Le Front de libération nationale (FLN) sort grand gagnant des élections législatives du jeudi 10 mai en Algérie, les premières organisées dans le pays depuis le printemps arabe qui a secoué la région l’an dernier. Selon les chiffres préliminaires officiels communiqués par le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Dahou Ould Kablia, le FLN comptera 220 députés dans la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN), dont le nombre de sièges a été porté de 389 à 462 à l’occasion de ce scrutin.
En décrochant plus de 47 % des sièges, le parti dont est issu le président Abdelaziz Bouteflika améliore en effet son score de 2007 (35,7 %) de près de 12 points. Grâce aux 68 sièges (14,7 % des voix) remportés par le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre sortant Ahmed Ouyahia, l’autre grande formation de la majorité présidentielle, la coalition au pouvoir s’assure donc la majorité absolue dans l’hémicycle.
Cette nouvelle donne pourrait lui permettre de se passer de l’appui du Mouvement de la société pour la paix (MSP), un parti islamiste avec lequel le FLN et le RND étaient jusqu’à présent contraints de composer pour gouverner. Membre de la coalition au pouvoir jusqu’en janvier dernier, le MSP a alors décidé de la quitter pour former l’alliance Algérie verte en compagnie de deux autres formations religieuses, Ennahda et El-Islah.
"Couverture"
Pour les autorités sortantes, ces résultats sont d’autant plus positifs que le scrutin a été marqué par un taux de participation à la hauteur des espoirs qu’elles avaient formulés et par une déroute des sept partis islamistes en lice - deux inconnues considérées comme les principaux enjeux du vote.
Alors que la plupart des politologues prédisaient un taux d’abstention massif - jusqu’à 80 % -, celui-ci ne s’élève qu’à un peu plus de 57 %, soit près de 7 points de moins que lors des législatives de 2007. Une forme de succès pour le pouvoir, qui espérait qu’il ne dépasserait pas 55 % pour pouvoir considérer comme validées par les urnes les réformes adoptées l’an dernier pour endiguer les manifestations nées au lendemain des printemps tunisien et égyptien.
Quant à l’alliance Algérie verte, le mouvement religieux le plus à même de réaliser un bon score, elle ne remporte que 48 sièges, alors que ses leaders espéraient surfer sur la vague des scrutins tunisien, marocain et égyptien au cours desquels les islamistes ont pris le pouvoir. Cette coalition obtient un moins bon résultat que celui, en 2007, du MSP, le Mouvement de la société pour la paix, qui se présentait pourtant seul et avait obtenu 51 sièges.
Reste qu’au sein de la population algérienne qui s’est détournée de la vie politique depuis près de deux décennies, ces résultats suscitent un grand scepticisme. "C’est le FLN qui est champion ? Pas étonnant, il a toujours été majoritaire dans le pays !", s’exclame ainsi Sofiane, réceptionniste dans un hôtel, en apprenant la nouvelle. Comme beaucoup de jeunes, lui n’a pas fait le détour par l’isoloir, jeudi. "Pourquoi y serais-je allé ? Je n’ai jamais voté. En Algérie, les élections ne sont qu’une couverture", ajoute-t-il.
"Le FLN est l’ex-parti unique. Il n’y a pas de raison que ça change. Il faut que la formation du président arrive en tête pour que celui-ci puisse gouverner", confie pour sa part Hamid, restaurateur, qui retient plutôt de ce scrutin le retour à l’APN du Front des forces socialistes (FFS) du vieil opposant Hocine Aït Ahmed. Après avoir boycotté les législatives de 2002 et de 2007, le FFS a en effet remporté 21 sièges jeudi, soit un de plus que le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, l’autre formation appartenant à l’opposition dite démocratique.
"La décennie noire reste très présente dans les esprits"
Seule voix discordante dans ce concert de propos résignés, celle de Mohammed, chef concierge dans un grand établissement hôtelier d’Alger. "J’étais convaincu que le FLN l’emporterait, car il est le parti historique, celui qui inspire confiance aux électeurs. Jeudi, je ne suis pas allé voter car j’étais de service. Mais si je n’avais pas travaillé, j’y serai allé et j’aurais voté pour lui."
Le mauvais score des partis religieux et l’arrivée de 145 femmes à l’assemblée (31,39 % des sièges) à l’occasion de la première application de la loi sur la représentativité féminine en politique adoptée en avril 2011, provoquent, en revanche, des réactions similaires. "La déroute des partis islamistes est normale, reprend ainsi Mohamed. Les Algériens gardent un mauvais souvenir de la fois où le FIS [Front islamique du salut, un parti religieux dont le succès au premier tour des législatives de 1991 est à l’origine des violences qu’a ensuite connue l’Algérie ndlr] a failli arriver au pouvoir. La décennie noire reste très présente dans les esprits."
Quant à l’entrée significative des femmes dans l’hémicycle, "ça fait plaisir, elle prennent enfin toute leur place dans la société", se réjouit une jeune employée de bureau qui ne tient pas à dévoiler son identité. Alors qu’elles sont payées comme les hommes, pourquoi ne devaient-elles pas être reconnues en politique ?", interroge encore celle-ci. Pour beaucoup dans les rues d’Alger, il s’agit d’ailleurs, en fin de compte, du principal événement à retenir du scrutin auquel ils viennent d’assister…
SOURCE:France24
En décrochant plus de 47 % des sièges, le parti dont est issu le président Abdelaziz Bouteflika améliore en effet son score de 2007 (35,7 %) de près de 12 points. Grâce aux 68 sièges (14,7 % des voix) remportés par le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre sortant Ahmed Ouyahia, l’autre grande formation de la majorité présidentielle, la coalition au pouvoir s’assure donc la majorité absolue dans l’hémicycle.
Cette nouvelle donne pourrait lui permettre de se passer de l’appui du Mouvement de la société pour la paix (MSP), un parti islamiste avec lequel le FLN et le RND étaient jusqu’à présent contraints de composer pour gouverner. Membre de la coalition au pouvoir jusqu’en janvier dernier, le MSP a alors décidé de la quitter pour former l’alliance Algérie verte en compagnie de deux autres formations religieuses, Ennahda et El-Islah.
"Couverture"
Pour les autorités sortantes, ces résultats sont d’autant plus positifs que le scrutin a été marqué par un taux de participation à la hauteur des espoirs qu’elles avaient formulés et par une déroute des sept partis islamistes en lice - deux inconnues considérées comme les principaux enjeux du vote.
Alors que la plupart des politologues prédisaient un taux d’abstention massif - jusqu’à 80 % -, celui-ci ne s’élève qu’à un peu plus de 57 %, soit près de 7 points de moins que lors des législatives de 2007. Une forme de succès pour le pouvoir, qui espérait qu’il ne dépasserait pas 55 % pour pouvoir considérer comme validées par les urnes les réformes adoptées l’an dernier pour endiguer les manifestations nées au lendemain des printemps tunisien et égyptien.
Quant à l’alliance Algérie verte, le mouvement religieux le plus à même de réaliser un bon score, elle ne remporte que 48 sièges, alors que ses leaders espéraient surfer sur la vague des scrutins tunisien, marocain et égyptien au cours desquels les islamistes ont pris le pouvoir. Cette coalition obtient un moins bon résultat que celui, en 2007, du MSP, le Mouvement de la société pour la paix, qui se présentait pourtant seul et avait obtenu 51 sièges.
Reste qu’au sein de la population algérienne qui s’est détournée de la vie politique depuis près de deux décennies, ces résultats suscitent un grand scepticisme. "C’est le FLN qui est champion ? Pas étonnant, il a toujours été majoritaire dans le pays !", s’exclame ainsi Sofiane, réceptionniste dans un hôtel, en apprenant la nouvelle. Comme beaucoup de jeunes, lui n’a pas fait le détour par l’isoloir, jeudi. "Pourquoi y serais-je allé ? Je n’ai jamais voté. En Algérie, les élections ne sont qu’une couverture", ajoute-t-il.
"Le FLN est l’ex-parti unique. Il n’y a pas de raison que ça change. Il faut que la formation du président arrive en tête pour que celui-ci puisse gouverner", confie pour sa part Hamid, restaurateur, qui retient plutôt de ce scrutin le retour à l’APN du Front des forces socialistes (FFS) du vieil opposant Hocine Aït Ahmed. Après avoir boycotté les législatives de 2002 et de 2007, le FFS a en effet remporté 21 sièges jeudi, soit un de plus que le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, l’autre formation appartenant à l’opposition dite démocratique.
"La décennie noire reste très présente dans les esprits"
Seule voix discordante dans ce concert de propos résignés, celle de Mohammed, chef concierge dans un grand établissement hôtelier d’Alger. "J’étais convaincu que le FLN l’emporterait, car il est le parti historique, celui qui inspire confiance aux électeurs. Jeudi, je ne suis pas allé voter car j’étais de service. Mais si je n’avais pas travaillé, j’y serai allé et j’aurais voté pour lui."
Le mauvais score des partis religieux et l’arrivée de 145 femmes à l’assemblée (31,39 % des sièges) à l’occasion de la première application de la loi sur la représentativité féminine en politique adoptée en avril 2011, provoquent, en revanche, des réactions similaires. "La déroute des partis islamistes est normale, reprend ainsi Mohamed. Les Algériens gardent un mauvais souvenir de la fois où le FIS [Front islamique du salut, un parti religieux dont le succès au premier tour des législatives de 1991 est à l’origine des violences qu’a ensuite connue l’Algérie ndlr] a failli arriver au pouvoir. La décennie noire reste très présente dans les esprits."
Quant à l’entrée significative des femmes dans l’hémicycle, "ça fait plaisir, elle prennent enfin toute leur place dans la société", se réjouit une jeune employée de bureau qui ne tient pas à dévoiler son identité. Alors qu’elles sont payées comme les hommes, pourquoi ne devaient-elles pas être reconnues en politique ?", interroge encore celle-ci. Pour beaucoup dans les rues d’Alger, il s’agit d’ailleurs, en fin de compte, du principal événement à retenir du scrutin auquel ils viennent d’assister…
SOURCE:France24