Frapper les pirates au cœur de leur repaire. En menant un raid sur les côtes somaliennes lundi, la force européenne Atalante a remis au goût du jour une vieille tactique de marin. Cette première opération au sol, qui a visé une plage de Haredhere, un port à 320 kilomètres au nord de Mogadiscio, est restée modeste. Un hélicoptère venu de l'un des bâtiments de la flotte de l'Union européenne a ouvert le feu à la mitrailleuse 12,7 mm peu avant minuit sur cinq «skifs», ces petites embarcations utilisées par les bandits pour aborder leurs victimes. «Nous pensons que cette action va encore accroître la pression sur les pirates», s'est contenté de commenter l'amiral britannique Duncan Potts, le commandant d'Atalante. De fait, l'opération apparaît surtout comme un symbole.
Quelque 439 attaques en 2011
En choisissant d'attaquer Haredhere, les militaires européens ont pris pour cible l'une des principales bases opérationnelles des pirates somaliens. Neuf autres sites logistiques, où les pirates regroupent leurs navires mais aussi de l'essence ou des munitions, auraient été repérés par Atalante et sont désormais sous la menace d'un raid. Ces opérations sur terre sont la suite logique des dispositifs maritimes mis en place à partir de 2008 pour tenter d'endiguer la piraterie dans les eaux de l'océan Indien. «Il ne s'agit plus seulement de protéger les navires qui croisent au large de l'Afrique de l'Est mais de bloquer en amont l'organisation des abordages», détaille un officier.
Les ministres des Affaires étrangères européens avaient donné leur feu vert en mars à cette nouvelle étape tout en imposant des conditions très strictes. Les autorités somaliennes ont notamment demandé que les appareils et les navires occidentaux ne puissent intervenir que dans une bande côtière d'une centaine de mètres. Cette limitation laisse craindre que les pirates ne s'adaptent de nouveau en reculant leurs bases à l'intérieur des terres.
Car les corsaires somaliens ont déjà fait montre de leur détermination. Pour contourner l'impressionnante flotte lancée à leur poursuite, qui peut compter jusqu'à trente navires de guerre européens mais aussi américains, russes, chinois ou indiens, les gangs ont affiné leurs stratégies et élargi leur zone d'action. Les attaques sont désormais enregistrées des Seychelles jusqu'à la mer d'Oman, parfois à plus de 1500 milles nautiques des côtes. Dans cette lutte, les marines ont enregistré quelques victoires. Leurs interventions rapides ont permis de faire baisser de plus de 10% le taux de réussite des abordages et ont conduit à l'arrestation de 117 pirates. Mais la piraterie, qui a rapporté plusieurs dizaines de millions de dollars de rançon depuis 2000, n'en a pas moins continué. Grâce à ces moyens et à une main-d'œuvre quasi inépuisable, les chefs somaliens ont pu conduire 439 attaques en 2011 d'après le Bureau maritime international (BMI). Selon un observatoire américain, Ocean Beyond Piracy, la piraterie en Somalie aurait coûté près de sept milliards de dollars aux États et aux armateurs.
Face à de tels chiffres, qui démontrent les limites de la croisade sur mer, les opérations au sol semblent la seule solution efficace. Mais les raids des marines européennes seuls ne suffiront pas à sonner le glas de l'ère des pirates modernes. Atalante devra compter sur l'appui des troupes de l'Union africaine déployées en Somalie (Amisom), qui, dans les mois à venir, devraient tenter de se déployer le long des côtes.
Par Tanguy Berthemet
Quelque 439 attaques en 2011
En choisissant d'attaquer Haredhere, les militaires européens ont pris pour cible l'une des principales bases opérationnelles des pirates somaliens. Neuf autres sites logistiques, où les pirates regroupent leurs navires mais aussi de l'essence ou des munitions, auraient été repérés par Atalante et sont désormais sous la menace d'un raid. Ces opérations sur terre sont la suite logique des dispositifs maritimes mis en place à partir de 2008 pour tenter d'endiguer la piraterie dans les eaux de l'océan Indien. «Il ne s'agit plus seulement de protéger les navires qui croisent au large de l'Afrique de l'Est mais de bloquer en amont l'organisation des abordages», détaille un officier.
Les ministres des Affaires étrangères européens avaient donné leur feu vert en mars à cette nouvelle étape tout en imposant des conditions très strictes. Les autorités somaliennes ont notamment demandé que les appareils et les navires occidentaux ne puissent intervenir que dans une bande côtière d'une centaine de mètres. Cette limitation laisse craindre que les pirates ne s'adaptent de nouveau en reculant leurs bases à l'intérieur des terres.
Car les corsaires somaliens ont déjà fait montre de leur détermination. Pour contourner l'impressionnante flotte lancée à leur poursuite, qui peut compter jusqu'à trente navires de guerre européens mais aussi américains, russes, chinois ou indiens, les gangs ont affiné leurs stratégies et élargi leur zone d'action. Les attaques sont désormais enregistrées des Seychelles jusqu'à la mer d'Oman, parfois à plus de 1500 milles nautiques des côtes. Dans cette lutte, les marines ont enregistré quelques victoires. Leurs interventions rapides ont permis de faire baisser de plus de 10% le taux de réussite des abordages et ont conduit à l'arrestation de 117 pirates. Mais la piraterie, qui a rapporté plusieurs dizaines de millions de dollars de rançon depuis 2000, n'en a pas moins continué. Grâce à ces moyens et à une main-d'œuvre quasi inépuisable, les chefs somaliens ont pu conduire 439 attaques en 2011 d'après le Bureau maritime international (BMI). Selon un observatoire américain, Ocean Beyond Piracy, la piraterie en Somalie aurait coûté près de sept milliards de dollars aux États et aux armateurs.
Face à de tels chiffres, qui démontrent les limites de la croisade sur mer, les opérations au sol semblent la seule solution efficace. Mais les raids des marines européennes seuls ne suffiront pas à sonner le glas de l'ère des pirates modernes. Atalante devra compter sur l'appui des troupes de l'Union africaine déployées en Somalie (Amisom), qui, dans les mois à venir, devraient tenter de se déployer le long des côtes.
Par Tanguy Berthemet