le bien qu’on en dit, c’est suffisant pour le faire figurer dans notre liste.
2. Alain Mabanckou
Son dernier livre, publié chez Grasset, a été assez décevant; cela goûtait du réchauffé, il y manquait la folie, la variété et l’originalité de Bleu Blanc Rouge ou des Mémoires d’un Porc-épic. Alain Mabanckou reste pourtant l’un de nos plus fiers auteurs! Le Congo nous avait donné le plus beau poète francophone (Tchicaya U’tamsi), il nous avait révélé le dramaturge le plus puissant de sa génération (Sony Labou Tansi), il nous offre à présent le romancier le plus étincelant. Enseignant aux USA, ce grand promeneur a commencé son périple littéraire dans le très prestigieux L’Harmattan. Il a flirté avec le mythique Présence Africaine, a pris du galon chez Serpent à plumes, a été confirmé au Seuil et consacré chez Grasset, en raflant au passage bien des prix littéraires les plus courus en France et dans la Francophonie. Il est sans doute l’écrivain africain de langue française le plus traduit.
1. Chimamanda Adichie
Pourquoi elle plutôt que Helon Habila ou Segun Afolabi, tous Nigérians? Parce qu’il fallait choisir, et c’est à elle que va ma préférence. Il a suffi d’un livre qui ne m’avait jamais été recommandé, au sujet duquel je n’avais lu aucune critique, pour en tomber amoureux: L’Autre moitié du soleil. Dans son recueil de nouvelles Thing around your neck, Chimamanda Adichie réussit à entremêler traditions et cultures dans des histoires très actuelles. Outre cela, celle qui fut lauréate du Prix Orange (l’un des prix littéraires les plus prestigieux au Royaume uni, doté de 34.000 euros) en 2007 est fortement engagée dans les combats de son époque. Une intellectuelle comme on les aime, qui avait reçu en 2005, le Commonwealth writers prize pour son premier roman, L’Hibiscus pourpre. Si l’on considère enfin qu’elle est la benjamine (née en septembre 1977) qu’elle a eu un parcours universitaire impressionnant honoré «des plus grandes louanges» académiques, elle est sans doute l’écrivaine de sa génération qui domine le mieux notre époque.
Sortir de la complainte et de la négritude
Les écrivains africains actuels sont souvent inaudibles, pétrifiés dans leur zone de confort, confinés dans les classes où on les programme ou chez les spécialistes qui les étudie, atones dans nos propres médias, inexistants face aux intellectuels occidentaux. Et quand, comme Gaston Kelman qui, Dieu seul sait pourquoi, n’aime pas le manioc, ou Calixthe Beyala, l’«afrofrançaise», ils donnent de la voix, c’est de manière fort sélective qu’ils s’indignent, c’est surtout qu’ils ont cassé leur plume et ont cessé de nous épater par leurs créations. Les littératures africaines sont trop jeunes pour se satisfaire de ce qui a été fait au siècle dernier. Mongo Beti, par exemple, est le bâton de maréchal de la littérature camerounaise, une espèce d’autorité de principe, un écrivain lumineux qui surclasse, depuis 1958, tous les autres écrivains camerounais; il y a lui et en deçà il y a les autres, qu’un monde sépare.
L’écrivain africain n’est-il qu’un écrivain du désarroi et de la confrontation, qui peine à séduire son monde quand il ne se complait pas dans la complainte et ne parle pas de négritude, d’anthropophagie, de violence, de traumatismes, d’exotisme et de folklore? Pourquoi la modernité, le roman psychologique, l’amour, dans un contexte de croissance économique, de décadence du fait ethnique, d’alphabétisation à grande échelle et de conjuration de malédictions millénaires, dans cette face conquérante de l’Afrique, ne trouvent-ils pas preneurs (liseurs)? L’écrivain africain, aujourd’hui, est un écrivain qui se justifie, comme hier. C’est un écrivain qui écrit pour un public occidental auquel il destine sa prose que, sur place, ne lit et ne commente qu’une certaine élite urbaine.
Au total, l’écriture a été investie par les femmes, ce n’est pas un hasard si elles sont d’une si écrasante majorité dans notre classement. Messieurs, Allah n’est pas obligé d’être juste en toutes choses ici-bas!
Eric Essono Tsimi
Source: slateafrique.com